Comment écrire une ellipse narrative à la 1re personne

Je demandais comment faire proprement une ellipse narrative à la 1re personne. J’aimerais couper court à une action, comme par exemple : une scène de bataille ou encore une scène romantique, etc. Donc omettre des détails qui ne sont pas spécialement importants au récit. Continuer l’histoire après l’événement en question. Sauf que, j’ai du mal à le faire à la 1re personne. C’est soit pas très naturel et ça casse le rythme. Sinon c’est très mal formulé ou simplement pas jolie à lire et on se perd dans les événements. Je galère pas mal. Du coup voilà… Si quelqu’un pouvait me donner quelques astuces et conseil pour m’améliorer. Je vous remercie d’avance. :smile:

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Bonjour lavellan
L’ellipse c’est ce que l’auteur choisit de ne pas écrire, il devrait être à l’aise avec l’idée d’escamoter des passages qu’ils trouve ennuyeux ou pas fondamentaux !

La bataille fait rage trois jours durant. Du soir au matin je vois le roi encourager les siens de la voix et du geste. Il est à leurs côtés et se démène sans montrer de doute. Au matin du quatrième jour pourtant, la réalité me rattrape : c’est un carnage. Trop d’hommes sont morts.

Ellipse complète des descriptions précises relatives à la stratégie de combat, aux mouvements des troupes, aux éclats de bravoure sur le terrain. Et surtout dans mon extrait ellipse totale du rôle du narrateur qui souligne par le fait même son impuissance ou son inutilité. On rapporte plus le sentiment qu’il en tire.

Pour ce qui est de l’ellipse des ‘’'scènes romantiques" elle est courante en littérature générale, il n’y a qu’en fanfiction où des chapitres entiers en enquillent les unes derrière les autres… :smiley:
Tout dépend de ce que tu entends vraiment par “romantique”.

Mais ca pourrait être quelque chose du genre : J’avais tort de bouder. Au bal, il ne me quitte pas d’une semelle. Ni des yeux, ni des lèvres. Si ardents que lorsqu’il me rejoint un peu plus tard dans mes appartements, je ne peux que le laisser entrer en oubliant toute convenance. Et au petit matin, il m’est difficile de le laisser s’en aller.

Ellipse du bal, des invités, du decorum, des costumes, du tralala, mais surtout glorieuse ellipse de tout élément sexuel. :smiley:

De ces deux exemples, on peut déduire : se concentrer sur un point sélectif du ressenti du narrateur pour qu’on n’ait pas l’impression d’un résumé mécanique et plat. Et ajouter des indications temporelles nettes pour préserver la compréhension du lecteur (sur le bond dans le temps).

Après pour ce qui est de “faire joli” je crains que ça ne soit une notion subjective qui – en général – varie d’un auteur à l’autre ! :smiley:

Si quelqu’un a des idées, c’est volontiers car tout ce que j’ai trouvé en cherchant sur le web est rarement au présent et à la première personne. Cette forme d’écriture “moderne” est moins bien référencée vu que sa mode est, somme toute, récente et son usage pour l’instant minoritaire en littérature française.

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Merci d’avoir pris le temps de me répondre. Je prends note des tes explications pas mal détaillées. Ce que j’entends par “romantique” je pensais surtout à “l’acte sexuel” la détaillé n’importe rien du tout à ma fan fiction et puis c’est un genre que maîtrise pas vraiment de toute façon ça m’intéresse pas. La sous entendre et faire une ellipse temporel me semble une meilleurs option, mais pas facile à la 1re personne.

J’imagine que oui mais pas forcément, c’est pas fondamentalement important pour un récit. même si je mets un point honneur essayer de faire de bonne description que mon récit actuelle me tiens beaucoup à cœur et j’adore l’écrire. Mais sa reste de la fanfic y a des choses qui sont pas spécialement nécessaire à écrire si sa sert pas vraiment le scénario. Après c’est que mon point vu.J’ai pas beaucoup expérience, mais je fais mon mieux.

En tout cas merci encore et vais de pas m’exercer un peu sur la pratique.
Bonne soirée/journée à toi ^^

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Bonsoir à toutes et tous !

Lorsque j’évite un passage, ce n’est pas forcément une posture raisonnée, mais parfois le contournement d’une difficulté.

Trucs et paresses pour sauter un passage qui m’embarrasse

  • l’apostrophe de l’auteur au lecteur, “Vous aimeriez savoir le pourquoi et le comment, le dessus et le dessous, le dedans et le pendant, le gagnant et le perdant… Eh bien nenni, nada, pas cette fois. Vos méninges engraissées de libido paresseuse vont, pour une fois, travailler un peu leurs abdos !”

  • le raccourci, qui rompt le rythme et prend le lecteur par la main, en l’entrainant par les traverses des coulisses. “Jetons un voile pudique sur une scène d’un déchaînement torride. Il suffira de révéler qu’au petit matin, les deux mâles se sentaient entièrement vidés et totalement comblés.” Oui, j’aime flirter avec le carton jaune…

  • l’imposture proverbiale : se réfugier derrière une vérité première, dont la véracité repose entièrement sur l’aplomb avec lequel on l’énonce. “Mais une femme amoureuse a toujours raison. Des années plus tard Steven se demanderait encore comment elle l’avait convaincu.”

Et vous, comment maquillez-vous vos petites lâchetés ?

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Et vous, comment maquillez-vous vos petites lâchetés ?

