Eradiquez les verbes plats, pauvres, ternes, passe-partout

Salut !

Quand on cherche à « mieux écrire » il existe un truc chic et pas cher pour commencer au niveau du vocabulaire.
On pense souvent à apprendre d’autres noms communs, mais… pas assez aux verbes.

Si vous entrez une recherche sur internet, vous allez trouver tous les équivalents que j’ai mentionné dans le titre : verbes plats, verbes ternes, pauvres… etc.

« La plaie des verbes plats », « faites du plat aux verbes riches », voilà des titres auxquels vous avez échappé. :smiley:

Nous l’avions fait en exercice lors d’un Défi, mais même si vous n’y participez jamais, l’exercice est bon.

Dans son article sur le sujet, S. Arnier (chez qui je n’ai toujours pas d’actions) donne une méthode assez mathématique pour tâcher de visualiser combien on en met. Si on est au delà de 15 % de verbes ternes, il estime qu’il faut faire quelque chose.

Pour varier mes sources, :smiley: j’ai trouvé aussi cet autre article très didactique avec des exemples : :arrow_right: Les verbes pauvres, pourquoi et comment les éliminer.

Mais que sont ces verbes ?
Si? vous les connaissez, ce sont ceux qui sont bon à tout et mis à toutes les sauces, à tout bout de champ :

Être - avoir - faire - dire - voir et regarder - aller - mettre - vouloir - pouvoir…

Le conseil pour les éliminer et que vous retrouverez partout est double :

  • chercher un verbe plus précis
  • et reformuler la phrase.

C’est tout. :smiley:

Vous l’aurez compris, il y a donc un boulot de vocabulaire.
Et l’ennui avec les verbes à tout faire, c’est qu’ils veulent dire tellement de choses dans tellement de contextes, que votre outil des synonymes peut apparaître inefficace…

Ok, alors concrètement, on fait quoi ?

Déjà vous pouvez aller voir consulter ce petit pdf Les verbes pauvres qui est s’avère mal présenté, mais qui est super efficace et pourtant d’une grande efficacité. :smiley:

.


Un exemple au début de la liste qu’il propose, pour les plus fainéants : AVOIR UNE… / AVOIR DES…

  • avoir une audience → bénéficier d’une audience

  • avoir une autorisation → obtenir une autorisation

  • avoir des conséquences → provoquer, entraîner des conséquences

  • avoir des difficultés → rencontrer des difficultés

  • avoir une influence → exercer une influence

  • avoir une médaille, une décoration décoration → arborer une médaille, une décoration

  • avoir des membres, des associés, des partenaires → compter des membres…

  • avoir une réponse → obtenir une réponse

  • avoir une réputation → jouir d’une réputation

  • avoir la responsabilité, la charge → assumer la responsabilité…

  • avoir un rôle → tenir, jouer un rôle

  • avoir un succès → remporter un succès

  • avoir un vêtement → porter un vêtement

  • avoir une visite → recevoir une visite

et ça continue comme ça avec : dire, faire, mettre + les tournures passives « il y a »…

.

Ce n’est pas toujours possible d’éliminer tous ces verbes mais c’est tout de même un gros « plus » pour avoir présenter des textes qui font laissent une bonne impression. :smiley:

Traquez-les à la relecture et rendez-vous dans vos prochains chapitres pour un exercice grandeur nature ! :stuck_out_tongue:

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Oh super, merci Oldie ! Depuis le temps que je me battais avec le dictionnaire des synonymes pour éradiquer quelques-uns de ces verbes, tu me sauves !

