Le désir d'écriture

C’est vrai que la moyenne d’âge ici tourne plutôt autour de la vingtaine, d’après mes souvenirs :thinking: après, si ça peut te rassurer, j’ai 21 ans sur le papier, mais on m’en donne 14 (voire 12 !) physiquement :laughing: et mentalement, je suis restée bloquée à quatre, donc… x)
Cela dit je comprends, au même âge j’étais pareille, à pas trop trop être à l’aise quand je parlais à des adultes (la différence étant que je n’ai eu que très tard accès à internet, donc…)

Je crois qu’y a un ou deux sujets de rédaction qui se sont trouvés sacrément détournés :thinking:

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A mon avis tu sous-évalue :wink: on est une paire de trentenaires voire plus. Ça serait intéressant de faire les stats, moyenne, médiane etc. :wink:

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AH NON PITIE PAS DE STATS :sob::sob::sob::sob::sob: ou alors je laisse ça à quelqu’un d’autre, je vais déjà assez en bouffer l’année prochaine x)

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Ah, quelle bonne question, l’élément déclencheur … !

Je suis super contente d’avoir pu lire vos réponses, voir vos parcours !
Pour ma part, il y en a plusieurs, dont multiples sont des rencontres marquantes.

Bon, puisqu’on fait sous format de mini-biographie, pourquoi par suivre la lancée.
J’ai un parcours scolaire tout à fait banal pour ma part (hormis les harcèlement et tout ce bazar.) En maternelle, comme je savais lire, et comme la plupart d’entre vous j’adorais ça, la professeure avait proposé à me faire sauter une classe également, ce qu’a déconseillé le directeur, sous peine que je me sente perdue. Tant mieux ! Je me dis que tout s’est passé comme ça devait se passer.

J’ai toujours adoré lire, ça continue aujourd’hui. Certains autres râlaient sur les classiques qu’on devait lire, et je dévorais les ouvrages, roman ou théâtre, tout ! J’ai commencé très tôt à écrire plein de petits poèmes, des haïkus également. A m’amuser avec les sujets de rédaction, les sujets d’imagination, les commentaires littéraires. Mais pas plus.

Sur un petit site où j’aimais poster des poèmes, j’étais la petite au milieu d’adultes. Tous étaient très bienveillants, et un homme m’aidait énormément sur mes petits poèmes d’enfant, avec ses paroles remplies d’espoir et d’affection. Il était devenu comme mon troisième grand-père. Quand il nous a quitté, nous étions tous en deuil. Je me suis promis de ne jamais abandonner, au moins pour lui, la poésie et l’écriture. Même si depuis ce jour, il est difficile pour moi de retourner sur ce site.

Ensuite, tout est venu plus ou moins dans la même période, fin de seconde au lycée. Durant cette année, j’avais développé une grande admiration pour mon professeur de français, ayant toutefois maintenu mon désir de suivre une filière scientifique. Mon professeur de première lui aussi aimait mon « style », mais ce n’était pas la même bienveillance. En seconde je … n’étais pas mauvaise en commentaire littéraire, je crois, il souhaitait que j’aille en L, mais non. Lui aussi, bien que railleur habituellement, ayant saisi ma personnalité, était toujours doux et bienveillant avec moi.

Et puis j’ai dû être hospitalisée. Longtemps. Et l’écriture, la lecture permettaient de voyager sans bouger de mon lit.
(Et ce prof que j’avais eu juste avant, a lui aussi été une motivation pour ne rien lâcher. Ni l’amour de la littérature, ni le reste.)

Alors, je pense que les élément déclencheurs se sont plus ou moins accumulés durant ma vie changeant tour à tour mes rapports à l’écriture. Et maintenant, je vis au jour le jour, je veux vraiment profiter de chaque instant. Si une idée, une émotion me vient, je mets ça à l’écrit, pour que ça sorte, pour raconter mes histoires, c’est tout bête. J’essaie simplement de ne pas me laisser rattraper par le temps !
:white_heart:

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Idem. Je vouvoyais les adultes et ça les gênait d’ailleurs… :rofl: Mais j’avais vraiment du mal à être « naturel » car je faisais attention à ce que je disais, et à bien respecter ces personnes (je respectai tout le monde hein mais là c’était un level au dessus comme le « sama » à la japonaise), j’avais tellement peur de dire des choses de travers.

