Une fois n’est pas coutume, le mot du jour est anglais.
Américain, devrais-je dire, puisque c’est bien d’outre-Atlantique que déferlent depuis un demi-siècle les concepts du management.
Vous me voyez sans doute venir avec mes gros sabots : ce mot est d’origine française…
Histoire de ménager nos effets, commençons par régler son cas au susdit. To manage ne dérive pas de ménager. En effet, manager une ressource - humaine ou pas - ne se réduit pas à en user avec mesure et discernement (ménager sa monture), ni à lui conserver son potentiel (ménager un malade), ni à flatter son ego (ménager sa sensibilité).
Quoique…
Au cœur du mythe du manager, il y a la réussite - achievement -, la maîtrise - control -, la domination - leadership.
En réalité, le manager descend en droite ligne - étymologiquement - du maître de manège, c’est-à-dire de la personne dressant, dirigeant, coordonnant l’évolution des chevaux à l’exercice, au manège.
Le verbe manéger persiste en français, avec une nuance de manigance : Avoir un comportement adroit et artificieux pour parvenir à ses fins. Ah oui, là, je vois bien certains managers.
Une personne manégée est parfaitement exercée à l’art d’agir avec adresse et ruse pour parvenir à ses fins. Le quidam qui parvient à se manager lui-même annonce avec assurance « je gère… », pour autant que son petit manège serve aussi les fins de son supérieur hiérarchique.
A dire la vérité, combien de directeurs - de managers - se voient secrètement en meneurs de harde, obéis à la baguette ? … ou en dompteurs de la grande ménagerie de l’entreprise ?
Et combien de managés ont la sensation de tourner en rond dans le manège ?