Where are you Scoob’ ?
No where !
Scooby-Doo Mystères Associés
Je suis fan de Scooby-Doo depuis l’enfance mais cette saison/série est de trèèèès loin la meilleure adaptation du concept.
La série commence à dater un peu (2010-2013) alors pourquoi en parler maintenant me demanderez vous ? Simplement parce que je suis coincée chez moi avec ma fille malade et que pour tuer le temps j’ai ressorti le coffret DVD.
Petit rappel du concept de base de Scooby-Doo : une « bande de gamins » (collégiens à étudiants selon les saisons) résoud des énigmes surnaturelles avec leur chien dogue allemand Scooby.
Pourquoi la version de Scoob de Mystères Associés est la meilleure ?
D’abord parce qu’il y une intrigue de fond et un fil conducteur qui relie tous les épisodes des deux saisons. Dans chaque épisode, un mystère est résolu et pour résoudre le mystère de la série il faut mettre bout à bout tous les indices disséminés le long de la série jusqu’à l’épisode final.
Comme toujours ce sont des faux monstres sauf pour la dernière énigme qui est véritablement surnaturelle, permettant ainsi d’allier le concept original aux autres versions postérieures où le paranormal est réel.
Ensuite, le fan service mis en place dans la série. Scooby-Doo Mystères Associés est un hommage aux versions précédentes de Scoob mais aussi à une grande partie de l’oeuvre des studios Hanna-Barbera. Ça ne parlera pas à grand monde en France car dans l’Hexagone l’accès était limité à leurs créations, mais moi j’ai grandi avec Cartoon Network (dès son arrivée en France) et donc je connais très bien le fandom Scooby mais aussi Capitaine Caverne, Mentalo, Les fous du volants, Fanzy fantôme etc. Il y a non seulement un respect immense des scénaristes pour le travail de leurs pairs et prédécesseurs, mais aussi un effort de cohérence pour essayer d’intégrer un maximum de vieilles références.
Autre chose hyper importante : le développement des personnages. Dans la plupart des versions, les personnages sont superficiels, et les intrigues se reposent quasi exclusivement sur les éléments comiques composés par Sammy et Scooby. Si cette série ne change pas grand-chose à ces deux personnages, elle réhabilite les trois autres et leur donne une profondeur inégalée à ma connaissance dans le fandom, avec en plus un effort énorme pour démonter le sexisme (avec beaucoup d’humour) créé involontairement dans les versions antérieures.
Vera est de loin le personnage le plus travaillé. L’intello de la bande est affublée d’un cynisme et d’un complexe de supériorité parfaitement bien rendus et cohérent avec le « stéréotype » incarné par Vera. Sa relation avec Sammy permet aussi de donner une grosse claque aux versions antérieures (et aux fans) qui par réflexe pensent « 2 filles 2 garçons = 2 couples avec les beaux d’un côté et les moches de l’autre ». Vera est aussi beaucoup plus complexe que les figures d’intello coincée et mal dans sa peau dépeintes dans beaucoup de longs métrages. Le personnage est plus profond, plus attachant et plus agaçant (antipathique presque), il est génial tout bonnement.
Daphné a gagné une vraie personnalité, ce qui lui manquait dans toutes les versions, y compris celles où elle fait sa star avec des cousins/cousines partout et des talents de ouf. Initialement, Daphné est une figure de pinup dont le seul rôle est de se faire capturer (jouvencelle en détresse), au point de devenir un running gag. Dans certaines versions, le quintet devient un trio et Daphné incarne aussi les figures de Fred (leader) et Vera (intello) en plus de garder son taf de jolie fille, ça ne la rend pas plus intéressante pour autant. Dans Mystères Associés, Daphné est une jeune femme intelligente mais fleur bleue et très amoureuse de Fred. Elle se cherche, tout au lond de la série et ses doutes la rendent beaucoup plus attachante et beaucoup moins cruche que dans toutes les autres versions. Elle reste très girly, mais sans les clichés sexistes qui l’accompagnaient jusqu’à présent.
Fred aussi est plus développé et beaucoup plus attachant, il prend aussi une dimension comique qui tranche avec celle de Scooby et Sammy. Certes, elle était déjà présente dans certaines versions, mais le personnage devient haut en couleur par ses névroses et ses lubies obsessionnelles. Souvent il était présenté comme la tête pensante du groupe, parfois plus malin que Vera. Là il est ingénieux (dans le sens manuel du terme) mais est beaucoup plus crétin que Vera et Daphné. Son côté gros malabard type « joueur de football américain » est aussi tourné en dérision car sa personnalité est aux antipodes de son physique et il dit lui même « qu’il n’est pas un homme » car il éprouve des sentiments. Il a un petit côté savant fou très intéressant par rapport aux autres versions de Fred.
Je trouve que Sammy est le personnage le moins exploité. Même Scooby se retrouve avec une personnalité beaucoup plus complexe que dans les autres versions où il est passif, trouillard et maladroit (et goinfre). Il est toujours tout cela mais on le découvre aussi jaloux, possessif, capricieux (ça on s’en doutait déjà un peu dans les autres séries où on peut l’acheter avec des biscuits) et aussi un peu casanier.
Les personnages secondaires sont aussi plus développés et une partie de l’intrigue est dédiée aux parents des quatre héros humains, de cette manière leur personnalité est d’autant plus crédible et justifiée.
Enfin et à mon sens c’est le plus essentiel de tous les aspects : le ton donné à la série. Elle est pleine d’ironie, de second degré et de caricature. Il y a d’ailleurs énormément d’autodérision sur le passif du fandom (l’allusion à Scrappy Doo est mémorable !).
Certes Scoob est une série marquée dès l’origine par un mélange d’humour et de surnaturel, mais pour la première fois on a enfin une série Scooby Doo à la hauteur de la Famille Addams et des meilleurs Tim Burton par exemple.
Scooby Doo Mystères Associés est une satyre sociale en plus d’être une série d’enquêtes surnaturelles très drôle. Pour les enfants, elle remplit aussi son rôle effrayant (pour les adultes c’est le côté comique qui prend le dessus). Il y a plusieurs niveaux de lectures même si contrairement à des dessins animés comme Les nouvelles aventures de Lucky Luke il n’y a pas d’allusion salace (normal c’est américain).
Bref, je conseille vivement ce dessin animé de 52 épisodes de 20 minutes pour les petits et les grands.
Je connais peu de séries de dessins animés de cette qualité, toute nationalités confondues.