Écrire pour soi ou pour un public?

Salut à tous,

J’ai publié hier sur le Facebook un petit article de l’écrivain Stéphane Arnier dont le titre semble un peu polémique, mais qui ne l’est pas réellement quand on lit le contenu.

@FanficSaiyuki27 m’a répondu (là-bas) qu’elle trouvait son point de vue intéressant mais difficile à appliquer.

J’ai complété en disant qu’il s’agissait du point de vue d’un écrivain publié – pour qui l’écriture n’est pas qu’un simple loisir, mais bien une source de revenus (et on espère tous avoir des revenus réguliers…), cela change la donne.


Je trouve qu’apprendre des techniques pour écrire mieux ou de meilleures histoires qui parviennent à captiver un public, c’est bien. :smiley:

Toutefois, le fanfiqueur dispose de l’extraordinaire liberté de pouvoir « tester » des choses, et se permettre d’y aller à fond dans un projet qui l’intéresse personnellement, qui lui donne super envie, le motive… et qui au final ne rencontre pas d’engouement parce que l’auteur n’a pensé qu’à lui-même… :sweat_smile:

J’en parlais justement par MP hier.
Par exemple, mon travers préféré de fanfiqueuse, c’est « l’originalité-dont-personne-ne-veut ».
J’ai lu des dizaines d’histoires toutes pareilles, cela ne m’intéresse plus de rajouter du banal au rebattu. Alors je me frotte les mains et je trouve génial d’écrire un texte qui ambitionne de « casser les codes » et ne répond pas aux attentes locales.
Et que ce passe-t-il ?
Bah évidemment 15 vues, tiens. Et après je ronchonne que ça n’a pas plu. :smiley: Mais elle est bête ou quoi ?

Alors de deux choses l’une :

  • soit j’accepte de m’être amusée toute seule et que ça doit suffire. Et tant pis si je n’ai pas de lecteurs. Au diable le public, j’écris pour moi… (et donc j’ai des histoires sur mon disque dur qui ne seront jamais en ligne, partager ne sert à rien si on écrit vraiment « pour soi »).

  • soit je cherche une voie moyenne où je peux essayer de tenir compte du fait que les lecteurs ont des goûts et des attentes et que je ne peux pas leur en vouloir si je fais tout pour ne pas les satisfaire, exprès, parce que c’est plus original… :smiley:

C’est pour les auteurs qui sont dans ce second cas que le petit article sera peut-être utile.

J’aime beaucoup l’exemple que S. Arnier donne : vous aimez l’Histoire à fond, vous avez un doctorat sur une période précise. Tâchez de ne pas étaler votre science, ni d’être pédant : utilisez simplement cette connaissance pour servir de cadre, mais n’en faites pas le sujet principal… (ou vos lecteurs qui n’ont pas de doctorat ne suivront pas)
C’est un conseil simple et de bon sens… Il n’est ni contraignant ni écrasant, il ne « bride » pas la créativité.


Le bac à sable
A côté de cela, il me semble que le moment où l’on souhaite expérimenter des choses en écriture, simplement pour voir si on en est capable, ou ce que cela fait, est assez typique de la phase d’apprentissage et qu’on ne peut pas le refuser à un fanfiqueur.
La fanfiction est un bac à sable, s’y entraîner de façon sécurisée sans avoir à craindre les effets plus cruciaux d’un échec ou d’un succès, si ça implique de ne pas pouvoir manger ou nourrir sa famille derrière…

Expérimenter des trucs qui ne marchent pas est pourtant un tournant fondamental pour apprendre empiriquement.

Si vous êtes pressé, ou désireux de vous professionnaliser, vous avez les conseils de ceux qui sont déjà passés par là. :rofl:


Alors en fanfiction, est-ce qu’on écrit pour soi quand on est réaliste ? (non mais ça va plaire à qui ?)

Ou quand on a au contraire des objectifs ultraprécis d’apprentissage et donc qu’on voit le tout comme un exercice ? (non mais moi je sais juste pas faire : les scènes de bataille / les descriptions / la psychologie – rayez la mention inutile, donc ça sera juste un OS)

Est-ce qu’on le fait quand on est mature et qu’on n’a plus rien à prouver ? (je sais ce que j’ai à faire, j’ai pas besoin qu’on me tienne par la main, j’ai plus dix ans pour dire : maman maman maman regarde : sans les mains…)

:slight_smile: si vous avez des idées sur la question…

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Merci pour ce sujet qui me passionne énormément ! :smile:

Disons que je tente d’adopter un équilibre entre faire ce que je veux et ce que veulent les gens. On remarque ça très souvent dans le monde du cinéma en ce moment, surtout avec les remakes de films des années 80/90 car les bambins sont des adultes/consommateurs aujourd’hui.

