Foreshadowing et Fusil de Tchekhov ou l’art de semer des indices pour le lecteur

Bonjour ou bonsoir à tous,

Comme je l’avais annoncé dans mon sujet sur les phrases fétiches et leur intérêt dans le récit, j’inaugure dans la catégorie Savoir-faire un sujet que je pensais avoir déjà sur le forum mais dont je ne retrouve pas la trace, ce qui est étonnant étant donné la popularité de ce procédé.

Je parle bien-sûr du fusil de Tchekhov et du foreshadowing (ou préfiguration dans la langue de Molière). Je vous renvoie vers mon autre sujet car j’y évoquais certaines mises en pratique de ce procédé au travers de quelques répliques de films.

J’ai personnellement découvert ce procédé par le biais de différentes vidéos sur Youtube, notamment la chaîne de Christelle Lebailly, que je vous conseille vivement.

Tout d’abord, quèsaco? Selon Wikipédia (on ne change pas une équipe qui gagne), « un foreshadowing (anglicisme qui peut être traduit par « préfiguration », « présage ») est un procédé narratif par lequel un auteur suggère ce qui est à venir dans son récit, à travers des signes avant-coureurs se manifestant par la mention de points d’intrigue a priori anodins entre le début et le milieu de l’histoire, mais qui en réalité annoncent et préparent de manière sous-jacente le déroulement futur de celle-ci. Ces signes réapparaissent de façon plus significative lors d’un événement ultérieur, dévoilant ainsi leur véritable sens aux yeux du public. »

Le terme de Fusil de Tchekhov, quant à lui, désigne peu ou prou près le même procédé. C’est « un principe dramaturgique, attribué au dramaturge russe Anton Tchekhov, dans lequel chaque détail mémorable dans un récit de fiction doit être nécessaire et irremplaçable et où aucun de ces éléments ne peut être supprimé. » Pour faire simple, et selon ses propres mots: « Si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte. S’il n’est pas destiné à être utilisé, il n’a rien à faire là. »

En clair, l’objectif à travers ce procédé est de placer un élément dans l’intrigue, afin de le réutiliser plus tard au bon moment. Outre le fait de montrer que l’on a vraiment travaillé son histoire et son intrigue, le but avec ce principe est de permettre au lecteur de deviner la suite de l’histoire, afin de l’impliquer dans le récit et de ne pas le laisser en plan en n’introduisant pas un élément important de l’histoire. Il peut ainsi deviner la suite, pour que, lorsque l’élément mis en place prend son rôle, le lecteur sache qu’il avait vu juste et qu’il soit satisfait.

Ce procédé est utile dans de nombreux genres, bien qu’il soit souvent utile dans le cadre d’un mystère constituant le fil rouge de votre intrigue. Le procédé peut ainsi parfaitement se marier avec l’idée d’un twist final, qu’il faut donc préparer bien en amont. Si votre personnage adjuvant trahit votre héros pour devenir son opposant, le lecteur se sentira sans doute déçu de son comportement. Mais il est important de laisser des éléments au fil de l’intrigue pour permettre au lecteur de comprendre que ce personnage va le trahir et de finalement dire « Je le savais ! » lorsque cette trahison a lieu.

On peut ainsi considérer les indices d’une enquête policière dans un polar comme des éléments de foreshadowing, qui favorisent la satisfaction du lecteur à la fin de l’enquête, puisqu’il est censé avoir tous les éléments pour la résoudre, avant même l’enquêteur (sauf dans la série Columbo, dans laquelle tout l’intérêt est justement de savoir comment le héros réussit à trouver les éléments qui lui permettent de déterminer le coupable). C’est d’ailleurs dans le genre du polar qu’un autre procédé assez intéressant, du même acabit que le foreshadowing, est très souvent mis en œuvre: le Hareng rouge, qui consiste dans « la mise en place d’une ou plusieurs fausses pistes pour aboutir à un retournement final non anticipé, donnant un tout autre sens à l’intrigue. » Le plus souvent, dans les polars, le Hareng rouge prend la forme de fausses pistes, de suspects qu’il faut rayer de la liste, etc.

Mais comment faire du foreshadowing? Je ne suis pas du tout un expert en la matière, mais je me suis déjà essayé à ce procédé au travers de mes quelques fanfictions. Je pense donc qu’avant de commencer à écrire, il est nécessaire d’avoir une idée de l’intrigue pour pouvoir prévoir à l’avance ce que l’on va devoir introduire comme éléments. Si par exemple, un virus (c’est peut-être pas le meilleur moment pour parler de ça, mais c’est ce qui m’est venu à l’esprit en premier, sans doute à cause du contexte général actuel :weary:) finit par décimer une partie de la population et que votre personnage est à la recherche d’un vaccin, il semble opportun de parler plus tôt dans le bouquin d’un scientifique, par exemple, qui serait spécialisé dans toutes sortes de vaccins et qui pourrait résoudre ce problème. Si votre personnage est un nain, qui, au fil de son aventure, se retrouve bloqué par une porte qui ne s’ouvre que grâce à une formule en elfique, il serait judicieux d’évoquer le fait que l’une de ses connaissances parle elfique pour justifier le voyage vers ce personnage.

