L'émotion est-elle dans l'oeil de celui qui lit?

Salut à tous,

Cela fait quelques jours que je voulais lancer cette question, parce que je valide des commentaires sur le site.
S’ils sont élogieux ou enthousiastes (ou tout le contraire), j’ai envie de savoir pourquoi.

Et c’est souvent là que, perplexe en constatant combien un texte « émouvant » ne me touche pas, :sweat_smile: je me dis : l’adage « la beauté est dans l’oeil de celui qui regarde » est-il transposable sous la forme « l’émotion est dans l’oeil de celui qui lit ? »…

Où l’émotion réside-elle ?
Intrinsèquement dans le texte ou seulement chez le lecteur qui y est sensible ?

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Et en tant qu’auteur quels sont les moyens ou astuces que vous utilisez pour susciter de l’émotion chez vos lecteurs et lectrices ? (toutes les émotions pas seulement la tristesse)

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L’émotion passe par l’empathie et l’empathie par l’identification et/ou l’attachement.

Puisque tu évoques les commentaires, je trouve que le chapitre « Rendez-vous à l’aube » de MegOu26 dans « A toute épreuve » se prête bien à la démonstration. La description du malaise d’Alexis en boîte de nuit a fait réagir beaucoup de monde par son réalisme. Oui l’émotion est là, mais parce que visiblement on est quelques unes ici à avoir déjà ressenti les mêmes sensations. Certes c’est bien écrit et ça joue beaucoup sans doute, mais à mon sens le vrai secret des cinq commentaires publiés à ce jour et qui disent tous exactement la même chose, c’est le vécu de l’auteure et des lectrices. On l’a toutes vécu, alors on a toutes de l’empathie pour Alexis.

Donc, à mon sens, OUI, l’émotion est dans l’œil de celui qui lit. Les émotions réelles du moins.
Les émotions fictives peuvent être plus ou moins efficacement décrites, certes, mais si on n’aime pas le personnage ou si on ne se projette pas sur lui, l’émotion ne se transférera pas du personnage au lecteur (ah les états d’âme d’Harry Potter… Que j’avais juste hâte qu’il crève sous la baguette de Voldemort ce sale gosse !)

Nous ne sommes pas tous sensibles aux mêmes choses. On le voit bien face aux faits divers et aux drames de notre monde (catastrophes, attentats…) par exemple, on n’est pas tous aussi perméables aux souffrances des autres êtres vivants. Je le savais avant, mais je n’en ai perçu la pleine mesure que depuis que j’ai un enfant. Désormais je ne peux plus regarder de fiction avec des bébés qui souffrent. Je ressens une telle angoisse que c’est insupportable. L’émotion est trop forte dans ce cas, alors qu’avant je trouvais ça moche mais je pouvais regarder.

Personnellement, je n’ai pas d’astuce, je me concentre sur ce que moi je ressens. Si je trouve ça émouvant (d’une quelconque manière) je le garde et je le publie.

Cela dit, je remarque que, pour certains de mes textes, quand je les rouvre 5, 10, 15 ans plus tard, certains me font toujours autant d’effet alors que d’autres me laissent sceptiques… L’émotion ne revient pas, je ne sais pas pourquoi.
Et chose étrange, c’est affreusement indépendant du style d’écriture.

Par exemple, il y a quelques mois, j’ai ouvert des vieux chapitres d’une fanfiction que j’ai publié (ailleurs) il y a plus de 15 ans. C’était horrible à lire, car rédigé en style script de film (Perso : 1 (état émotionnel) blablabla / Perso 2 : (état émotionnel) blablabla), sans parler des fautes de grammaire, plus abondantes qu’aujourd’hui, et du vocabulaire moins riche. Pourtant, je me suis marrée comme une baleine, pas parce que je me suis dit « oh là là que c’est mal écrit », non, parce que je trouvais déjà ça drôle il y a quinze ans et que je trouve toujours ça aussi drôle ! Mes propres répliques oubliées me faisaient rires !

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Hihi ! C’est à ça que je vois que tu connais tes classiques, Oldie ! Je dis ça parce que c’est une réplique de l’un des meilleurs épisodes de La Quatrième Dimension qui s’appelle justement « L’œil de l’admirateur ».

