L'émotion est-elle dans l'oeil de celui qui lit?

Dans ce cas, ne lit surtout pas le livre ! Il y a une scène (assez jouissive de mon point de vue, mais assez gore), qui n’a pas été adaptée au cinéma, dans laquelle Kathy Bates passe allègrement un coup de = tondeuse sur le corps d’un policier venu libérer Paul Sheldon. Je me souviens m’être dit que cette scène était tout simplement géniale. Et ce n’est pas la seule scène qui m’a marquée dans la bibliographie du King : une scène du livre Christine m’avait aussi beaucoup impressionné, d’autant plus qu’elle n’était pas non plus dans le film ; une scène dans laquelle la voiture rentrait carrément dans une maison en défonçant les murs pour achever sa victime.

Alors c’est marrant mais en lisant le livre de Stephen King Ecriture : Mémoires d’un métier, j’avais eu la nette impression que King n’aimait pas trop le choix de James Caan pour incarner le rôle de l’écrivain. Cet élément fait peut-être partie de ton désagrément. Personnellement, le choix de l’acteur ne me dérange pas, bien au contraire.

Les slasher et les films gores ne me déplaisent pas en soi. Ce sont surtout les jumpscares et autres screameurs qui me dérangent. C’est pourquoi bien souvent ce sont plutôt les films fantastiques avec des démons qui peuvent apparaître à chaque coin de rue qui me font le plus peurs. Mais ce que je préfère, c’est lorsque les auteurs se concentrent plutôt sur l’ambiance que sur les frayeurs qu’ils veulent procurer.

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Mé kesse ke ça veut dire ? :sweat_smile:

Je trouve ton raisonnement super intéressant, mais je suis en complet désaccord (nan en désaccord partiel). :grin:

En fait, je trouve que ce que tu dis fait écho au « niveau d’exigence » que j’ai évoqué. Seulement pour moi il n’est pas corrélé à l’écriture (au fait qu’on soit « écrivain » même très amateur), ça dépend des caractères, des habitudes, du vécu…

Ça me rappelle aussi des discussions de psycho sur la différence entre l’empathie émotionnelle/intuitive et l’empathie intellectualisée/théorisée. Beaucoup de gens croient que si on a besoin d’intellectualiser les sentiments c’est qu’on est insensible ou moins sensible que les autres. Je crois que c’est totalement faux, c’est un fonctionnement cognitif différent, c’est tout.

Eh ben par contre je suis totalement d’accord avec ça !
Une des raisons principales pour lesquelles j’aime écrire dans l’univers de Pokémon c’est qu’il me permet de créer mes propres personnages. Je ne récupère que la faune, la technologie et la géographie. Je n’aime pas utiliser les personnages des autres, même ceux que j’adore, car je ne me sens pas du tout à l’aise avec. Ils ne sont pas « en moi », donc je ne peux pas les comprendre aussi bien que les miens. Ça me gâche mon émotion, quand je me relis je me dis « on voit que ce ne sont pas les « vrais » personnages ». Mais paradoxalement, tu as raison, les personnages déjà connus bénéficient d’un capital sympathie et de l’empathie des lecteurs avant même de commencer la lecture de la fanfic.

Malheureusement non, ce n’est pas une formule magique. L’empathie n’est pas universelle. Elle dépend de la comptabilité générale lecteur/auteur dont tu parlais.
Comme disait Oldie dans son message introductif, elle active des commentaires de gens émus parfois aux larmes sur des textes et elle ne ressent rien. Ça m’arrive aussi souvent, notamment sur des textes que plein de gens adorent. Parfois je comprend pourquoi en théorisant (celle qui raisonne ce que les autres ressentent), et parfois je me dis juste « les gens ont des goûts chelouds ou c’est moi qui suis bizarre ».

Soit dit en passant, le commentaire est un biais d’analyse. Peut-être que certaines fics sont géniales et adorées mais que personne ne les commente, alors que certaines fics lambda sont très commentées parce qu’ils proviennent de la communauté du forum et reflètent l’entraide ou l’affection entre auteurs.