Cependant, même en adoptant une voie moyenne, il faut savoir ce qu’on est prêt à sacrifier ou non. A partir de là, j’avoue que je suis têtue car je pars du principe que dans le monde de la fanfic, les gens cherchent leur bonheur à court terme et que je souhaite créer quelque chose à long terme. Enfin, pour la plupart, que personne ne se sente visé car j’en fais partie aussi avec une dose de curiosité :wink:. D’où l’utilité du « bac à sable » car on peut évaluer rapidement l’idée qu’on veut mettre en place face à un public qui va chercher exactement ce qu’il veut. Les catégories sont là pour ça. En faisant des tests, on peut trouver une formule qui marche.

Et là, c’est ma limite. Ça ne concerne que moi qui ne souhaite pas me professionnaliser, qui cherche à préciser des pans entiers d’une oeuvre qui existe déjà car le média en question ne le permet pas pour x ou y raisons. C’est facile d’apporter ce que les gens désirent mais pas ceux dont ils ont besoin. Dans mon cas, je sais que les gens adorent les romances (moi aussi) et je compte en fournir plusieurs mais pas sans préparation/paiement digne de ce nom. Ce serait gratuit. En même temps, proposer quelque chose d’original. Celui qui n’est pas intéressé passe son chemin, le curieux va se poser des questions.

Dans les grandes lignes, je pense que l’originalité sert énormément les intérêts des œuvres qui souhaitent rencontrer un grand public, comme des pionniers pour étendre le monde de l’imaginaire car s’il n’y en avait plus, le cadre de la création serait extrêmement réduit, appauvrissant ce qu’on aime et/ou consomme. Chercher à raconter quelque chose qui nous tient à cœur tout en empruntant dans les œuvres qui nous ont toujours fait rêver de manière libre est essentiel.

2 « J'aime »

Je viens de tomber sur ceci : Écrire pour soi ? (editions-humanis.com), que je vous soumets et qui me rappelle notre discussion d’il y a quelques mois.

En deux mots, la thèse de Simon Laroche, à laquelle je ne souscris pas, mais la formule est trop belle pour que je l’écornifle :
Nous écrivons pour nous-mêmes. Nous publions pour les autres.
N’écrivez pas pour les autres !

EDIT : merci à Oldie pour le reclassement : je n’ai pas assez bien cherché le brin…

10 « J'aime »

La question me rappelle les discussions et polémiques qui tournent dans le milieu du cinéma plus particulièrement concernant les blockbusters et autres séries de film (fait coucou Marvel :eyes:) Mais ça touche aussi le milieu des jeux vidéos et même (tient) celui des livres. Particulièrement les grosses séries de manga ou les comics (Marvel encore, mais aussi DC). C’est vrai que c’est un exercice difficile au bout moment de ne pas se plier à la demande du public. Surtout si elle est forte. Mais pour revenir au sujet de la fanfic, je trouve qu’on y est moins soumis. Un peu quand même parce qu’on peut être tenté d’utiliser des tropes/thèmes qui attirent du monde ou aller dans des fandoms très actifs en espérant attirer des coms. Mais après plusieurs années à écrire des fics où la majorité ont reçus quelques commentaires tout au plus, je préfère écrire pour moi et publier au cas où quelqu’un serait intéressée par mon histoire et voudrait bien venir déposer un com.

8 « J'aime »

Là c’est carrément triste, parce que ce n’ est plus un besoin d’expression mais un besoin d’attention.

Amen :pray:

Le meilleur moyen d’être créatif c’est de se faire plaisir avant tout :+1:

6 « J'aime »

C’est intéressant d’avoir dépoussiéré ce sujet car cette question est plus fréquente que ce que nous pouvons imaginer. Que ce soit pour les auteurs dont l’écriture est leur source de revenus ou de simples fanfiqueurs, écrire pour soi se confronte à l’envie d’écrire pour les autres.

D’un point de vue strictement personnel, je sais que je fais les deux. J’écris avant tout pour libérer mon esprit de toutes les idées qui m’envahissent jour et nuit, pour donner vie à des personnages et en leur faisant vivre ce que MOI j’ai imaginé. Le seul hic, c’est que je suis la pro des personnages secondaires, ceux qui sont là pour apporter quelque chose aux personnages principaux et dont beaucoup se contrefichent.
Au début, j’étais touchée de constater que mes fics n’avaient aucun succès (ou peu) alors que je voyais les autres avoir une multitude de fans et de commentaires. Alors j’ai tout effacé, tôpette au revoir et surtout adieu écriture !

Finalement, j’ai fini par avoir un déclic. J’avais mal au coeur de laisser de côté une passion pour une question débile de quête d’attention et de reconnaissance publique, de validation de mes écrits. Alors j’ai retenté. Maintenant je poste mes fanfics - toujours sur les personnages secondaires, il faut croire que je suis têtue - en me disant que forcément des lecteurs vont trouver leur bonheur en me lisant, même s’ils ne le montrent pas forcément.

