J’ai lu quelques textes de toi supplémentaires par rapport à Yume, parce que je suis là depuis plus longtemps, et notamment tes participations aux challenges collectifs.
Dans tous tes textes, il y avait quelque chose d’original, un angle, une idée par rapport au sujet, et c’est ça qu’il faut retenir à mon sens. Ce serait dommage que tu arrêtes d’écrire en te fondant uniquement sur un critère « qu’on aime » ou « qu’on aime pas ».
J’ai commencé à écrire j’avais le même âge que toi (enfin j’avais 13 ans) et honnêtement quand je regarde ces premiers romans avec mes yeux de maintenant, et bien je me dis un peu la même chose. On sent un intérêt, une passion, une promesse encore non éclose… mais la grande jeunesse n’est pas le meilleur ami de l’écrivain…
J’avais une sorte de « fausse maturité » qui venait du fait que je lisais énormément de livres au dessus de mon âge. Donc une sorte de bagage intellectuel plus avancé mais hélas une maturité émotionnelle et affective dans les chaussettes… encore plus jeune que mon âge physique. J’étais symboliquement « boiteuse » à marcher à moitié sur deux plans pas nivelés. Ce grand écart était assez inconfortable, et rendait ma progression… compliquée.
Cinq ans plus tard, alors que l’écriture était une des rares choses qui me permettait de « tenir » dans une existence dont je ne comprenait ni trop l’intérêt ni le sens, avec les moyens que j’avais, alors que je décidais brusquement d’arrêter des études bien trop difficiles pour mon niveau et où je me sentais larguée, mes parents m’ont interdit d’écrire quand ils ont découvert mes cahiers que je noircissais.
J’avais beau trouver que c’était totalement aberrant et cruel de me retirer ce que je croyais être mon seul véritable soutien. Je n’ai pas compris pourquoi ils voulaient ça. Je leur en ai intensément voulu. Cela n’a pas aidé nos relations ultérieures.
Il a fallu que je survive moi aussi à cette période compliquée d’accession retardée, malaisée, réticente, à l’état d’adulte, et j’ai toujours regretté de n’avoir pas assez de maturité ou de volonté pour m’opposer. Dire « oui oui » par devant et en faire à ma tête, par derrière… Après tout ■■■■■, je ne me droguais pas, je ne jouais pas avec ma vie ou ma santé, je ne faisais rien de mal à part rester dans mon coin et compromettre ma vie sociale (ça avait l’air important pour les autres…).
Cette décision a conduit à changements radicaux dans ma vie professionnelle et j’ai dû accepter beaucoup de choses qui me heurtaient et que je pensais ne jamais supporter, j’ai compris que – dans mon cas précis – je devais temporairement accepter de faire ce qu’on attendait de moi, quoi que je pense de l’inutilité complète de la chose (je ne parlerai même pas de la vacuité, de la pauvreté, de la platitude, pire que plat, c’était creux).
En grandissant et en passant ce cap, car même à plus de dix-huit ans, je n’avais toujours pas une maturité et une autonomie suffisante, j’ai fini par comprendre quelles étaient les peurs de mes parents quand ils me voyaient écrire (parce que je les ai poussés à les dire). Et ainsi j’ai su comment ils me voyaient, ce qu’ils s’imaginaient de moi, ce qu’ils s’imaginaient que me faisait l’écriture : me maintenir dans un petit monde à moi, une petite bulle bien protectrice. Et ils ne voulaient rien d’autre que la percer pour que je trouve enfin une « vraie » place dans un « vrai » monde réel auquel eux étaient confrontés tout le temps.
C’était dur pour eux d’admettre (je ne suis pas sûre qu’ils l’aient vraiment fait) qu’ils avaient échoué quelque part dans mon éducation à faire de moi quelqu’un d’adulte et d’autonome, enjoué, insouciant, avide de vivre, mais un être qui se sentait fragile, dépendant, mal armé, craintif de tout, inadapté, sans amis… Tout ça à cause de LEURS peurs, leur propre enfermement…
Parce que j’avais beaucoup d’orgueil (et que j’en ai toujours ), je crois que j’ai décidé qu’ils n’allaient pas gagner sur toute la ligne (j’ai un mental bizarrement compétiteur) et que s’ils voulaient jouer aux idiots, ils n’étaient pas sur de gagner). Cercle vicieux, mais on n’est pas forcément lucide, mature et bien armé à vingt ans non plus.
J’ai baissé la tête et j’ai fait ce qui était attendu de moi. Pour les rassurer et surtout pour qu’ils me fichent la paix. Tout me déplaisait. Leur vie, leurs objectifs, mais je n’avais pas le choix. Mais tout ce que je savais c’était que si je voulais un jour décider pour moi-même sans que jamais personne ne vienne se targuer de m’interdire des choses : il fallait que je me développe, que j’acquière des aptitudes, et que je me connaisse beaucoup mieux. J’ai trouvé le processus lent pour mon impatience, lent pour l’asphyxie que j’éprouvais.
