C’est vrai qu’il peut y avoir un changement de situation qui fait en sorte que le personnage principal d’une fiction bascule pour le Mal, mais dans ce cas, il faudrait considérer un ensemble de facteurs psychologiques pour expliquer ce basculement. Je ne m’étendrai pas maintenant à ce sujet. D’ailleurs, moi aussi je mentionne ce basculement de l’un des personnages du Bien vers le Mal, mais aussi du Mal vers le Bien dans plusieurs de mes fictions (par exemple, Ghost Whisperers in Canada ou encore Rencontres entre Dieux, mortels et esprits)
Je suis désolée si ma remarque est hors-sujet, mais je trouvais que c’était connexe avec votre réplique.
Comme Oldie, je trouve plus juste de parler de protagoniste que de héros. Et le protagoniste me semble être le seul minimum requis pour un récit (on peut peut-être imaginer des récits sans protagoniste, mais je n’ai pas d’exemple en tête). Par contre, pas besoin d’antagoniste, même s’il y en a la plupart du temps, et encore moins d’allié, qui me paraît pour le coup totalement facultatif.
Le protagoniste peut très bien être un antihéros. Ça n’implique pas forcément qu’il soit mauvais, ni que son éventuel antagoniste soit bon. On ne se place juste pas trop sur le plan de la morale.
Le premier exemple que j’ai en tête quand on parle d’antihéros, c’est le Donjon de Naheulbeuk: une compagnie d’aventuriers, au sens moral plus que limité (quoique très variable d’un membre à l’autre de la compagnie), cherche à dérober une statuette dans un donjon tenu par un terrible magicien. De prime abord, ils sont les gentils et affrontent un méchant magicien. Si on regarde en détails, leur quête n’a absolument rien de noble, ils sont cupides, irresponsables, cyniques, égocentriques. Ils se lancent dans cette quête par appât du gain sans se soucier des conséquences. Bref, pas vraiment le camp du Bien. En face, l’antagoniste a créé son donjon pour attirer des aventuriers de ce genre et les détrousser, pas forcément bien non plus. Le Bien et le Mal ne sont juste pas le sujet, c’est un monde où chacun défend ses intérêts.
Un autre exemple, avec des personnages plus sympathiques, et où je ne parlerais pas d’antihéros, c’est Le Vieil Homme et la Mer d’Hemingway. Le roman décrit l’affrontement entre un vieux pêcheur et un énorme poisson. Le pêcheur pêche pour subsister, le poisson se défend pour survivre. Pêcher fait-il du pêcheur un méchant, je ne crois pas. Ne pas se laisser pêcher fait-il du poisson un méchant, je ne pense pas non plus. Les deux ont juste des intérêts divergents, ce qui les mène à s’affronter, mais il n’est pas du tout question de Bien ou de Mal.
Un dernier exemple que j’aimerais mettre en avant, car il ne me semble pas avoir réellement d’antagoniste (mais on peut en discuter), c’est Madame Bovary: Emma, la protagoniste, s’ennuie, et cherche à pimenter sa vie. D’un point de vue de la morale religieuse, elle ne peut être dans le camp du Bien, étant une mauvaise épouse, adultère, et une mauvaise mère. Est-elle mauvaise pour autant, j’en doute. Et dans son cas, qui sont les antagonistes: son mari Charles, qui ne sait pas la combler ? Leur mariage est un échec, mais ce n’est réellement la faute ni de l’un ni de l’autre, ils n’étaient juste pas compatibles. Charles n’est pas un mauvais bougre, et ne fait pas de mal à dessein. Alors, les amants d’Emma ? Rodolphe est peut-être un peu manipulateur, ça me paraît moins évident concernant Léon. Et sont-ils plus critiquables qu’Emma, et frontalement opposés ? Homais serait peut-être plus antagoniste, mais c’est un personnage bien plus secondaire.
Plus spécifiquement, Angel évoque a raison des fictions érotiques ou pornographiques qui ne nécessitent aucun antagonistes. Juste deux amants (ou plus), et libre cours à leurs fantaisies ^^
Donc finalement, le Bien et le Mal peuvent être un thème d’un récit, mais n’y sont absolument pas nécessaires. De même que le passage du Bien vers le Mal ou du Mal vers le Bien sont un sous-ensemble du changement de camp, qui peut arriver sous d’autres formes dans divers types de récits. La prélogie Star Wars est en effet un très bel exemple de l’utilisation du thème du Bien et du Mal et du passage de l’un à l’autre, avec d’un côté Anakin qui passe du côté lumineux au côté obscur de la FOrce, et dans le même temps une démocratie qui tombe dans la dictature. C’est tout à fait possible d’écrire dessus, ça peut donner de très belles œuvres, mais il ne faut pas s’y contraindre, il y a bien d’autres possibilités.
Ah oui, clairement !
D’ailleurs, mes enfants viennent de regarder un épisode des Schtroumpfs dans lequel Gargamel devient gentil… Ca les a perturbés ^^.
« Mais maman, Gargamel peut pas rester comme ça !’
« Et pourquoi pas ? »
« Bahhh… ça va pas ! Il est méchant ! »
" Il peut pas changer ? » BLANC et quelques secondes plus tard :
« ouais … p’têtre… MAIIIIS c’est bizarre… »
Preuve que… Certaines choses doivent rester à leur place quand on est petits ^^ !
Les enfants ont besoin, à mon avis, de frontières claires entre des personnages représentant le Bien et ceux représentant le Mal. C’est une façon de se construire et d’apprendre, via la fiction, certaines valeurs (amitié, courage…). Je crois également que les enfants ont besoin d’histoire leur montrant des protagonistes capables de vaincre des monstres et leurs peurs.
A l’adolescence, j’ai l’impression qu’ils vont davantage être attirés par des personnages plus « sombres » et les protagonistes incarnant le Bien n’ont plus forcément leurs faveurs.
Ah oui oui ! Leur cerveau n’est pas encore assez mâture… ca se construit doucement (mais sûrement… enfin on essaie de tout faire pour )
Quoique, mon 7 ans a decouvert star wars (ouais, encore la ref ^^) avec une bd à la bibliothèque et depuis, il est presque fasciné par Anakin-Dark Vador, notamment, il était gentil, méchant et ensuite il se rachète pour proteger son fils… J’espère qu’on a pas créé un trauma !
Il faut dire que Dark Vador a un certain charisme qui peut plaire aux enfants. Sans compter que son histoire peut les amener à s’interroger sur leurs conceptions du Bien et du Mal et c’est tant mieux !
Dans le même type de personnage, Itachi Uchiha dans Naruto plaît beaucoup aux enfants de mon entourage : je suppose que son apparence et ses pouvoirs expliquent leur attirance pour ce personnage (pourtant clairement identifié comme méchant au début du manga…).