Ces exemples-ci sont sans doute un peu débiles, mais je pense que vous voyez où je veux en venir. Mais si vous voulez une autre illustration un peu plus concrète, j’ai l’exemple parfait en tête, qui est en quelque sorte lié aux répliques culte que j’ai déjà évoquées. Un exemple qui vient d’un des réalisateurs les plus reconnus du XXIème siècle: Christopher Nolan, avec son film The Dark Knight.

Dans ce film sorti en 2008, on y suit bien évidemment l’histoire de Batman, tentant comme il peut de protéger sa ville chérie de Gotham City. Autour de lui gravitent à la fois des alliés et des ennemis aux caractères et aux façons de penser radicalement différentes. Je vais essayer de m’attarder sur l’un d’entre eux: Harvey Dent, alias Double-Face. Au début du film, Harvey est présenté comme un procureur vertueux et courageux, n’hésitant pas à s’attaquer à la pègre de Gotham par la voie de la justice. Lors d’un dîner en compagnie de Bruce Wayne, le « Chevalier Blanc de Gotham », comme Harvey est surnommé, prononce une réplique qui faire réfléchir Bruce, mais qui peut sembler très anodine à ce moment de l’histoire: « Soit on meurt en héros, soit on vit assez longtemps pour se voir endosser le rôle du méchant. »

Et finalement, après la mort de Rachel, et sa rencontre avec le Joker, Harvey Dent devient définitivement Double-Face, c’est-à-dire le méchant que l’on connaît tous. Mais le plus important réside dans la fin du film, puisqu’après avoir pris en otage la famille du Commissaire Gordon, Harvey Dent est poussé dans le vide par Batman, qui cherchait à protéger la famille de son ami. C’est à ce moment que Bruce se rend compte du sens qu’avait les paroles de Harvey. Il décide donc de laisser Harvey mourir en héros, et d’endosser lui-même le rôle du méchant, malgré les supplications de Gordon.

C’est assez subtil pour le coup dans le film (et il est préférable que cela le soit aussi dans votre récit), mais la réaction de Bruce, que la caméra focalisée sur lui permet d’analyser, est pertinente pour deviner que cette réplique va avoir son importance. Bien-sûr, en écriture, il n’y a pas véritablement de caméra à proprement parler, mais il est essentiel que votre personnage remarque l’élément avec pertinence pour que le lecteur fasse de même et analyse la suite de l’histoire.

Pour conclure, ou presque, on peut dire que le foreshadowing peut prendre des formes très diverses mais qu’il doit s’adapter à tous les genres dans lesquels vous écrivez. L’intérêt de ce procédé est d’autant plus essentiel dans les fanfictions que le lecteur connaît normalement le fandom dans lequel vous écrivez. Il ne faut donc pas hésiter à rappeler des éléments déjà vus dans le fandom et qui vous serviront dans le reste de votre histoire.

Si vous créez un OC relié à un autre personnage de votre fandom, vous pouvez rappeler les évènements qu’ont vécu les personnages du fandom pour que cela ait un impact sur votre OC. Par exemple, si votre personnage est la fille de Luke Skywalker, on peut le voir lui raconter comment il a ramener son père du côté lumineux, pour qu’elle fasse de même avec un autre personnage. Ou bien si vous avez un OC avec un lien de parenté avec un personnage du fandom, mais qu’il ne révèle pas directement son identité, vous pouvez glisser ça-et-là des éléments qui relie cet OC à son parent. C’est ce que j’ai tenté de faire dans ma fanfiction A Rapture Reminder: Retour vers les abysses dans le fandom Bioshock, et dans laquelle j’ai crée un OC dont l’identité est révélée à la fin. J’ai ainsi essayé de disséminer des éléments pour qu’un lecteur plus ou moins avisé (ou en tout cas au courant des éléments importants du fandom), puisse faire le lien entre cet OC et deux autres personnages du fandom. Cependant, je ne vais ici rien révéler d’important si vous souhaitez la lire. Ce n’était sans doute pas parfait, mais c’était une tentative. :blush:

Voilà ! C’est à peu près tout ce que j’avais à dire. Si vous avez d’autres choses à rajouter sur le sujet, n’hésitez pas. Il y a sans nul doute des gens bien plus expérimentés que moi sur ce forum ! :rofl:
BONUS: Je vous mets deux liens vers un site que je viens de découvrir et qui résument un peu le procédé de foreshadowing et le procédé du fusil de Tchekhov: Qu'est-ce que le foreshadowing? et C'est quoi le Fusil de Tchekhov ? Définition et exemples

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Merci beaucoup d’avoir mis tout ça en mots ! Je me rend compte de procédés instinctifs que, maintenant qu’ils sont identifiés, je vais pouvoir optimiser :slight_smile:

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Bonjour
Et merci.
Je ne connaissais pas le terme en tant que tel mais je l’ai si souvent vu à l’oeuvre dans des blocs bustés américains que je l’avais spontanément baptisé « rha, c’te grosse ficelle pourrie qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de faire tout le temps ». :smiley: :smiley:

(Merci pour l’analyse de Double-Face, j’ai pourtant revu la trilogie le mois dernier et je n’avais pas du tout capté ça… Mais plutôt la rengaine de martyr de Batman « il faut que ce soit moi le méchant hors-la-loi parce que cette ville n’est pas prête pour la pleine conscience de la vérité » car elle est suffisamment répétitive d’un film à l’autre).