J’imagine que tu vas nous dire que nous avons 4h pour y répondre, pas vrai ? Plus sérieusement, c’est assez difficile de répondre. En ce qui me concerne, je suis plutôt bon public pour tout ce qui à trait aux livres ou aux films, mais j’ai moi-même mes limites. Je remarque dans mon entourage que certaines personnes sont plus sensibles que moi face à certaines histoires peu importe leurs sources, tandis que d’autres restent impassibles là où je suis prêt à pleurer toutes les larmes de mon corps.

Je crois que cela dépend de pas mal de critères différents, en fait. De mon côté, je suis assez sensible face aux personnages en quête d’identité ou de sens, un peu à part de la société d’une façon ou d’une autre, que ce soit d’un point de vue relationnel ou physique (même si ce n’est pas forcément le type de personnage que j’écris dans mes histoires. Des personnages mal à l’aise qui, petit à petit, trouve leur voie me fascinent parce qu’ils se rapprochent de la situation dans laquelle je me trouve. Les histoires tragiques, si elles sont bien écrites et assez crédibles, peuvent aussi m’émouvoir par beaucoup d’aspects, bien qu’elles ne ressemblent pas toujours à la vie que je mène.

En vérité, je suppose que c’est une question d’empathie : jusqu’où sommes nous prêts à aller pour suivre l’histoire d’un personnage ? Il faut que l’on puisse établir des liens, que l’on puisse avoir des repères. Pour cela, il faut aussi que l’environnement dans lequel ils évoluent soit crédible. Et c’est sûrement ce qui est le moins évident à faire dans les histoires. Rien qu’au niveau des dialogues, il est très difficile de voir un film ou de lire un livre sans se dire que quelqu’un a écrit ces lignes en prenant le temps de poser et de peser chaque mot.

Après, je pense qu’il y a une relation de confiance à placer entre le lecteur et l’écrivain et entre le scénariste / réalisateur et le spectateur. Je suis personnellement plus enclin à me laisser embarquer par une histoire lorsque je sais que le studio, le réalisateur ou l’écrivain qui a établi l’univers est bon dans ce qu’il fait et qu’il a déjà produit des œuvres qui m’ont plu par le passé (ce qui n’est pas forcément gage de qualité, je vous l’accorde). Je ne sais pas pour vous, mais quand je vois le logo Pixar au début d’un long-métrage, je sais que la qualité du film pourra varier, mais je sais en général que je vais passer un bon moment et que je vais sans doute lâcher quelques larmes au passage.

Ensuite, il y a le problème des clichés et des poncifs, qui nous poussent parfois à arrêter de suspendre notre incrédulité le temps d’un film. Même s’il m’arrive parfois de les repérer à des kilomètres, j’ai souvent l’impression que ces clichés nous permettent de baliser le chemin et de garder les fameux repères dont je parlais plus tôt. On sait avec une quasi-certitude ce qui va se passer, mais le fait de voir la chose se réaliser nous emplit de joie.

Enfin, pour revenir sur le fond de la question, je pense personnellement que la sensibilité du lecteur influe évidemment sur l’émotion procurée par le récit. Toutes les conditions peuvent être réunies pour que le lecteur se sente à l’aise et soit embarqué dans l’histoire – son genre préféré, des environnements familiers ou agréablement dépaysants, des personnages pour lesquels on a de l’empathie – mais si l’un des détails manque, tout les efforts de l’écrivain volent en éclat : il n’arrivera pas à toucher ce lecteur-ci, ce qui ne l’empêche pas pour autant d’être accessible pour tout un tas d’autres lecteurs à la sensibilité différente.

Pour moi, c’est totalement ce qui m’est arrivé avec Un monde après l’autre de Jodi Taylor. J’ai carrément décroché en plein milieu, réalisant du même coup que j’avais gâché mon argent dans un livre qui ne me plaisait pas du tout. Pourtant, tout semblait réuni pour me plaire et la couverture était attrayante : des voyages dans le temps réalisés dans le secret, une dimension historique intéressante. Mais j’ai rapidement compris que l’histoire d’amour insipide qui se cachait au milieu était vraiment rédhibitoire pour moi, alors que beaucoup de gens semblaient apprécier le livre.

Bien-sûr, il peut aussi arriver qu’une histoire qui se veut émouvante ne touche personne. Là, j’imagine que l’échec peut-être dû à des causes bien diverses, comme les dialogues, le rythme, les détails qui donnent corps à l’intrigue et qui construisent l’univers, etc.