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Non mais en vrai ici on n’est pas des enfants, des ados et des adultes. On est de fanfiqueurs ! Y a pas de hiérarchisation de nos rapports :wink:

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Hello ici ! (finalement, on ne m’arrête plus, je revis !)

Vos témoignages, parfois très durs pour certains, m’ont pas mal fait cogiter.
En fait, outre la souffrance par laquelle sont passés certains de nos membres (ce qui est regrettable – personne ne devrait passer par cette case-là), eh bien… nos profils ne divergent pas tant que ça.

Nos plus jeunes membres doivent avoir peut-être la dizaine d’années. Allez, des bambins nés à la fin des années 2000, au début des années 2010. Les plus anciens… si on ignore les faux âges donnés sur le site (sinon on a de beaux centenaires !) doivent bien avoir 50~60 ans ? Je n’ai pas fait de terrain pour vérifier, mais à ma connaissance, on a au moins des membres nés dans les années 60. (certains pourraient être mes parents, et ça me fait tout drôle d’imaginer que je partage plus de choses avec ces membres qu’avec mes parents)

Et malgré cet écart de 40~50 ans, eh bien on est tous réunis ici par amour des fanfictions et de l’écriture. Elle est pas belle, la vie ? :smiley:

Enfin bref, je m’égare.

.

  • D’où vient votre désir d’écriture ? D’une passion pour la lecture ? Êtes vous particulièrement doué-e en français ? Ou bien… D’un besoin de s’exprimer ?

Attention, le pavé qui va suivre raconte la vie pas forcément intéressante d’une pomme un peu stupide. :stuck_out_tongue:

Quand j’étais petite, jusqu’à peut-être mes 10~12 ans, mon père tenait une maisons de la presse. Donc autant dire qu’il y avait masse de livres. Des romans (je me souviens de ma soeur le harcelant pour qu’il lui cède un exemplaire du dernier Harry Potter sorti), des magazines, des livres pour gamins… genre Max et Lilli, ce genre de « littérature pour enfants ». Ma mère aime beaucoup lire, et aujourd’hui encore elle consomme plusieurs romans par semaine, pour peu qu’ils la gardent captivée. Et avec tout ça, j’avais ma grande soeur, de 4 ans mon aînée, que j’avais envie de rattraper. Quoi de plus normal pour une pomme ambitieuse que de prendre les cahiers de sa soeur, de demander quels sons donnent les combinaisons de lettres, et d’ainsi apprendre à lire par elle-même en moyenne/grande section maternelle ? :smiley:
Quoi qu’il en soit, comme d’autres ici j’ai sauté la case CP, avec tous les contrecoups que ça incombe (la séparation avec mes amies, le « décalage » avec les plus grands – je dis ça mais c’est comme ça que j’ai rencontré les membres de mon « gang » donc bon :woman_shrugging:, et surtout, le professeur imbuvable qui se moquait de moi parce que j’avais besoin de cahiers grands grands carreaux parce que j’apprenais à écrire en CE1. « Haha regardez Apolline elle sait pas écrire » jkzefsdc – pardon).
Donc dès que j’ai su lire, j’ai eu cette insatiable envie de lire. Tout ce qui passait à ma portée dans le magasin. J’ai commencé par les trucs de mon âge qui m’intéressaient. Et j’arrivais à bout de ma pile. Alors j’en venais à lire des trucs nuls au possible, mais qui au moins captaient mon attention pour quelques minutes/heures/jours. J’avais besoin de m’occuper la tête en lisant.
Donc c’est assez naturellement qu’est venue l’écriture. « J’ai plus rien à lire ? Bah je vais m’écrire mes histoires, hein ». Et j’ai quitté le monde de l’imaginaire qui restait dans ma tête pour essayer de coucher mes histoires sur papier. Des échecs – si je retombais sur ces manuscrits, bon sang que je rougirais de honte ! Mais j’adorais ça !! C’était fantastique ! Je me souviens avoir imprimé un de mes écrits (ma première fanfiction je crois bien ? je devais avoir quoi, 10 ans ? – bon elle était médiocre mais passons) et je l’avais laissé traîner quelque part dans la maison. Ma mère l’avait trouvé, lu, et m’a dit quelque chose comme « C’est toi qui as écrit ça ? Mais c’est très bien ! ».
Alors je pensais avoir trouvé ma vocation. Devenir écrivain, c’est super, non ? Mais la réalité m’a vite rattrapée dans le discours de mes parents. « On ne vit pas de sa plume », « C’est très dur de faire sa vie en vendant ses livres ». Je pense que ça m’a un peu (trop) marquée, et que je rumine encore à ce propos, une bonne dizaine d’années plus tard…
Quoi qu’il en soit, je n’ai plus écrit jusqu’à la fin du collège, où j’ai vraiment découvert les fanfictions. Donc on va dire vers mes 14 ans ? Et malgré les hauts et les bas, les grosses remises en question et les doutes aussi pesants que des éléphants adultes, me voilà ici, vivant ma meilleure vie en écrivant des fanfictions. :smiley:

Je cachais beaucoup cette passion, à l’époque. Je pensais que j’étais « bizarre ». J’avais envie qu’on me lise, et en même temps, ça me faisait peur, ça me gênait. Pourtant j’adorais les sujets d’invention au collège, et j’avais le coeur qui se gonflait de joie quand je recevais des encouragements des profs pour mes manuscrits maladroits.
Je me souviens d’un jour, en 1e (série L), où on avait un sujet d’invention quelconque. Je ne sais plus le sujet, je ne me souviens même plus de s’il y avait même un sujet. Il fallait écrire une nouvelle, un one-shot, il devait y avoir un mot-clé, je crois ? Quoi qu’il en soit, j’avais écrit un OS en rapport avec ma grosse fanfic du moment. En rendant ça « tout public » (dans le sens « cacher que c’est une fanfic » – de toute façon, c’était sur un OC, donc bon). Et j’en étais tellement fière ! La prof avait proposé que certains viennent lire leurs textes à voix haute, devant le tableau. Et j’en avais envie. La première (et peut-être même unique) fois où j’avais envie qu’on aie un aperçu de mes textes, en clamant haut et fort que c’était moi, Apolline « BakApple » [nom de famille], qui l’avait écrit !
La prof avait fait venir un gars au tableau, ignorant ma main levée à plusieurs reprises. « Ce sera le dernier texte. » J’étais déçue, terriblement déçue. Et elle a dû le voir, parce qu’elle a dit quelque chose comme « Bon d’accord, Apolline sera la dernière, et après fini. » Oh, comme j’étais ravie ! Et quand est venu mon tour de monter sur l’estrade, devant le tableau et devant la classe, sous les encouragements de ma meilleure amie de l’époque… je faisais d’un coup bien moins la fière ! Ah j’étais tremblante, j’étais tétanisée. Mais j’ai tenu bon ! Et j’ai lu mon texte.
Et à mon retour à mon siège, silence total dans l’assemblée. Pas un bruit. (chose rare pour la classe de L que j’avais en 1e) Et ma meilleure amie de me dire « Ils étaient tous scotchées, à t’écouter, captivés. » Dire que j’étais fière de moi n’est qu’un euphémisme…
Et depuis, je me suis toujours cachée, me manifestant qu’à de rares occasions. :smiley: Ca change, je dévoile un peu plus sous ma véritable identité (pas juste celle de la pomme stupide que vous connaissez bien) que j’écris des histoires. Mais il y a toujours l’appréhension du jugement de l’autre, quand on dit que nos histoires ne sont pas réellement les nôtres…

Ahem.

Ca, c’était l’historique, dirons nous. Maintenant, la « raison ».

Au début, c’était pour occuper ma tête autrement qu’en lisant, puisque je n’avais plus de quoi lire. (primaire)
Puis ça a été pour m’amuser, comme un divertissement, sans plus. C’était frustrant de ne pas parvenir au bout, d’abandonner parce que je n’avais plus le courage ou l’inspiration pour poursuivre et terminer. (collège/début lycée)
Et enfin, ça a été pour me vider la tête, me libérer. (fin lycée - aujourd’hui)

Je trouve dans l’écriture quelque chose que je ne trouve nulle part ailleurs. Je ne sais pas trop ce que c’est, mais il y a ça et c’est l’essence qui alimente le moteur de ma petite caboche.
Je pense que très rapidement j’ai trouvé un refuge dans l’écriture, c’était salvateur. Consciemment ou inconsciemment, ce que je faisais vivre à mes personnages n’était que le reflet de ce que je vivais moi-même – dans une version romancée, parfois exagérée, mais il y a de ça.

