Conciliabules autour du vocabulaire

Ouah, mais il y a déjà plein de mots! :star_struck: Et tous aussi intéressants les uns que les autres!

Pour ma part, j’aime beaucoup parrhèsia: liberté de parole, ou bien il s’agit d’une figure de rhétorique par laquelle on s’excuse de parler ainsi (par exemple: « passez-moi l’expression »).
Et pour les étymologistes, le mot est issu du grec ancien parrêsía signifiant « parler de tout », lui-même composé de pan, « tout » et rêsis, « discours ».

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J’aime particulièrement les mots qui me semblent être des mots-valises (et qui n’en sont pas).
J’ai évoqué récemment avec Alresha la « prosopopée » (qui n’est pas une épopée en prose).

Aujourd’hui, je vous propose un mot qui n’a rien à voir avec un motif à faire une super fête :

superfétatoire : se dit d’un ajout (à un autre élément) qui ne parvient pas à justifier sa réelle utilité.

syn : à la fois inutile et superflu

exemples :

Les remarques sur la mise en forme d’un dialogue sont souvent jugées superfétatoires par les auteurs débutants. :stuck_out_tongue_winking_eye:

L’ajout de cannelle dans le couscous s’apparente à une fioriture gustative largement superfétatoire.

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Aujourd’hui au détour d’une page Wikipédia (oui, parfois ce site apporte du vocabulaire comme un bon roman pourrait le faire) j’ai croisé deux mots qui pourraient être souvent utilisés :

Moribond : Qui est près de mourir (celui-là je vais souvent l’utiliser je crois, ça changera du « proche de la mort »).
Dégingandé : Qui est disproportionné dans sa haute taille et déséquilibré dans sa démarche.

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L’exemple est particulièrement… savoureux. Comme les côtelettes. :yum: (OK il faut vraiment qu’on arrête avec Kaamelott…)

Merci pour anomie et parrhèsia, que je ne connaissais pas et qui sont immédiatement venus enrichir mon petit carnet de « mots rares, bizarres et / ou beaux » !!! Quant aux mots japonais, ils sont magnifiques (avoir un mot pour « empiler les livres sans jamais les lire », c’est magique !).

Ma contribution du jour…

Reverdie : 1) grande marée de la nouvelle et de la pleine lune ; 2) chanson médiévale qui célèbre le renouveau printanier.

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Surbau. C’est très pénible, les surbaux.
« Quand tu empruntes l’échappée qui descend de la passerelle, ne marche pas sur le surbau si tu ne veux pas te prendre le chambranle de la porte étanche sur le front. »

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J’aime bien hutin, qui signifie entêté, opiniâtre ou même querelleur.

L’un de nos bons rois, Louis X, portait ce surnom peu amène, « Le Hutin »

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:grinning: Oui, le vilain fils de Philippe le Bel ! (Merci, “Les rois maudits”)

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J’aime beaucoup la sonorité de flexueux: « onduleux dans différents sens plusieurs fois dans sa longueur » (par exemple, en botanique, on peut dire que la tige de la tulipe est flexueuse), ou plus généralement cela signifie ondulé (ça claque un peu moins comme ça :upside_down_face:).
L’étymologie est toute simple, du latin flexuosus signifiant… flexueux! :joy:

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Moi aussi !!! Magnifique !

Permettez-moi aujourd’hui de vous présenter…

Argyraspide (difficile à caser dans une fic, je vous l’accorde) : soldat d’un corps d’élite de l’armée d’Alexandre le Grand, porteur d’un bouclier d’argent.

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Je ne sais pas pourquoi je l’ai toujours entendu, mais j’aurais bien voulu vous tendre l’adjectif

« callipyge » (qui pourrait servir admirablement vos descriptions de personnages). :smiley: Il signifie : qui a de belles fesses.
(c’est du grec, vous voyez que les langues mortes, ce n’est pas forcément ennuyeux).

Mais à la place, je vais plutôt vous parler de :

« cryptique » un mot que je trouve souvent dans les fanfics anglaises au point de croire que c’était justement un anglicisme… Que nenni !
Il signifie : caché, mystérieux, incompréhensible ou obscur.