Pour en revenir aux cailloux du petit Poucet, semés avec plus ou moins de subtilité, je dois dire qu’il m’arrive de le faire… à l’envers.

La raison en est certainement que je ne fais pas de plan. Tout juste une grossière ébauche (cf. l’auteur jardinier versus l’auteur architecte).
Du coup, pour apporter cette « cohérence satisfaisante », j’utilise un détail du début, et je lui donne un rôle ensuite. :smiley:
Bonus : tout le monde croit que j’avais un esprit capable d’avoir tout prévu depuis longtemps ! (Alors que ce n’est pas du tout le cas.) :stuck_out_tongue:

L’autre raison pour laquelle je fais cela c’est parce que mes histoires (longues) sont centrées sur les personnages / l’évolution de leur psychologie et que l’intrigue, très souple, très mince, n’est là que pour être au service de cet objectif-là.
Ainsi je peux naviguer dedans à vue, et rajouter sans difficulté ces fameux détails anodins qui prendront de l’importance ensuite.

Avec une publication toutes les semaines, je constate toutefois que les rares lecteurs qui s’expriment… n’y ont pas fait attention du tout dans la mesure où ils ont largement eu le temps d’oublier une chose discrète montrée 4 chapitres plus tôt, c’est à dire plus ou moins, un mois en arrière…

Je dois expliquer « bah si, dans le chapitre 30, j’ai glissé ça, et dans le 39, il y a cet autre détail, appuyé franchement dans le 43… Non ? Bon tant pis » :smiley:

Donc la préfiguration ne marche sans doute que pour les lecteurs très attentifs, impliqués à fond et qui peuvent lire d’une traite… :thinking:

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Perso je sème des cailloux sans savoir à l’avance à quoi ils vont me servir lol.
Sauf pour mon Switch principal que j’avais préparé avec des indices qui, je l’espère, deviendront clairs à la relecture pour ceux qui connaissent la nature du personnage principal.

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J’avoue que j’ai fait ça aussi dans ma première fanfic. J’avais un personnage qui devait être assez insignifiant, ou tout du moins pas relié au fandom directement. Et finalement, par une petite pirouette (facilitée par les univers parallèles de Bioshock Infinite), j’ai réussi à le relier à un autre personnage du fandom. D’après ce que @BakApple m’a dit, c’était plutôt réussi, donc j’étais très content de moi.

Ca fait un bout de temps que je n’ai rien publié, mais c’est sûr que les gens qui vont sur le site ne sont pas forcément aussi attentifs que des lecteurs qui ont acheté un livre pour l’auteur ou pour une autre raison et qui ont le temps de décortiquer chaque détail de chaque livre.

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Il y a deux types de personnes qui connaissent le Fusil de Tchekhov. Celles qui ont vu Crossed/Chroma, et les autres. :smiley:
Non, plus sérieusement, après les heures que j’ai passées à tenter de sourcer ma mention de ce maudit fusil dans mon mémoire l’an dernier, j’en suis vaccinée, je veux qu’on lui donne un autre nom à ce procédé narratif !

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Comme le soulève Oldie : pour pouvoir jouer avec le foreshadowing et l’arme à feu russe, il faut que notre histoire soit construite, suive un plan. Si vous écrivez le chapitre comme il vous vient, c’est déjà nettement plus compliqué, et encore plus si vous publiez au fur à mesure !

Je pourrais faire mention de quelques fusils de Tchekhov – qu’on peut aussi appeler « loi de conservation des éléments » – que l’on retrouve dans l’oeuvre d’Edogawa Ranpo (je pense notamment à La Chaise humaine qui est quand même pas mal dans son genre), mais je me contenterai d’ajouter cet extrait de Chroma, qui s’attarde un peu dessus !

°

En tous les cas, dans le monde de la fanfiction, ou de la « web-littérature » où on publie pas toujours régulièrement, où les lecteurs ne peuvent pas dévorer toute l’histoire d’un coup comme on peut le faire avec un roman, c’est plus dur de se dire « eh, ce passage qui me paraissait bizarre au début prend tout son sens maintenant ! » parce que, comme dit plus haut, parfois plusieurs semaines séparent lesdits chapitres, et donc tout se perd.