Aujourd’hui, j’ai grandi. Il doit bien s’être écoulé 13 ans depuis mes premiers pas dans l’écriture, et même si je sais que je ne vivrai jamais de ma plume, ça ne m’empêche pas d’y trouver du réconfort.
Mes histoires sont souvent amères, elles finissent difficilement bien. Les personnages souffrent, ont une vie parfois très désagréable, et on trouve des thèmes récurrents.

J’ai fait la réflexion plusieurs fois auprès d’amis. Inconsciemment, je mets beaucoup de moi en mes personnages, mes histoires. En repensant à toute l’histoire que je donne à ce cher Cicéron dans mes fanfictions sur The Elder Scrolls, je me suis rendue à l’évidence : je me projette sur mes personnages, OCs ou non.
Et en fait, c’est ça, aujourd’hui, mon désir d’écriture. L’envie de me « soigner », de me faire des thérapies, en écrivant le mal pour le faire sortir. Parfois c’est totalement inconscient, mais avec le recul, ça me fait considérablement changer.

… Si bien qu’aujourd’hui je me traîne une obsession pour un personnage (obsession qui devient de moins en moins saine pour mon esprit) et plus ou moins littéralement une addiction à l’écriture. :smiley:

Ne mettez pas de livres entre toutes les mains, ça peut mal finir ! :stuck_out_tongue:

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Ouah ! J’ai adoré ton « pavé » @BakApple ! C’est fou comme ce sujet met en exergue le caractère personnel de ce désir d’écriture. Avec ton histoire, on comprend totalement d’où vient ton envie d’écrire.

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@BakApple je te rejoins tout à fait sur l’aspect thérapeutique de l’écriture. Mon premier récit a été salvateur pour moi, me permettant de sublimer toutes mes frustration et de dépasser certaines peurs :slight_smile: J’en suis ressortie plus entière et plus libre !

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Bonjour à tou(te)s !

Pour moi, l’écriture vient d’un besoin de me raconter des histoires, en permanence et depuis quasiment toujours.

Mes parents, qui sont anti-école (et qui maintenant ont une fille prof :roll_eyes:), m’ont appris à lire et à écrire très tôt (vers 3 ans) et ont tout fait pour développer mon imaginaire. Je suis fille unique, j’ai appris très tôt à m’amuser toute seule, essentiellement en me racontant des histoires. Pas spécialement parce que j’étais malheureuse et que j’avais besoin d’évasion (ça, c’est venu après), mais juste parce que le monde en devenait beaucoup plus riche. Je viens d’une famille assez modeste, on ne partait pas en vacances, on ne voyageait pas, mais les livres et leur prolongement dans mes histoires personnelles remplaçaient ça très bien…

Je suis finalement allée à l’école en CE2, en insistant lourdement auprès de mes parents qui me laissaient le choix chaque année tout en essayant de le biaiser. J’étais bonne élève (ce qui étonnait beaucoup la maîtresse, après ces années d’école à la maison - je précise que j’étais évidemment contrôlée par un inspecteur de l’Education Nationale qui venait entre 2 et 3 fois par an vérifier que tout se passait bien chez moi) mais j’écrivais très très très lentement et très très très mal (pas l’orthographe, mais la graphie). Je préférais enregistrer mes histoires (avec mon super magnétophone Fisher Price marron tout moche que j’adorais), avec bruitages (mon chat fournissait les sons de toutes les bestioles que je mettais dans mes histoires, je faisais grincer une porte avec une fourchette contre une assiette) et déclamation grandiloquente. Le problème était de me faire relire car mes feuilles étaient quasiment illisibles (et sales, car j’adorais mettre de l’encre partout - oui, j’écrivais au stylo-plume - et tremper mes doigts dedans :roll_eyes:). Maintenant que j’y pense (et que j’ai des élèves tout aussi cracra que ce que j’étais à l’époque), je plains la maîtresse. Sorry not sorry.