Plusieurs années encore après, alors que j’avais été forcée à travailler dans une voie qui ne m’intéressait pas et que je gagnais ma propre vie en faisant semblant de rentrer dans les codes, en surface, j’ai commencé à réécrire. Directement pendant mes pauses au travail. Personne ne pouvait rien me dire de ce que j’avais à faire de ma pause déj… (et en plus, les collègues s’en foutaient glorieusement, n’étant pas aussi inquisiteurs que des parents).
Et même si j’ai fait des pauses dans l’écriture, pour absorber des expérience de vie, et grandir, et devenir adulte (ou essayer de faire à peu près semblant), j’ai toujours eu l’écriture et la lecture. Et c’est toujours une petite bulle, et je l’aime. Et bien sûr, je n’ai jamais réussi à être totalement « conforme », et d’une certaine façon, j’ai continué bien trop longtemps à être rebelle à ma façon, avec une volonté de me maintenir telle que je voulais être, et non telle qu’on voulait que je sois, que ce soit mon cercle familial, ou la société.
Du moment que je faisais ma part, que je gagnais ma vie, que je n’étais une charge financière pour personne, que je vote, que je consomme… je fais ma part. Mais personne n’a rien à me dire sur mes loisirs, mes hobbies, mes préférences ni à quoi j’occupe mon temps libre. Et J’ADORE ça.
Si j’avais jeté l’éponge plus tôt, je n’aurais jamais découvert la personne que je suis devenue, ni su de quoi j’étais capable, une fois qu’on me laissait tranquille. Je suis devenue une grosse force productive. C’est ce qui impressionne le plus : ma capacité de travail alors que vraiment la simple idée me déprimait quand j’étais ado. Mais après toujours pareil, entre un truc imposé et un truc qu’on choisit de faire, il y un monde d’épanouissement…
Il y avait des choses que je ne comprenais pas du tout à l’époque de l’adolescence, ma vision était plus limitée aux faibles expériences du monde extérieur que j’avais, limitée au monde replié (et assez paranormal) au sein duquel je vivais…
Comme Indiana Jones dans l’épisode du Graal, j’ai appris que « le pénitent » passe l’épreuve (courber l’échine parfois), plier plutôt que rompre, et il faut accepter de faire le « pas de Dieu » (ce moment où il découvre qu’il faut avoir foi dans ce qui s’étend juste au-devant de nous, même si de là où on est, on croit qu’il n’y a pas de pont, pas de solution, et rien du tout, seule la chute).
Le truc à comprendre, ce n’est pas de se jeter dans l’inconnu en pensant que peu importe. « The point » c’est que décaler sa perspective permet d’entrevoir des possibilités là où on était persuadé qu’il n’y en avait pas, en restant immobile et campé sur ses positions.
Cela n’a pas été facile, vraiment pas. C’est un chemin qui est plutôt solitaire de s’écarter du confort sécurisant du « troupeau », de ne pas vivre comme tout le monde. Mais (rapport à l’orgueil précité), j’ai fini par apprécier cela de plus en plus.
Et alors que je ne m’aimais pas tellement et je ne m’appréciais guère quand j’étais adolescente, je vois ce que je suis maintenant comme le résultat d’un long travail (pas jonché de roses), mais je suis contente et fière de ce que j’ai accompli. Pas grand chose pour les autres peut-être, mais de si grands pas pour moi. Se mesurer à autrui, se comparer, n’engendre que le jugement et ça n’a jamais fait de bien, à personne, tout le monde le sait. Sauf quand on est trop jeune. C’est un truc qu’on déduit à l’usage en découvrant qu’on a toujours été malheureux de ça.
Je me mesure à moi-même, pas aux autres. C’est une perte de temps et d’énergie qui n’amène que de l’insécurité et de l’amertume. Je le sais maintenant, je l’ai appris de haute-lutte. Ce n’est pas une théorie dont on aurait essayé de me convaincre ou de me bourrer le crâne. Juste du vécu.
Et quand je regarde derrière moi, les trente ou trente-cinq dernières années, il reste encore sans doute beaucoup de la petite jeune fille terrorisée du monde qu’elle trouvait trop lourd à porter avec une sensibilité à vif. Parfois elle est toujours là, rôdant sous la surface. Mais chaque jour, je lui dis : ferme-la (souvent moins poliment).
Je décide et je veux une vie qui me convienne. Et tant pis si elle ne plait pas à mes proches, si elle les inquiète. Je ne fais rien de vraiment inquiétant, c’est juste que mon mode de vie peut apparaître confusément « subversif » pour des gens ultra-conventionnels que se rassurent avec des trucs que je trouve moi totalement flippants et bas de plafond.