Ex : OldGirl a une furieuse tendance aux lourdes homélies cryptiques

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Aujourd’hui, je vais vous parler du ban, sans « c », un vieux mot de droit féodal qui a beaucoup marqué notre vocabulaire…

  • Le ban : proclamation du suzerain dans sa juridiction pour ordonner ou défendre qqc.

    • Sens spécialisé : tout particulièrement convocation par le suzerain de ses vassaux pour le servir à la guerre.
      "Vait s’en Guillelmes li nobiles guerriers; Ensemble o lui doze cent chevalier, Par sa maisnie a fait un ban huchier : Guillaume s’en va. Ses guerriers nobles s’assemblent en une troupe de mille deux cents chevaliers. Il fait crier le ban par sa maisonnée.

    • Sens spécialisé : proclamation d’un mariage.
      S’il i a nului qui seüst Par coi assambler ne deüst Cis mariages, qu’il le die"
      « S’il en est qui connaisse une raison pour ne pas autoriser ce mariage, qu’il le dise ! »
      On publie les bans du mariage lorsqu’on annonce par voie d’affichage (au lieu des annonces publiques).

  • L’on ouvre le ban ou l’on bat le ban sur un tambour pour annoncer qu’on est sur le point de faire une proclamation, particulièrement lancer les vendanges, etc.
    A l’inverse on ferme le ban en jouant un morceau spécifique de clairon ou de tambour pour signifier la fin d’une célébration.

  • Le ban, seconde acception : ensemble des personnes nobles soumises au seigneur, au premier rang desquels figurent ses vassaux, guerriers soumis au service militaire.
    L’arrière-ban était le ban de l’arrière-fief, c’est-à-dire une terre dépendant d’un vassal.
    D’où l’expression « Convoquer le ban et l’arrière-ban » : S’adresser à tous ceux dont on peut espérer le concours ou faire une convocation générale, avec parfois une nuance ironique (envers celui qui emploie des moyens disproportionnés).

  • Dans le nord-est de la France, le ban ou le bangard désigne encore le territoire communal.

  • Les banalités :
    Au Moyen Age, les habitants d’un fief - le ban, donc - avaient pour obligation d’utiliser les installations seigneuriales pour moudre le grain, cuire le pain ou encore puiser l’eau.
    Cela donnait lieu à un impôt en argent ou en nature appelé « banalité ». Pour le pain, ils devaient utiliser le four seigneurial dit « banal » ou « à ban » et payer un droit de « fournage ».
    C’est-à-dire, remettre une partie de leur production au seigneur, en général, un pain sur vingt ou sur trente. C’était un asservissement tant le four à pain était indispensable à la vie quotidienne. En contrepartie, le propriétaire avait pour devoir d’entretenir son four et d’y installer un fournier (boulanger) qui était chargé de cuire le pain et de prélever l’impôt.
    Ainsi, au fil du temps, un acte que la réglementation léonine rendait obligatoire, est devenu habituel, « banal ». Par le même glissement, les banalités, impôts locaux inévitables et récurrents du moyen-âge, sont devenues des platitudes. Du reste, l’ennui qui nous prend à écouter des banalités, n’est-il pas un impôt payé à la politesse ? Politesse, que l’on pourrait bien considérer comme une forme de servitude ?

  • "Mettre hors ban" s’est mué en « Mettre au ban » de la communauté, c’est-à-dire en marge de celle-ci.
    Le quidam en rupture de ban est interdit de séjour. C’est bien sûr aussi le sens de bannir, dans une acception plus impérieuse, l’exil.
    Dans la même veine, le forban est le « hors-la-loi » qui s’est mis au ban de la société, par ses actes.

  • Notre bon vieux abandonner vient de « a-bandon » c’est-à-dire sans autorité, sous le coup d’aucune proclamation ou obligation seigneuriale.

  • La bannière est le drapeau sous lequel se réunissait le ban en armes, et par lequel on le reconnaissait.