Dans ma vie, il y avait deux sphères : la réalité (les gens que j’aimais, l’école, ma famille, Nantes, le XXème siècle) et l’imaginaire (tous les livres que je lisais, et j’en lisais vraiment beaucoup, les rares films que je regardais car on n’avait pas la télé et on n’allait que très rarement au cinéma…). Jusqu’à mon adolescence, ces deux sphères ont été relativement bien distinctes. J’écrivais déjà pas mal, pour le plaisir (évidemment, les rédactions étaient ce que je préférais en français), j’ai commencé plusieurs « romans », souvent inspirés de ce que j’avais lu moi-même. Et puis ma vie a un peu changé à l’adolescence (je vous passe les détails) et il y a soudain eu un grand, grand vide dans mon existence que j’ai comblé comme j’ai pu. En travaillant énormément au lycée (jusqu’en 5ème, j’avais vécu sur mes acquis, la fin de collège avait été plutôt… tranquille - entendez par là que je n’ai pas trop bossé - mais en 2nde, je me suis réfugiée dans l’apprentissage), en lisant encore plus et en écrivant. Beaucoup. Des histoires qui étaient déjà des fanfics, avec self-insert tellement éhonté que j’ai ai honte (je n’avais même pas changé mon prénom), qui me permettaient d’exprimer tout ce que je ne comprenais pas et dont je n’arrivais pas à parler « en vrai ».

C’est à ce moment, je crois, que le « désir » d’écrire s’est changé en besoin. C’était vital pour moi, j’avais l’impression que si je passais une seule journée sans écrire, je n’allais pas survivre. Ca a duré trois ans (2nde, 1ère, Terminale), puis je suis entrée en classe prépa et le travail a remplacé l’écriture. J’ai en revanche échangé beaucoup de lettres (plusieurs centaines de pages) avec mes amies de l’époque, ce qui restait de l’écriture, mais j’ai mis l’imagination de côté. Et quand j’ai finalement eu le concours que je visais, quatre ans plus tard, je me suis retrouvée désœuvrée car je ne travaillais plus pour un but final (avoir le concours) et je n’avais pas grand-chose à faire. Il me restait 4 ans d’études, mais après 4 années de prépa / passage en candidate libre, la fac me laissait beaucoup de temps libre qui m’angoissait énormément. Je n’arrivais plus à écrire. Je continuais à m’imaginer des histoires (je n’ai jamais arrêté), mais elles concernaient la « vraie vie » (j’ai un peu confondu la réalité et l’imaginaire à ce moment de ma vie), mon imagination était un peu bloquée par ces années de travail. Ca a été une période très compliquée à gérer mais je n’ai compris pourquoi que bien après.

Et puis j’ai rencontré la fanfic, par le biais de Sherlock Holmes. Je revivais (bon, et puis je vivais à Séville aussi, ce qui aide beaucoup à se sentir bien). J’ai écrit plusieurs textes sur ce fandom, puis j’ai passé l’agrégation et commencé à travailler. Durant mes premières années en tant que prof, ça a fait exactement comme pour la prépa : je bossais H24, mes journées étaient entièrement remplies de cours, de copies et de merdouilles administratives (et d’opérations et de kiné puisque j’ai eu un assez grave accident de voiture juste avant de prendre mon premier poste) : pas de temps pour l’imaginaire. Ce n’est que plusieurs années après que j’ai pu renouer avec l’écriture, fanfic et histoires originales, lorsque j’ai eu un peu d’expérience en tant que prof (ce qui m’a permis de me libérer du temps pour écrire).

Mais ce n’est qu’en 2016, lorsque j’ai pris une année sabbatique, que j’ai compris que j’avais besoin d’écrire pour me sentir complète. J’avais prévu de voyager beaucoup durant cette année et d’entamer une reconversion professionnelle. En novembre, mes élèves me manquaient et j’ai compris que ma vocation était vraiment d’être prof au collège. Quelques mois plus tôt, j’avais rencontré l’univers de Star Trek et recommencé à écrire des fanfics (j’avais plus ou moins arrêté pendant un ou deux ans en raison de conditions de travail compliquées telles que coma éthylique d’une élève en cours ou attaque de mon collège à la hache par un élève de 3ème - je n’invente rien, je vous jure). J’ai passé mon année à écrire (et j’ai un peu voyagé quand même) et c’est là que j’ai pris conscience de ce besoin viscéral d’écrire. (J’ai mis le temps, vous allez me dire. :roll_eyes:)

