Conciliabules autour du vocabulaire

@ChiaraCadrich : géniale l’explication de « for intérieur » !!!

Ma contribution du jour… le mot (que je trouve joli) abluer : laver des manuscrits ou des livres avec un produit spécial (généralement de la noix de galle) pour en raviver l’écriture et en ôter les taches.

De la même famille, on trouve « ablution(s) » (le fait de se laver, bien sûr, avec une connotation purificatrice dans de nombreuses religions). En latin, abluo signifie « enlever en lavant », d’où « se purifier ».

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Le mot du jour, trouvé dans un article de la gazette municipale « Boulogne Billancourt Information »

Un odonyme, parfois écrit hodonyme, est un nom propre désignant une voie de communication.
Souvent il est composé du terme précisant la nature de la voie - rue, place, route, chemin… - et d’un nom propre, désignant le personnage célèbre en lien avec l’endroit, si ce n’est l’attraction de la rue, autrefois remarquable et à présent disparue.
L’odonymie étudie des noms de lieux et de voies. C’est un outil précieux pour l’histoire des terroirs comme des villes.
J’ai trouvé l’article très intéressant. Alors évidemment tout le monde n’est pas Boulonnais, mais les principes exposés m’ont paru pouvoir inspirer les créateurs de monde qui sommeillent en certains fan-fiqueurs !

Source : BBI n°492

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@ChiaraCadrich : super article, en effet, pour créer une ville imaginaire et cohérente !

Cela m’a donné envie, par association d’idée, de parler du gentilé, qui est lié à l’ethnonyme. Ces deux termes sont tellement proches qu’on les considère comme synonymes : il s’agit du nom donné aux habitants d’un lieu (pays, région, département, commune…).

Etymologiquement, l’ethnonyme désigne un nom lié à un peuple (en grec, ethnos = peuple et onyma = nom). Le gentilé vient, lui, du latin. En effet, à Rome, la gens (qui a donné l’adjectif gentilis) est la famille à laquelle on appartient. Certaines sont plus connues que d’autres, comme la gens Julia (famille d’un certain Jules César, dont le prénom n’est absolument pas Jules : il s’appelait Caïus, comme un grand nombre de Romains d’ailleurs, et César était son surnom.)

Petit exemple personnel : j’habite dans le département de l’Yonne, dont le gentilé est Icaunais ou Icaunaise (du latin Icauna, désignant le fleuve de l’Yonne). Plus précisément, je vis à Sens et je suis donc une Sénonaise (du peuple gaulois des Senons) d’adoption.

Si vous voulez savoir quel est le gentilé de votre commune ou de votre département, je suis tombée sur ce site plutôt bien fait.

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Tiens, tu me donnes envie de chercher l’étymologie du mien… Venant d’Anjou, je suis techniquement une angevine (comme pour les personnes venant d’Angers), mais à quel moment l’Anjou donne « angevin/e » si ce n’est par simple flemme de donner un gentilé spécifique ? :stuck_out_tongue:

Autre exemple assez drôle : les habitants des Pays de la Loire sont des ligériens (et ligériennes), parce que, comme dans ton cas, la Loire est nommée en latin par quelque chose comme Liger, si mes souvenirs sont bons !

Les gentilés, c’est beaucoup trop amusant dès que ça ne ressemble pas ou peu au nom de la ville/du département/de la région (administrative comme historique) ! :smiley:

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Pour Angevin / Angevine, j’ai trouvé que le mot vient d’une tribu gauloise, les Andécaves ou Andégaves, qui, avec l’évolution de la phonétiques, aurait ainsi donné Angevin (et Angers). Source : rubrique « étymologie » du cnrlt.