J’avoue que je ne sais pas trop si les émotions que j’essaye de transmettre sont si efficaces que cela. Je pense cependant que la tristesse est peut-être plus facile à faire transparaître que d’autres émotions comme le rire ou l’horreur : nous n’avons pas de caméra, nous ne pouvons donc pas faire sursauter quelqu’un comme il le ferait dans une salle de cinéma ; nous n’avons pas d’image, il est donc plus difficile de montrer un comique visuel. La tristesse est à mon sens une sensation plus facile à procurer parce que notre empathie peut lui donner un côté plus viscéral sans avoir besoin de trop en dévoiler. Toutefois, tout est possible, et il m’est déjà arrivé de rire aux éclats face à une réplique lue dans un livre ou d’être tendu face à une scène incroyablement bien décrite (la scène de la vieille femme dans la baignoire dans Shining m’a donné des sueurs froides).

En clair, cela dépend du lecteur mais aussi de la sensibilité de l’écrivain et de sa proximité avec le sujet qu’il traite.


Voilà voilà ! J’ai essayé de répondre aux questions le plus sincèrement possible, mais ce n’était pas une mince affaire (surtout qu’à l’origine, je voulais simplement faire la remarque du début pour Oldie :laughing:).

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J’ai hésité à en parler dans mon premier post : une histoire horriblement émouvante pour mon père, et aussi pour moi mais moins que pour mon père (en fait je pleure parce que quand lui la raconte il pleure), c’est le petit soldat de plomb.
Je trouve ce conte fascinant, parce que non seulement le protagoniste n’est pas un être vivant, mais en plus l’environnement dans lequel il évolue est « crédible », oui, mais ce n’est qu’un foutu rebord de cheminée. C’est plutôt la métaphore d’un amour inaccessible et de l’impuissance face au destin via la personnification d’un objet inanimé qui rend le récit poignant.

Je ne citerai pas d’exemple pour ne vexer personne, mais certaines histoires très mal écrites et même mal construites peuvent malgré tout émouvoir des gens. Tout dépend aussi du niveau d’exigence du spectateur ou du lecteur et de sa propre norme en matière de style.

C’est ce que mon père dit. On a eu une discussion la dessus il y a quelques années pour les films qui « font du mélo ». Mon père dit que c’est toujours facile, alors que l’humour est plus subtil, tu peux faire un bide sans comprendre pourquoi. Idem pour l’horreur et l’angoisse en effet. Alors que la tristesse « hop ! » un enfant qui souffre ou un chaton mourant et c’est plié ! Même si certains auteurs sont fichtrement doués… Comme la scène de Seul au monde :
Wilson ! Pardon Wilson !!! à son ballon. :sweat_smile:

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Comme les commentaires ci-dessus, je pense aussi que ce qui joue c’est l’empathie qu’on éprouve le vers le personnage. La scène peut être attroce, si le personnage qui la vit ne me fait ni chaud, ni froid alors je resterai insensible.

Pour transcrire l’emotion, j’aime bien donner au lecteur les clefs de compréhension de mes personnages et user du Show it, don’t tell et des changements de points de vue pour donner des éléments au lecteur sans tout révéler d’emblée.

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Je suis entièrement d’accord avec ces deux points, l’émotion est dans l’œil de celui qui lit À UN MOMENT M.
Comme le dit Tracy, nous ne sommes pas toujours « réceptifs » aux émotions que l’auteur voudrait transmettre; celà dépend, à mon sens, de nombreuses variables, ce qui explique :arrow_heading_down:

Après, niveau écriture personnellement je me laisse porter, j’écris comme ça me vient; je suscite la même émotion que je ressens tant mieux, sinon tanpis !
Le lecteur s’approprie le récit, et ce qu’il va ressentir dépendra forcément de son vécu, et de son humeur au moment où il lit :nerd_face:

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Je pense que l’émotion est très personnelle. Même si il y a des sujets qui touchent pas mal de personne, l’intensité de l’émotion ne sera pas la même chez une personne À par rapport à B.

Pour moi, ce qui jouera et les facteurs qiu pourraient me faire verser quelques larmes (voir beaucoup même parfois) ce serait l’empathie à un personnage comme déjà dit plus haut, mais aussi la vraisemblance d’une scène, le bon dosage et le choix des mots, mon vécu, ma fatigue (ouais… j’suis un vrai chamallow quand je suis fatiguée, parfois, à ces moments-là, même des pubs peuvent me toucher en plein cœur).

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Tu valides tous les commentaires du site ? Toute seule ? :scream:

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Il n’y en a pas tant que ça, de publier en tout cas. Donc à moins qu’on nous épargne les :
« C tro nul sa pue ! Mdr ! » je pense qu’Oldie arrive à dormir entre temps.