Ma conclusion c’est que j’écris avant tout pour mon plaisir personnel tout en songeant qu’ailleurs, dans des contrées lointaines, certaines personnes seront ravies de tomber sur ce que je rédige. Donc le public est aussi un acteur de ma motivation, et je l’admets. :slight_smile:

10 « J'aime »

On a tous besoin de cette petite reconnaissance, savoir que notre travail est apprécié, c’est humain.
Je suis aussi du genre bornée, je ne sais pas si je suis vraiment trop originale, que ça soit avec mes fics ou mon roman, mais quand j’écris, j’ai juste envie de faire ce qui me plait à moi. Je partage, pour la même raison que tout autre ici, je pense, l’envie de partager et surtout trouver quelqu’un qui va apprécier mon travail, parce que avoue-le-nous, c’est aussi ce qui nous motive à continuer.
Continuer d’écrire ce qui vous plait, si ça n’intérèsse personne, au moins c’est notre petit monde à nous :slight_smile:

7 « J'aime »

Hello tout le monde ! Je trouve ce sujet très intéressant alors je me permets d’apporter mon point de vue.

A l’origine, j’écrivais surtout pour moi, sur des cahiers à l’époque, ma meilleure amie et ma grand mère étant mes seules lectrices. Ce qui m’a toujours encouragé, c’est l’idée que ça allait être lu, au moins par une personne. Parce que ce monde qu’on créé, ces personnages, pour moi ne peuvent exister que s’il y a un lecteur pour réellement leur donner vie. Bien sûr, ça peut être contesté, pour certains notre propre esprit suffit à leur donner vie.

Ensuite, depuis Internet, j’ai toujours partagé et eu pas mal de retours sur mes écrits, ces interactions viennent même parfois modifier légèrement le déroulement de l’action. Oui, il m’arrive aussi de faire du « fan service » et quand on fait ça, c’est qu’on considère qu’on écrit pour notre public. Mais je ne me force jamais réellement non plus, ça doit rester cohérent. La cohérence, on la doit aussi à notre public.

Et récemment depuis que ma vie a été bouleversée par une œuvre, je n’arrive pas à me retirer de la tête cet objectif ultime : créer un œuvre capable de transformer quelqu’un. Parce que les mots font sens quand ils sont bien manipulés, ils ont un réel pouvoir. L’imaginaire peut avoir un impact réel. Bien sûr, ça me prendra des années à tout mettre en place, mais comme c’est mon but, je suis obligée de penser aux futurs lecteurs. Et ce, même s’il n’y a qu’une seule personne qui me lit.

Saisir les attentes des lecteurs peut aussi être un bon moyen de les « capturer » dans votre récit. Une fois bien captivés, si vous les tenez suffisamment, s’ils s’attachent à vos personnages, alors je pense qu’ils vous suivront.

A coté de ça, beaucoup de textes n’ont pas vocation à plaire ni même à être lus, ils servent simplement à s’entraîner, et là le partage permet de s’améliorer et changer d’angle de vue. Parce qu’à avoir la tête dans le guidon, on rate forcément certaines choses.

En bref, personnellement, je n’ai pas énormément le temps d’écrire seulement pour moi et je n’y arrive pas. Si je veux m’inventer des histoires pour moi-même, je les imagine simplement sans les noter.

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Hello! Je vais répondre du point de vue de quelqu’un qui écrit en grande majorité des one-shot
Je pense que j’écris a 100% pour moi!

En général mes fanfictions c’est une ou plusieurs idées que j’ai et que je souhaite écrire, rien de plus. Du coup je fais mon truc, et je publie sur internet pour la postérité :laughing: Mais du coup, je ne me suis jamais (en tout cas pas consciemment) posé la question « est-ce que les lecteurs aimeraient ça ? » ou « est-ce que je devrais l’écrire autrement pour le public ? »

Je pense que le principal, c’est de ne pas écrire des choses qu’on aimerait pas lire soi-même. SI d’autres personnes aiment, c’est du bonus!

Après je parle du point de vue de quelqu’un qui écrit des OS. J’aurais forcément plus de mal à écrire un pavé de 200k mots si personne n’était là pour me soutenir un peu mentalement (j’en connais qui le font et franchement, chapeau). Et surtout, je pense pas que ce soit spécialement mal d’écrire pour les autres! Surtout si vous avez pour objectif proche ou lointain d’écrire des romans et de vous faire publier!

7 « J'aime »

On n’a pas le droit de dire One- ? :rofl:
Effectivement du coup, tu écris en une fois, donc tu l’as déjà écris pour toi !

Ecrire ce qu’on aurait aimé lire, là je suis 100% d’accord !

Je n’ai connu que ça personnellement, j’écris surtout des fictions longue et j’ai toujours avancé avec des lecteurs pour m’encourager au fur et à mesure… ça a toujours été un moteur. Alors certes, j’écris ce que JE veux, mais souvent je me dis que quand on me réclame la suite, je dois avancer… ça m’a souvent débloqué et donné de l’énergie.

On ne va pas se mentir, quelque soit notre objectif ou notre raison profonde d’écrire, ça fait super plaisir d’avoir des lecteurs et des avis !

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