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Mon petit grain de sel dans la conversation : pour éviter le verbe « dire » répété mille fois dans un dialogue, voici quelques exemples de verbes introducteurs de parole (liste non exhaustive, bien sûr !) :

  • pour engager la conversation : annoncer – commencer – lancer

  • pour développer la conversation : ajouter – continuer – enchaîner – poursuivre – répliquer – remarquer – expliquer – préciser

  • pour terminer (ou couper) la conversation : couper – interrompre – conclure – achever

  • pour poser une question : demander – interroger – questionner – s’informer

  • pour donner un ordre : commander – exiger – insister – ordonner – prier – réclamer – supplier – implorer

  • pour parler d’une voix faible : chuchoter – murmurer – souffler

  • pour parler d’une voix forte : crier – s’égosiller – vociférer – hurler – tonner – gronder

  • pour montrer le malaise : bafouiller – balbutier – bégayer – bredouiller – grommeler

  • pour montrer l’assurance : déclarer – s’exclamer – proclamer – affirmer – assurer – certifier – jurer

  • pour montrer l’accord : approuver – accepter – acquiescer

  • pour faire un aveu : avouer – confier – reconnaître – révéler

  • pour donner un conseil : suggérer – proposer – conseiller

Le classement est parfois un peu arbitraire, et certains verbes peuvent correspondre à différentes catégories…

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Merci beaucoup pour ses exemples ! C’est vraiment quand je cherche d’autres verbes que je me rends compte de la faiblesse et de la pauvreté de mon vocabulaire.

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Merci infiniment pour ce sujet. Il tombe justement le jour où je dois écrire un chapitre assez… soutenu en terme de vocabulaire. Quel timing ! Je vais pouvoir m’inspirer des exemples donnés.
Encore merci :smiley:

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Merci pour ces bienheureux conseils !

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Dépoussiérage, bonjour !
Ici la présidente auto-proclamée de l’ADVF - l’Association de Défense des Verbes Faibles.
Je m’insurge de cette odieuse incitation à l’éradication ! Ce sont de paisibles petits verbes, ils ont le droit d’exister !

Trêve de plaisanteries, j’aimerais juste modérer un peu ce conseil que l’on voit souvent revenir.
J’ai trop voulu l’appliquer à la lettre, m’interdire tout les être, avoir et compagnie, chercher systématiquement des synonymes…. Mais en prenant du recul, j’ai compris que ça n’avait pas beaucoup de sens finalement et que, comme plein de choses dans la vie, il s’agit surtout de juste dose.
Souvent, il est bénéfique de les remplacer par des verbes plus précis ou de reformuler ses phrases, je suis d’accord. Mais ça reste des mots du dictionnaire comme les autres, je trouve dommage de s’en priver.

Quelques raisons pour lesquelles, parfois, il ne faut pas éradiquer les verbes faibles :
Leur avantage c’est qu’ils sont simples, accessibles et passe-partout.
Une phrase n’a pas toujours vocation à transmettre de l’émotion, et elle peut simplement apporter une information. Alors aller à l’essentiel en formulant sa phrase de la manière la plus simple et efficace, c’est tout à fait acceptable.
Il se peut aussi qu’un verbe faible soit celui qui corresponde le mieux, qu’aucun synonyme ne transmette exactement le même sens. Parfois un personnage ne murmure pas, ne s’exclame pas, ne constate pas, n’exulte pas… Juste, il dit. Alors n’ayons pas peur de l’écrire.
Ils ont souvent un avantage aussi pour le rythme. Si on cherche un effet percutant avec une phrase courte, alors écrire “posséder” à la place de “avoir” sera contre-productif.

Voilà, c’est tout pour mon petit grain de sel. Si vous voulez adhérer à l’ADVF, je prends les cotisations :rofl:

Compteur de verbes faibles dans ce message : être 8 - avoir 5 - dire 1 - voir 1 - aller 1 - vouloir 2 - pouvoir 2. Total : 20 ! Jackpot !

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Puis-je m’inscrire ?

J’ai partagé plus haut il y a quelques temps des verbes de parole car je n’aime pas du tout le verbe « dire », mais sinon, je me suis reconnue totalement dans ce que tu dis, @LianSepia :

J’ajouterais que, souvent, ça me semble un peu « scolaire », si ce n’est pas bien fait ou si c’est trop systématique. Comme si on cherchait absolument à remplacer les verbes « plats » (ou à supprimer les adverbes, autre débat qu’on a déjà eu je ne sais plus où), ce qui va parfois sonner faux, artificiel. Ca a probablement à voir avec le rythme dont tu parles.

