Connaissez-vous la lecture augmentée ? Cet après-midi, avec Snake on a vu un stand qui vendait des livres contenant de la lecture augmentée : à l’intérieur du livre (également disponible en ebook) des QR codes à flasher (avec votre super téléphone ultra intelligent) qui vous montrent des images, jouent des musiques pour vous mettre dans l’ambiance …
Qu’en pensez-vous ? Faut-il rendre le livre un peu plus high tech pour qu’il attire plus de lecteurs (notamment les plus jeunes) ?
Pour ma part, je pense que c’est gadget et que ça bride un peu l’imagination des lecteurs… J’ai peur que le récit soit pauvre en descriptions, ça me fait penser aux fics où l’auteur indique que son personnage ressemble à “ça” en balancant le lien vers une image …
Hum personnellement je ne serais pas amenée à utiliser ce genre de gadgets. J’aime le plaisir de lire un livre, tout comme je n’aime pas particulièrement lire sur écran (oui c’est assez étonnant vue que je lis des fanfictions ici xD)
Toutefois, je pense que certaines personnes ont du mal à se projeter ou à imaginer un lieu lorsqu’on lui décrit. Tandis que pour d’autres c’est instinctifs. Si cela peut aider des lecteurs pourquoi pas. Après tout, chacun à un rapport à la lecture très personnel !
Je pense que je pourrais être curieuse de voir ce que ça donne, de la même manière que le cinéma augmenté.
Je me suis habituée en quelques années à la lecture sur écran, notamment sur tablette. Le livre est encombrant dans un petit sac mais la tablette a tout le temps besoin d’être chargée et consomme… Entre couper des arbres (qui renouvellent notre oxygène) pour faire du papier et utiliser des ordis qui génèrent des déchets en métaux lourds quand on les jette, hum, la responsabilité éthique d’un lecteur est difficile.
Je pense que je n’aurais pas besoin d’un livre qui soit autre chose qu’un livre, soit un instrument qui renforce les capacités de visualisation “intérieure” : l’imagination au sens de produire des images quand on lit des mots.
Le livre illustré de quelques planches ça et là me paraît injustement réservé à la jeunesse. A l’école on me faisait illustrer les poésies à savoir réciter. Je ne suis pas forcément contre le crossover image / livre (meme ailleurs que sur la couverture !).
Mais tout bourrer de technologie qui va se substituer à nos pouvoirs de concentration, pour nous laisser vides quand il n’y a plus de batterie ? J’hésite.
Un livre tout bête, s’il nous plaît est déjà capable de nous transporter…
Après il y a peut-être de la place pour les livres augmentés en apprentissage ou en manuel technique (merci @Zed3Et). Ou dans les métiers ou il y a de quoi combiner une théorie et un geste. Où il faut “voir” pour mieux comprendre, que ce soit pour recoudre une plaie ou monter une crème en chantilly…
Donc pour le roman je pense que je ne serais pas forcément cliente.
D’autant que la forme de l’hypertexte, mixant dans un même media : texte, image, son, video, bah ça existe depuis un petit moment et ça s’appelle des pages de site web.
Pour moi l’imagination est quelque chose qui s’apprend. Comme l’a dit @YumeByKira certains ont du mal à transcrire des mots écrits en des images mentales.
Selon moi, cette idée n’est pas forcément mauvaise en soi, tout doit se faire par étape et si la première étape de l’imagination doit se faire par une lecture augmentée, très bien.
Mais cela ne doit pas non plus nous assister.
En fait je vois cela comme un très bon outil pédagogique mais pas pour une lecture personnelle.
Quant au fait que cela puisse attirer une nouvelle génération de lecteurs, là encore je suis septique. Ce ne seront pas des lecteurs mais des spectateurs. Tout comme dans un film, ils seront hapés par des images qui ne sont pas les leurs.
Finalement mon problème avec cette lecture augmentée ce sont les images. Que des sons soient donnés ne me dérangent pas, je suis en effet sans cesse à la recherche de la bonne Playlist pour lire mes romans et me plonger dans une ambiance.
Mais des images… Non cela appartient au domaine cinématographique.