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Pour le peu qu’il y en a sur le site, de toute façon… ^^"

Outre la 1ere partie qui se discute, pour la suite je parlais surtout de ma façon de faire en tant qu’auteur. Mais ça reste subordonné à tout ce que je disais plus tôt, donc la 2e question de oldie s’inscrit déjà directement dans la 2e « étape » où on considère qu’il y a déjà un rapport de style entre l’auteur et le lecteur. Sur les textes où tu ne ressentais rien, est-ce que malgré tout tu adorais le texte à côté ? Est-ce que tu trouvais le texte bon, sans pour autant ressentir la même chose que les autres ?

Et pour moi, comme dans ton exemple d’ailleurs où tu ne comprends pas où les autres trouvent l’émotion et que tu es obligée de rationaliser, l’émotion rationalisée est due déjà à un échec de ressentir une émotion primaire par rapport au texte. La rationalisation met une distance entre le personnage que tu considères comme objet et que tu penses objectivement. Tout l’intérêt de l’empathie n’est-il pas de ne faire qu’un avec le personnage et donc de réduire la distance entre soi et lui plutôt que de le penser comme un extérieur ?

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C’est pas faux.

Ça dépend. Trouver le texte bon, oui ça peut, mais je dois reconnaître que je suis assez insensible aux belles plumes.
J’aime les traits d’esprit surtout, sinon entre une écriture simple et une complexe, une maîtrise de l’art ou un truc basique, je m’en fiche complètement. J’ai même plus de mal avec les descriptions longues et détaillées. Il faut que le mouvement et l’action arrivent vite et que les dialogues soient bons, c’est tout ce que je demande, mais au final c’est assez difficile à trouver (enfin en fanfic si, c’est facile, surtout chez les jeunes auteurs, mais là tu as d’autres problèmes comme une grammaire lamentable ou un style script et finalement ça ralentit la lecture jusqu’à la stopper totalement).
Je reconnais la qualité sans ressentir d’émotion.
Mais il m’est arrivé de ressentir des émotions sur des textes (très/trop) simples et parfois un peu clichés, tant que le cliché me plaît. Je soupçonne que ce soit la même chose pour d’autres lecteurs.

C’est en ça que je disais que l’empathie intellectualisée est un mode de fonctionnement comme un autre. Ça met de la distance, oui et non, oui parce que ça limite les débordements chez les gens qui ne savent pas gérer les émotions, les contenir, ou qui ont besoin de ça pour agir et ne pas faire n’importe quoi sous l’impulsion, mais ça permet de comprendre l’autre (l’auteur comme le personnage fictif). Sinon l’empathie intuitive n’est que synonyme de compassion, on a l’impression d’être proche mais ce n’est qu’un état temporaire.

Théoriser les émotions peut être une façon d’aimer comme une autre. Combien de fans de Harry Potter ou d’autres univers larges ressentent le besoin de tout analyser et d’expliquer les trucs ? C’est une extension de leurs émotions, ça permet de prolonger le plaisir de la lecture, de la découverte, en analysant la chose. Pour faire une comparaison un peu bête : c’est comme prendre du plaisir à résoudre une équation ou à faire un dessin. Il y a l’émotion pendant l’acte et ensuite se flatter l’égo en repensant à toute la technique que ça a nécessité. Comprendre comment quelque chose fonctionne donne du plaisir, y compris comprendre les sentiments des autres.

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Tout pareil pour moi. Et, surtout, je ne crois pas qu’on « ressente moins » quand on écrit par ailleurs. J’écris précisément parce que j’aimerais que mes lecteurs ressentent des émotions proches de celles que je peux ressentir en lisant un livre. Je suis capable d’analyser un texte et de comprendre pourquoi il m’a émue (ou non), mais quand je suis prise dans la lecture, je laisse ces compétences au placard et je me laisse prendre par l’histoire, le style, le rythme… Cela ne m’empêche pas de me poser des questions, ponctuellement, comme tu le dis très bien, @fulmineo, sur la manière dont l’auteur m’a embarquée dans son texte. Mais durant les passages « forts » (quelle que soit l’émotion d’ailleurs), je suis entièrement dans le récit.

