Merci au Colonel d’avoir remonté ce topic. Je l’avais déjà consulté mais je n’y ai pas posté, pourtant j’aurais pu, j’aurais dû…
Vu le peu de livres sans image que j’ai lu dans ma vie, le top 5 sera vite fait. (Ok j’exagère un peu, mais c’est vrai que je lis très peu de romans et de nouvelles). Il faut savoir aussi que souvent, d’autres media précèdent les livres que je lis, m’enfin vous allez vite vous en rendre compte…
1- Ça (It) de Stephen King.
A la fois le récit le plus trash et la plus belle histoire d’amitié que je connaisse (encore une fois je lis peu). Je voue une fascination à cette œuvre. J’ai vu le vieux téléfilm avec le clown méga flippant et les enfants acteurs qui jouent mieux que les adultes lorsque j’étais ado. Il m’a profondément marqué, je l’adore, tout comme le remake récent. J’ai lu le roman vers 2010 à peu près.
Cette histoire fait peur, mais elle retranscrit à merveille les peurs d’enfants et l’impuissance des adultes (voire leur manque de volonté) à rassurer leur progéniture. Elle parle des non dits, des blessures secrètes que tous les êtres humains ont en eux, les secrets inavouables d’une communauté, de l’importance de l’amitié ou du moins d’avoir des gens sur qui compter quand la vie devient pourrie. Le tout sur fond de fantastique, d’horreur et de mysticisme. Et comme souvent dans les œuvres de S. King il y a tout un panel de nuances entre le mal absolu, incarné par Ça et l’extrême bonté. Tout est nuances de gris… Sans jeu de mot puisque ce n’est pas du tout mon deuxième roman préféré.
2 - Orgueil et préjugés, de Jane Austen
Tout comme Ça, j’ai découvert l’univers de Jane Austen à travers le cinéma et l’excellent film avec Keira Knightley. Si Ça est pour moi la meilleure histoire d’amitié du monde, Orgueil et préjugés est la plus belle histoire d’amour, je dirais même plus (non Tintin ne fait pas non plus partie de mon top 5) : ce récit est l’archétype parfait de la romance, la base de la base. C’est une romance universelle, alors qu’elle se déroule au début du XIXe siècle et reste imprégnée de cette période historique. D’une certaine manière, elle possède une dimension féministe comme les autres œuvres de J. Austen, parce qu’elle dénonce (sans appeler aux changements, juste par la compassion) la condition des femmes à cette période qui n’ont d’autre avenir que d’épouser un homme, de préférence un homme riche. Elle montre également à quel point être enfermé dans sa condition sociale est handicapant. A travers ses ouvrages (celui là et les autres), on ressent bien toute l’intelligence et le cynisme de J. Austen, elle reste malgré tout attachée aux happy ends et à la morale, ce que j’affectionne particulièrement. Et, enfin, elle est douée pour la satyre sociale… Ce qui m’amène à mon auteur favori : Sir Terry Pratchett
Mon fond d’écran.
3 - Les petits dieux, Terry Pratchett
J’en ai déjà parlé ailleurs, mais j’admire profondément Terry Pratchett, pour son humanisme, sa culture et son humour, absurde et assez british mais pas que. Il a un véritable don pour créer des personnages forts et complexes à partir de canons de la littérature (en particulier de Fantasy). Choisir un seul ouvrage est difficile, parce que si ma préférence va aux histoires avec Rincevent le mage ou avec la Mort et sa petite fille Suzanne, ses livres les plus aboutis sont selon moi ceux avec la Garde et Vimaire (ou ceux avec Moite d’ailleurs). Mais puisqu’il s’agit d’un livre qui m’a marqué : le choix s’impose avec Les petits dieux.
C’est l’histoire d’un jeune moine encore très naïf et un peu paumé qui rencontre un dieu, un dieu oublié de presque tous (ré)incarné dans une petite tortue. Le dieu va faire l’éducation religieuse du moinillon et par la même occasion essayer de retrouver sa place au Panthéon. Selon la mythologie du Disquemonde (la terre plate voguant sur quatre éléphants naviguant dans l’espace sur le dos d’A’Tuin, une tortue de mer géante), les dieux peuvent mourir si la croyance des hommes s’essouffle. La plupart des religions sont polythéistes et avant de complètement disparaître, les dieux s’affaiblissent petit à petit jusqu’à devenir impuissants et insignifiants (comme une petite tortue dans un panier). Les souvenirs de ce livre sont flous, je l’ai lu vers 2007 (plus ou moins), pourtant il m’a marqué. Je me souviens que j’ai été frappée par la culture de Pratchett sur l’histoire du monachisme, sa clairvoyance en matière de religion et la façon qu’il avait de traiter les jeux de pouvoirs et la nature humaine. Je ne me souviens plus du personnage, mais il y a un grand prêtre qui applique une forme d’inquisition et qui fait office de grand méchant de l’histoire.