(c’est comme ça que j’ai remarqué qu’en fait j’ai utilisé la métaphore des cerisiers en fleurs à deux reprises dans ma fanfic, pour le même personnage, dans deux sens différents, et cet effet de parallélisme/opposition se perd quand on se rend compte que pratiquement deux ans séparent les deux chapitres en termes d’écriture… :smiley:)

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Ah Karim Debbache … J’avais vu ce Chroma là, mais je ne me souvenais plus de son explication sur le fusil de Tchekhov dans le film Signes. Comme quoi, vouloir placer un fusil de Tchekhov à tout prix n’est pas forcément une bonne idée.
Au niveau du nom, si on compare ce procédé avec le foreshadowing, j’aime bien le terme de « préfiguration », je trouve ça pas mal.

Pas forcément. Je pense qu’un jardinier peut tout à fait réussir à insérer des fusils de Tchekhov dans son livre. Pas besoin de faire un plan pour ça, il faut juste avoir un peu une idée de la suite de l’histoire, je suppose.

L’extrait était très pertinent, et Karim Debbache est toujours aussi drôle. Mais je crois que son running gag que je préfère est celui des Aventures de Boromir dans le Chroma sur Silent Hill.

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Pour ma part, j’adore ce procédé. Je suis d’accord avec le fait que dévoiler au lecteur le fil rouge « mais pas trop » permet de garder son attention tout au long du récit tout en le surprenant « mais pas trop » au moment du twist final où tout prend enfin du sens. Moi-même, en tant que lecteur, j’aime beaucoup voir/lire des oeuvres avec du foreshadowing. Ça me maintient concentré en me faisant me demander en permanence : " Mais pourquoi est-ce qu’on a vu X alors qu’il ne sert pas en ce moment ?", « Pourquoi untel a dit ça ? », etc…

Étant amoureux de ce procédé, je m’en sers donc souvent dans mes propres écrits. Mais je suis encore un débutant, alors trouver l’équilibre entre en dire trop et pas assez est assez difficile à trouver pour moi. C’est pourquoi je te remercie d’avoir lancé le sujet et pour ces conseils. :slight_smile:

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Il va sans dire, cependant, que le procédé perd beaucoup de son intérêt à la seconde lecture ! :smiley:
(voilà que je commence à faire des références à mon mémoire… sortez-moi de là !)

Un peu comme dans les polar, au final. Dès qu’on sait X ou Y, on va savoir qu’est-ce qui était un indice ou non. Et le final surprend moins.

Pour ceux qui ont déjà vu Gravity Falls, avez-vous déjà tenté de revoir la série après le final ? Pour ne citer que l’épisode avec Bendin Blandin, le voyageur dans le temps, rien que revoir cet épisode vous retournera un peu le cerveau.
Ou sinon, je vous invite à jeter un oeil à :computer_mouse: cette vidéo (en anglais et sans sous-titres, malheureusement), qui revient sur un épisode en particulier, qui change complètement de sens dès lors qu’on a vu le « secret » derrière le passé de Stan. :smiley:

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Dis-donc, ton mémoire a l’air vraiment intéressant ! :joy: Il portait sur quoi exactement ?
Après, sur le procédé qui perd de son intérêt, ça dépend vraiment du film. S’il y a un twist final vraiment réussi, le fait de revenir sur l’œuvre une deuxième permet de comprendre qu’on aurait pu comprendre la fin, justement. Mais bon c’est vrai que de temps en temps, lorsqu’on connaît le twist, on a juste envie de dire aux personnages de la boucler parce qu’on sait déjà ce qui va se passer. :smile:

En revanche, pour certains films, le deuxième voire le troisième visionnage est clairmement nécessaire. L’exemple le plus parlant, c’est Tenet de Christopher Nolan, sur lequel j’avais déjà donné mon avis à chaud il y a quelque temps déjà sur un autre sujet. Pour le coup, je trouve toujours que le film a des défauts, surtout dans son exposition. Au début, le film n’est pas incompréhensible mais pas loin. Le Protagoniste arrive dans un opéra, on ne sait pas trop pourquoi. Il parle à des gens, il parle à d’autres gens, etc. Et même à ce moment-là, on a vraiment du mal à saisir tous les tenants et aboutissants du film.

Et pourtant, je ne peux m’empêcher d’aimer ce film. Déjà parce que j’aime bien le fait d’intégrer un effet de cinéma (en l’occurrence l’inversion) à la diégèse du film. Mais aussi pour ses scènes d’action et pour ses personnages, que certains trouvent froids et sous-développés. En même temps, sachant que le film s’inspire des films d’espionnage, est-ce qu’on a vraiment besoin de connaître le passé de James Bond pour s’attacher à lui? Pas vraiment. C’est donc ce qu’a choisi de faire Nolan là, et ça ne me dérange pas vraiment. Surtout que le charisme du Protagoniste (joué par John David Washington, le fils de Denzel) rattrape clairement tout ça.

Bref, tout ça pour dire que malgré les problèmes d’exposition, Nolan arrive justement dans ces moments-là à placer tout de même quelques infos sur la suite de l’histoire. Sachant que l’inversion va le mener à revenir dans le temps, la fin du film correspond finalement à un évènement qui s’est passé bien plus tôt dans l’histoire. Et le fait de revoir le film nous fait permet d’assembler toutes les pièces du puzzle.