  • L’aubain est l’étranger, celui qui appartient à un autre ban.
    L’aubaine est le droit de succession que s’arrogeait un seigneur lorsque le-dit aubain venait à décéder sur ses terres ! Une véritable aubaine, bien sûr…

  • Quelle n’est pas notre surprise que même la banlieue, aux spécificités culturelles si marquées par les temps modernes, doive tribu au ban médiéval : la banlieue est un espace d’environ une lieue autour d’une ville, auquel s’étendait le ban urbain.

Voilà, j’en ai sûrement oublié, mais je suis sûr que vous allez compléter !

<Edit du 13 Juin>
On inférerait aisément que la bande, assemblée de personnes partageant la même allégeance, vient du ban. En fait, cela dériverait plutôt du haut-allemand signifiant « lien » (cf. « to bind », lier, en anglais).
Idem pour le vieux verbe abander, se mettre en bande, ou en ménage.

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Cette présentation volumineuse n’est pas bancale, peut-être est elle « bankable » aussi.

« Y m’ont ba… Y m’ont ba… ba… Y m’ont banniiiiiie » (la dame du lac / Kaamelott)

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En restant dans la thématique Kaamelott, on a aussi le roi… Ban de Bénoïc, preux chevalier (pourtant défait par Claudas de la Terre Gaste) et père de Lancelot du Lac.

Les mots du jour :

  • hiémal : qui concerne l’hiver (exemple : Oh, il fait un froid hiémal ce matin !)
  • vernal: qui concerne le printemps (exemple : Je vous ai cueilli un bouquet de fleurs vernales.)

… Et la petite blagounette de la part de mes élèves (j’espère ne pas l’avoir déjà racontée ailleurs), écrivant avec conviction une chanson engagée contre l’homophobie : « Madame, on voudrait mettre « un homme avec un homme, ça restera dans les annales », mais on ne sait plus très bien s’il y a un n ou deux n à « annales »… on croit que ça ne veut pas vraiment dire la même chose. » :innocent: Comme quoi une simple petite lettre peut changer le sens d’une phrase !!!

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JARGON
Aujourd’hui, j’ai lu une remarque de BakApple sur un texte et elle disait à un auteur :

Attention à la casse

Comme je suis maquettiste, je sais ce que c’est. Mais à main levée, combien d’entre vous pensent que :

  • c’est le sport préféré de Brice de Nice ? (hon, j’t’ai casssséééé)
  • c’est le cimetière des vieilles voitures ? (ce vieux tacot est bon pour la casse)
  • c’est le synonyme de briser ou rompre (si tu continues à jongler avec ces assiettes, va y avoir de la casse). cf aussi casse-pipe, casse-pieds (ou bonbons), casse-croûte, casse-tête…
  • ça veut dire s’en aller (casse-toi)
  • c’est un casier que les imprimeurs utilisaient pour la composition des pages de journaux ou livres, quand les caractères et les espaces étaient sur un tout petit plomb et qu’il fallait les aligner un par un en les attrapant avec une pince à épiler

Toutes les réponses sont bonnes bien sûr.

Mais on comprend mieux ce que signifie « attention à la casse » si on sait que, dans ces casiers appelés casses, les lettres en minuscules étaient à portée de main « en bas de casse » (au bas du casier) et les lettres en majuscule étaient « en haut de casse » (en haut du casier, moins accessibles, car on en avait besoin moins souvent).

Donc – même si la composition de page a complètement évolué pour abandonner complètement Gutemberg – les imprimeurs, typographes et maquettistes PAO continuent à utiliser ces termes pour dire minuscule ou majuscule (bas de casse / haut de casse).

Donc « attention à la casse » signifie : fais gaffe, c’est l’anarchie dans tes majuscules et minuscules. :smiley:

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Heyo!
Je viens de découvrir cette discussion et viens y rajouter un mot.

En apprenant le mot « prémisses » je me suis rappelée le « syllogisme » (vous connaissez peut-être). Donc c’est très simlpe, un syllogisme c’est un ensemble d’au moins deux prémisses qui amènent un conclusion logique.

