J’ai beaucoup aimé le personnage de Missy, mais pas à cause de son genre, mais plutôt à cause de tout ce qu’elle représente en terme d’évolution du personnage du maître.
Je vais un peu spoiler, attention !
On a un personnage, Le Maître, qui est intimement lié au Docteur depuis avant sa première incarnation, et dont l’histoire est presque aussi longue que celle du Docteur, un peu comme les Daleks, même si eux sont devenus de plus en plus parodiques au fil des années, au point de ne devenir que des copies (ce qui est d’ailleurs toute leur intrigue de la saison 1 à la saison 5 du reboot, avec leur quête de la pureté et du renouveau, ce qui pourrait faire un super sujet de mémoire d’ailleurs, mais je m’égare.)
Le Maître a toujours eu une place à part dans l’univers de Doctor Who, puisqu’il jongle constamment entre son attirance vicérale pour le Docteur (pour Missy elle était presque sexuelle, avec énormément d’allusions, mais avant c’était d’avantage lié au fait que bien et mal s’attirent, il y a pas plus manichéen que leur relation) et l’envie de le tuer, et ça, depuis sa toute première apparition dans l’ancienne série. Il passe sans cesse d’ami à ennemi, avec une longue dégradation de leur relation qui s’est effectuée sous l’ère de Tennant, principalement, et c’est une première dans leur relation, cette fois-ci à cause du Docteur. Bah oui, désolé, si t’explose ma planète, moi aussi je te défonce un peu.
Avec Missy, on a un nouveau tournant dans leur relation, suite à leur union pour sauver Gallifrey avec le sacrifice du Maître, à la fin de la saison 4. Bien sûr, Missy est toujours dérangée (mais elle a vécu 1200 ans avec des tambours dans la tête aussi, ça n’aide pas à rester sain), mais ce qu’on remarque surtout c’est un arc de rédemption. Missy se rend utile. Missy essaie de se rattraper auprès du Docteur, et dans son dernier épisode, elle est confrontée à une vision entre ce qu’elle est devenue et ce qu’elle a été, avec le personnage du Maître.
Le coup de génie de Moffat (et god, il y en a peu, mais là il faut lui reconnaître ça), ça a été qu’au moment précis où Missy doit choisir entre la fuite et le Docteur, elle choisit le Docteur, et elle le paie de sa vie en se faisant tuer et rattraper par son passé, lui interdisant cette rédemption. C’est genre une des plus belles démonstration de rédemption tragique, ça renvoie des signaux ultra-forts, et renvoie surtout au fait que tout ce que le Maître a fait, depuis le début de la série, toute la haine qu’il a voué au Docteur, bah en fait, elle n’était pas tournée vers le Docteur mais vers ce qu’il emblématisait : la figure noble de Gallifrey qu’il a toujours détesté, aka Rassilon. Quand Missy a choisi le Docteur, elle a fait son deuil de sa planète, contrairement à son ancien elle qui vit dans le remord et la folie après avoir « détruit » Gallifrey par vengeance.
C’est un personnage bien plus complexe qu’il ne le laisse entendre, et il mériterait une analyse bien plus poussée, mais je trouve que c’est déjà un bon début de réflexion.
Quand à la nouvelle version sortie dans la dernière saison… Euh… Disons que pour l’instant elle n’existe pas, hein. Chibnall a fait tellement n’importe quoi avec le personnage que ça m’a questionnée sur s’il a bien compris les intentions de son prédécesseur. Mais bon, ça se rattrapait sur la fin, il y a encore de l’espoir. (et il a ramené Jack Harkness, donc ok, c’est pardonnable).