Là aussi, je tiens à rappeler l’exemple de Columbo dont tout l’intérêt est justement de connaître le meurtre et le meurtrier, et donc de commencer par la fin, techniquement, avant de voir comment Columbo va comprendre la situation. Je n’ai jamais vu un épisode entier de cette série, mais j’ai beaucoup aimé les vidéos de Mr Meea à ce propos, donc je vous mets les liens vers ses vidéos.

6 « J'aime »

Eh bien moi, je ne pensais pas qu’avoir vu la fin (et peut-être des révélations), ça tuait tout l’intérêt… mais que ça augmentait la « jouabilité ».
Je pensais qu’au niveau des indices semés, un deuxième visionnage aurait permis de mieux profiter – cette fois en y comprenant quelque chose – et de considérer non pas le but (la fin, la révélation) mais le chemin (la façon dont cela a été amené)…

Prenez le film « Le 6e Sens ». Je sais de quoi il retourne maintenant, vous pensez bien. Mais j’adore toujours le regarder et mon plaisir n’est pas émoussé parce que je « sais ».


L’exemple de « foreshadowing » agaçant que j’avais en tête était justement sur l’avant dernier Terminator.
A un moment donné, une petite phrase glissée là, sur le cœur solide (qui bat bien avec régularité) de l’un des personnages, attire mon attention.
Qu’est-ce qu’elle fiche là, cette phrase qui tombe comme un cheveu sur la soupe et connectée à rien ? :smiley:

Je sais combien sur un film de 2h, il faut y aller à l’économie et qu’aucun plan ou aucune scène ne peuvent vraiment se permettre d’être « gratuits » (comprendre, ne pas être utile dans l’intrigue).

Eh bien j’ai eu ma réponse à la fin du film. Quand John Connor a eu besoin d’une transplantation cardiaque… Il n’y a quasiment aucune vraie chance d’être surpris…

(Bon après je regarde peut-être des films sans intérêt qui manquent cruellement de finesse :smiley: et qu’il me faudrait chercher ailleurs de meilleures références…).

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Je pense que c’est le cas sur pratiquement tous les films, mais je connais des gens qui n’aiment pas trop revoir le même film une deuxième fois, car ils considèrent cela sûrement comme une perte de temps

Pour le coup, ce film mérite vraiment un deuxième visionnage, tellement le twist est génial (connu, mais génial). Même si quand on a vu La Quatrième Dimension, on sait qu’il n’a rien inventé (je parle de l’épisode 16 de la saison 1, nommé l’Auto-stoppeur, l’un des meilleurs épisodes). Et pourtant, même si on connaît le twist, le visionnage est toujours aussi bon. Donc ça dépend peut-être des gens mais je pense que le revisionnage n’est pas une mauvaise chose.

Tu parles sûrement de Terminator Renaissance, c’est-à-dire l’avant-avant dernier épisode de la saga du coup, puisqu’il y a eu aussi Terminator Genesys et Terminator Dark Fate. De toute façon, cette saga est un véritable bazar, puisque Genesys est censé la rebouter complètement tandis que Dark Fate ne prend pas en compte Genesys et prend seulement en compte le 1 et le 2 (pour finalement casser tout ce que les personnages du 2 avaient accompli, mais ça c’est une autre histoire).

J’avoue que Renaissance ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, il serait peut-être temps que je me le remate. Il manquait certainement de finesse comparé au 1 et 2 (même si bon, ce sont des films d’action et de science-fiction, donc ça ne vole pas non plus très très très haut comparé à d’autres œuvres, on va pas se le cacher). Mais j’ai vu que beaucoup de personnes, au vu des déceptions que sont Genesys et Dark Fate, étaient favorables à faire remonter Renaissance dans leur estime.
En tout cas, le foreshadowing dont tu me parles là est plutôt intéressant.

Edit: D’ailleurs en parlant de Terminator, j’ai revu une scène iconique du 2 et je me suis rendu compte là aussi d’une petite préfiguration:
https://youtu.be/bhL8WlDHKaY?t=246
Lorsque le T1000 jette le T800 par la vitre, il porte un regard étrange sur le mannequin argenté, qui annonce finalement sa véritable forme en métal liquide que l’on découvrira quelques minutes plus tard dans le film.

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Que voilà un sujet intéressant !

Etant moi-même une re-re-relectrice assidue, qui en plus commence les livres par la fin (y compris les polars) et qui va lire le résumé (avec spoilers) des films avant de les regarder… il est évident que le sujet me parle. :roll_eyes: J’aime tous les fusils de Tchekhov que je repère, j’aime encore plus ceux que je n’ai pas repérés la première fois, et même parfois pas non plus à la seconde.