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Oh wahou, le sujet trop intéressant !!!

Les deux, je pense. Un texte est la rencontre de l’intention d’un auteur et de l’interprétation d’un lecteur. L’auteur a l’intention de faire passer tel ou tel message, et dans 95% du temps, on peut « décortiquer » le texte pour comprendre justement ce qu’a voulu exprimer l’auteur, et ce qu’il a voulu faire naître chez ses lecteurs. (Je mets 95% du temps parce que je trouve qu’il y a aussi des auteurs dont l’intention est totalement incompréhensible… :roll_eyes:) De son côté, le lecteur décrypte ce message avec les outils qui sont en sa possession : ses connaissances et son analyse du texte mais également son émotivité, le fait qu’il réagisse plus ou moins fortement à tel ou tel thème etc.

Je ne pense pas qu’on puisse dire que l’émotion est TOTALEMENT dans l’œil de celui qui lit. Il y a toujours une intention dans un texte, qu’elle rencontre ou non le lecteur. Mais après, évidemment, c’est plus ou moins bien fait. Et il y a plusieurs types d’émotion : celles qui nous touchent personnellement parce qu’on a été, pour une raison ou une autre, sensibilisé à tel ou tel thématique ; et d’autres, qui sont justement éveillées parce que l’auteur a réussi à susciter en nous une empathie que nous n’aurions peut-être pas éprouvée avec un texte moins bien écrit, ou une scène moins bien jouée / tournée.

Je vais prendre quelques exemples, pas tous littéraires, pour illustrer mon propos. Le premier, c’est Là-haut, qui est un des rares dessins animés devant lequel je pleure même au dixième visionnage. J’en ai parlé avec beaucoup de personnes qui m’ont presque toutes dit qu’elles avaient été émues pendant les 10 premières minutes du film. Je pense que c’est en partie parce que la situation est touchante, et en partie parce que c’est hyper bien réalisé. Le fait de nous retracer la vie des deux personnages sans aucune parole (sauf au début, quand ils sont enfants) et de jouer avec l’implicite (le nuage en forme de bébé, la scène à l’hôpital…) renforce encore plus le côté tragique de la situation à la fin de l’extrait. (Bon je ne vais pas faire une analyse.)

Le deuxième exemple (mais il est plus partial car je connais des gens qui n’aiment pas), c’est Cyrano de Bergerac. Cela fait 7 ans que j’ai des 4ème en classe et que je fais Cyrano parce que j’adore et que je n’arrive pas à m’en détacher. Tous les ans, quand je demande en fin d’année ce qui a le plus plu aux élèves, près de 90% m’écrivent « Cyrano ». Quand je leur demande pourquoi, ils me disent que c’est le mélange d’humour et de tragique qui leur a plu. Presque tous les ans, des élèves me répondent « parce que c’est beau ». Le fait que ça soit en vers ne rebute pas les élèves, ils se laissent bercer et à la fin ils sont sincèrement émus (et, souvent, scandalisés que ça se termine comme ça).

Le troisième exemple, qui est peut-être l’épisode d’une série qui m’a le plus bouleversé de tous les films, dessins animés et séries que j’ai vu(e)s (bon, on met Le roi lion de côté, j’avais 12 ans, ça compte pas :sweat_smile:), c’est un épisode de Buffy contre les vampires. Evidemment, ça paraît un peu bizarre, mais j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en regardant l’épisode « The body » (saison 5) qui raconte la mort de la mère de l’héroïne. C’est tellement juste à tous les niveaux que je ne vois pas comment on peut ne pas être ému devant cet épisode. C’est hyper réaliste (alors que bien sûr, la série est fantastique, ce qui renforce l’effet de surprise puisque le personnage meurt d’une cause absolument pas surnaturelle), beaucoup de scènes sont en temps réel (la scène de découverte du corps - « the body » - est incroyable d’intensité).

Evidemment, les trois exemples que je prends dépendent aussi de ma sensibilité. Ce sont des thèmes douloureux (la mort d’un proche) qui touchent au plus profond de notre être et de nos peurs, mais j’ai vu mourir des tas de personnages à l’écran et j’ai lu la mort de beaucoup de personnages aussi, sans que ça m’affecte autant. Je ne parle pas là de personnages que j’aime particulièrement, et c’est justement ça qui est très fort : oui, j’aime bien le perso de Cyrano mais il n’atteint même pas le top 10 de mes personnages préférés ; Ellie, on ne la connaît que peu ; et je ne suis pas une fan de Joyce dans Buffy. Mais c’est tellement bien écrit / réalisé / fait que l’émotion est là.

