Serial autospoileuse, je me retrouve parfaitement dans ta propre expérience d’autospoil, Alresha. Les livres commencés par la fin furent un grand classique de mon adolescence, même si je me suis un peu calmée là-dessus (en fait pas vraiment, maintenant j’ouvre les livres au hasard et picore des passages par-ci par-là, comme Angel le décrit si bien). En revanche pour les films et les séries, c’est autre chose, et j’ai récemment dû cacher à mon conjoint que je m’étais spoilée la fin de The Good Place, et feindre la surprise quand nous avons vu les tout derniers épisodes. Sinon, j’aurais encore reçu des remontrances faussement offusquées de sa part (il connaît mes tendances et ne loupe pas une occasion de me sermonner gentiment), et ça m’agace un peu. Je comprends que l’on déteste être spoilé et respecte cela, alors pourquoi se moquer de ceux qui sont animés de la tendance contraire, hein ? 
Pourquoi fais-je cela ? Je n’en sais rien et je ne cherche pas à le savoir. Moi non plus, je n’aime pas les surprises, et ceci a peut-être à voir avec cela. Mais dans l’absolu, ça ne me tourmente pas, je vis sereinement ma compulsion pour l’auto-divulgâchage, qui vous l’aurez compris, ne me gâche rien du tout, encore moins le plaisir que j’ai à voir comment les personnages et l’histoire aboutissent au point final, quand bien même j’ai déjà connaissance de ce dernier. Le moyen d’y parvenir comptant au fond peut-être plus pour moi aussi, que l’arrivée en elle-même.
Finalement, on dirait qu’il y a des caractéristiques psychologiques assez précises et tranchées entre d’un côté les amateurs du « no spoil intégral » et de l’autre, les amateurs que le spoil ponctuel ou permanent ne dérangent pas du tout.
Édit : après réflexion, j’ajouterai tout de même ceci, pour étoffer : l’auto-divulgâchage me sert pour, par exemple, les suites que je n’ai pas particulièrement envie de voir mais auxquelles je m’intéresse quand même, par attachement logique aux œuvres initiales. Par exemple, @OreillesPointues a fait un topic sur le ship Zuko/Katara dans Avatar : Le dernier maître de l’air. Cette superbe série a une suite, La Légende de Korra, que je n’ai jusqu’à maintenant pas voulu visionner, principalement parce que Avatar pour moi est une œuvre complète et parfaite, et que donner des suites à ce qui me paraît plein et entier me fait toujours peur : car, soit la suite d’une œuvre initiale sera aussi bonne ou supérieure – et en ce cas tant mieux, même si ce cas de figure paraît rare – que cette dernière, soit elle sera médiocre ou nulle, et abîmera le sentiment de satisfaction extrême que m’avait procuré le premier volet en question. Aussi, pour le coup, je n’ai eu aucun mal à aller lire tout ce qu’il y avait à savoir sur Korra (histoire, chronologie, personnages…) ici et là, et à regarder des extraits sur YouTube. Et si un jour j’ai envie de finalement mater la série, je le ferai sans être dérangée par le fait que je connais déjà ses éléments principaux. J’avais fait la même chose pour le 7ème tome d’Harry Potter : lire le résumé sur Wikipédia. J’ai adoré la saga, comme beaucoup, mais arrivée aux tomes 5 et 6, je me suis lassée. Je savais que je ne voulais pas lire le 7, mais je tenais bien sûr à savoir comment ça allait se finir.
Quant au reste, c’est simplement parce que, pour me répéter, je n’aime pas les surprises, ne suis pas patiente (j’ai failli arrêter The Good Place après la saison 3, parce que même si la série est très bonne, 4 saisons pour moi c’est déjà trop, mais j’ai eu raison de persévérer, ça valait le coup, même si je savais déjà comment ça allait se finir du coup), que je me lasse vite, et que je suis très curieuse de façon générale… A bien y réfléchir, il y a aussi le fait que savoir à l’avance ce qui va se passer me permet de ne pas ressentir des émotions trop intenses si je décide de poursuivre ma lecture/mon visionnage d’une œuvre. Je suis droguée aux émotions, je les ressens il me semble de manière bien trop prononcée pour ma stabilité mentale… Tout cela agit en mal sur moi, s’ensuivent de l’anxiété, des petits épisodes dépressifs, ou une excitation joyeuse qui shootent sur le moment mais qui sur un terme un peu plus long, m’essorent. Je fais donc attention à ce que je consomme, et à comment je le consomme, exactement comme avec la nourriture alimentaire. Si on digère mal un aliment, on fait attention soit à la quantité qu’on ingère, soit à la manière dont il est cuit voire, on n’y touche pas du tout. Donc le spoil, pour moi, s’il s’est d’abord imposé naturellement sans que je cherche vraiment à savoir pourquoi, est sans doute aussi et avant tout une mesure d’autoconservation qui s’est manifestée instinctivement, à l’insu de mon plein gré. 
Le spoiler est un ersatz à la rencontre réelle avec une œuvre qui, pour toutes ces raisons, me convient très bien.