Bon, j’ai vu La guerres des Rohirrim la semaine dernière et je ne vais pas bouder mon plaisir : malgré quelques défauts, c’est le truc le plus enthousiasmant que j’ai vu sur l’univers de Tolkien depuis un moment (bon, en même temps, le dernier truc que j’avais vu c’était Les anneaux de pouvoir S2… kof, kof).
Sans spoiler :
Visuellement c’est très propre avec une animation très esthétique qui gère bien le contraste entre le design des personnages (assez à l’ancienne avec un style qui rappelle des anime des années 2000 comme Samouraï Champloo et Ghost in the Shell) et des décors/paysages somptueux qui ont parfois des allures hyper réalistes. Il y a un côté très photographique à certaines scènes (notamment l’ouverture sur les plaine du Rohan, les plans sur les montages enneigées de Helm) et le résultat est soigné. J’ai entendu que certains déploraient le côté saccadé de l’animation : d’un point de vue purement amateur, je n’ai rien perçu de tel et ai trouvé le film très beau 
Au niveau du scénario, il y a quelques grosses faiblesses (j’y reviendrai dans la partie sous balise pour cause de spoiler) et les personnages sont assez monolithiques (c’est pour moi l’aspect le plus gênant du film) mais ça reste dans l’ensemble captivant à suivre : il y a quelques moments épiques (aidés par les musiques d’Howard Shore et un brin de fan-service) et l’intrigue est bien moins prévisible que celle que j’envisageais au démarrage (il y a eu quelques câbles scénaristiques, mais pas flagrants et pas ceux auxquels je m’attendais) et j’ai été agréablement surprise par le dénouement.
Globalement, j’ai beaucoup aimé. Par contre, je pense que les non initiés qui s’attendent à de l’action à gogo vont avoir du mal avec l’aspect film d’animation japonaise à l’ancienne du film : il y a quelques moment épiques mais aussi des instants contemplatifs (pas des longueurs, hein) à l’ambiance poétique et quelques instants incongrus (j’y reviendrai aussi sous spoiler) qui nuisent au réalisme qu’ils ont pourtant cherché à atteindre dans la majeure partie de l’histoire.
Divulgâchons comme disent les Canadiens ;)
Alors, sur les faiblesses du scénarios (il y a matière à grincer des dents), les points m’ayant le plus gênée sont le démarrage – ridicule – du conflit entre le Rohan et le fils de Fresca (personnage très mal écrit dont la folie vengeresse aussi bien que son obsession pour Héra sont très mal amenées) et destin de jeune fille bouclier d’Héra (le concept ne m’a pas beaucoup convaincue d’ailleurs, même si je trouvais le personnage intéressant).
Il y a quelques passages sont hautement improbables : on laisse le plus jeune fils du roi à l’arrière avec son cheval moribond, personne pour le prendre sur sa propre monture – y’a que celui d’Héra qui était assez en forme pour porter deux cavaliers ? --, pas un soldat pour rester avec lui en renfort et personne pour lui conseiller de ne pas prendre un canasson à moitié cané avant le début des combats ? Le Roi Helm est supposé être un grand roi, une force de la nature (un mélange de Théoden et d’un héros immortel de Shonen Nekketsu… j’y reviens juste après, vu que c’est la scène la plus folle, épique mais paradoxalement abusive du film :')), par contre il n’a pas une once de jugeote et réagit de manière complètement irrationnelle sur plusieurs passages sans que ça ne gêne le moins du monde son entourage (bon, c’est peut-être un aspect réaliste; le pouvoir qui isole et corrompt les meilleurs ?) et il vire son propre neveu pour une broutille ; l’amitié d’enfance d’Héra pour Wulf – qui a pris fin quand elle l’a blessé ? – est un élément qui aurait pu être intéressant s’il avait été exploité de manière plus précise (là, on a du mal à s’émouvoir de la trahison de Wulf/dilemme d’Héra, vu la faiblesse de ce qui a été présenté entre eux comme enjeu); le clin d’œil final sur Gandalf (eh bah, s’il avait été alerté de si longue date que les orques recherchaient des anneaux, il a tout de même bien manqué de sagacité du temps des aventures de Bilbon).
Alors, la scène de la mort de Helm… perso, j’ai été émue, hein, vraiment (d’ailleurs, avec le coup des aigles, c’est la scène que j’ai trouvée la plus émouvante du film), mais qu’est-ce que ça vient faire dans un film qui était jusque là réaliste dans la gestion des morts ? ^^" Par exemple, tu prends un gros coup de poing dans le crâne ou une flèche bien placée tu meurs; par contre méga spoiler t’as brusquement, un vieil homme en convalescence – qui s’était pris 3 flèches dans le torse – qui se balade à moitié nu en plein hiver plusieurs jours d’affilée en liquidant sans armes des soldats ennemis/orques à la sauvette, qui dégomme un troll à mains nus puis entrouvre – toujours avec ses grosses paluches :') – les portes du gouffre avant de s’offrir une longue mort épique, insubmersible face à des cohortes d’ennemis… bah, c’est très cool, mais ce n’est plus l’univers de Tolkien avec une version « berserk » de Theoden, c’est carrément Barbe Blanche de One Piece xD
Pour ce qui m’a gênée dans le concept de la jeune fille au bouclier, c’est d’une part le postulat de départ : on introduit le personnage d’Héra comme si elle avait été volontairement effacée de la légende des Rohirrim alors que son peuple lui doit la vie (ce qui est le cas, vu qu’elle joue un rôle crucial) mais ce n’est pas justifié par la fin. Tout le monde lui est très reconnaissant et son cousin – qui considère que c’était légitimement elle qui aurait dû monter sur le trône – est archi élogieux à son égard… dans ses conditions comment et surtout pourquoi aurait-elle pu être oubliée de toutes les légendes moins de 200 ans plus tard ? Cet élément n’a aucun sens. Ah et pour l’aspect « vierge guerrière », je comprends le concept mais perso, ça m’a plus fait grincer des dents qu’autre chose, même si Héra reste un personnage féminin intéressant sans trop en faire dans le girl power : la force et le courage des femmes Rohhirim dépend de leur virginité ? Comme celle de Samson dans sa chevelure ? Ahem xD