Phrase choc, phrase fétiche et réplique culte: quel intérêt?

Bonjour ou bonsoir à tous,

J’ai eu l’idée de ce sujet récemment, et j’ai pas mal hésité avant de le faire, parce que je ne suis pas du tout un professionnel de la littérature ou du cinéma. Quand je parle de professionnel, je ne pense pas forcément au métier mais plutôt aux compétences que je n’ai pas. Bien que je ne me sente pas forcément légitime pour vous donner des conseils (on en revient d’ailleurs un petit peu au manque de confiance en soi), je me lance vers l’inconnu en inaugurant ce sujet (en tout cas, je n’ai pas souvenir d’avoir vu ce sujet là quelque part) et en étoffant cette nouvelle sous-catégorie du forum.

Tout d’abord, à quoi est-ce que je pense lorsque je parle de « phrase choc », de « phrase fétiche » ou de « réplique culte »?

Au départ, je n’avais pas vraiment de nom pour décrire ce à quoi je pensais. Et puis, en cherchant un peu (Wikipédia est ton ami), j’ai découvert des qualifications adéquats pour enfin poser un nom sur ce procédé.

A l’origine, j’ai eu cette idée de sujet lorsque j’ai découvert il y a très peu de temps le jeu Bendy and the Ink Machine, dont je n’avais pas entendu parler jusque-là. C’est sans aucun doute en regardant des vidéos de Cuphead que l’algorithme Youtube m’a redirigé vers cet autre jeu, qui partage en effet avec lui bon nombre de similitudes. Je ne vais pas trop m’éterniser dessus, car je compte en faire une description un peu plus poussée dans un sujet annexe, lorsque je commencerais à écrire une fanfiction dessus (une fanfic qui sera normalement un crossover avec Cuphead, justement, mais je m’égare).

Dans ce jeu, vous incarnez Henri, un ancien dessinateur à la retraite qui revient dans l’ancien studio de dessin animé dans lequel il travaillait, sur l’invitation de son ancien patron et ami. Mais autant dire que l’heure ne sera pas aux retrouvailles joyeuses, ou en tout cas pas comme il l’imaginait. Au cours de l’aventure, vous trouverez plusieurs journaux audio, enregistrés par différents personnages, croisés ou non au cours de notre périple. Et justement, l’un d’entre eux a une certaine particularité. L’ancien concierge, Wally Franks, a, en plus d’un accent particulier dont je ne connais pas l’origine, une phrase qu’il s’amuse à insérer à la fin de chacun de ses journaux : « I’m outta here ! », que l’on pourrait traduire par « J’me tire ! ».

Et c’est bien cela que je veux rapidement évoquer ici. Ce genre de petites phrases qui permettent de reconnaître un personnage instantanément et qui donnent le sourire lorsqu’elles sont enfin prononcées par ce dernier. Car justement, le fait pour le lecteur, le joueur ou le spectateur d’apprendre à connaître ce genre de phrases apporte une certaine satisfaction, tout en permettant de créer un certain lien entre ce lecteur/joueur/spectateur et le personnage en question. Le personnage devient immédiatement reconnaissable.

Selon Wikipédia, ce genre de phrases qui a plusieurs noms est défini comme tel: " Une phrase fétiche (ou phrase culte , ou phrase d’accroche dans le langage médiatique, en anglais catchphrase ) est une phrase ou expression reconnue par son caractère pittoresque et par son énonciation répétée. Certaines phrases fétiches deviennent la « marque de fabrique » d’un individu ou d’un personnage. Les répliques culte constituent un cas particulier, étant associées à des œuvres de fiction au cinéma ou à la télévision."

Ainsi, on retrouve de nombreux exemples de répliques culte au cinéma: que ce soit des expressions bien attitrées aux personnages comme le « Nom de Zeus ! » de Doc dans Retour vers le futur, une punchline percutante comme « Je suis trop vieux pour ces ■■■■■■■■■ » dans « L’Arme fatale ».