  • Wikipédia:
    Le syllogisme est un raisonnement logique mettant en relation au moins trois propositions: deux ou plus d’entre elles, appelées « prémisses », conduisent à une « conclusion »

Si vous voulez, il y a aussi la définition proposée par Aristote, mais bonne chance:
« Il me semble que cette définition pourrait être ainsi traduite : Le syllogisme est un raisonnement où, certaines choses étant prouvées, une chose autre que celles qui ont été accordées se déduit nécessairement des choses qui ont été accordées. » Théophraste et Eudème de Rhodes ont montré plus simplement qu’une proposition négative universelle pouvait être convertie en ses propres termes ; la proposition négative universelle, ils l’ont appelée proposition universelle privative, et ils font la démonstration suivante : supposons que A ne soit à aucun B ; s’il n’est à aucun B, il est séparé de lui, donc B est aussi séparé de tout A : par conséquent, B n’est à aucun A. Théophraste dit aussi que cette proposition affirmative probable peut être convertie de la même façon que toutes les autres propositions affirmatives. Théophraste et Eudème de Rhodes disent que la proposition universelle affirmative elle-même peut être convertie, comme on convertirait la proposition universelle affirmative et nécessaire. Théophraste, dans le Premier livre des Premières Analytiques , dit que la mineure d’un syllogisme est établie soit par une induction, soit par une hypothèse, soit par une évidence, soit par des syllogismes. Théophraste définit la voie qui conduit aux choses particulières, indéfinie celle qui conduit aux parties. Il oppose d’autre part à celle qui est simplement générale celle qui concerne les choses particulières, et à celle qui est générale en tant que générale celle qui concerne les parties.
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Syllogisme)

J’espère que vous avez compris ^^

  • Ah et l’étymologie: « syllogisme » vient du grec « συλλογισμός »

Comment ça vous ne lisez et ne comprenez pas le grec? M’enfin!
Ben moi non plus, alors débrouillez-vous.

J’ai demandé à Wikipédia, et il a dit " « Syllogisme » signifie littéralement « parole (qui va) avec (une autre) »."

  • Passons à l’exemple:
    • Quand on ne respire plus, on est mort
    • Je respire
    • Donc je ne suis pas morte. :grin:

Je sais pas si vous avez appris quelque chose, mais je voulais participer un peu, voilà chose faite.

Bonne fin de vie ^^

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Deux autres mots qui m’amusent totalement, dans le sens où j’ignorais complètement que ces choses-là avaient un mot pour les définir:

gymnophorie: c’est la sensation gênante que quelqu’un nous déshabille du regard - pouvant mener à la gymnophobie, ou peur de la nudité, due soit à la religion, soit à l’impression de ne pas correspondre à une image d’un corps idéalisé par les médias.

et rétifisme, désignant le fétichisme de la chaussure.
Pour ma part, je n’aime déjà pas les pieds, alors des chaussures… :face_with_raised_eyebrow:

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Le rétifisme ?!? Un grand merci pour ce mot que je n’avais jamais entendu ! Pour rester dans le domaine du fétichisme, ou plutôt l’inverse…

Trichophobie : aversion maladive pour les poils ou les cheveux.
Exemple : « Depuis que j’ai été capturé(e) par le yéti, je suis devenu(e) légèrement trichophobe. »

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Merci pour cette moisson de perversions ! :joy:
Un petit proverbe pour illustrer l’ancienne façon de parler des marées. On ne parlait pas platement du flux et du reflux !

« Ce qui vient de flot s’en retourne d’ebbe! » se dit d’un bien mal acquis, dont la justice immanente nous privera nécessairement… avec les intérêts !
On disait aussi « Ce qui vient de la flûte s’en va par le tambour. » Mais là je me demande s’il n’y a pas une connotation coquine…

L’ebbe (ou l’èbe, reflux de l’océan) est encore un terme employé en Normandie… par les très vieux marins !

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Mais alors, c’est quoi l’ebbe au juste ? Les mouvements ascendants et descendants de la marée ?

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J’ajuste dans le post

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