Je ne sais pas trop ce que j’essaye de prouver… Bien sûr, on n’est pas tous sensibles à la même chose, et peut-être que si j’avais lu L’ordre du phénix à 15 ans, j’aurais trouvé Harry Potter attendrissant (mais nan en fait il est trop relou ce gosse, @Tracy je suis d’accord :sweat_smile:)…

Moi aussi. Et quand on touche à ces personnages, que j’aime vraiment, je risque d’être émue. Ce que je trouve fort, c’est quand l’auteur ou le scénariste arrive à me faire pleurer pour un personnage qui ne me touche pas à l’origine.

… Et je réfléchirai une prochaine fois à ce que je fais dans mes fics pour créer de l’émotion. Ce qui est marrant, c’est que les fics que j’ai écrites qui semblent « toucher » le plus les gens, c’est celles avec mon OC, donc un personnage qui était plus difficile à apprécier, puisque « hors fandom ». Je vais y réfléchir donc. :thinking:

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Comprendre l’intention et ressentir sont deux choses différentes. Régulièrement, surtout dans les films et les fanfics (je n’ai pas eu le problème encore dans un roman, un manga ou une BD, hormis pour Harry :grin:), on peut ressentir un truc totalement en décalage avec ce que l’auteur voulait transmettre.
Le concept du nanar par exemple vient de là ; l’oeuvre est censée être effrayante, angoissante, émouvante voire romantique, mais elle est juste grotesque au point d’être drôle et parodique sans l’être délibérément (j’exclus ceux qui font des nanards par volonté délibérée).
Les romances aussi parfois peuvent être agaçantes, tous les ingrédients sont là mais en fait c’est juste pénible et on est en colère au lieu d’être ému… Ça mérite que je fasse un lien vers le topic des clichés et qu’on parle de l’effet des clichés sur l’émotion des lecteurs.

Il faut aussi voir ce qu’il y a en face. Il y a quoi d’autre dans ton programme ?
On en a justement discuté avec un collègue vendredi : les livres de l’école qu’on a aimé, qui nous ont marqué et ceux qu’on a détesté. Force est de constater que peu de livres nous ont marqué, mais on n’a pas forcément lu les mêmes vu qu’on a 8 ans d’écart, j’étais dans le privé lui dans le public, et on n’a pas grandi dans la même région. De fait, on s’en rendu compte que nos tops 3 des chefs d’oeuvres et des bouses étaient différents.

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Non mais pour l’émotion, vous avez aussi le droit de parler de ce qui vous fait rire ou peur !

L’humour, comme cela a été dit plus haut, c’est difficile, mais je suis quand même contente quand j’arrive à faire la jonction entre celui d’un auteur et le mien !

Dans le registre « peur » je suis très touchée et hypersensible face à tout ce qui est horreur et souffrance physique (bien décrite par un auteur machiavélique). Au point que je ne peut pas lire, en fait. :pleading_face: C’est une émotion parfaitement bien transmise qui me fait un effet notable : fermer le bouquin très vite et aller me laver les yeux intérieurs pour essayer d’effacer ce qu’ils ont visualisé en imagination.

Si vous voyez qui est Kathy Bates jouant dans Misery, je ne peux toujours pas supporter quand elle pète les chevilles de l’écrivain à grands coups de masse.
Je n’ai jamais pu finir ni même envisager de remettre ça.

Là, c’est clair que c’est dans mon oeil qui regarde… Tandis que pour d’autres, ça passe crème (oui bon, c’est qu’un film)…

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Bien sûr, et il m’arrive très souvent de ne pas ressentir DU TOUT ce que je vois bien que l’auteur voulait transmettre… Ce qui est un peu gênant, parfois. J’ai horreur de lire quelque chose où je vois bien que l’auteur voulait être drôle mais qui ne me fait absolument pas rire, ou bien quelque chose qui est censé être tragique et qui m’ennuie. Je ne sais pas, cependant, si beaucoup de gens rient face à des scènes supposément tristes ou pleurent face à des scènes supposément drôles.

Ahahah l’histoire de ma vie.