Cependant, il est un travers dans lequel un auteur, un cinéaste ou un développeur peut facilement tomber, c’est celui de la réplique culte à outrance. Bien-sûr, la réplique doit marquer les esprits (c’est d’ailleurs pour cela qu’on la qualifie de culte, finalement), et cela passe parfois (très souvent, à vrai dire) par la répétition. Mais cette répétition doit avoir un sens, selon moi. Cette répétition peut d’ailleurs servir de foreshadowing, ou préfiguration, un sujet dont je compte bien parler dans la catégorie Savoir-faire.

Pour en revenir au sens que porte cette répétition de réplique, prenons l’exemple de Terminator (le un et le deux, principalement, puis le 6 pour montrer un contre-exemple). Dans le premier Terminator de 1984… bon, ai-je vraiment besoin de faire un pitch du film? Rapidement, Terminator raconte l’histoire de Sarah Connor, une jeune femme des années 80 habitant à Los Angeles, qui va se retrouver embarquer dans une course-poursuite contre un cyborg venu du futur qui a pour mission de l’éliminer. Heureusement pour elle, Kyle Reese, un humain envoyé du futur, lui aussi, va avoir pour mission de la protéger.

Pour en revenir à l’exemple, dans le premier Terminator de 1984, Kyle Reese, dans un geste héroïque, réussi à sauver Sarah des griffes du T800, avec l’aide de son fusil à pompe. Afin de motiver Sarah, il balance alors une des répliques les plus culte de la saga « Come with me if you want to live », ou « Viens avec moi si tu veux vivre ». Une phrase qui sera étrangement réutilisée quelques années plus tard par un autre T800 venant cette fois à la rescousse de John et Sarah Connor.

L’intérêt de la réutilisation de cette phrase est multiple: la phrase colle parfaitement à la situation, puisque la scène dans laquelle elle est prononcée se déroule dans un hôpital psychiatrique, alors que le terrifiant T1000 se rapproche dangereusement des protagonistes, tandis que Sarah reste pétrifiée à la vue de son ancien agresseur. Ensuite, la phrase est un clin d’œil de James Cameron à la réplique du premier film, ce qui permet d’assurer un certaine continuité entre les deux, bien que la phrase ne soit plus prononcée par le même personnage. Enfin, le spectateur qui a déjà vu le premier film comprend que cette phrase prend tout son sens: c’est la première réplique prononcée par Kyle Reese à l’encontre de Sarah et c’est exactement la même chose pour le T800. Il est alors évident que cette phrase produit un certain effet sur Sarah, une réplique qui va la faire réagir, de la même manière qu’elle a réagi dans le premier film.

Cependant, dans le 6ème film de la saga (qui aurait dû rester une duologie, à mon sens), Sarah Connor, qui vient de sauver Dani, prononce cette phrase alors qu’elle a renversé le Rev-9 par dessus la rambarde d’une autoroute, au moment même où elle jette une grenade dans sa direction, dans un pur moment de badassitude. Le problème, c’est que le sens s’en trouve largement altéré, selon moi, déjà à cause du poids des années et des nombreux films de la saga qui ont déjà réutilisé cette réplique jusqu’à le transformer en poncif, mais aussi et surtout à cause du fait qu’il n’y aucun lien entre Dani et cette réplique: elle ne l’a jamais entendu, contrairement à Sarah.

De même, la réplique « Hasta la vista, baby » est aussi lourde de sens: il s’agit de l’une des répliques que le jeune John Connor apprend au T800 chargé de le protéger lorsqu’ils sont sur la route. A la fin du film, le T1000 semble vaincu. Aspergé d’azote liquide, il tombe en morceaux. C’est alors que le T800 se lève et prononce enfin cette réplique, tandis qu’il achève le T1000 en lui tirant une ultime balle dans le corps (avant que ce dernier ne se régénère, mais ça, c’est une autre histoire). Le spectateur comprend alors que le T800, qu’il a vu débarquer, au début du film n’est plus le même qu’à la fin. Comme il le dit lui-même, il a la capacité d’apprendre au contact des humains. Et c’est exactement ce qu’il a fait au contact de John. Cette réplique, c’est en quelque sorte un aboutissement dans leur relation et dans la constitution de la personnalité du T800.