Je suis d’accord avec ça. L’intellectualisation peut également être un moyen de mettre à distance des émotions / sentiments qui peuvent effrayer (parce que trop puissants, ou simplement impossibles à gérer à leur état brut). De plus, la compréhension est en soi un plaisir (sinon, personne ne prendrait le temps de se renseigner sur les fandoms pour les connaître dans les moindres détails !).

Ca, c’est une question très intéressante ! Est-ce que vous pouvez apprécier un texte uniquement pour ses qualités littéraires alors qu’il ne vous « embarque » pas ? Pour ma part, je sais que l’inverse n’est pas vrai (je ne peux pas aimer un texte que je juge « mal écrit », même si les thématiques me touchent : l’émotion est bloquée par le style) ; je peux apprécier un texte très bien écrit uniquement pour ses qualités littéraires mais je ne le relirai probablement pas. (Je relis beaucoup, beaucoup, beaucoup.) L’empathie est déclenchée chez moi par une proximité avec le personnage et sa situation + le fait que l’auteur soit capable de m’entraîner, par son style, dans des territoires émotionnels profonds.

PS : je dis des trucs que @Tracy a dits juste avant, désolée, j’ai écrit mon message en parallèle et je n’avais pas vu le tien…

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Bon je voulais me prolonger en raisonnements mais finalement flemme, on dit un peu la même chose xD Ca leur permet de gérer l’émotion justement car ça en diminue l’intensité générale, disons « objective » (ou universelle) (même si une émotion « objective » est un non-sens car forcément ressentie par un sujet). Mais effectivement, au final, pour cette personne qui ne sait pas gérer l’émotion de base, ça va augmenter ce qu’elle ressent, justement car quand elle est trop puissante elle n’arrive pas à la distinguer et à la faire sienne. En ca tu as complètement raison, c’est vraiment propre à chacun.

On ne peut pas limiter l’empathie à la compassion =O La compassion c’est très négatif (même s’il y a un effet positif), ça revient à partager les souffrances de l’autre. On ne peut pas limiter l’empathie à ça ! On peut aussi être heureux, en colère, rire, etc…

Et oui ce n’est qu’un état temporaire ! C’est ça qui fait la puissance de la chose. D’ailleurs, ca m’arrive rarement d’allumer les chaînes intelligentes, mais une fois j’étais tombé sur France culture et sur une autrice (assez âgée), qui avait dit quelque chose qui résonnait assez fort : « Les écrivains sont toujours très jaloux des musiciens ». A savoir que le musicien fait vibrer l’instant présent et permet d’exprimer pleinement l’émotion, que la note qu’il joue aujourd’hui, même avec un mouvement presque identique, ne sera jamais la même demain. Tandis que l’auteur lui, se sert des mots, qui lui permettent de s’exprimer, mais limitent aussi précisément ce qu’il peut exprimer. Il y a des « intervalles » entre les mots qu’on ne peut pas atteindre. Et là où ce que fait l’auteur reste, ça n’atteint donc jamais la liberté d’un musicien qui fait vibrer le moment présent. Une fois passé le moment présent, c’est le souvenir qui permet de faire perdurer l’émotion (au niveau de l’empathie intuitive).

Oui effectivement ! Mais comme tu le dis si bien, c’est une « extension », un prolongement. C’est ce qui vient ensuite de l’émotion primaire. Et effectivement, on peut y éprouver du plaisir (moi compris :stuck_out_tongue: ).

Oui le tout c’est de distinguer son moi « auteur » de son moi « lecteur ». Je pensais plutôt à celui qui lit comme il écrit. Mais comme Tracy l’a bien dit, le fait de poser une certaine distance entre le texte et soi peut permettre de mieux appréhender les émotions pour certains.

C’est vrai, mais dans ce cas ce n’est plus l’émotion liée directement au texte (j’insiste sur le directement). C’est une émotion indirecte de découverte (et c’est incroyable de pouvoir faire dire « j’ai envie d’en savoir plus sur cet univers ! » à quelqu’un qui a lu l’un de nos textes).

Un client compliqué ? :stuck_out_tongue:

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Alors sémantiquement parlant, je ne suis pas d’accord avec cette assertion. Quand on souffre avec l’autre c’est qu’on est en sympathie, pas en compassion.

