Je me suis déjà amusée à m’imaginer ce que serait ma fanfiction principale en cours si je la transformais en roman. Globalement, comme c’est un AU dans lequel j’essaie de réécrire plus ou moins le canon de MK version feuilleton un peu soap opéresque (une idée 100% n’importe quoi que je défends corps et âme ), je suppose que ça ne poserait pas plus de problèmes que ça, en prenant bien sûr bien soin de gommer toutes les aspérités en ce sens (noms de personnages, de lieux, et éléments de l’intrigue propre à l’œuvre originelle qui paraîtraient bizarrement placés dans le contexte d’un roman « original »). Sauf que ça demanderait du temps et que ça me paraîtrait hautement rébarbatif. J’aurais le sentiment de dénaturer mon texte, de lui enlever son essence et ce faisant, de gaspiller mon temps. Qui sait même si je ne finirais pas dégoûtée de ma propre fanfic. J’aurais également le sentiment de ne pas être honnête envers moi-même, pas plus qu’envers mes potentiels futurs lecteurs, ou de la fanfic, ou du roman qui en découlerait. Pour finir, j’aurais tout bonnement le sentiment d’être un d’imposteur. Donc, si je me plais à imaginer le faire malgré tout parfois, c’est seulement histoire de fantasmer un peu façon « Et si ? » C’est gratuit, ça ne fait pas de mal et puis ça permet justement de se positionner par rapport à soi-même. Mais dans la réalité, la chose me semble inenvisageable. La fanfic c’est de la fanfic, la fic originale, c’est de la fic originale, les codes sont différents, l’état d’esprit qui concourt à l’écriture de l’une ou de l’autre ne me semble pas être le même…, en bref, ce sont deux exercices d’écriture bien différents selon moi.
Le jour où je voudrai écrire une fiction originale, je le ferai, même si je n’en ai pas la moindre envie pour le moment. Et je n’ai pas non plus celle de m’acharner à être publiée, pas même autopubliée, ni encore à tenter de partager ce qui sort de ma tête au reste du monde ni d’être « connue ». Au contraire, savoir que des gens qui me connaissent pourraient avoir accès à mon imagination et à ma vision du monde en lisant un livre que j’aurais écrit et qui connaîtrait un certain nombre de diffusions (avec promo associée dans le pire des cas et ma bobine en médaillon de 4ème de couverture ) me terrifie (idem d’ailleurs pour la fanfic).
D’autre part, si je n’ai absolument rien contre les personnes qui parviennent à transformer leur fanfic en roman parce qu’elles font ce qu’elles veulent et que ça ne change rien à ma vie, je peux comprendre néanmoins le sentiment de trahison que les lecteurs de la fanfiction initiale pourraient avoir, et le ressentiment qu’ils pourraient nourrir envers l’auteur. Ça me semble assez logique. Mais après tout, on ne peut rien dire ni rien faire contre la volonté de l’auteur, cela est hors de notre contrôle, c’est son texte, son choix.
À tout le moins, la seule chose que la fanfiction m’apporte sur ce plan-là, c’est de me faire comprendre dans quel(s) genre(s) littéraire(s) je pourrais m’illustrer si je venais à écrire une fiction originale (roman, nouvelle). La fanfic permet d’explorer son talent naturel pour tel ou tel genre et ses limites (« Tiens le policier, je n’y arrive pas, je trouve difficile de créer une enquête qui tienne la route de A à Z », « Tiens la SF/la fantasy, j’adorerais en écrire mais je ne me parviens pas à en produire, je comprends les codes mais n’arrive pas à me les approprier, ou le world building représente une tâche immense qui me dépasse », etc.). Me concernant, après m’être vue pendant des années écrire un grand roman psychologique dans la veine de certains grands classiques, ou bien encore un roman d’aventures et/ou un Bildungsroman, je m’aperçois que c’est bien plutôt dans le genre « tranches de vie contemporaines » (si on peut appeler ça ainsi) que j’excellerais sans doute. J’aurais violemment rejeté cette vérité dans ma prime jeunesse. Maintenant je l’assume pleinement. Comme quoi. Merci la fanfic !
Et sinon, pour les lecteurs de l’anglais, à propos de 50 nuances de gris : https://www.reddit.com/r/books/comments/2v5cjl/some_background_on_fifty_shades_proof_of/ .