C’est là aussi tout l’intérêt de placer la réplique plus tôt dans le film, afin de l’intégrer dans l’esprit du spectateur. Pas besoin de la répéter mille et une fois ("Hasta la vista, baby n’est prononcée que deux fois dans le film), il vaut mieux que cette réplique soit connue du spectateur, du lecteur ou du joueur pour que son effet sur lui soit décuplé. Encore une fois, cette question de la réplique en amont est aussi étroitement liée au foreshadowing et au fusil de Tchekhov. En revanche, il ne suffit pas de savoir où placer sa réplique en amont, il faut savoir la replacer en aval, pour qu’elle réapparaisse au moment le plus opportun dans l’histoire. En l’occurrence, dans Terminator 2, cette réplique refait surface lors du climax du film, ce qui peut constituer un moment vraiment opportun, surtout dans un film d’action, où la punchline a une grande importance.

Depuis, le début, j’ai parlé de répliques qui se retrouvent plusieurs fois dans un même film ou dans une saga. Mais la réplique peut aussi devenir une sorte de gimmick, lié à un acteur en particulier (comme « I’ll be back » l’est devenu pour Schwarzenegger) ou à un auteur. Vous aussi, vous avez peut-être déjà des gimmick que vous réutilisez au fil de vos œuvres, et c’est très bien. Sinon, il serait peut-être temps de considérer la chose. Mais il est important de ne pas non plus l’utiliser à mauvais escient, à tort et à travers, au risque que le lecteur découvre la supercherie.

Et qui sait, peut-être qu’un jour, votre réplique deviendra un meme ? :rofl:
Pour ma part, je crois que c’est tout ce que j’avais à dire, mais n’hésitez pas, vous aussi, à apporter votre pierre à l’édifice.

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J’ai lu attentivement. :stuck_out_tongue:

Mais la phrase culte, tu l’analyses dans un contexte de série cinématographique.
Elle est dite dans le 1er film et elle a plu, donc répétée dans un second, et ce jusqu’à l’usure dans les suivants.

N’est-ce pas alors simplement un moyen de « faire plaisir aux fans » en vertu du bis placet repetita (oh non Oldie qui nous met du latin, maintenant).
Ils retrouvent ce qu’ils ont aimé et c’est cela qui leur procure une satisfaction : le retour du même.
Elle est réutilisée plus ou moins habilement ? Heureusement ! Ce serait pathétique sinon.

La phrase qui va rester « You know nothing Jon Snow » – Tu ne connais rien (à rien) Jon Snow – au départ, c’est une réplique comme une autre. Les fans s’en emparent, et la dupliquent avec ravissement parce qu’elle en vient à résumer un personnage à leurs yeux.

Mais il y a tout de même de nombreuses fois où une phrase qui deviendra culte reste unique et n’est pas répétée, alors même que les saisons durent… :smiley:

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Sur du court, comme une fanfiction, la répétition d’un « motto », d’une devise favorite ne me semble bonne qu’à générer du comique de répétition que je verrais plutôt comme un effet de style.
Je ne vois pas comment elle peut servir au récit ; pour moi elle sert les personnages.

La création d’une phrase choc (très satisfaisante en soi – du moins pour l’auteur) m’apparait être au confluent du récit et du style : sortir une « réplique qui tue » au moment parfait, et en plus que ça serve à quelque chose pour la suite des événements… wao. Là, on a le dessus du panier… :smiley: :smiley:
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Merci, déjà ! :rofl:

C’est vrai que dans les exemples que j’ai pris, j’ai parlé d’une phrase clef qui revient plusieurs fois dans une saga ou à l’intérieur d’un même film. C’est vrai aussi que je n’ai pas forcément parlé de telles répliques dans le contexte littéraire, par exemple.