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Je suis pas qualifié moi madame, j’ai pris la définition du Robert :x

nom féminin

  1. Sentiment qui porte à plaindre autrui et à partager ses souffrances.
    Avoir de la compassion pour qqn (compatir).

La sympathie c’est plus générale, on peut avoir de la sympathie pour un vieil ami. Il ne souffre pas forcément, on l’aime bien, mais on ne le voit pas souvent. Il nous évoque quelque chose de sympa. Je dois avouer que j’ai un peu de mal à le lier à la souffrance.

Le Robert n’en parle pas dans ses définitions mais le Larousse évoque effectivement partager « la peine » d’autrui.

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Coucou !
Alors, quand je vous lis, je comprends pourquoi j’étais archi-nullos en philo ^^. Je n’élèverais donc pas grandement la conversation mais je pense que l’émotion en littérature, c’est comme dans n’importe quel art, ça reste très subjectif. Qu’est-ce qui fait qu’on est attiré par un tableau par exemple ? Ca peut être les couleurs, la technique du peintre pour ceux qui y sont sensibles, le sujet traité, tout ça tout ça.

Pour le côté technique, en tant qu’auteur pour rendre une émotion, je pense qu’on tape assez juste quand on essaie tout simplement de se mettre dans les pompes du personnage (empathie, sympathie, compassion, appelez ça comme vous voulez).

Moi, j’aime bien développer un petit détail qui peut paraître insignifiant et le monter en épingle, pour le rendre presque obsessionnel, un truc qui renvient hanter les souvenirs et qui ravive sans arrêt l’amertume, la peine ou qu’importe. Peut-être parce que je suis moi-même un peu comme ça ? Je ne sais pas ^^ peut-être. (Et c’est pas sûr que ça marche ^^)
Faudrait que je m’auto-analyse … :face_with_monocle:
suis pas sortie de l’auberge, j’vous l’dis ! :scream:
:partying_face:

Parenthèse : j’adore les personnages de vice-versa que @OldGirlNoraArlani a mis dans le lancement du sujet. La caractérisation des émotions est vraiment bien faite dans ce dessin animé. Ca peut d’ailleurs aider aussi pour le « show it, don’t tell » dans le sens : comment on réagi quand on est triste, en colère, terrorisé … c’est pas juste, « on pleure » « on devient tout rouge », « on tremble », c’est des petits détails, des expressions, des attitudes … c’est sympa à décortiquer.

7 « J'aime »

Je n’ai pas le monopole de l’analyse non plus :sweat_smile:
Je n’ai juste pas de vie.

Et ce que dit Alresha aussi.

Il faut que j’aille revérifier la définition du coup, dans ma tête la compassion n’est pas que liée à la tristesse. Pour moi c’est adhérer aux sentiments de l’autre en plus de les ressentir. L’empathie c’est comprendre l’émotion et la ressentir, mais la compassion c’est faire sienne l’émotion de l’autre. Merci @ensorceleurisee qui a rebondi avant moi. Mais à vérifier donc, ailleurs que dans le Robert (CNRTL et bouquins de psycho, voire de philo comme dit Angeldust) (Alors visiblement le CNRTL maintient la dimension négative du truc, les psys sont plus larges et englobent plus de nuances.)

C’est vrai pour moi, je ne suis pas sûre que ce soit une généralité. Mais je suis aussi jalouse des dessinateurs et des linguistes donc bon. :sweat_smile:

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Euh oui, c’est surtout que je citais ton passage.

Oui après niveau académique je ne sais pas trop :x A l’usage commun, « je compatis » est souvent lié à un décès ou une peine. On dit rarement « je compatis » à quelqu’un qui vient de trouver un boulot (encore que… xD). Après niveaux racines latines apparemment c’est un peu pareil sympathie et compassion.

Tu es de nature jalouse alors ? :stuck_out_tongue:

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J’en envie de te dire non et souvent je dis non mais je crois que je me voile la face. :rofl:
Je fais partie de ces gens qui, sur le plan intellectuel et des talents, se concentre sur ce qu’elle n’a pas, au lieu de ce qu’elle a. :sweat_smile:

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Hors sujet, mais à chaque fois que je vois ce titre je peux pas m’empêcher de lire « L’émotion est-elle dans l’oeil de celui qui RIT » xD

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