Ceux que je préfère sont ceux qui ont une origine latine mais un peu tarabiscotée, qui semble en effet n’avoir rien à voir avec le nom de la commune, dans le genre :

  • Crèvecœur : les Crépicordiens
  • Liessies : les Laetitiens
  • Bois-le-Roi : les Sylvirégiciens
  • Pont-Saint-Esprit : les Spiripontains

… et mon préféré, plutôt d’origine grecque : les Ypsiloniens, de la commune de… Y, dans la Somme ! :grin:

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« Tu as passé une bonne journée ?
– Oh m’en parle pas, je n’ai fait que gerber, gerber et gerber. C’est épuisant, à force. »

Ne vous en faites pas, notre cher personnage fictif n’est pas malade, ni vulgaire ! :smiley:

Si, aujourd’hui, on peut comprendre le verbe « gerber » comme une variante assez vulgaire de « vomir », sachez qu’il comporte d’autres sens ! :stuck_out_tongue:

  • Mettre en gerbe ; une gerbe est une botte de céréales coupées et liées, où les épis sont disposés du même côté, ou bien une botte de fleurs, c’est selon.

  • Condamner (à mort) ; cet emploi se retrouve surtout dans l’argot.

et mon préféré…

  • Empiler, mettre en tas ; notamment à l’aide d’un gerbeur manuel ou électrique !

Bon, en vrai, je l’entends assez fréquemment sans le sens d’empiler ; on gerbe les palettes dans les crémaillères dans l’usine… :stuck_out_tongue:

Au début, j’ai cru que c’était un terme très technique, voire carrément inventé par l’usine (le nombre de « termes » ou encore d’acronymes inventés par la direction pour désigner les éléments qu’on utilise…), mais pas du tout. Finalement, après quelques étés passés là-bas, on y fait plus du tout attention… x)

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Alors, le mot du jour est :

GANDALF

Outre le magicien gris du Seigneur des Anneaux et du Hobbit, un soupçon manipulateur, ce nom Gandalf apparaît dans un recueil en finnois sous la forme de Gandálfr : littéralement « l’Elfe au bâton »,

  • « Gand » signifiant « bâton »
  • « álfr », pluriel « álfar » signifiant « elfe »

L’ancien mot scandinave álfar dériverait d’une racine proto-indo-européenne, albh , signifiant « blanc », qui se retrouve par exemple dans le latin albus « blanc », ce qui explique que des noms semblables se retrouvent aussi dans les langues germaniques anciennes et modernes, dont l’anglais.

Les elfes seraient des êtres semi-divins associés à la fertilité et au culte des ancêtres, présents dans la mythologie de tous les peuples germaniques et même au-delà, puisqu’on les trouve aussi dans la mythologie celtique. Dans la mythologie scandinave, ils sont serviteurs du dieu Freyr.

De nombreux prénoms sont tirés du mot elfe

  • en vieil anglais : Ælfric, Ælfwine, Ælfréd (moderne Alfred )
  • en allemand Alberich .
  • en français (issus du germanique) Auberon/Obéron et Aubry

Source

J’ajoute, hors sources, que jamais aucun Alf n’a mangé de chat…

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J’en profite pour vous présenter ma trouvaille du jour : le très joli mot arantèle (n.f.) qui n’est autre qu’une toile d’araignée (voilà qui m’a évité une répétition :wink: )

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Hello hello !
j’adore le concept de ce topique, je suis moi même une grande fana de vocabulaire (malgré mon orthographe parfois approximatif mais je me soigne) au lycée on m’appelait le dico XD J’ai quelque mots que j’adore tout particulièrement. Je vais vous en donné quelque uns ici. Et je suis vraiment ravis de pouvoir en découvrir de nouveaux avec vous. Merci pour cette super idée !

thébaïde: Lieu isolé et sauvage, où l’on mène une vie austère, calme et solitaire
Igné: qui est en feu, qui est produit par le feu. Les pierres volcaniques son ignées.

Allez un petit dernier pour la route.

Impavide: qui ne n’éprouve ou ne laisse paraitre aucune peur.