Je pense que c’est plus compliqué effectivement de le faire dans un livre que dans un film. Si on prend par exemple la célèbre phrase « Tu es un sorcier, Harry. » Je crois qu’elle est présente dans le livre mais elle n’a pris véritablement son statut qu’avec la sortie du film. Le cinéma ou la télévision sont quand même de meilleurs moyens pour transmettre une réplique culte que la littérature, parce que la façon dont elle est prononcée fait aussi la différence. Après, comme j’ai essayé de le dire, si la phrase est fétiche, c’est souvent parce qu’elle permet de rendre un personnage reconnaissable à la première écoute. Mais, utilisée à tort et à travers, le personnage peut s’enfermer dans cette réplique et ne devenir connu que par ce procédé, ce qui est vraiment dommage. Et c’est sans doute en partie dû aux fans, qui s’amusent à réutiliser leur répliques favorites en long et en large. On peut se poser la question de savoir si c’est une mauvaise chose ou pas, finalement.

C’est un peu ça aussi, la force de la réplique culte, c’est qu’elle n’est pas culte dès le départ mais qu’elle le devient. Mais pour qu’elle le devienne il faut qu’elle ait un caractère iconique, selon moi, mais aussi qu’elle soit en adéquation avec le personnage, ou au contraire qu’elle soit tellement en contraste avec lui pour qu’on la retienne. Si je prends l’exemple de Garfield, qui adore dire qu’il déteste les lundis ou qu’il aime manger des lasagnes et des pizzas. Dans la bouche d’un autre personnage, ce genre de réplique pourrait passer complètement inaperçue. Mais dans la gueule de Garfield, un chat obèse, je trouve qu’elle participer à caractériser le personnage (bon c’est pas un perso ultradéveloppé non plus, mais bon, il y a l’idée).
Si les fans réutilisent une réplique, c’est parce qu’elle véhicule une certaine idée qui leur plaît. Mais dans l’univers dans lequel les personnages se trouvent, si ça se trouve, la réplique n’a pas réellement d’importance, ce sont donc les fans qui participent à la rendre culte. C’est aussi grâce à Internet que cette pratique grandit, finalement. Les memes sont partout, maintenant ! :joy:

Totalement d’accord. Tu as l’air de parler de séries, mais je vais reprendre l’exemple d’un film: Aliens de James Cameron (encore !). A la fin du film, Ripley endosse un exosquelette pour combattre la Reine Alien, qui menace Newt, la petite fille avec qui elle a crée un lien quasiment maternel. C’est alors qu’elle prononce une réplique ultra-badass : « Get away from her, you ■■■■■ ! ». Cette phrase ne sera prononcée que dans ce film de la saga, mais va pourtant devenir ultra connue. Je remarque finalement que ce sont les répliqes badass qui sont le plus souvent retenues, pour leur caractère choquant. Mais bien-sûr, des expressions drôles peuvent aussi devenir la marque de fabrique d’un personnage, alors même qu’elle n’est pas prononcée au climax du film. Il n’y a qu’à prendre l’exemple du « Nom de Zeus » de Doc ou du « C’est pas le pied » de Marty dans Retour vers le futur, même si dans cas, la réplique est prononcée plus d’une fois.