Mais encore une fois : pourquoi pas en outil pédagogique
C’est vrai que la question de savoir si on est encore en train de lire lorsqu’il y a des images et de la musique peut se poser. Passe-t-on au cinéma si l’expérience est poussée à son maximum?
Après, personnellement, je lis des romans, des bandes dessinées et des mangas. Dans tous les cas, mon imagination est stimulée de façon différente. Ainsi, je pense que la lecture augmentée peut tout de même stimuler l’imagination mais d’une manière à laquelle nous ne sommes pas habitué aujourd’hui et permettre une meilleure immersion dans l’histoire.
Pour donner un exemple concret, avec mes amis, nous aimons jouer avec des jeux rôles. Pour ma part, j’ai droit au merveilleux rôle de maitre du jeu et pour ce faire je créé des histoires que j’essaye de rendre immersive. Et je peux constater que certains ont besoin d’illustration pour se plonger à fond dans l’histoire et visualiser ce qu’ils combattent. Tandis que d’autres peuvent se contenter de la description. Ainsi, une simple image leur permet de donner vie au récit !
De même pour la musique, j’ai tenté depuis peu de mettre de la musique dans mes gros scénarios lors des moments de combats, dans les villes, dans les bâteaux etc. Afin qu’ils se sentent vraiment imprégné et cela a très bien fonctionné.
Si ce genre de truc et astuce marche lors de jeu de rôle qui travaille beaucoup à partir de l’imagination, je pense que cela peut aussi être le cas dans le cadre de la lecture simple d’un roman.
Un témoignage
Lorsque j’avais 7 ou 8 ans, mes parents m’ont offert ceci :
Les disques (il me semble qu’il y en avait 2) mêlaient un texte finement ciselé et des musiques d’Alan Stivell. Les illustrations louvoyaient entre symbolisme et pop-art des années 70.
Certaines illustrations, de larges passages du texte - Qui sait de quoi l’on est l’apôtre / Restons dans les mains du destin / Sa volonté vaut bien la nôtre / Il nous donne le meilleur pain - et l’intégralité des airs me sont restés en mémoire.
Je pense que l’expérience multisensorielle, plus riche et diverse, la mise en correspondance, a beaucoup plus de chances de toucher la corde qui convient à chacun. Si aujourd’hui, j’aime tellement me plonger dans les histoires merveilleuses, si elles font surgir pour moi les couleurs flamboyantes des brumes mystérieuses de l’imaginaire, c’est en partie grâce à ce cadeau.
En tout cas pour sa valeur éducative, d’éveil, la lecture augmentée me parait avoir un grand intérêt.
Bien sûr, on peut craindre un effet “régressif”, une forme de paresse induite auprès du lecteur, à la place duquel ces contenus augmentés produiraient tout l’effort. En effet, tous les textes ne doivent pas se prêter à l’'augmentation". Et j’imagine que les supports complémentaires (musique, images) doivent être choisis avec discernement pour accroitre la capacité d’évocation, sans brider l’imagination.
Une (arrière) pensée un peu plus malicieuse : ne croyez-vous pas que pour certains textes particulièrement pauvres, l’illustration permettrait à l’auteur de se rendre compte du chemin qu’il lui reste à parcourir ?
C’est super sympa comme cadeau je trouve ! D’autant plus si cela a stimulé ton imagination et t’a permis de te projeter dans l’univers mis en avant !
L’imagination c’est très subjectif et tout le monde n’a pas la même capacité à projeter. Et je pense que d’une certaine manière la plupart des textes s’y prête, mais pas pour tout le monde. Cela dépend de l’affinité que l’on aura avec un auteur qui est tout aussi subjectif que l’imagination.
Pour prendre un exemple concret et “choquant” : Harry Potter. J’ai adoré les films, donc j’ai voulu lire les livres et cela m’a été très compliqué car je n’ai pas accroché avec le style de J.K Rowling. Aujourd’hui, si on me proposais la lecture augmentée sur du Harry Potter, je serais preneuse puisque cela pourrait m’aider à me projeter dans un univers qu’en plus j’affectionne déjà ! Dans des cas comme ça, je pense que la lecture augmentée n’est pas regressive mais peut permettre de se plonger dans des oeuvres avec des auteurs que l’on a du mal à lire sans pour autant ne pas accrocher à l’histoire.