A grand renfort de vocabulaire lyrique et fumeux – que mes lecteurs ne comprennent pas. Pourquoi ? :smiley:
J’aime pratiquer le “zoom sur détail inutile” en saupoudrer quelques-uns dans mon passage raccourci.
En fait cela me semble généralement pauvre quand il n’y a pas de détails surtout si on escamote une guerre.
Imagine une fanfiqueuse qui fait l’impasse sur la destruction totale de Port-Réal (ah bah non tu ne sais pas ce que c’est Port-Réal, tant pis), parce que la guerre, c’est pas sa tasse de thé.

si on ne veut pas tout raconter, il faut faire exactement ce que les scénaristes ont fait, le zoom sur détail : une mère et son enfant dans ses bras qu’on revoit deux trois fois, des jouets abandonnés, des cris assourdis, de la suie, des regards hagards, des objets symboliques brisés… Traduire l’ambiance plutôt que décrire les faits objectifs. Si possible beaucoup d’ambiance et un saupoudrage de faits. C’est ce qu’il y a de plus économique.

A contrario, l’épisode 3 de la dernière saison de GoT, c’est une immense bataille. D’un point de vue de fille, c’est quasiment un épisode perdu. Rien d’intéressant, les batailles. Au bout d’un moment, les cris, et la boyasse qui gicle, les gens qui tombent ça va bien cinq minutes, c’est lassant et monotone.
Alors tenir un épisode entier de près d’une heure de charcutage ! :roll_eyes:

Les scénaristes n’ont pas du tout escamoté, bien au contraire mais ils ont procédé à un découpage intelligent pour “rendre digeste l’indigeste”.
En favorisant des effets visuels ou non-visuels (comme en témoignent des images où… on ne voit rien de ce qui se passe parce que c’est… la nuit noire). En variant les différents décors et tableaux, en appliquant des stratégies militaires débilos mais “qui font tellement joli à l’écran” (on en parle de la charge aller-retour ping-pong des Dothrakis ?) :smiley: Franchement, il y a des fois où on se dit : les gars, vous avez pensé à une ellipse là, à la place ?

Cette technique de “découpage” peut néanmoins être intéressante pour faire le contraire de l’ellipse, c’est à dire trouver un moyen de raconter un “gros truc”, en le transformant en une série de “petits trucs” consécutifs.
Je ne suis pas sûre que ce soit très éloquent ce que je dis-là. :smiley:

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Je n’ai pas vu les exemples dont tu parles, mais j’aurais tendance à appeler ça “faire ses variations” : passer du duel au dernier carré, de l’ordalie au jugement dernier, jouer sur l’arpège des sens, etc.

Mettre en abîme la violence et la guerre, depuis le détail insignifiant au goût de fer et de sang, jusques aux hordes embrasant l’horizon… c’est “jouer du zoom”, varier l’angle de vue.

Oui, c’est une façon de ne par refuser l’obstacle. Mais cela apporte quoi, au juste ? Faire passer l’indigeste est-il nécessaire ? :slightly_smiling_face: Y avait-il un intérêt narratif ou esthétique à imposer l’indigeste ?

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Pour être positif et rationnel, voici comment je vois la chose, si la scène de bataille est inévitable :

  • définir l’objectif de la scène imposée :
    • sur le plan scénaristique - ça se dit, ça ? (stratégie, tactique, qui gagne, qui meurt, qui retraite, qui change d’alliance, etc.)
    • sur le plan narratif (évolution des personnages impliqués - ou pas, justement.)
    • sur le plan émotionnel du lecteur (impression d’écœurement, jeu d’ascenseur émotionnel, intuition d’un changement d’ère, avec coexistence d’espoir et de mélancolie, etc.)
  • choisir une dynamique pour la bataille
    • exactement comme pour un essai ! (ça commence conformément au plan, mais l’adversaire avait lui aussi un plan, mais un grain de sable -ou l’action des héros- renverse la vapeur.)
    • Il peut aussi s’agir de la “mère des bataille”, (genre “la fin était écrite”, ou “ici s’écrit la légende” : malgré la valeur des héros, le nombre des assaillants les submerge.)
  • choisir l’angle d’attaque (ah, ah ! :sweat_smile:) pour chaque phase : de quel point de vue on raconte.
    • Par exemple première partie le capitaine de l’aile droite “vit” son attaque en se souvenant point par point les débats du conseil le soir précédent,
    • puis seconde partie le nécromant devant sa boule de cristal insuffle un pouvoir surhumain aux défenseurs trop peu nombreux placés en face de cette attaque bien pensée.
    • Enfin flash-back sur les héros faisant diversion (contre l’avis du conseil !) et arrivant à point et lieu nommé pour sauver la journée.
  • veiller à expliciter le chemin psychologique des personnages à travers des descriptions (le visage livide ou courroucé, les yeux inexpressifs du tueur ou le regard acéré du commandant, le rictus du forcené ou la respiration saccadée du guerrier pressé de toutes part) ou des actes (la main tremble à l’instant d’achever un frère ennemi ?)
  • Varier la prise de vue : (saupoudrer enfin les détails marquants et zoomer/dézoomer entre l’acte héroïque isolé et la vision panoramique -voire cosmogonique- ce mouvement conférant une valeur à l’événement dans le regard du lecteur.) C’est cette valeur qui doit être retenue à la fin de la scène.

J’en suis tout essoufflé.

Facile de théoriser dans le vide… :smiling_imp: Cela veut dire que je vais devoir tester cette théorie et soumettre le résultat à vos critiques, un de ces jours… :cold_face:

En conclusion : vu toute la tartine ci-dessus, il doit transparaître assez clairement que, de mon point de vue, l’emploi exclusif du présent et celui de la première personne, me paraissent quasiment impossibles pour répondre à tous ces impératifs en même temps.

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