Voila voila pour moi ^^

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Coucou ! Aujourd’hui, une petite histoire d’évolution des espèces… de mots !

Neurchi

  • La communauté neurchi est une communauté francophone née sur le réseau social Facebook qui rassemble des membres autour de thématiques très variées et de la culture du mème. Le mot neurchi est utilisé pour désigner les groupes de la communauté mais aussi les membres de cette communauté. Cette acception, dernière-née des réseaux sociaux, est bien sûr dérivée de la précédente :
  • Neurchi est un mot en verlan qui vient de chineur, personne qui aime « chiner », c’est à dire découvrir des objets originaux dans les brocantes.
  • Mais les premiers chineurs étaient des colporteurs ou des chiffonniers qui allaient de village en village pour dégoter de vieux objets à vendre, à revendre ou à échanger. Leur métier était très physique, ils transportaient leurs objets sur le dos, l’échine.

Il est bon de savoir d’où on vient. Je me demande si les Neurchis s’échinent toujours…

Sources ici et

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La légende raconte qu’en fait neurchi c’est un raccourci de neuro-chirurgien… Mais ça n’est que pour la blague, et provoquer la confusion ! :stuck_out_tongue:

Plus honnêtement, on s’échine toujours à faire vivre nos communautés, dans ces bas-fonds un peu sauvages… :smiley:

.

Un petit fait international : il arrive que plusieurs pays se regroupent sous une même bannière, et fassent vivre un neurchi !
C’est le cas du Neurchi de Mission Cléopâtre (dédié au cultissime film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre), qui a vu naître une alliance franco-polonaise. Fun fact : ce film est extrêmement populaire en Pologne, où apparemment l’humour a été plutôt bien traduit/transcrit, ce qui fait que là-bas aussi, il compte parmi les films français préférés des gens ! :smiley:

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Guet-apens

  • Au sens littéral : Embuscade préparée contre quelqu’un pour l’assassiner ou exercer sur lui des actes de violence
  • Au sens figuré : Dessein prémédité ou sournois de nuire à quelqu’un ou de le mettre en difficulté.
  • A la renaissance, on parlait de guet apensé ou de guet à pens. L’orthographe pouvait être un peu folklorique agais apensé ou agwait pourpensé mais le verbe de vieux français apenser (concevoir la pensée de, s’aviser de…) marque bien la préméditation !
  • Des expressions voisines étaient bâties sur la même idée : fait et apens ou de fait apens, « avec intention »

Source CNRTL

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Alors n’y voyez pas d’intention politique, mais plutôt étymologique !

Prolétaire

  • Littré, auteur positiviste du 19ème siècle donne « membre de la classe la plus indigente ».
  • Dans l’acception marxiste, désigne un travailleur qui, ne possédant aucun moyen de production, vend sa force de travail pour vivre.
  • A Rome, ce terme désignait le citoyen de la dernière des six classes du peuple, sans droit et sans propriété, qui était exclu de la plupart des charges politiques et ne pouvait être utile à l’État que par la génération de sa descendance. (lat. proles, lignée, descendance)
  • Cette idée reste présente dans les temps modernes, puisque Dupont de Nemours parle en 1789 des citoyens prolétaires, quittes envers la patrie, quand ils lui ont donné des enfants. Source cnrtl.
  • le verbe proliférer, se multiplier en se reproduisant, est de même étymologie (lat. proles, descendance et ferre, porter)
  • idem pour prolifique (lat proles et facere, faire)

En somme, le prolétaire n’aurait aucun moyen de production, mais il jouirait des moyens de reproduction !

Il est vrai que la copulation est un des rares plaisirs qui soient gratuits.
Enfin… à court terme !

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Octroi

Ouh, ça sent le viel mot françois, ça !