Comme je l’ai dit, la réplique peut servir le personnage en question. Mais elle peut aussi devenir iconique au sein d’une œuvre. Dans Hunger Games, la phrase « Puisse le sort vous être favorable » n’a pas d’importance quant à la personne qui la prononce, mais bien plutôt quant à la situation dans laquelle elle est utilisée. Je trouve que c’est aussi le décalage entre la façon de la prononcer et son style particulier et entre la tuerie et le massacre qu’elle sous-tend derrière quand on regarde la suite de l’histoire qui est intéressant. C’est vrai que c’est pas forcément évident d’utiliser une phrase choc ou fétiche dans une fanfiction. Mais au contraire, tout l’intérêt de la fanfic est d’utiliser le fandom en place. Et selon le vôtre, il peut déjà exister plusieurs répliques déjà culte, lourdes de sens, ou du moins qui sont déjà réutilisées par les créateurs eux-mêmes.
Je vais revenir sur ma fanfiction A Rapture Reminder: Retour vers les abysses. Je ne veux pas faire de l’auto-promo, mais juste noter un exemple que j’ai essayé d’utiliser. Dans le jeu Bioshock, premier du nom, lorsque le joueur arrive à Rapture (une ville sous-marine), il est accueilli par un chrosôme (les ennemis du jeu) qui lui dit « Is that someone new? » (ou « C’est un nouveau? »). Réplique qui sera réutilisée plusieurs années plus tard dans Bioshock Infinite, le troisième épisode de la saga, prononcée cette fois par un prédicateur un peu perché lors de notre arrivée à Columbia, la ville volante. J’en ai déduit que cette phrase était devenue plutôt culte ou du moins qu’elle avait un sens commun entre les épisodes. Ce petit clin d’œil, j’ai donc essayé de le réintégrer dans ma fanfic en la faisant dire par des chrosômes la première fois qu’ils rencontrent mes personnages. La réplique n’était pas forcément nécessaire, mais je trouvais que ça permettait d’assurer une continuité, mais aussi de faire plaisir à ceux qui lirait ma fanfic et qui reconnaîtrait la phrase en question. En tout cas, c’est personnellement le genre de choses qui m’apporte le sourire aux lèvres lorsque je les vois. Je me sens comme Captain America, dans Avengers.


Après, si la volonté est de répéter une réplique dans un but comique, pourquoi pas. C’est vrai que la fanfiction se prête bien au jeu. C’est surtout embêtant si la réplique fait rire alors que ce n’était pas la volonté de l’auteur… :blush:

On peut voir les choses comme ça, oui. Un mélange entre le style et le récit. Et si en plus la réplique est réutilisée au moment opportun, c’est encore mieux.

4 « J'aime »

Je suis d’accord avec tout.

Je relevais parce que ton titre était "leur intérêt pour le récit. Et du coup, je ne vois pas trop où il en bénéficie d’une quelconque façon.

Le récit est la présentation d’événements ou d’actions, le fait de les relater, de les exposer.
La phrase choc, culte, fétiche, elle sert à quoi dans ce contexte de relatation ?

J’ai compris qu’elle a une force dans le fandom et la façon de créer un rapprochement entre les fans.
Qu’elle a un rôle dans la caractérisation du personnage et de donner à connaître et à reconnaître quelque chose de lui.

Mais pas pour le récit.

(désolée, je suis têtue, tu m’allèches avec un titre de topic, je veux avoir le contenu que tu promets dans son énoncé… :stuck_out_tongue: Tu ne veux pas enlever « dans le récit » ? comme ça le sujet est juste "les phrases choc… etc ? Et c’est un débat.)

6 « J'aime »

C’est fait ! J’ai juste laissé la question « quel intérêt? » parce que je ne veux pas que les gens pensent que c’est une énumération de phrases de ce type. J’ai même changé le sujet de place parce qu’effectivement, ça a sans doute plus avoir avec le style, même si mon but était de montrer l’intérêt de ce genre de phrase fétiche pour améliorer le récit. A vrai dire, j’aurais pu aussi le placer dans Personnages, mais comme je te l’ai illustré, il y a pour moi des phrases du genre « Puisse le sort vous être favorable », qui ont moins avoir avec la personne qui le prononce mais plutôt avec le sens et la situation dans laquelle elle est prononcée.

5 « J'aime »

Ca ne tire pas vraiment sur la phrase choc, ou la phrase fétiche, et encore moins de la réplique culte, mais ça me fait penser au kyara japonais, tel qu’on l’appelle en (socio)linguistique.