Pour moi, c’est évident. C’est même l’intérêt premier d’un livre ou d’un film. Je déteste les surprises, dans tous les sens du terme. J’aime voir comment j’ai été manipulée, ou amenée à penser certaines choses, ou à avoir telle ou telle opinion sur un personnage , ou comment l’auteur(e) m’a aidée à trouver des indices pour déduire la fin de l’histoire. Pour reprendre un exemple cité plus haut, j’ai regardé Le sixième sens assez tardivement, en sachant la fin, et cela ne m’a pas empêché d’apprécier… Je l’ai même revu récemment, avec le même plaisir, en repérant des indices qui m’avaient échappé la première fois.

Deux autres exemples très différents qui m’ont marquée :

  • Harry Potter : le vif d’or du premier tome réutilisé dans le dernier (je ne sais pas si Rowling avait prévu ça depuis le début ou si, comme Oldie, elle a vu l’opportunité en regardant les petits cailloux semés derrière elle…). Je trouve, de manière générale, que les Harry Potter sont assez bons dans la gestion du suspense, des « présages » et des fausses pistes.
  • Usual suspects : je ne peux pas raconter sans spoiler, mais disons qu’on a tout sous les yeux depuis le début… et qu’on se fait quand même avoir. C’est le genre de film qu’il faut voir deux fois : la première pour se faire manipuler, la seconde pour comprendre comment ça s’est passé.

En revanche, c’est un procédé que je n’utilise quasiment pas dans ce que j’écris. (Ou alors je ne m’en rends pas compte.) Déjà parce que je ne fais pratiquement jamais de plan, ensuite parce que j’ai tendance à me dire un peu ce que certains disaient plus haut : de toute façon, mes lecteurs ne se souviendront pas de ce que j’ai écrit trois chapitres auparavant (surtout que mon rythme de publication est au mieux erratique et au pire carrément n’importe quoi)… Dans mon fandom de prédilection, toutes mes histoires font références les unes aux autres. Au fil de mes fics, j’ai fait une chronologie (double, puisqu’il y a un univers parallèle) et inséré des passerelles entre elles, parce que j’aime l’idée que tous les écrits sont, d’une façon ou d’une autre, connectés. Je sais que mes lectrices, même les plus assidues et les plus attentives, ne les repéreront pas toutes (déjà, je suis contente quand j’ai une remarque à ce sujet), mais c’est une façon pour moi d’annoncer certaines fics qui sont dans ma tête mais n’existent pas encore (et n’existeront peut-être jamais, d’ailleurs).

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Avec le temps - spécialement depuis que je créé moi-même des intrigues - je me rends compte que c’est une science d’en créer de bonnes. J’ai tendance à croire qu’un lecteur ou un spectateur n’aime pas beaucoup qu’on le prenne pour plus intelligent qui ne l’est ou, inversement, plus «idiot». Le lecteur ne doit pas sentir qu’il est perdu dans le récit, mais à la fois, il ne veut pas savoir où il va. En tant qu’auteur, il faut savoir choisir quel genre d’indices on décide de dissimuler et en quelle quantité également. C’est un exercice plutôt difficile puisque, en règle général, l’auteur sait tout de son intrigue et s’est plutôt complexe d’évaluer ce qui pourrait être considéré comme étant «trop d’indices» ou comme étant tout le contraire.

C’est un reproche que fait souvent mon père, particulièrement consommateur de séries policière en tout genre. Il critiquait que certaines des nouvelles séries avaient tendances à se terminer avec des résolutions d’énigmes beaucoup trop alambiquées, que les signes avant-coureurs étaient si discrets et anodins durant l’épisode que c’est impossible pour un spectateur de faire lui-même l’enquête. Je crois qu’une bonne intrigue en est une qui est complexe et, à mon avis, plusieurs scénaristes de ce genre de séries ont tendance à croire la même chose, mais que la complexité d’une intrigue passe forcément par une compréhension très poussée, voire impossible.

Dans mon cas, je dirais plutôt que c’est dans la finesse de la présentation des détails qui rend une intrigue vraiment complexe. Si un lecteur ou un spectateur n’arrive pas à trouver la réponse à la fin d’une bonne intrigue, ce n’est pas un défaut pour autant, tant qu’il arrive lui-même à faire les liens et que les explications données soient sensés. D’ailleurs, si on manque l’information d’un détail en début de récit, à mon sens, au retour de ce même détail dans le récit, plus tard, ce retour ne devrait pas nous faire douter de sa présence. Pour illustrer mon propos :

C’est une phrase qui permet un autre niveau de compréhension de l’histoire, mais elle n’est pas nécessaire pour bien suivre l’histoire. Si c’est le contraire, l’auteur doit trouver un moyen bien intégré et pas trop forcé pour expliquer à ceux qui auraient manqué ce détail.