J’ai appris à donner le change, à porter le masque, à avoir l’air douce et gentille… ce n’est qu’un masque qui met de l’huile dans les relations sociales. J’ai même découvert que de temps en temps des relations qui roulent et qui ne sont pas systématiquement dans le conflit, j’aimais ça aussi. Sans doute que je m’embourgeoise.
Mais je n’aurais jamais rien su de tout ce que j’ai appris, les voyages que m’ont permis des connaissances philosophiques, des détours par des religions exotiques, par des disciplines pour comprendre l’humanité… Je ne regrette pas mon cheminement et je suis la première étonnée d’en avoir finalement eu un. A ton âge, je n’aurais pas parié un seul franc (c’était des francs à l’époque) sur mon devenir, ni sur la forme de liberté que j’ai acquise.
Et le premier truc le plus important que j’ai appris pour arriver à ça : dire « zut » à l’opinion des autres. On ne se fait pas que des amis de cette façon car on n’écoute que soi. Mais quand l’entourage ne croit pas en toi, c’est finalement une bonne chose.
Chacun est toutefois unique, il n’y a pas d’humain générique. Chacun a un chemin et un destin propre à lui. Pas forcément rempli de gloire ou de célébrité qui sont des miroirs aux alouettes. J’ai été obligée de faire des concessions (compromissions disais-je, ah la grandiloquence !) tant que j’étais trop jeune, tant que je n’étais pas capable de réaliser que je pouvais tout à fait m’occuper de moi, mais par une persévérance de fourmi, j’ai accompli des choses.
Quelqu’un d’autre trouvera que ça n’a pas de valeur. Prière de se référer à la règle 1 : zut à l’opinion des autres surtout si elle est étayée par des peurs ou du conformisme ou de la bien-pensance préformatée, qui ne considère en rien qui tu es en tant que personne mais des normes sociales arbitraires.
J’ai regretté d’avoir arrêté d’écrire. Mais à quelque chose malheur a été bon. J’ai repris plus tard, j’ai appris à écrire autre chose que des nouvelles que personne ne lisait en apprenant à dépassionner mon discours, à le neutraliser, à être didactique, à savoir expliquer clairement. Ecrire des articles, c’était toujours de l’écriture.
Je n’ai repris la fiction qu’il y a cinq ans. Et là j’ai vraiment kiffé. Parce que toutes mes lectures solitaires, tous les films que j’ai vus, toutes les expériences que j’ai vécues et même les difficultés, enfin servaient à quelque chose. Les pièces du puzzle commençaient à s’emboiter et tout se mettait en place. Et après avoir passé des années d’entrainement et à endurer « l’indifférence » (personne qui n’aime rien de ce que je faisais dans mon entourage), il y a eu internet.
Et j’ai pu enfin trouver malgré la distance, des personnes avec qui fonctionner non par obligation ou devoir mais par affinité. Un gros changement. Quinze ans de patience à attendre que les temps soient mûrs, que la technologie arrive…
Mais pour en arriver à trouver la vie nettement plus intéressante que l’idée que je m’en faisais à quinze ou seize ans, il a vraiment fallu que je fasse un pari sur l’avenir. J’ai douté. Souvent.
Ce qu’on ne sait pas quand on est au milieu de l’adolescence (parce qu’on n’est pas fini) c’est qui on est vraiment. C’est qu’il faut donner du temps au temps. A cet âge, l’urgence, la vivacité des émotions (leur pénibilité aussi) prime, toute attente me semblait une éternité insupportable (surtout parce que rien autour ne me plaisait), les conceptions, les idéaux, les préoccupations, la vacuité d’un monde consumériste, le vide spirituel, je pouvais continuer une liste longue comme le bras.
Seule goulée d’air moins pollué : la lecture, et l’écriture.
Aujourd’hui je ne peux conseiller à personne d’arrêter. De continuer dans un journal intime (à cadenas) s’il le faut.
Je ne confonds plus l’expression personnelle, le besoin de sortir des choses de soi et l’écriture narrative, le plaisir de faire vivre des personnages qui sont formés, indépendants, et de les observer prendre vie.
L’expression personnelle est une bonne étape. Elle apprend à être de plus en plus à l’aise avec la manipulation des mots, la formulation juste des concepts complexes. L’expression personnelle, c’est essayer de coucher ce qu’on ressent sur papier, mais ce n’est pas « écrire » au sens écrivain du terme. Conter, embarquer son lecteur, le passionner pour des gens et des êtres qu’il ne connait pas (voire qui n’existent pas).
Il faut en passer par là.
Continue à écrire, mais le mieux serait d’être écoutée par une vraie oreille, de vraies personnes : on progresse plus vite, on stagne moins. Se trouver sous les regard est difficile surtout si on les trouve hostiles ou peu compréhensifs. A nous d’en chercher d’autres, mais il faut avoir la volonté et la ressource pour cela. Tant que je n’ai eu qu’une volonté sans ressource, ça été compliqué, ça a été des dépressions.
