Avez-vous déjà écrit une fanfiction à message?

Salut à tous,

Dans nos grandes discussions passionnées, les points de vue fusent sur ce que doit être, ou ne pas être, une fanfiction. Sur ce qu’on veut y mettre ou pas.

Je me suis donc demandé si, dans vos fanfictions longues particulièrement, vous avez déjà envisagé de la construire autour d’un message particulier.

Dans un article de son blog « Le Fictiologue », Julien Hirt définit ainsi le roman à message :

C’est une histoire conçue pour offrir au lecteur une proposition morale, un projet de société, un ensemble de valeurs. Un tel roman n’est pas « neutre », il ne se satisfait pas de laisser le lecteur décider de l’interprétation qu’il souhaite donner aux événements relatés dans le texte.

Attention, il y explique qu’un thème n’est pas la même chose qu’un message.

Il parle également des valeurs des protagonistes qui peuvent servir de vecteurs. Dans leurs bouches, dans leur combats, ils peuvent porter un message plus ou moins universel.

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Dans un autre article, une blogueuse propose de semer au cœur de ses histoires des vérités mais cachées.
Elle donne en exemple le personnage de Sam Gamegie dans Le Seigneur des Anneaux qui rayonne de bonté simple, quelle que soit la noirceur de la situation.

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Peut-être que les auteurs de science-fiction ou les amateurs de dystopies seront plus spontanément en phase avec un tel débat, car il y a souvent dans ces romans une critique sociale sous-jacente.
C’est l’histoire de fanatiques religieux, menant une guérilla contre un régime centralisé qui fait pourtant tout pour ramener la paix et l’ordre dans la galaxie. (Bienvenue dans Star Wars) :smiley:
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  • Auteurs architectes, y pensez-vous quand vous projetez d’écrire une fanfiction ou pas du tout ?

  • Est-ce que vous voyez un problème à insérer un message qui vous semblerait trop « prêcher » pour telle ou telle philosophie ?

  • Est-ce que vous êtes un auteur qui préfère se laisser porter par de grands thèmes et laisser les lecteurs les interpréter, sans orienter ? Libre à eux de comprendre ce qu’ils veulent ?

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Oh mais que voilà un sujet passionnant ! :heart:

Je ne m’étais jamais posé la question sur les messages en ces termes, je voyais plus le message comme « un prêche » justement – et soit dit en passant, je ne me gêne pas pour en glisser quelques-uns de temps en temps, genre la petite diatribe d’Igor contre l’impérialisme et les guerres d’annexion, c’est d’actualité et ça défoule – mais la distinction entre message et thème est plus subtile et hyper intéressante.
Cela-dit, même si je n’avais pas cette distinction entre message et thème en tête, je pense qu’il y a un message tel que présenté ici dans les Clairs de Lune d’Arlequin, du moins au sens du deuxième article (ce n’est peut-être pas aussi explicite que ce que le premier article semble attendre, d’autant qu’il passe en partie par des éléments symboliques).
Bon, c’est un petit gênant en tant qu’auteur d’expliciter ce qu’on a voulu dire, mais disons que je fais ça pour la sciences.

**** Spoilons un peu du coup ! ****
L’un des principaux thèmes de cette fic, c’est la (les ?) masculinité(s), et ce thème donne lieu à un message. Au début de l’histoire, Arlequin est un jeune homme rêveur, très naïf, pas très confiant en lui-même, et amoureux de Colombine. Au cours de l’histoire, il va discuter avec d’autres personnages, partager ses doutes, être confronté à un drame, et finalement « devenir un homme ». Sauf que, et c’est là qu’est le message, que signifie devenir un homme ? Ce n’est pas devenir le membre décérébré et sans empathie d’une meute de clones suivant des discours masculinistes (et ce n’est pas un hasard si les antagonistes s’expriment régulièrement comme des gourous mascus ^^), et ce n’est pas non plus perdre toute empathie parce que, collectivement, la société l’a déçu. C’est au contraire que son empathie est une force (coucou Elon), et que si « virilité » il doit y avoir, elle consiste simplement à s’affirmer tel que l’on est, dans son individualité, sans avoir besoin de rentrer dans un moule idiot, ni devenir un enfoiré, mais seulement rester lucide sur le monde qui nous entoure, afin de ne s’y conformer que si l’on estime que c’est juste (mieux vaut rester marginal que se renier).


