Diversité et inclusion

Je reprécise mon propos.
À mon sens, l’idée de l’inclusion n’est pas de se focaliser sur le vécu d’une personne en raison de son appartenance à une minorité, mais bien de représenter une variété de personnages sans que ça soit un sujet de l’histoire.
Je vais prendre l’exemple de la série Dragon Prince, qui est vraiment géniale à ce niveau là. Bon, c’est un univers fantaisiste, ça aide je pense, puisque visiblement l’homophobie et le racisme n’ont jamais existé dans ce monde (enfin si, du racisme entre humains et elfes, mais pas sur la couleur de peau).
L’inclusivité passe par de simples phrases comme : « mon frère et son mari », par le fait que le royaume voisin soit dirigé par un couple de femmes avec une enfant, par le fait qu’il y ait des femmes soldates, plein de couleurs de peau différentes ou même par des choses plus communes mais peu représentées comme une famille recomposée, ou un personnage avec des tâches de rousseur (oui je sais pas ça m’a marqué, j’ai l’impression qu’on en voit jamais)… Et le top du top, une personne sourde muette, que ça n’empêche pas d’être un personnage principal et une redoutable guerrière.
Chacune de ces caractéristiques est amenée sans plus d’importance que si on parlait de la couleur de leurs cheveux.
Pour reprendre l’exemple de la sourde muette, la série ne parle pas de son vécu en tant que personne porteuse de handicap, mais la montre en tant que sœur de la reine, tante des personnages principaux, générale de son armée et guerrière, qui en plus se trouve être sourde muette. Les conséquences de son handicap sont traitées uniquement dans ce qui est en rapport à l’intrigue, comme le fait qu’elle et ses proches parlent en langue de signes, qu’elle se balade avec son interprète (interprète ! couillère !), ou qu’elle loupe des infos parce qu’elle ne les as pas entendues, mais pas comme une représentation que tout ce que peut vivre une personne sourde muette, parce que ce n’est pas le sujet.

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Sauf que ce que l’on est a forcément une influence sur le reste de notre vie. Ça passe un peu à la trappe quand on a un homme blanc cis genre sans handicap, à moins de tomber sur une fiction bien faite. Je ne sais plus sur quel sujet on a parlé du statut social et de la richesse du protagoniste. Souvent, dans les romances les hommes et les femmes sont de la classe moyenne sup ou de l’élite, parce que si on prend des gens plus pauvres, on ne peut pas se détacher de la modestie pécuniaire. Bah oui : comment tu te payes un resto avec ton crush si tu n’as pas de tune ? Quand est-ce que tu trouves un moment pour ton rdv si tu fais les trois huit à l’usine ? Comment tu fais pour aller voir ta dulcinée si t’as pas de voiture et que tu habites à la campagne ? Et comment tu peux te faire un mariage de princesse si tu gagnes le smic voire moins ?
Cette règle s’applique à toutes les variables, y compris couleur de peau, orientation sexuelle, état de santé, etc.
C’est à la fois la force et la faiblesse de l’écriture inclusive : prendre des gens marginalisés sans traiter de cet aspect de leur vie, ça aboutie, régulièrement, à des résultats pas crédibles.

Pour ce que je connais, je sais que le fait qu’on mette des gays partout maintenant (plus facilement que les lesbiennes, misogynie quand tu nous tiens) sans parler d’homophobie donne une vision tronquée de ce qu’est la vie d’une personne gay. C’est « glamour » d’être gay. Oui c’est un être humain normal, qui a un job, des amis, des passions, un personnalité bien à lui, et c’est aussi un être humain qui statistiquement a plus de chance de se faire tabasser en sortant de chez lui, même dans un quartier réputé comme safe. Mon meilleur ami au lycée était gay, son mec s’est fait agressé plusieurs fois devant la gare parce qu’il était gay. En dix huit ans, j’ai assisté à d’autres agressions au même endroit, systématiquement, les cibles c’était soit des ados de zones prioritaires qui venaient se friter là, parfois en bande, soit des gens avec des handicaps mentaux (soit dans le rôle de la victime, soit dans le rôle du bourreau, ou les deux). Et bien sûr le copain de mon meilleur ami. Jamais j’ai vu quelqu’un d’autre avoir un problème devant la gare, moi je n’ai jamais eu de problème, en dix huit ans. Pourtant je suis une femme obèse, donc dans d’autres contextes/lieux j’ai eu droit à des insultes grossophobes et des réflexions sexistes. Mais pas dans la gare de ma ville.
Je peux aussi parler de mes amies qui subissent le harcèlement de rue plus gravement et fréquemment que moi parce qu’elles sont plus jolies. Quand tu présentes un personnage féminin, tu ne peux pas occulter cette dimension là.