Au bout de trois, j’ai arrêté. J’avais l’impression d’avoir fait le tour du concept et qu’il n’avait plus rien à m’apporter.
Entre temps, le virus de la vie, de l’autonomie, de la liberté avait eu le temps de me coloniser. Moi qui me pensais docile et sans colonne vertébrale, je suis devenue la pire tête de mule qui soit. Mais j’ai mis dix ans. Je suis pas rapide. J’assume.
Le temps que ma maturité émotionnelle finisse enfin par rattraper vaguement la masse de lectures, connaissances théoriques et informations diverses que j’avais accumulé et que les deux arrivent à trouver… un terrain d’entente, un accord, un vague contrat de fonctionnement.
Globalement, je ne pavoiserais pas trop. Je suis très heureuse d’être ici parmi des personnes beaucoup plus jeunes que moi et qui sans doute mènent leur propres batailles, et qui sans doute sont aidées par l’objectivation (la mise à une petite distance sécuritaire) que procure la lecture. Dans l’écriture, toutefois on ne reste plus tant à distance, il faut retrousser les manches, s’impliquer, s’avancer, s’exposer. Celui qui ne dit rien n’est jamais contredit.
La grosse difficulté de fonder des décisions sur le « si vous n’aimez pas ce que j’écris » c’est que pour tout auteur qui écrit depuis un moment, c’est qu’il ne se différencie plus de son écriture. Donc si on n’aime pas ce que j’écris : c’est moi qu’on n’aime pas et qu’on rejette. Il faut faire attention à cela. Ma psy m’en a averti dès les premiers temps. Elle m’a appris que je m’étais particulièrement « structurée autour du langage » qui est devenu comme un tuteur complètement fusionné avec mon arbrisseau. Tu ne peux pas retirer l’un sans endommager l’autre. Au nom de quoi faire une telle chose ?
Si l’écriture m’a servi à me protéger, puis à pousser plus droit, et bien tant mieux. Je devine même un peu qu’elle constituera mon bâton de vieillesse et que l’imagination sera la lampe au bout de mon bras d’ermite. Et si j’avais écouté les autres et leurs opinions et leurs avis sur moi, peuh. Je serais totalement passée à côté de moi-même. Et je considère que ça aurait été un gâchis. Tout le monde n’a pas le même avis (et là cf la règle n°1 : on s’en fiche à fond).
Mais ça forcément, je peux le dire avec du recul… mais pour avoir le recul un jour, il faut avoir accepté de continuer à avancer, même en trainant des pieds, même en trébuchant parfois, même quand des gens ont fait des croche-pieds.
D’autres ont été là, peu nombreux, de loin en loin, pour me relever.
Cela je n’y croyais pas non plus.
Et peut-être qu’un jour je réaliserai en pleine conscience que j’aurais vécu toute ma vie comme un long démenti récurrent de toutes mes croyances et mon formatage initial.
A défaut que beaucoup te répondent, je t’aurai répondu, trop longuement, trop personnellement (en parlant de moi ce que je n’aime pas du tout) mais pour te dire que beaucoup de personnes cachent quel est leur combat quotidien. Et essaient de faire bonne figure, par politesse, par courtoisie, pour trouver simplement un havre peinard. J’aimais beaucoup internet quand j’allais mal. Je pouvais oublier parce que j’étais invisible. Je pouvais être drôle. Je pouvais manifester de l’optimisme sans qu’on voie ni les cernes, ni la pâleur, ni la faiblesse physique. Etre normale en étant… invisible, sans endurer non plus une quelconque pitié. Trop cool, de vraies pauses bien-être.
Alors pourquoi renoncerais-tu à cela, surtout si on ne te propose rien pour compenser cette perte ? Nous autres humains nous sommes très donnant-donnant. On ne lâche pas facilement la proie pour l’ombre, même si les opinions divergent sur ce qu’est la proie et ce qu’est l’ombre.
Je pense que tu devrais continuer à écrire mais pas seulement. T’essayer à d’autres formes d’art, complémentaires, rencontrer des gens d’autres cultures et d’autres pays. T’intéresser à d’autres formes de pensées… Pour élargir tes horizons.
Peut-être que ça te semblera encore un peu vide de sens pour l’instant.
Mais qui sait, plus tard ? Je prends toujours le pari dans ce sens. Les gens ne sont pas toujours prêts à accepter ou à écouter, mais un jour ils le deviennent s’ils sont assez souples, ils se souviennent par bribes. Et ils retiennent non le discours, mais l’intention.
Accorde-toi le temps d’aller mieux, ce n’est jamais du temps de perdu. Avance à petits pas, du moment que tu avances.