Pour la petite arrière pensée : Je ne sais pas, peut-être que cela permettrait à l’auteur de voir son texte enrichi?
Il me semble que l’enrichissement n’est pas direct.
Princesse parle de simples QR codes insérés dans le texte (ou à côté ?).
Si on est sur du papier, il faut avoir son tel à la main en plus, pour scanner le code et le tel ira se connecter à des contenus additionnels… (Honnêtement on fait déjà ça dans l’un de nos magazines et je ne suis pas sûre que notre lectorat l’utilise sauf à faible pourcentage car… c’est pas des jeunes jeunes hein ? )
Si on est sur tablette ou dans un contexte d’ebook, un QR code est il plus intéressant qu’un hyperlien ? Oui si on veut s’épargner les coûts de réalisation de deux mises en page différentes… Donc j’imagine un truc encore moins sympa que l’enrichissement de contenu pour “profiter du media web” pour lequel j’ai eu un embryon d’aperçu il y a quelques années. Son but était de nous expliquer (nous maquettistes de presse papier) comment produire une maquette augmentée plus adaptée au web. Au lieu de la retranscription d’une interview dans un encadré : insérer une video de l’interview. Au lieu d’un long tableau moche, comment l’afficher ou le masquer au survol de la souris. Comment animer des boutons figés pour laisser entendre qu’il y avait un contenu bonus derrière…
Bref le but était bien de nous inviter et inciter (comme on a trop tendance à le faire) à produire des contenus un peu différents ou adaptés au “support” (web ou appli dédiée) plutôt que de balancer les articles tels quels, tirés de la version papier et souvent avec moins d’attraits pour l’oeil et zéro “interactivité”.
Juste “flasher un QR code” c’est loin d’être le Pérou. Je comprends que la mesure puisse paraître “gadget” et j’hésite à dire “cosmétique”.
Mais une fois encore je souligne que je raisonne au niveau technique et visuel ici et non sur les bénéfices potentiels qu’il y aurait à stimuler l’imagination par de l’hypermedia.
Je suis juste un peu pessimiste car je vois passer pas mal d’articles sur les effets concrets de l’exposition des tout petits (dès 3 ans) à des téléphones et des tablettes pour jouer. C’est le même genre d’argu qu’on entendait à propos de “les coller devant la télé” mais en pire. Loin de les rendre “intelligents” ça leur procurerait plutôt du retard sur des points plus cruciaux que de savoir appuyer sur un bouton ou niveau des capacités cognitives (apprentissage et compréhension) et ce n’est pas l’expression d’une “crainte” mais bien le résultat d’études faits sur des groupes tests (familles avec et sans exposition quotidienne aux écrans - le terme est devenu générique).
D’autres études montrent une différence nette sur le développement intellectuel d’un enfant à qui son parent lit une histoire (ou l’accompagne pendant sa lecture quand il est assez grand). Le parent “fait les voix” c’est le minima de la lecture augmentée
Donc le truc c’est la lecture augmentée, pour qui et à quel âge ? On a le fantasme que “les jeunes n’aiment pas lire” et qu’il faut les attirer vers la lecture avec des hochets connectés car la lecture ne fait pas le poids dans notre civilisation actuelle qui n’est que dans la fascination de l’image.
Regardez toutes ces applis qui ne servent qu’a poster des photos… ou des vidéos.
Et ce qui se dit ici même, sur combien c’est pénible de “commenter”. Bientôt le retour aux idéogrammes (émoticônes) pour parler ?
Pour moi, une image déjà produite se regarde. Et elle nous impose une vision que l’on n’a pas à construire soi-même. Regarder, ce n’est pas imaginer. C’est passif.
Le concept même de fanfic consiste pourtant à continuer ou prolonger son désir de “voir d’autres images” quitte à les produire soi-même ! (Films en panne, série arrêtée…). Cela est en faveur de l’imagination ?