Alors, est-ce que ce message m’est venu avant l’écriture ? Non, mais il est venu assez vite quand même. En fait, en me plongeant dans le fandom, donc les chansons enfantines, je me suis rendu compte que beaucoup étaient destinées à mettre en garde les enfants, et en particulier les petites filles, contre les dangers du monde extérieur. Et donc j’ai eu assez vite cette envie de m’adresser aux garçons en prenant le contre-pied des discours nauséabonds qui leur sont livrés de plus en plus massivement.

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Alors personnellement, je serais bien incapable de ne pas essayer de faire passer un message.
Que ce soit sur la notion du dépassement de soi, de l’acceptation, de la tolérance, de la remise en question, la fraternité, la place de l’humain dans la nature, le respect de celle-ci, le coming of age… (J’en oublie très certainement), toutes mes fics sont porteuses d’un enseignement (ou du moins d’une tentative d’enseignement).
Je suis intimement convaincu que toute fiction, qu’elle soit fan ou originale, doit être l’occasion d’élever la conscience de nos lecteurs.
Je suis peut-être utopiste à fond, candide ou simplement mégalo, mais j’aime à penser que nos écrits peuvent posséder ce pouvoir.
Illusion ou réalité ? Seuls les lecteurs peuvent en décider… :wink:

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Bonjour, Bonsoir, à tous,

Si vous me permettez un petit commentaire aux questions suivantes :

Pour répondre à la première question, comme le souligne très bien @Anthaus, tout auteur fait passer un message, sauf qu’il ne s’en rend compte qu’après-coup.
De sorte que je me permets de dire que tout auteur fait passer un message consciemment ou inconsciemment (désolée de parler en termes propres à la psychanalyse, mais c’est le seul moyen que j’ai trouver pour formuler ma réponse :rofl:) … Je ne vais pas pousser la réflexion plus loin, pour éviter de divaguer. Pour répondre @Hellth , le fait de faire passer un message (ou de se rendre compte d’en passer un) n’est pas du tout de la mégalomanie… C’est tout simplement normal, en tant qu’être humain, que nous considérons l’inconscient ou non.

Pour répondre à la deuxième question dans la citation, je dirai que les lecteurs interprètent une fiction et son message selon leur compréhension personnelle et subjective, leurs désirs, leurs réussites et leurs déceptions, mais aussi leurs lapsus de lecture (là, encore une fois, ceci est limitrophe à la psychanalyse, mais c’est toujours le cas lorsqu’il s’agit d’êtres humains :sunglasses:)…

Pour résumer mes réponses, je dirai que, d’une part, il y a le message d’une fiction (qui peut très bien comprendre des éléments inspirés du vécu réel de l’auteur, comme je le fais dans ma fiction Ghost Whisperers in Canada), qu’il soit intentionnel (bien réfléchi) ou inconsciemment véhiculé (non-intentionnel) - à la limite des morales des contes de fées ? - et, d’une autre part, l’interprétation des lecteurs de la fiction et de son message. Or, à chaque lecture (incluant celle de l’auteur lui-même), il y a une nouvelle interprétation… On ne comprend jamais un message (ici, d’une fiction) deux fois de la même manière.

Désolée si ma remarque n’est pas pertinente à ce sujet.

Je m’excuse d’avance si je suis hors-sujet.

Je m’excuse si j’ai froissée quelqu’un par mes réponses, mais telle n’était point mon intention. Je ne veux que livrer mon opinion à ce sujet, car la vérité est inaccessible aux simples mortels que nous sommes tous sur ce forum :person_gesturing_ok:

Sur cette humble réflexion, si quelqu’un veut bien la poursuivre, libre à vous. :thinking:

Toutes mes salutations distinguées,

1950m

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Sujet effectivement très intéressant et absolument digne de réflexion :wink: philosophique, dirais-je (même si que la philo, c’est plutôt loin pour moi :grin:) !

Personnellement, je ne m’étais jamais posé la question en ces mots, mais je vais y réfléchir !