Le kyara, raccourci de « character », caractère, donc, est surtout employé dans la pop-culture ; anime, manga, et même au final dans la littérature en général. C’est, tout simplement, la manière de s’exprimer de votre personnage.
Si c’est une femme d’âge mur, une petite fille, un adolescent rebelle, une personne de la rue… eh bien il y a pour chacun de ces personnages une manière de s’adresser qui fera que, dès qu’il ou elle parlera dans votre texte, on reconnaîtra directement qu’il s’agit de lui ou elle.

À l’oral, ça passera par une façon de parler de soi (avec le pronom personnel « je » qui peut être watashi, atashi, ware, wagahai, ore, boku et j’en passe), de parler des autres (anata, kimi, omae), l’utilisation ou non de langages soutenus/formels/vulgaires, une vulgarité ou une politesse exemplaires, et j’en passe.
On peut aussi trouver des « tics de langage » (exemples dans Symphogear : Kirika dit beaucoup « desu » (デス, que le fandom translate par « death »), Prelati finit souvent ses phrases en « wake da » (わけだ ; normalement c’est utilisé que dans certains contextes), ou encore Elsa finit ses phrases en « de arimasu » (であります ; variante polie de « c’est » ou « il y a »)), des constructions de phrases particulières, des mots utilisés uniquement par ce personnage…

À l’écrit, notamment dans les manga, donc, ça passera par la graphie.
Prenons Yotsuba&!, où la protagoniste, Yotsuba, est une fillette de quatre ou cinq ans. Dans le manga, en japonais, ses interventions seront majoritairement en syllabaires (hiragana et katakana) parce que, à son âge, on ne sait pas comment s’écrit « réchauffement climatique » (地球温暖化, chi.kyuu.on.dan.ka) alors que son père, si.
Votre personnage est un prétentieux qui se pense supérieur parce qu’il sait écrire le mot « dépression » (鬱病, utsu.byou) sans hésiter sur ses traits ? Eh bien lui, il va utiliser le plus possible de kanji dans ses dialogues pour le faire savoir au lecteur.

Pour celles et ceux qui connaissent, lisent ou regardent Boku no Hero Academia (oui je m’y suis mise récemment), vous comprendrez peut-être ce que je dirai en observant, disons, la différence entre Katsuki et Izuku, dans leur façon de s’exprimer.
Le premier, agressif au possible, hargneux et hautain, va toujours parler avec des sons durs, un langage vulgaire (qui est dans l’ensemble bien traduit je trouve), et même aux professeurs, il va juste lui dire « t’es qui ? va te faire, j’en ai rien à cirer de toi ». Tandis qu’Izuku, quant à lui, va toujours parler de manière polie/neutre même à ses amis (je ne crois pas l’avoir entendu user de registre vulgaire).
Autre exemple : la façon dont All Might s’adresse aux élèves. Midoriya-shônen. Bakugo-shônen. Uraraka-shôjo. Ca, c’est du kyara : il n’y a que lui qui leur donne ce suffixe quand il s’adresse à eux ! :smiley:

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Si on quitte le territoire nippon, une façon de transcrire ce « kyara », ce serait dans l’accent, le lieu d’origine. Facile, quand on a en français et anglais (pour ne citer qu’eux), pléthore de variations de langue !
Entre le vulgaire des rues, le vulgaire des cités, le formel des élitistes, le « neutre » des classes moyennes… On a de quoi faire ! Et je ne parle pas des dialectes et autres accents ! (que ce soit du patois ou juste d’une nation différente)

Un exemple de kyara réussi dans un truc occidental, ce serait dans la caractérisation des personnages de Team Fortress 2 (vous vous souvenez ? j’ai fait remonter un excellent OS là-dessus y a quelques jours !).
On a le Scout qui vient de Brooklyn, le Heavy qui est russe, le Sniper qui est néo-zélandais, le Medic qui est allemand, et le Demo qui est écossais. Rien que ça, ça vous donne pas mal de différenciation au niveau de la façon qu’a chacun de parler. D’une part avec l’accent (osez me dire qu’on ne fait pas la différence entre un accent écossais et un accent néo-zélandais !), mais aussi par la, disons, « maîtrise » de la langue. Le Heavy parle « mal » anglais, il utilise des phrases courtes, simples, parfois avec des fautes, par exemple.