  • Bien sûr, il s’agit de l’action, le fait de donner, d’octroyer quelque chose
  • Ou encore, le résultat de cette action : un don, un droit, une attribution, une concession
    La Fontaine - Le chat, la belette et le petit lapin
    (…)
    Et quand ce serait un Royaume
    Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
    En a pour toujours fait l’octroi
    A Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
    Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi.
    Jean Lapin allégua la coutume et l’usage.
    (…)
  • La lettre d’octroi était le document juridique constatant un droit consenti par une autorité légale
  • Le denier d’octroi ou droit d’octroi était une taxe que certaines municipalités percevaient au moyen âge (et jusqu’au milieu du 20ème siècle) sur certaines marchandises de consommation locale à leur entrée dans la ville.
  • Le terme octroi désigne aussi la barrière d’octroi ou le bureau d’octroi, l’endroit où se faisaient les contrôles et les paiements de la taxe.
  • Et enfin, c’est aussi la délimitation du territoire citadin auquel s’appliquaient les droits d’octroi. Les petits cafés fleurissaient aux limites de l’octroi.
  • de l’ancien nom otrei, otri, otreid, action d’octroyer, de concéder (début du XIIème siècle) et du verbe otreier, otroier. La graph. oct-, difficile à distinguer de la graph. ott- semble assurée à partir du XVème siècle.

Sources Littré et CNRTL

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Merci !
Je ne comprenais pas que c’était une délimitation de la ville (parmi d’autres choses), ce qui me compliquait la lecture de ton Défi.

J’avais aussi bien pressenti qu’en fait de « don », l’octroi pouvait également aussi être tout le contraire : un prélèvement ou une taxe. Mais je ne voyais pas trop le rapport avec des gardes de l’octroi.

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Oui, en fait c’est le Roi qui octroie à la ville le droit de lever des taxes.

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Marrant, je connaissait déjà ce mot ! (Alors que je ne connais pas la plupart des autres proposé ici)

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Estafier

  • Il s’agit d’un domestique armé, en livrée, chargé d’assister son maître en voyage: il porte son manteau de cavalier et ses armes, lui tient l’étrier, etc.
  • L’imagerie populaire dépeint l’estafier grand et bien bâti.
  • Dérivé de l’italien staffiere laquais, palefrenier, lui-même de staffa, l’étrier. Qui, pour remonter complètement le fil, vient du germanique staph, stapho, pas. Cf. l’allemand Staffel, marche, gradin, cousin du français étape.
  • On retrouve cette racine dans l’estafette, le militaire agent de liaison chargé de remettre un message.
  • Par extension, peut désigner tout laquais de grande maison, investi des fonctions de garde du corps. C’est notamment le cas pour les laquais des cardinaux ou du pape.
  • Par dérision - ou lucidité ? - le sens s’étend à tout homme de main, qu’il soit mercenaire (spadassin), souteneur de mauvais lieux ou même agent de la police secrète !
  • Le staff anglais quant à lui - l’équipe, l’équipage - ne fait pas partie de cette clique. Il a pour origine la racine germanique signifiant le bâton, symbole du général, qui s’entourait d’une équipe, les staff officers.

Sources CNRTL et etymonline

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Que j’ai bien fait de demander !
J’ignorais. Mais dans toute cette séquelle larbinigène, que devient le « page » ? :slight_smile:

PS : larbinigène n’est pas un mot. Déduisez-le mais ne le cherchez pas…

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Aujourd’hui, lors d’un test de niveau de français je suis tombée sur le terme « épître ». Sur le coup, je ne savais pas ce que cela signifiait, je me suis donc renseignée.
Une épître est une lettre (généralement longue) écrite en prose (mais il semblerait qu’il y en ait en vers) par un auteur ancien. Généralement, une épître a une valeur philosophique, morale ou religieuse.
Parmi les épîtres connues, on peut citer celles de Cicéron, d’Horace.

Je vous laisse vous renseigner un peu plus avec Wikipédia (qui dit qu’une épître existe en vers) et le CNRTL (qui ne fait jamais mention d’épîtres en vers)

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