Art ou thérapie ? (dans le domaine professionnel !)

Coucou, c’est Pointues ! :smiley:
Il y a quelques jours de cela, j’étais à Avignon pour le festival :slight_smile: La plupart des pièces que j’ai vu étaient géniales ! Il y avait Punk.e.s. qui retracent l’histoire du groupe Slyths pendant les années 70 à Londres où une bande de p’tites meufs pètent un câble :rofl: Il y avait Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze, qui est un seul en scène où une jeune femme raconte son histoire de comment elle a voulu devenir comédienne dans le but de se marier avec Patrick Swayze (ouaisnonenfaitonvaéviterderacontersavielà) (mais en vrai, s’il y en a que ça intéresse, Avignon, on peut en parler en privé :grin:)

BREF, à la sortie d’un autre seul en scène, j’ai discuté avec la comédienne, qui m’a un peu parlé de son métier.
Pendant, la discussion, elle m’expliquait que les métiers artistiques consistaient à faire le don de soi. On présente son travail, et le sous texte de tout ça, c’est « je suis ici pour vous, et je vous fais un cadeau. Et ce cadeau, c’est pour vous ». Elle disait qu’on était dans l’offrande :slight_smile: J’aimais beaucoup cette façon de voir les choses ! ^^ Au contraire, elle me disait que si en présentant son travail, on était plus dans une démarche « je fais ça pour moi, pour extérioriser », on était dans la thérapie, et non plus du tout dans le professionnel, et qu’il fallait laisser ça au plan de l’amateurisme dans ce cas.

Imaginez cette situation !
Vous êtes chez votre futur éditeur, avec qui vous êtes en train de discuter de votre bouquin. Il se trouve que, pour des raisons qui existent, votre récit est une parfaite retranscription de votre vie et votre personnage principal, dans les yeux de qui ont voit l’histoire, est votre propre alter ego. Admettons que votre éditeur juge que votre récit ne vaille pas la peine d’être publié pour ces raisons là.

Je m’interrogeais sur votre avis là-dessus :slight_smile:
Et l’art visant à transmettre en général, disciplines confondues, comment arriveriez-vous à faire la différence, pour ceux qui souhaitent se professionnaliser dans l’écriture, à savoir lorsque vous êtes dans cette démarche « thérapeutique », "« je fais ça pour me purger » ou au contraire « artistiquement professionnel », « étant artiste, c’est toujours un don que je fais au public » ?

Voilà, je repeaufinerai probablement cette publication, je suis sans doute pas très claire ^^’

À vous les studios !
– Pointues.

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Bonjour/ Bonsoir !
J’espère avoir bien compris, et je vais essayer de répondre à la question :thinking: (pourvu que je sois pas à coté de la plaque mdr).
Alors pour résumer : je ne suis pas du tout d’accord avec ce raisonnement, celui qui dit que si l’oeuvre, quelle qu’elle soit, est exutoire, alors elle est vouée à rester dans le domaine de l’amateurisme. En fait, je crois même que c’est tout le contraire. Pour m’expliquer je vais prendre l’exemple de la musique, où il est courant qu’un artiste use des paroles de sa chanson pour exorciser quelque chose, raconter sa vie, ses expériences…Des mots dont le spectateur peut s’émouvoir, parfois pour la simple et bonne raison que ça raisonne avec sa propre vie. Et ça, ça vaut pour tout les domaines de l’art, et il faut reconnaître une chose, c’est que parfois, les artistes les plus torturés (donc qui usent de leur support comme exutoire) sont les plus impactants, et parmi eux, certains n’ont pas été condamnés à rester dans la case des « amateurs ». C’est tout le contraire, et pourquoi ? Simplement parce que (du moins à mes yeux), un écrit, une photo, un tableau, une pièce, un dessin…bref une oeuvre, si elle est faite avec les tripes, avec émotion, de vraies émotions, des émotions vécues, elle saura toucher un public qui y sera sensible. Et même, certains artistes créent dans le but de faire une thérapie pour les autres, et pas pour eux même. Ils choisissent un public qui a besoin de quelqu’un qui pourra « parler » pour eux, une voix qui se fera entendre, une peinture ou encore un texte qui matérialiseront une idée, une douleur, un sentiment…etc.
Alors oui, c’est une thérapie, mais une thérapie qui trouve un public pour la suivre, avec l’artiste. Et ça, moi je trouve ça formidable. Les « artistes thérapeutes » (appelons les comme ça), on en a besoin, tout comme on a besoin d’artistes qui restent dans un domaine dit plus « professionnel ». Mais à titre personnel, je préfère de loin « l’art thérapie ». D’ailleurs, je préfère une oeuvre maladroite techniquement mais percutante émotionnellement, à une oeuvre techniquement parfaite qui ne me fera rien ressentir. L’idéal, c’est quand les deux se rencontrent, et là, LA c’est le feu. :fire: :fire: :fire:
Donc en conclusion, en fin de compte, je pense que le « professionnalisme » et la « thérapie » ont tout deux leur place dans le domaine de la création, et que pour l’un comme pour l’autre il y a du public.
Voilà, voilà, pardon pour ce long message :sweat_smile:

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Je suis assez d’accord avec @Hreflect . Ca me semble incongru de penser qu’il y a de l’art pur, au service des autres et de l’art thérapeutique pour soi-même. Par essence, dès lors qu’on est dans un processus créatif on vient piocher dans notre vécu émotionnel. Si ce n’est pas le cas, on est, il me semble, dans la simple réalisation d’un geste technique et ça perd sa valeur artistique.

On met forcément de soi, en direct ou en exploration de ce qui nous est opposé, dans l’art et l’écriture a, on le sait, un effet cathartique. Elle permet de prendre du recul, de sublimer, de réinventer, de déformer…

Bref. Pour moi ce qui va vraiment avoir valeur de thérapie c’est l’espace et l’encadrement. Oui, quand j’invite mes patients à écrire une lettre à leur propre corps, une lettre qui contient pas seulement des reproches mais aussi des excuses et de la gratitude, là c’est un exercice thérapeutique qui n’a pas vocation à être diffusé en tant que tel (quoi que, un recueil pourrait avoir un impact thérapeutique, lui aussi, sur des lecteurs ).

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Cela dit, ce n’est pas parce qu’on met de soi dans l’art qu’il est thérapeutique. S’il n’y a aucune contradiction avec la partie de soi dans laquelle on vient puiser, alors il n’y a pas de raison que cela soit thérapeutique puisqu’il n’y a rien ou plus rien à soigner en cet endroit.

Un art pour soi n’est pas forcément thérapeutique, comme envie créatrice ne veut pas dire absence de technique et vice-versa. La technique permet d’exprimer le soi, mais il faut une envie creatrice initiale pour y intégrer un vrai fond. Le caractère thérapeutique ou non de l’art n’en change pas le fonctionnement, les intensités peut-être et, bien sûr, l’effet de l’art sur soi (mais c’est cyclique, si ca ne changeait pas l’effet sur soi, ce ne serait pas thérapeutique).

A mon sens.

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Je suis assez d’accord, et je crois même qu’on le fait même inconsciemment parfois. Quelque part, je crois qu’on est obligatoirement guidé par nos expériences, bonnes ou mauvaise, voire, celles des gens qu’on a côtoyé, et en plus de ça, on use de tout ce qui a pu nous stimuler que ce soit visuellement, auditivement…Bref, tout nos sens sont appelés dans le processus de création. D’une certaine manière, ça fonctionne un peu comme les songes qui en fait, matérialisent tout les stimulus quels qu’ils soient (et qui en font d’ailleurs un joyeux bord** :smiling_face_with_tear:). Voila c’est un peu comme une recette : on mélange plein de trucs, dans tel ou tel processus, et boum on a un résultat (j’espère ne pas être aussi naze en écriture que je le suis en cuisine parce que la sinon je suis mal barré :melting_face:).

Apres, ce que dit @fulmineo est vrai aussi, on peut pas systématiquement parler de thérapie, il y en a, mais globalement je pense qu’on peut plutôt parler d’exorcisme : vider son sac quoi. Mais il me semble difficile de ranger l’art, la création,dans des cases à ce niveau, je pense que chacun l’expérimente à sa manière, qu’on soit l’artiste, le créateur ou le public. C’est d’ailleurs le point fort de la création et ce qui la rend magique, il n’y a pas de limite, et les combinaisons sont infinies aussi infinie que les raisons qui peuvent nous pousser à créer.

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