°

Pour ce qui est de retranscrire ces différences à l’écrit… c’est une autre paire de manches !
Je dirais que c’est facile en japonais d’identifier dans un récit ou dialogue qui parle, qui raconte quoi (dans la nouvelle que je lis actuellement, on comprend très vite que le narrateur est une femme qui a la trentaine à cause de ce kyara justement), etc.

Et en français alors ?
Le « J’me tire ! » que cite @HawthorneAbendsen est un début. En opposition à des gens qui « « parlent bien » », quelqu’un qui mange quelques sons voyelles se démarquera facilement.
On pourra aussi jouer sur le registre de langue. Si vous avez une petite princesse dans votre récit, je doute qu’elle parlera comme ça. Elle utilisera des mots plus soutenus, des constructions différentes…

Le truc, c’est qu’il faut s’y tenir, rester constant(e) dans l’utilisation de ces phrases/répliques/tics de langage. Car si, soudainement, un autre personnage parle de la même manière… vous risquez de paumer vos lecteurs ! :smiley:

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Alors, en ce qui concerne la langue japonaise, je dois bien avouer que je n’y connais rien du tout. Mais merci pour cette explication, c’est fou comme certaines langues permettent de transmettre des choses qu’on n’a pas du tout en français ou en anglais. Même quand je vois les déclinaisons latines, c’est carrément autre chose.
Après, c’est vrai qu’il y a des accents ou des tics de langage qui permettent de caractériser un personnage. Si on prend Atlas dans Bioshock, son accent irlandais (percevable uniquement en VO) est clairement l’une de ses caractéristiques.

Mais en ce qui concerne Wally Franks, je ne suis pas totalement d’accord avec toi. Comme le dit aussi sa page sur le site du wiki sur Bendy, c’est bien considéré comme sa catchphrase, c’est-à-dire sa phrase d’accroche. Et en vérité, je pense que ça fait aussi partie de son personnage, qui n’est entendu qu’au travers de ses journaux. Outre un certain accent un peu populaire c’est vrai (le wiki dit qu’il vient de Brooklyn), ce qui rappelle son poste de concierge, sa catchphrase montre aussi qu’il est toujours un peu pessimiste, finalement. En fait, il trouve toujours un moyen de tourner les choses pour dire que « si ça continue, je me tire ». Comme on peut le voir sur sa page, il y a un transcription de son premier journal audio, le premier du jeu. Et à la fin, il dit: « But I tell you what, you one more of these pipes burst, I am out of here », littéralement « Mais je vous le dis, si un autre de ces tuyaux éclate, je me tire de là ». Et dans tous ses autres journaux, il arrive à trouver une situation qui le dérange et qui le pousserait à se tirer de là si elle se poursuivait ainsi.

Pour moi, c’est un peu plus qu’un tic de langage, ça dit quelque chose sur son personnage. Le site précise d’ailleurs que cette phrase est présente dans tout le merchandising qui est lié à lui, ce que je trouve assez marrant, d’ailleurs.

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Oui je me souviens de ce détail, je l’avais remarqué dans le let’s play que j’avais vu.
Dans le cas de ce personnage, ça part peut-être plus d’une simple réplique anodine, qui finit par devenir une phrase fétiche, à la manière d’un running gag.