Je change souvent, mais, pêle-mêle, Les Misérables (ça marche bien aussi, surtout Cosette et Gavroche), Germinal (des extraits), des poèmes d’amour (généralement, ils détestent), du Maupassant (pas top pour le fantastique, mais les élèves adorent les nouvelles réalistes à chute), du fantastique divers (inégal au niveau de la réception), Le Cid (ils n’aiment pas trop le lire mais les thèmes abordés - honneur contre amour - leur parle beaucoup et les fait parler beaucoup) ; au niveau des visionnages, j’ai fait avec eux du Buffy, justement, et là je vais commencer Sherlock Holmes (livre + série pour étudier la manière dont est faite l’adaptation, je ne sais pas ce que ça va donner). L’année de 4ème, c’est l’année des classiques. Je ne cite que ce que j’ai fait récemment. D’une manière générale, les élèves aiment lire des textes et en parler ; je ne dis pas que ça les passionne tous, mais ils s’intéressent quand même pas mal à ce qui se passe en cours (quand ce n’est pas de la grammaire : là, j’ai plus personne et même moi j’ai envie de dormir :roll_eyes:).

Pareil. Je hais viscéralement tous les films d’horreur, le pire pour moi étant ceux qui se passent dans un univers relativement réaliste. Je ne suis pas une fan du fantastique ou des films d’horreur avec des créatures cracra, mais la suspension d’incrédulité fonctionne beaucoup, beaucoup moins bien et donc je peux éventuellement voir un truc qui fait un peu peur si ce n’est pas crédible.

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C’est marrant ça, moi je peux le lire mais je ne peux pas l’écrire (parce que si je l’écris, je dois l’imaginer, le théoriser, le visualiser et ensuite le mettre par écrit. Or, visuellement au cinéma, j’ai du mal, comme je trouve la lecture moins immersive, je supporte mieux la souffrance écrite que montrée, mais quand j’écris mon imagination fonctionne mieux et plus en détail que quand je lis alors je bloque).

Ça fait longtemps que je n’ai pas vu Misery. Je devrais le regarder à nouveau pour m’en souvenir. Je l’avais moins apprécié que beaucoup d’autres de S. King, mais je ne me rappelle plus pourquoi.

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La question piège à 1000 euros : que faut-il ressentir devant la scène de GOT quand La Montagne crève les yeux d’Oberyn la vipère ? :sweat_smile:
Déjà Oldie ne peut pas regarder la scène… :nauseated_face: Apparemment beaucoup de gens rigolent devant la scène, des collègues et des amis notamment. De mémoire, moi j’étais juste là : « mais le retournement de situation il est trop gros et trop rapide » J’étais déstabilisée, mais je n’ai pas rigolé. Par la suite oui, mais parce que les gens en ont fait un meme internet, je me suis habituée à la voir comme une scène de nanar justement, cela dit je reste sceptique sur la volonté initiale des scénaristes.

Ouais. C’est super stressant pour moi qui écrit régulièrement des romances alors que j’en consomme peu, précisément parce que je suis vite blasée et agacée. Alors quand j’écris je me demande : c’est trop cliché ? C’est trop cucul ? Et si les lecteurs ça les gave ? Et s’ils n’aiment pas mes personnages ? :cold_sweat: :scream:

Hum, donc au final Cyrano sort du lot parce qu’en face ce n’est - à mon sens - pas adapté à des ados de 14 ans du XXIe s. (Si on prend le livre comme un plaisir/loisir, pas sur le plan de l’apprentissage du Français et de la Littérature, où ils se justifient pleinement.)
Mon collègue avait beaucoup aimé le Cid, mais je ne m’en souviens malheureusement plus. Personnellement, j’aime « Le jeu de l’amour et du hasard », je ne sais plus en quelle année je l’ai lu.

J’aime beaucoup les films d’horreur, enfin une partie du registre, majoritairement ceux qui bercent dans le Fantastique (ceux sur les fantômes, les démons, les monstres bizarres, les aliens…), je suis moins adepte des slasher qui tombent souvent dans le nanar. Je n’aime pas le gore en revanche (genre Saw c’est beurk).

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Réponse d’Alresha : du dégoût. :sweat_smile: (Non mais en fait j’ai dit à mon copain « je sais ce qui va se passer, on m’a prévenue, je vais fermer les yeux et me boucher les oreilles et tu me tapoteras le genou quand ça sera terminé ») Je peux comprendre que certains trouvent ça marrant parce que c’est outré mais tout ce qui est violent est pour moi inregardable et illisible. (Surtout si ça touche à la langue, mais je ne vais pas en parler. :confounded:) Cela dit je trouve qu’Oberyn n’est pas IC dans cette scène parce qu’il se fait avoir comme un crétin et ça m’a dérangée.