Ecrire me permet de trouver mon point d’équilibre (ou du moins ce qui, pour moi, se rapproche le plus d’un équilibre). Le fait de me raconter des histoires (et, accessoirement, de les faire lire aux autres) est ma façon de contrebalancer un réel qui m’a, disons, égratignée. L’écriture est un baume sur toutes les blessures mal cicatrisées de mon adolescence, que je n’ai pas su soigner autrement et qui se sont infectées à certains moments de ma vie, et se rappellent encore à mon bon souvenir dans des périodes de dépression. La crise du covid m’a empêché d’écrire pendant un certain temps (pour écrire, il faut que j’aille auparavant marcher pour me raconter l’histoire dans ma tête : l’inspiration, chez moi, dépend du mouvement - mais entre les confinements et le masque obligatoire qui me donnait l’impression d’un bâillon collé sur ma bouche et sur mon imaginaire, j’ai eu plusieurs mois d’arrêt) et je sais que la période compliquée que j’ai traversée récemment est liée aussi à cette absence d’imaginaire dans ma vie.

Je crois que j’ai fait un peu trop long, toutes mes excuses… :sweat_smile:

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Merci pour ton partage au contraire ! On aime tous lire ici, ce n’est jamais trop long et c’est très riche et précieux, je trouve :slight_smile:

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Eh bien merci pour ces témoignages !
Mais je vois que le divan est libre ! Je m’installe donc pour quelques minutes.

L’écrit a toujours pris une place importante dans ma vie, grâce à mes professeurs de français et d’histoire au collège et lycée. Elles et ils ont réussi à faire miroiter les infinies possibilités du style - la finesse des émotions, la puissance du verbe, la légèreté du rêve, la rigueur du raisonnement, l’habileté des démagogies…

L’écriture pour moi c’est d’abord la lecture…
A chaque âge ses découvertes - Hugo, Sand, Camus, De Beauvoir, Giono, Tolkien, Nothomb et tant d’autres - mais toujours la sensation délicieuse que ces géants nous tendent une main magnanime pour nous élever au-dessus de la grisaille des jours.
Avec Tolkien, une révélation capitale - pour moi, hein, à chacun ses marottes - la preuve qu’une approche linguistique pouvait rivaliser avec des siècles de construction mythique et religieuse pour proposer une cosmogonie profondément attrayante.

Le besoin viscéral de transmettre cette source inépuisable de joie que sont les bouquins s’est traduit, après les devoirs, compositions, rédactions et autres essais imposés dans la scolarité, par le besoin d’extérioriser des histoires.
Longtemps ce désir s’est concrétisé dans les jeux de rôle - entendons-nous, un jeu réunissant des humains autour d’une table, pas un jeu video ! Une école exigeante pour la construction des toiles de fond et des mobiles politiques, mais qui laisse les personnages aux mains des joueurs…

Parmi mes plus beaux souvenirs avec mes filles, il y a ces séances de lecture - avec la juste exagération de ton, s’il vous plait ! - puis ces discussions autour de « pourquoi j’aime ce livre »…
Il fut un temps où j’ouvrais leurs horizons à d’autres thèmes. A présent c’est l’inverse !

Actuellement, il y a ce truc qui travaille en profondeur et murit lentement. Une idée de roman des origines. Je pense que la naissance se fera à ma retraite !

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Salut,

Cette année pour moi

je vois que certaines de vos histoires sont semblable à la mienne. Il y a également des choses que je pensais être seule à faite mais que certains font aussi tel que :

C’est pareil pour moi alors ma maison d’été en pleine campagne est un bonheur. Il m’arrive de partie plusieurs heures.

Ou bien

Je fesais et fais pareil

J’ai aussi peut du regard des autres et seul ma meilleur amie est au courant avec mes parents mais aucun d’entre eux na lu une seul de mes fics

Sinon, @Alresha ton histoire me fais penser à la vie d’une amie mais sans l’écriture (elle est allée pour la première fois à l’école en 6e, elle rêve de devenir prof, elle ne part jamais en vacances)

Bye

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