Je pense que le cas de Dragon Prince que tu évoques, ce n’est pas tant que c’est une œuvre inclusive qui en fait sa valeur, mais le fait que ce soit de la fantasy. Dans la fantasy, ça te donne énormément de liberté pour faire de l’inclusif, car tu peux changer la culture et donc les règles sociales. Plus besoin donc de parler des problèmes des minorités du monde réel.
J’ai dit que je n’aimais pas quand les fictions historiques faisaient n’importe quoi sur les origines ethniques (ou les orientations sexuelles aussi d’ailleurs) et le rôle des femmes, mais à l’inverse je ne comprends pas quand des gens râlent parce qu’on met des elfes ou des sirènes arabes, asiatiques ou noires. C’est de la fantasy, dans des mondes imaginaires, en quoi c’est gênant de mettre de la diversité ?

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Le genre de « phrase clin d’œil ». Tu sens que l’auteur te colle un coup de coude en te disant « t’as vu? C’est in-clu-sif ».
Une fois par ci par là, pourquoi pas. Mais si ça devient une marotte et que l’auteur se contente de ça, bah ça fait pauvre et ça fait forcé.
Et du coup, faut gratter, approfondir son sujet, si c’est pas fait, ça fait faux, si c’est mal fait, ça fait faux, si c’est bien, bah tant mieux. Mais t’as une chance sur trois d’avoir l’air crédible.

Les handicapes ça reste plutôt courant dans les histoires : une crochet, une jambes de bois, un fauteuil roulant c’est facile à placer (Xavier, le Capitaine Crochet, Daredevil…) On en fait plus des caisses depuis longtemps.

Ça doit faire rêver faut croire. Halloween approchant, on se refait quelques films d’horreur, et c’est systématiquement des petits bourgeois (ou classe moyenne aisée) qui se font égorger par le vilain tueur masqué. C’est assez fou quand on y pense, comme si le seul souci de ces gens là c’était le serial killer :person_shrugging:

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Et là à mon tour de clarifier un point, je peux faire partie de cette catégorie de râleurs dans certains cas uniquement (et je précise parce que je veux pas être catégorisée pour ce que je ne suis pas) : dans un nouvel univers, qui n’est pas issu d’une adaptation d’autre chose, effectivement que les elfes soient blancs, noirs, arabes, mayas ou ce que tu veux c’est pas important et ce serait même carrément sympa (d’ailleurs si tu as un bouquin qui a ce niveau d’inclusivité elfique je prends). Sauf que… bah là où ça coince selon moi, c’est quand tu fais une adaptation d’une oeuvre déjà existante.
Au pif total, prenons les anneaux de pouvoir : Tolkien décrit bien ses elfes comme pâles, aux cheveux longs. Donc les elfes sont pâles, aux cheveux longs, point. Peut-être qu’au cours du Quatrième Age ou bien après, ou alors très loin de la Terre du Milieu et de Valinor, les elfes ont effectivement la peau noire, pourquoi pas. Mais dans le Silmarillon, si les elfes sont décrits blonds à la peau pâle, pourquoi les changer ???
Je parle de ça, mais on pourrait aussi parler des naines barbues dans le livre et imberbes dans la série. Ce serait comme faire un hobbit chaussant du 36. Ou un Balrog de glace. Le principal caractère des nains, outre leur taille, c’est leur pilosité. Les en priver, bah… c’est un peu les priver de leur essence, en fait. Ce serait comme faire un Harry Potter sans sa cicatrice ou ses lunettes, ou un Ronald Weasley brun. Et autant pour le coup leur couleur de peau pour moi on s’en fiche (je suis pas certaine que ce soit précisé quelque part), autant par contre leur pilosité mais pas touche, quoi !

Et autant je pète un câble sur les anneaux de pouvoir, autant dans Mercredi là franchement j’ai rien à redire, car l’univers de la série n’existait purement et simplement pas avant qu’elle ne soit créée. Le seul lore à respecter était celui de la famille Addams. Pour moi, tout y est. Alors des sirènes noires ou des vampires asiatiques, ça me paraît juste… normal ?
(même si brrrrr les vampires qui se baladent au soleil, même avec des lunettes :sob:)
Idem Castlevania, y’a de mémoire deux personnages importants noirs, ça m’a jamais dérangée outre mesure parce que ça me paraît cohérent dans l’univers. Et l’un de ces persos est un vampire. Et pourtant, j’ai un niveau d’exigence monstrueux avec les vampires.

J’ose croire que je suis pas la seule à râler uniquement sur les adaptations au risque de passer pour une puriste coincée, mais pour moi, il est juste là le problème : tu peux faire ce que tu veux en fantasy si tu crées l’oeuvre, mais si tu adaptes, bah… respecte l’univers déjà en place.

(Du coup je cumule les deux casquettes, celle de la puriste par rapport au contexte historique et celle de la puriste par rapport au lore :sweat_smile:)

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On est deux, t’inquiète. :wink:

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