C’est marrant de ne pas aimer les romances et d’en écrire. Cela dit, je comprends tes interrogations.

Je ne vais pas poursuivre ce débat ici, mais je ne suis pas d’accord, parce que j’enseigne en 4ème depuis longtemps et que je vois les élèves sincèrement intéressés par ces textes. Pas tous, bien sûr, mais la majorité. (Je ne parle pas de lire le roman dans son intégralité, je parle de textes choisis ou d’éditions abrégées.) J’en parle souvent avec eux et certains préfèrent, par exemple, Les Misérables ou Cyrano à des livres pour ado qu’ils ont choisi de lire en dehors de mon cours. (Si, si, je vous jure.)

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Eh bah voilà une scène qui ne m’a rien fait du tout, car je n’étais pas en empathie avec Oberyn. Il pouvait mourrir ! Rien à faire de lui ! :grinning_face_with_smiling_eyes:
Globalement, GoT ne n’a pas émue /attristée aux moments attendus.
Je me souviens plutôt de moments intellectuellement jouissifs. Tiens la mort de Joffrey par exemple ! Celle d’un paquet de méchants en fait (coucou Ramsey !).
Là j’ai regardé : rien. Pas un point blanc devant les yeux, pas un bourdonnement dans les oreilles, pas un fondu au noir. Nickel. Juste un point levé avec le sourire et un gros YES ! :laughing:
Une émotion très agréable en fait.

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Alors je ne sais pas si ça répond à la question mais je pense que l’émotion réside dans la mentalité du lecteur et la manière dont les précédentes émotions l’on affectée .
Dans une histoire ou l’auteur ne retranscrire pas ses émotions constamment le lecteur pourra ressentir plus facilement des émotions pour des éléments moin mis en avant (personnages ,décore et intrigue)
Bon en me relisant je ne sais pas si ce que j’ai écrit est compréhensible donc pour résumer moin l’auteur ne trace une ligne directrice plus le lecteur risque d’impliquer ses émotions dans l’histoire.

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On a 4h ? J’espère que ma réponse ne sera pas notée, j’ai déjà une transpiration traumatique qui arrive de mes années philo’ :grimacing: . Et ça y est, j’ai peur !

Question intéressante et, à mon sens, contre-productive ! Car qui ne ressent pas moins que celui qui essaie de raisonner ce qu’il ressent ?.. (vous pouvez la ressortir au dîner de famille).

Un peu d’humour mais je le pense quand même. Où se trouve l’émotion ? Une chose me semble évidente dans la lecture, celui qui ressent le moins en lisant, c’est celui qui écrit par ailleurs. Car, comme on le fait là, il pense à ce qui est écrit : comment c’est écrit, qu’est-ce que l’auteur a voulu dire, à quel dénouement ces éléments nous mènent-ils ? Et tout ça fait que le lecteur-auteur n’est plus focalisé sur l’émotion qu’il pourrait ressentir, mais sur la manière dont l’auteur a voulu la construire : et adieu l’émotion. Donc pour moi il faut d’abord distinguer quand on lit de quand on écrit !

Ensuite, comme ça a été dit plus haut, je pense que l’émotion est partagée : le lecteur a sa part de « responsabilité ». Il faut que le style de l’histoire plaise au lecteur, qu’il ait envie de la lire, et ensuite qu’il soit plus sensible à telle ou telle émotion suivant son caractère. Mais si le style plait, et donc que tout simplement le lecteur lit l’écrit au lieu de le reposer sur le présentoir, c’est quand même à moitié gagné car « lecteur qui lit, à moitié dans son rire » (à moins que je confonde ?).

Bref, si le lecteur est intéressé par le style du récit (style d’écriture, puis genre), alors il a ensuite peu de responsabilité dans le fait de ressentir ou pas. C’est l’auteur qui va ensuite maîtriser les émotions ressenties suivant la manière dont il narre les choses, l’enchevêtrement des évènements et la puissance des scènes. Il va en soi « maîtriser les émotions du lecteur » : la peur, la colère, le rire…

Reste le caractère « général » du lecteur qui aura un rôle final, je crois, sur l’intensité de l’émotion, et qui sera plus sensible à certaines émotions que d’autres et fera varier en lui-même l’intensité de l’émotion retranscrite par l’auteur.