D’abord, il est certain, en prenant du recul, que tous textes, fanfictions en particulier, véhiculent un certain message (et ce, peu importe la nature du message, que ce soit une critique de notre monde, d’un aspect de la société, une valorisation de valeurs et d’idéaux, l’amitié, la fidélité, etc.) que l’auteur l’a fait intentionnellement ou non (pour ma part, il y a bien des aspects de certaines fanfictions auxquelles je ne prévois aucun message intentionnellement, mais dont, après l’écriture, en le relisant plusieurs mois plus tard, un message en émerge). D’ailleurs, il y a bien certains fandoms que j’apprécie parce que le message qu’ils véhiculent m’interpelle, rejoignant mes propres valeurs (fidélité, amitié, etc.)

@Hellth , ne soyez pas si sévère envers vous-même. Les auteurs ne sont pas des mégalo, au contraire, nous avons cette incroyable possibilité, par une certaine plume, d’amener notre lecteur à réfléchir sur soi et ses valeurs et le monde. Les auteurs sont des sortes de philosophes, si vous me permettez l’expression. Par la plume, l’auteur transmet un message ( :wink: meilleur qu’une bouteille à la mer par ailleurs) aux lecteurs qui peuvent être partout dans le monde.

Pour ma part, je n’ai jamais eu de problème à lire une fanfiction qui véhicule un certain message que ce soit dans le cadre d’un fandom précis (@Anthaus , vos Clairs de Lune d’Arlequin est une merveille de ce point de vue :wink: ) ou une fic originale ( :slightly_smiling_face: en fait, je n’en lis pas beaucoup de ce type de fic, par manque de temps, mais je devrais m’y mettre cet été).

En ce qui concerne la rédaction même de mes fanfictions, parfois j’essaie de transmettre un certain message, mais, majoritairement, je n’y pense pas intentionnellement et je rédige mon idée de fanfic, laissant au lecteur le soin d’interpréter. Ainsi, des commentaires, j’apprends des interprétations auxquelles je n’y avais pas pensé… Et j’en tire une réflexion pour la suite, ce qui est un trésor inestimable :gem: Les lecteurs ajoutent une pensée à laquelle je n’y avais pas songé, améliorant même la suite du scénario :wink: Plusieurs têtes, c’est mieux qu’une, n’est-ce pas ?

Voilà, je pense avoir fait le tour de la question ! Merci pour cette activité de réflexion qui mûrit tous les auteurs amateurs que nous sommes ! :smiling_face_with_three_hearts:

À bientôt.
Amicalement vôtre,
B7B14

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Si je comprends bien le sens de message alors je dirais que non, il n’y a pas de message dans ce que j’écris. Je ne cherche pas à ce qu’il y ait une morale ou une leçon à tirer de mes textes.
J’adore explorer des thèmes, donner à réfléchir, soulever des questions dont je n’ai pas moi même les réponses, tester, dans l’absolu, la frontière entre le bien et le mal. Mais je laisse à chacun le soin de se faire son propre avis.

Si le monde influence la littérature, la littérature exerce elle aussi une influence sur le monde.

Ça c’est quelque chose qui me fascine et dont j’ai pris conscience assez vite. Même à ma toute petite échelle, j’estime que j’ai une responsabilité, aussi minime soit-elle, a essayer d’influencer le monde dans le bon sens (selon moi). Ma passion c’est de mettre des petits grains de sable dans l’engrenage de l’hétéronormativité et des stéréotypes de genre, principalement, dès que j’en ai l’occasion. Mais je ne crois pas que ça en fasse un message, ni même un thème.
Juste des petits grains de sable.

En tant que lectrice, un texte à message ne me pose pas forcément de problème. Seulement si je suis en désaccord avec le message, je risque de passer très vite mon chemin.
Le risque n’est-il donc pas de ne prêcher que des convaincus ?

Des simples mortels ? Hum… Pas si sûr. Peut-être y a-t-il des vampires, des elfes ou des divinités infiltrés parmi nous…

9 « J'aime »

Eh bien, même si j’ai lancé le sujet :smiley: pour moi je crois que la réponse est non.
Pas de message dans mes fanfictions.

Par contre, il y a des thèmes qui m’intéressent plus que d’autres et qui reviennent. Et plus il sont philosophiques, plus ils m’intéressent.