Je trouvais que Les Petits Dieux sans être son meilleur ouvrage ni le plus passionnant, est représentatif de la pensée de Pratchett et il a le mérite de parler de religion avec un ton non pas léger mais détaché du monde réel tout en restant pertinent. C’est un auteur qui fait beaucoup réfléchir et relativiser sur le monde d’hier et d’aujourd’hui. Un expert en satyre social, encore…
Tolkien’s Dead
JK Rowling said no
Philip Pullman couldn’t make it
Hi. I’m Terry Pratchett.
Un très grand monsieur…
J’ai bien évidemment lu tous les Harry Potter, mais aucun ne sera dans ce top 5 (spoiler alert : mon préféré c’est Harry Potter et la Coupe de Feu)
Plus difficile, choisir un quatrième et un cinquième.
Je vais taper dans le scolaire pour rester dans le thème « les livres qui vous ont marqués » (et pas ceux qui vous ont plu) :
4 - Le jeu de l’amour et du hasard, de Marivaux.
Un livre que j’ai dû lire au collège. Lire les livres pour les cours de Français était une corvée sans nom pour moi, mais Le jeu de l’amour et du hasard fut le tout premier que j’ai pris plaisir à lire au point de le lire d’une traite un mercredi. Ah si tous les bouquins pouvaient être comme celui là !
De fait, il m’a marqué. Encore une fois mes souvenirs sont flous, mais j’ai trouvé ça très drôle, léger et il y avait de la romance. Rétrospectivement, je crois que c’est la première comédie romantique que j’ai réellement appréciée. Ado, je m’abreuvais surtout d’histoires d’aventure et de science-fiction où la romance était soit absente, soit au second plan. Côté Disney (qui sont un peu la référence en matière de romance pour beaucoup de petites filles et d’ado), ma préférence allait à ceux plus héroïques comme Robin des bois, Merlin ou plus tardivement Mulan.
Je l’ai intégré plus inconsciemment qu’autre chose, mais grâce au Jeu de l’amour et du hasard j’ai compris comment on construisait une histoire d’amour plutôt comique, notamment sur l’usage des personnages qui fonctionnent par quatre (le héros, l’héroïne, le valet et la confidente). C’est une recette qui ressort dans presque toutes les romances finalement, jusque dans les manga parfois. Son côté intemporel est moins marqué que pour les romans de Jane Austen et l’humour est moins intelligent, mais ça reste distrayant, drôle et attachant.
5 - Les fourmis, Bernard Werber
Encore une corvée pour l’école. J’étais au lycée cette fois. J’ai trouvé ce roman passionnant et j’étais aussi admirative de la qualité narrative du truc, car ce n’est quand même qu’une histoire de fourmi… Une vraie fourmi, pas une fourmi personnifiée comme dans un Disney où les animaux ont une conscience, non une fourmi toute bête, avec sa vie de fourmi. Cette histoire est digne des plus grandes épopées, le tout dans un monde naturaliste d’insectes. C’est absolument génial.
Le roman m’a tellement plu que j’ai lu le deuxième volet de la trilogie (de mon plein gré) et j’ai essayé le troisième mais malheureusement sur le troisième j’ai bloqué et je n’ai pas dépassé la page 30, dans ces eaux là.
J’ai hésité à placer en 4 ou en 5 un petit roman de Jean Teulé : le magasin des suicides.
Il m’a marqué, et pas qu’un peu. J’ai d’abord vu le film qui est déroutant, drôle et noir mais peu fidèle au roman. J’ai aussi lu la BD (après le roman) qui est plus proche de l’histoire originale. La fin est glaçante et se termine par un pied de nez monstrueux, mais tout le récit est une leçon de vie, sur l’importance de la joie et de la bonne humeur pour donner un sens à l’existence des gens qui peuvent sombrer dans la dépression simplement en étant trop désabusé. Il n’y a pas besoin de grand malheur ou de tragédie pour vouloir en finir, simplement l’absence de sens et la perte du goût ou de la valeur de la vie peut conduire aux portes de la mort. En faire un magasin est cynique mais aussi représentatif du monde d’aujourd’hui où tout se monnaye.
Je ne connaissais pas Jean Teulé avant ça, mais nombre de ses œuvres ont été adaptées en BD, or comme mon mari est collectionneur, j’ai découvert sa biblio à travers ces adaptations (notamment l’excellent Charly IX). C’est… Affreusement noir et cynique et misanthrope et brillant. J’adore, mais à ne consommer que lorsque vous êtes dans un bon état mental.