Bref, plus j’y réfléchis, personnellement, plus je me rends compte que c’est une réelle science de savoir faire une très bonne intrigue. Ce n’est pas toujours facile de savoir à qui l’on s’adresse, qui comprendra les références si elles sont extérieures à l’œuvre, savoir si les détails sont biens intégrés, impossible à trouver, trop évident, etc. Je suis plutôt friand de ce genre de pratique ; rendre des choses anodines bien plus importantes que la présentation ne le laissait le croire, mais puisque mon œuvre est assez longue, j’ai toujours l’impression de me retrouver dans ce genre de situation :sweat_smile: (Désolé, c’est en anglais)

https://www.youtube.com/watch?v=p1_zJGvh4bA

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C’est vrai que quand j’ai présenté le sujet, j’ai parlé du foreshadowing comme un élément essentiel à une histoire. Mais comme c’est le cas dans l’exemple que tu as cité, il existe des cas où la préfiguration n’est pas nécessaire, comme tu l’as dit, mais où elle permet de rajouter une couche à l’histoire, si on peut dire. Pour autant, si on retire tous les éléments de préfiguration, peut-être que l’histoire ne serait plus aussi bonne.

Clairement d’accord avec toi. Il y a tellement d’éléments à prendre en compte pour faire une bonne histoire que ça peut en devenir désespérant: créer une intrigue originale, qui se tient, avec de bons personnages crédibles, des descriptions poussées ou minimalistes, etc.

Mais je pense que la symbolique joue aussi un rôle important dans la fiction, les messages que l’on veut transmettre, ça participe à rendre une histoire importante aux yeux des gens. Et je pense que tous ces détails, s’ils sont bien utilisées, peuvent lourdement impacter et servir le récit. Disons que le foreshadowing, c’est un peu l’une des cerises sur le grand gâteau de l’histoire. :joy:

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Bonjour ou bonsoir à tous,

Je reviens sur le sujet pour vous donner des moyens plus concrets d’appliquer le foreshadowing dans votre histoire.
Pour commencer, je vous reproduis le lien de deux autres sites qui parlent de ce procédé : Ep #49 - La technique du foreshadowing - Devenir Écrivain et Foreshadowing : le procédé d’écriture qui rend vos lecteurs heureux ! - La Bêta-Lectrice

Alors, ce qu’il faut savoir, c’est que si vous faites partie des « jardiniers » et non des architectes", ce qui signifie que vous planifiez peu à l’avance ou pas du tout, il est toujours possible d’ajouter un élément de préfiguration lors de votre réécriture. Cependant, si, comme moi, vous écrivez un chapitre à la fois, cela risque évidemment d’être plus compliqué. Mais il est toujours réalisable, comme l’ont précisé @OldGirlNoraArlani ou @ensorceleurisee, de semer des cailloux sans vraiment savoir où il vont mener et finalement trouver un moyen de les réutiliser plus tard.

C’est tout l’intérêt du fusil de Tchekhov: si vous parlez d’un fusil accroché au mur, vous êtes censé le réutiliser plus tard dans le récit. Parfois, cela peut totalement modifier la fin de votre histoire ou son déroulement, à votre désavantage ou à votre avantage. Si votre personnage est dans une situation désespérée, le fait d’avoir introduit qu’un fusil pendait au mur pourrait vous permettre de le sortir de cette situation ou au contraire de l’envenimer si son ennemi atteint le fusil avant lui, ce qui participe aussi au suspense de la scène. Veillez donc à ce que la réutilisation de cet élément soit tout de même cohérente par rapport à la suite de votre récit, bien que vous ne prévoyiez rien à l’avance: si vous avez situé ce fusil dans la maison du protagoniste et que le combat avec son pire ennemi se déroule dans sa grange, vous ne pouvez pas dire qu’il a retrouvé comme par magie le fusil dans sa grange (ça va de soi, mais je préfère le préciser).

Pour entrer dans le vif du sujet, qu’est-ce qui peut constituer un élément de foreshadowing ? Pour tous ces éléments, je vais essayer de me baser sur un trilogie en particulier: Retour vers le futur.

  • Un objet: c’est l’élément le plus connu et peut-être le plus simple à ajouter à votre histoire en amont pour que son retour dans l’histoire soit satisfaisant. Cet élément peut d’ailleurs directement être le ou les Macguffin de l’histoire. Comme je crois que cet élément n’a pas été défini, je vais m’y atteler rapidement: ce nom vient du réalisateur Alfred Hitchcock qui le nommait ainsi et qui se définit comme un objet matériel généralement mystérieux, qui n’a pas forcément une description accrue dans le récit mais qui sert de prétexte à sa recherche et à sa récupération. Hitchcock aurait dit " c’est l’élément moteur qui apparaît dans n’importe quel scénario. Dans les histoires de voleurs c’est presque toujours le collier, et dans les histoires d’espionnage, c’est fatalement le document."

    Dans Retour vers le futur II, par exemple, l’Almanach des sports constitue un Macguffin: le spectateur connaît son rôle et l’impact qu’il pourrait avoir, sans vraiment qu’il lui soit décrit en détail. L’achat de cet Almanach par Marty pourrait alors constituer un élément de préfiguration, car le spectateur averti comprend que cet objet pourrait changer le cours de l’histoire de Hill Valley et annoncer le 1985 alternatif qui apparaît plus tard dans le film, à cause de Biff Tannen.