Voici des exemples : la rédemption par l’amour, la réincarnation, le sentiment d’être partout un étranger (un misfit je ne trouve pas le terme exact : quelqu’un qui ne rentre pas dans les cases, qui ne s’adapte pas bien), chercher sa place, le sens qu’on peut donner à sa vie, le libre-arbitre… Et plein de sujets sur l’humanité (c’est quoi être humain ?), la psyché, est-on davantage que ses souvenirs / son passé ? Peut-on vraiment changer (est-ce qu’il y a du bon en Anakin ?) Etc…

Mais nombre de one-shots n’ont pas d’autre propos que d’illustrer l’amitié, la fraternité, une relation avec un « significant other » (je ne trouve toujours pas un mot court en français : quelqu’un d’important, qui compte, un référent, un compagnon ou une compagne sans que ce soit obligatoirement un couple amoureux)…

Pour moi, ce ne sont pas des messages, juste des thématiques illustrés par le texte.
Les personnages ont leur philosophie de vie, leurs opinions ; elles sont tirées du canon, le fait que je les retranscrive ne veut pas dire que j’y souscris forcément.

Si je glisse dans un texte quelque chose en rapport avec la préservation de l’environnement ou de la planète, au mieux, on peut en déduire que ça m’importe. Mais ce n’est pas forcément là pour « faire réfléchir ».
Je n’explique pas.

Pour moi, je pense que je n’ai pas de message parce que le message est là pour délivrer une réponse, et moi je me contente d’évoquer des questions. :smiley:

Est-ce que les romans à message peuvent avoir une influence sur le monde ? Dans l’absolu, peut-être.
Mais pour mes écrits, non.
Le simple fait que j’écrive sur tel ou tel sujet me semble très personnel. Au mieux, c’est un message à moi-même. Un mémo. :smiley:

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Pour ma part, je ne pense pas avoir écrit (sciemment, cela dit) de fiction (fan-fictionnelle ou autre) avocate d’un message clair et délibéré tel qu’a pu le faire le célèbre Tolkien avec Sam Gamegie, pour reprendre l’exemple du poste de tête ; MAIS, je rejoins beaucoup d’autres de mes confrères-et-sœurs sur le fait que j’ai très probablement déjà écrit une histoire parlant de quelque chose, voulant dire quelque chose. Ce sujet m’a à vrai dire refait pensé à un autre trouvé sur Tumblr, parlant lui plus largement du ou des thèmes dont nous parlons lorsque nous écrivons de la fiction, et qui en fait rejoint également le sujet de « Comment la fan-fiction est-elle perçue » ; car en effet, la personne même postant le message d’origine explique que son père (un auteur) lui a demandé ce qu’elle écrivait en ce moment, et elle s’était sentie gênée de dire que son travail en court était de la fanfiction (pour des raisons qu’elle explique dans le sujet mais nous n’allons pas nous y attarder) ; mais le père lui a dit, grosso modo :

« Non, la fanfiction, c’est le genre de texte (format dirons-nous) que tu utilises.
Ce que je te demande, c’est sur quoi tu écris, de quoi tu parles ».

Et c’est important de se le rappeler ; car même si toutes les histoires n’ont pas un message caché (ou non) ou un but en elles-mêmes, si on les racontes, c’est souvent pour une certaine raison ; et cette raison est aussi souvent que nous voulons dire quelque chose.
C’est peut-être plus souvent le ‹ thème › que le ‹ message › que OldGirlNoraArlani évoque en tête, mais c’est là malgré tout.
Et c’est important.

Le post tumblr est ici, avec ma propre réponse (en anglais tout les deux, mes excuses :sweat_smile:) en dessous :


Pas certain de savoir quel est le véritable sujet de mes écrits, mais je suppose que ça serait « Vouloir trouver sa place dans la vie, même quand les gens veulent en décider à ta place ou que tu as l’impression de n’avoir nulle part où aller en premier lieu ».

Et d’ailleurs, quand nous écrivons, n’écrivons-nous pas tous un peu ce que nous connaissons ? Ce que nous sommes, parfois ?
C’est probablement les thèmes que nous mettons sans toujours le faire exprès ; mais les messages, c’est sans doute lorsque nous décidons autant les thèmes que comment nous voulons en parler, quelle approche prendre pour faire passer notre avis, notre but à travers la lecture. Parfois c’est aussi transparent que les morales dans les contes ou les fables de La Fontaine (et encore, certains sujets ne sont plus d’actualité ou tout du moins pas de la même manière), parfois c’est simplement plus en phase avec l’histoire écrite elle-même, comme ce cher Sam Gamegie qui vit la lumière au bout de la nuit de Sauron :sparkles::sparkling_heart:

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