En bref, pour moi :
-1. Il faut que l’auteur et le lecteur ait une « compatibilité générale » = simplement que le lecteur soit attiré par le récit.
-2. Une fois qu’il y a cela, c’est l’auteur qui peut diriger le lecteur vers telle ou telle émotion.
-3. C’est le « caractère » du lecteur qui aura le mot final sur l’intensité des émotions ressenties, en fonction des scènes et de telle ou telle émotion (par exemple une scène finale triste censée être très puissante pourra être ressentie moyenne pour un lecteur peu sensible à la tristesse).

Epreuve de litterature, choix 2 : ?..

Je n’en ai pas vraiment en fait ! J’ai toujours plus ou moins écrit à l’instinct et l’histoire est toujours moins « prenante » si je sens que j’écris moins vite (car moins inspiré et scènes moins claires dans ma tête). C’est, je crois, quand je ressens le plus en écrivant, que le lecteur ressentira le plus en lisant (en prenant en compte tout ce qui a déjà été dit plus haut).

Dans la fan fiction, c’est quand même très particulier. On s’approprie des personnages qui existent déjà et qui ont donc déjà un background. En écrivant, on ne fait que donc que « retranscrire » un personnage et sa manière d’être, sa manière de faire, etc… Si le personnage est censé être drôle, on va donc l’écrire de cette manière et s’approprier un instant le style de l’œuvre originale. Dans ces conditions, on ne peut pas guider l’émotion de façon absolue car le personnage ne nous appartient pas à proprement dit, nous ne sommes pas libres de nos mouvements. Mais le lecteur aura plus d’attache en lisant car il connaîtra déjà l’œuvre, donc on y gagnera à ce niveau.

Au final, l’émotion d’une œuvre est quand même liée très fortement à sa qualité générale car, comme ça été évoqué par exemple, un « nanar » va fonctionner complètement à l’envers de ce qu’il voulait retranscrire tant il est mauvais globalement, et pas juste dans le fait de retranscrire les émotions. Il y a donc une part très importante de crédibilité dans l’émotion. Il faut que l’émotion paraisse vraie, et en l’écrivant, je me rends compte que ça rejoint ce que je disais un peu plus haut : quand l’auteur ressent ce qu’il écrit, il le transmet d’autant plus simplement à son lecteur car il n’y a pas d’émotion plus vraie que celle qui est là, présente, à l’instant où elle est posée sur le papier.

En bref : arrêtons-nous de prendre la tête, et ressentons.

P-S : je mets à part UN style bien particulier qui est le suspense car toute l’émotion repose sur l’implacable rationalité de l’auteur. On sait qu’il nous mène en bateau… Mais quelle est la destination ? Et c’est précisément ce petit jeu qui suscite l’émotion !

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Globalement le problème de GOT c’est que la violence étant omniprésente on s’y habitue au point de normaliser la chose. Et je ne sais plus qui disait plus haut que le réalisme aidait à éprouver des émotions, clairement GOT n’est pas réaliste, même dans un monde moyenâgeux (ou médiévaliste comme disent les savants). Les scènes font très hollywoodiennes, (gros sabots et carton pâte), ça tient à distance. Au pire, on est juste triste quand le personnage qu’on apprécie meurt ou on est content quand un méchant meurt, mais dans mon cas, ce n’est pas la scène en elle même qui m’émeut, mais le fait que la personne disparaisse du scénario. Le passif du personnage me revient en mémoire et je me dis « c’est trop injuste » ou « c’est trop bête ». Oberyn ça m’a fait ça, je me suis dit « tout ça pour en arriver là, le pauvre gars ».
La seule scène où j’ai pleuré c’est quand Tyrion prend Shae en flag, là ouais c’était trop pour moi sur l’instant T. Et le suicide du petit de Cersei aussi m’a bien plombé. Les noces sanglantes et la mort de Odor sont des scènes en théorie très émouvantes, pourtant ça m’est passé par-dessus la tête (je me suis couchée avec une sueur froide pour les noces mais c’est tout).

Les seuls livres (hors BD) pour ado que j’ai lu de mon plein gré étaient les Chair de Poule alors bon, je ne peux pas vraiment donner mon avis sur le reste de la littérature jeunesse. (J’ai lu les 5 premiers tomes de Harry Potter en Terminale alors je ne les comptabilise pas).
J’ai pas mal d’amis qui lisaient surtout SF et Fantasy pour adultes dès le collège.

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