  • Un savoir-faire ou une connaissance: Là encore, cet élément est assez simple à ajouter. Il s’agit d’informer le lecteur que l’un des personnages a en sa possession une information, une connaissance ou un savoir précis, en le montrant parfois en action au début de l’intrigue, pour que la réutilisation de cette connaissance ne paraisse pas forcée. Cela participe aussi de la caractérisation du personnage.

    Dans Retour vers le futur, Marty nous est présenté comme un adolescent des 80’s plutôt heureux, vivant sa petite vie dans la petite ville de Hill Valley. Dès les premières minutes du film, Marty nous apparaît comme extrêmement bon sur un skateboard et particulièrement doué pour jouer de la guitare. Ces deux éléments se retrouvent ainsi plus tard dans le récit, au moment où il doit échapper à Biff avec son skateboard et où il doit jouer de la guitare pour remplacer Marvin Berry au pied levé. Notez que ces éléments, s’ils n’avaient pas été introduits, n’auraient sans doute pas eu le même effet.

  • Un trait de personnalité: celui-là est assez particulier et ne constitue pas forcément un élément de foreshadowing mais découle selon moi d’une bonne construction de votre personnage. Il s’agit en réalité de suivre à la lettre le caractère que vous avez attribué à ce personnage. Ce trait peut même faire partie de son Arc narratif.

    Dans Retour vers le futur II et III, on découvre un nouvel élément de sa personnalité: son sang ne fait qu’un tour lorsqu’on le traite de « mauviette » ou lorsqu’on lui dit qu’il « a les foies ». Le spectateur comprend que chaque confrontation avec un personnage peut occasionner la réutilisation de cet élément et que cela peut modifier la fin de l’altercation, ce qui arrive en effet à plusieurs reprises et ce qui induit alors de nouvelles péripéties comme la poursuite de Biff en voiture. Mais cet élément est heureusement résolu pour lui avec la conclusion de son arc narratif dans le 3ème film, dans lequel il apprend que son sang chaud va le mener à avoir un accident de voiture (élément d’ailleurs déjà introduit dans le 2ème film au cours duquel Jennifer et le spectateur du même coup entend cet information) et dans lequel son ancêtre lui conte l’histoire de son frère, qui avait le même problème que Marty et qui en est mort, ce qui va pousser Marty à changer.

  • Une action ou un évènement: celui là aussi me semble assez à part puisqu’il peut être directement lié à une connaissance ou à un trait de personnalité.

    N’ayant pas véritablement d’exemple en tête dans la trilogie, je vais essayer d’en trouver un autre, inspiré cette fois de la série Calls, réalisée par Timothée Hochet. Cette série a deux particularités: premièrement, une narration uniquement orale, constituée d’appel téléphonique et d’enregistrements, et deuxièmement, une narration assez décousue à cause de laquelle l’auditeur (on va appeler ça comme ça :laughing:) doit lui-même réassembler les éléments pour obtenir une histoire cohérente, sachant que les enregistrements ne sont presque jamais dans l’ordre chronologique, ce qui implique donc pas mal de foreshadowing. En m’inspirant de la série (mes souvenirs sont assez flous), si l’un des personnages a perdu sa fille, et que ce personnage, dont le nom n’est pas précisé au lecteur, appelle une voyante pour revoir un être cher, le lecteur (ou spectateur ou auditeur) peut comprendre qu’il s’agit du même personnage.

Voilà à peu près les moyens ou les manières d’utiliser ces éléments. Bien-sûr, ces éléments peuvent rester assez discrets et ne pas nuire à la compréhension de l’histoire, comme c’est le cas avec l’exemple de la réplique prononcée par Harvey Dent dans The Dark Knight que nous évoquions plus haut.

En outre, ces éléments peuvent simplement servir de ressort comique: si je reprends une dernière fois l’exemple de Retour vers le futur, une conversation, qui se déroule lors du dîner avec Marty et ses parents, nous apprend que l’once de Marty, Joey, « n’a pas obtenu sa libération conditionnelle ». Cet élément qui peut sembler anodin, est pourtant réutilisé quelques minutes plus tard, lorsque Marty rencontre son oncle, encore en bas-âge en 1955, dans son lit à barreaux, et qu’il lui dit : « Vaudrait mieux t’habituer à ces barreaux, tonton ».

Bref, c’est tout pour l’instant ! Si vous avez des remarques, si j’ai fait une erreur, n’hésitez pas ! Je suis preneur !

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Je trouve que c’est vraiment un excellent résumé de cet exercice périlleux ! En tout cas, en tant que lectrice / spectatrice, c’est exactement ce que je recherche.

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Personnellement dans les policiers ou autres oeuvres à mystère, j’aime ceux où on a accès à tout ce qu’il faut au long de l’intrigue pour découvrir le final.

Cela me gêne quand l’auteur n’utilise pas la règle de knox suivante:
-Le détective ne doit pas utiliser des indices qui n’ont pas été présentés au lecteur pour résoudre l’affaire

Cela ne me dérange pas que ce soit dur ou quasiment impossible à trouver si tout était là dans le récit.

Par contre c’est dur à bien manier vis à vis des lecteurs/spectateurs habitués.

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