Oui, si on ne regarde pas trop les fanfics toutes pareilles avec le même genre de scenario (quand ce ne sont pas des “PWP” !!!). Et oui, si on ne regarde pas que le commentaire constructif le plus fréquent qu’on adresse à un fanfiqueur est : peux-tu ajouter plus de descriptions ?
Clairement en provenance, de la part de lecteurs qui veulent “voir” aussi, car ils ne sont pas dans la tête de l’auteur (donc utiliser les descriptions comme support de production de leurs propres images mentales).
La capacité de visualiser les choses (sans les avoir sous les yeux) est inégalement répartie. Dans mon job, je visualise les documents dans ma tête avant de les créer. L’avoir fait beaucoup et souvent pendant plusieurs années m’autorise à savoir d’avance qu’une modification qu’on me demande “ne va pas marcher” (moche, trop serré, plus confus, plus chargé, dispersant l’attention) mais qu’importe, si le décideur n’a pas cette capacité de prévisualisation : je dois produire une image ou un visuel concret pour qu’un autre puisse “voir” si ça lui convient ou pas.
Je conviens que tout est bon pour stimuler l’imagination et qu’avoir vu des images de château aide à pallier le vide quand un auteur dit : bah un château c’est un château ! Des tours, des murs, un chemin de garde, un pont levis, c’est bon là !.. Quoi la couleur ? On s’en fout ! Et s’il y a des meurtrières et un machi quoi ? Tu me trolles c’est ça ? Orienté vers quel point cardinal ? Une éminence du terrain ? Qu’est-ce tu racontes ? Allez casse-toi, j’ai des dialogues importants à faire moi, pas le temps.
Mieux vaut donc avoir vu ou visité des châteaux IRL. Ou attendre une lecture augmentée qui va balancer un visuel et se substituer au dialoguiste compulsif…
Pour moins parler sans trop savoir (seuls Snake et Princesse ont finalement vu à quoi ressemblait le produit pour de bon), je vous mets une pub et il y a des vidéos sur le sujet sur le web (mais je dois bosser).
Edit : l’auteur de ce roman parle du roman transmedia.
Sinon, sur Youtube, vous pouvez consulter la vidéo qui parle de la start-up Bear. C’est plus technique mais on y parle vers la fin du roman pour ados “U4”…
Pour les jeunes devant les écrans, je pense effectivement que c’est relativement nocif pour eux. Il ne faut pas les habituer trop jeune, ils passeront bien assez de temps devant une fois adolescent ou adulte (et là c’est pourtant une geek qui parle xD)
Quant au fait que les jeunes ne lisent plus, il faut quand même nuancer un peu ce propos parce qu’il y a quelques années, un de mes professeurs de littérature nous avait part d’une étude tout à fait intéressante. Dans mes souvenirs, ceux qui lisait le plus c’était les adolescents qui se plongeait dans tous les romans destiné à leur âge (twilight, hunger game et j’en passe).
Après, pour le côté régressif, c’est toujours un risque. C’est sûr mais après il faut aussi évoluer avec son temps et l’équilibre ne doit pas être facile à trouver pour les éditeurs qui veulent garder des lecteurs ! C’est une tentative, je pense à voir si cela va se trouver un public et ce qu’il va en ressortir réellement.
Pour ma part, je préfère lire des livres. Avoir le papier dans mes mains, et si je suis intéressée par l’expérience de lecture augmentée, je pense que cela ne m’enchantera pas sur le long terme. Car quoi de plus désagréable, quand on est pris dans une histoire, que d’être coupé pour saisir son téléphone et flasher un code? Pour voir une image qui aurait pu se trouver dans le livre. Surtout si c’est pour avoir des absences de description que tu le dis si bien. Au final, est-ce qu’on va arriver à se plonger dans un livre presque vide de toute description? Car comme tu l’a souligné, lire c’est se plonger dans la tête de l’auteur qui l’a écris. Voir ce qu’il voit à travers ses mots. Mais si finalement, on ne voit que des images sur lesquelles on ajoute des dialogues… Quel est l’intérêt? Si cela vient en complément, pourquoi pas, mais si cela vient en remplacement, c’est une autre histoire !
Ps: Bon courage pour ton travail