Je ne résiste pas à la tentation de citer (longuement, désolée) Victor Hugo, qui usait et abusait du verbe être. On peut trouver ça lourd (personnellement, l’extrait que je poste est pour moi le chapitre ultime de Hugo, c’est celui de la mort de Javert dans Les Misérables et non, ça n’est pas lourd, juste génial :roll_eyes:) mais ça reste magnifiquement écrit. (En gras, les verbes être, avoir et faire.)

« Il voyait devant lui deux routes également droites toutes deux, mais il en voyait deux ; et cela le terrifiait, lui qui n’avait jamais connu dans sa vie qu’une ligne droite. Et, angoisse poignante, ces deux routes étaient contraires. L’une de ces deux lignes droites excluait l’autre. Laquelle des deux était la vraie ?
Sa situation était inexprimable. […]
Une chose l’avait étonné, c’était que Jean Valjean lui eût fait grâce, et une chose l’avait pétrifié, c’était que, lui Javert, il eût fait grâce à Jean Valjean.
Où en était-il ? Il se cherchait et ne se trouvait plus.
Que faire maintenant ? Livrer Jean Valjean, c’était mal ; laisser Jean Valjean libre, c’était mal. Dans le premier cas, l’homme de l’autorité tombait plus bas que l’homme du bagne ; dans le second, un forçat montait plus haut que la loi et mettait le pied dessus. Dans les deux cas, déshonneur pour lui Javert. Dans tous les partis qu’on pouvait prendre, il y avait de la chute. La destinée a de certaines extrémités à pic sur l’impossible et au delà desquelles la vie n’est plus qu’un précipice. Javert était à une de ces extrémité-là.
Une de ses anxiétés, c’était d’être contraint de penser. La violence même de toutes ces émotions contradictoires l’y obligeait. La pensée, chose inusitée pour lui, et singulièrement douloureuse.
Il y a toujours dans la pensée une certaine quantité de rébellion intérieure ; et il s’irritait d’avoir cela en lui.
La pensée, sur n’importe quel sujet en dehors du cercle étroit de ses fonctions, eût été pour lui, dans tous les cas, une inutilité et une fatigue ; mais la pensée sur la journée qui venait de s’écouler était une torture. Il fallait bien cependant regarder dans sa conscience après de telles secousses, et se rendre compte de soi-même à soi-même.
Ce qu’il venait de faire lui donnait le frisson. Il avait, lui Javert, trouvé bon de décider, contre tous les règlements de police, contre toute l’organisation sociale et judiciaire, contre le code tout entier, une mise en liberté ; cela lui avait convenu; il avait substitué ses propres affaires aux affaires publiques ; n’était-ce pas inqualifiable ? Chaque fois qu’il se mettait en face de cette action sans nom qu’il avait commise, il tremblait de la tête aux pieds. A quoi se résoudre ? Une seule ressource lui restait : retourner en hâte rue de l’Homme-Armé, et faire écrouer Jean Valjean. Il était clair que c’était cela qu’il fallait faire. »

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J’adhère, mais je payerai pas :stuck_out_tongue_closed_eyes:

Les verbes faibles, c’est vrai qu’on se méfie au début, mais bien incorporés, ils donnent un super rythme aux textes et ils véhiculent une bonne vibe.

Vous savez, c’est un peu comme un mail que vous envoyez avec toutes les formules de politesse, le vocabulaire lissé et tout le tsouin-tsouin VS quand tu es à l’aise avec la personne tu te mets à lui écrire de manière beaucoup plus simple et « détendue » et au final tu véhicules beaucoup plus d’énergie et les échanges sont plus fluides et chaleureux (ensuite, il faut quand même s’assurer qu’ils sont pas trop pointilleux sur la hiérarchie ^^').

Oui, ok, exemple foireux, mais j’ai pas trouvé mieux :sweat_smile:

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