Un peu comme certaines des répliques « cultes » de Symphogear, qui n’étaient supposées être dites qu’une fois, mais qui ont si bien été accueillies par les fans qu’elles ont été utilisées à nouveau quand l’intrigue atteint son paroxysme.
Exemple : la fin de la saison 5 (et fin de la série) fait écho à la fin de la saison 2 avec la phrase : « Le chemin le plus court et le plus rapide, droit devant, et en ligne droite ! » (qui caractérise le coup final porté par la protagoniste), repris dans la saison 5 un peu comme un appel, une réplique dans laquelle les personnages mettent tous leurs espoirs, car c’est dans ce coup final qu’elles sont censées achever leur ennemi. (impression renforcée dans le fait que la phrase est découpée en quatre morceaux, répartis équitablement entre les six personnages)
La phrase en question, pour les curieux et curieuses : Sassoku de, saitan de, massugu ni, icchokusen ni ! (早速で、最短で、まっすぐに、一直線に!)

J’oubliais par ailleurs de mentionner que ce kyara japonais ne marque que dans les oeuvres de fiction. Personne ne parle réellement comme ça, au Japon. Vous allez passer pour quelqu’un de bizarre, uniquement élevé aux manga et anime si vous vous mettez à finir vos phrases par dattebayo comme ce cher Naruto… :smiley:

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Les phrases initiales dans les romans (surtout dans la SF) sont comme des « hameçons » censés accrocher le lecteur dès qu’il pose les yeux sur la première page. Dans la littérature anglo-saxonne, ces toutes premières phrases sont donc particulièrement soignées, tant et si bien que certaines sont devenues cultes !

Je peux citer la première phrase du Monde Inverti de Christopher Priest : « J’avais atteint l’âge de mille kilomètres. »

Le roman est intéressant et il m’a scotché dés le début avec cette mise en bouche dés la première phrase. C’est une technique puissante et les romanciers de SF s’en servent pour se distinguer les uns des autres.

Donc, oui, pour répondre à la problématique première : les phrases chocs, d’accroche et soignées peuvent avoir un grand intérêt pour susciter la curiosité du lecteur. Et ce n’est pas facile de créer ce genre de punchline. Pour écrire une ligne d’une telle qualité, on peut y réfléchir pendant des heures ! x)

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Ce sont les « incipits ».
Elles peuvent être choc. Elles peuvent marquer. Mais… je ne suis pas sûre que beaucoup puissent citer spontanément ne serait-ce que trois incipits de roman. :stuck_out_tongue: (non pas toi Allie).

En tous cas, ça sera moins facile que des répliques cultes pour d’autres médias de la culture populaire.

Avec un sujet pareil, même si je m’égosillais à tue-tête… dans l’espace, personne ne m’entendrait crier.:stuck_out_tongue:

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( :point_up_2:et ça c’est inspiré d’une « tag line ». Mais je jette l’éponge car je crois qu’on a abandonné le français en route… Cliffhanger, prequel, foreshadowing, catchphrase…

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Je suis désolée, je n’ai pas résisté… :blush: C’est ici pour ceux que ça intéresse.

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Ah bah, @Alresha m’a devancé. Du coup, j’ai répondu dans le sujet qu’elle a créé. Cela dit, je persiste et je signe: les incipits sont importantes. Quand je me promène dans les rayons de librairie et que j’ai envie de débuter une nouvelle série de SF, de Fantasy ou fantastique, je regarde la quatrième de couverture et je lis la première page pour me faire une toute petite idée du style de l’auteur -ou de sa traduction-. Si ça ne me plaît pas, je repose le roman.

En général, de cette manière, je n’ai jamais été déçu de mes choix. Et bien souvent, j’ai fini par acheter l’intégralité des séries littéraires qui m’ont accroché l’œil au premier abord. Bon, après, c’est vrai que tout le monde ne fait pas comme moi (coucou ceux qui regardent les critiques sur le web). Mais pour ceux qui sont un peu vieux jeu dans mon genre, ça reste important :rofl:

Sur ces bonnes paroles d’Antiquité Vénérable, je vous dis à la prochaine ! :laughing:

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