Bonjour,
Depuis deux jours j’ai décidé de mener un combat contre ma propre ignorance sur l’accord du participe passé.
C’est terrible de le commencer si tard, mais mieux vaut tard que jamais.
Et… Je m’aperçois d’une difficulté. J’ai besoin de votre aide.
Dans ce passage du prochain chapitre que je compte publier se trouve cela : « Étrangement, Océane ne se sentit pas atterrée par la nouvelle, au fond d’elle-même elle le savait. Les chuchotements, les nombreux médicaments, les passages réguliers à l’infirmerie. Tous ces petits moments l’avait préparé (e) (s) à cette nouvelle. »
Mon ancienne habitude me faisait écrire : ces petits moments l’avait préparé
Puis j’ai un jour en cours entendu vaguement que quand le COD se trouvait avant le verbe, comme ici (l’) il fallait l’accorder. Mais avec quoi l’accorder ? Et là je me retrouve bloquée. Sur les sites internets que j’ai ouvert j’ai l’impression qu’ils ne comprennent pas que les gens qui recherchent de l’aide ont besoin de TOUS les détails.
Dois-je donc accorder le participe passé avec « ces petits moments » ou avec « l’ » (aka. une femme)?
Enfourchons le destrier Grammaire, et pourfendons l’hydre des accords incertains !
On pourrait dire : " Tous ces petits moments l’avaient mise au courant de cette nouvelle." Là, l’oreille nous aide.
Lorsque le COD (ici l’, en l’occurrence une fille seule) est placé avant le verbe au temps composé (avec auxiliaire et participe passé), on accorde le participe passé du dit verbe (mise ou préparée) avec le COD (ici au féminin singulier).
Au passage, il faut bien que ces petits moments remplissent leur office, au pluriel !
Well, well, well
Exemples de phrases grammaticalement correctes :
Tous ces petits moments étaient préparés
sujet (qui fait l’action) : tous ces petits moments (masculin pluriel)
verbe composé avec l’auxiliaire ETRE : on accorde l’auxiliaire être + le participe passé de préparer sur le sujet, en genre et en nombre (soit masculin pluriel)
Tous ces petits moments avaient préparé la fille seule…
sujet : tous ces petits moments (masculin pluriel)
verbe composé avec l’auxiliaire AVOIR : on accorde l’auxiliaire sur le sujet (pluriel) mais PAS LE PARTICIPE PASSE : avaient préparé
parce que…
le complément d’objet direct (COD) : la fille seule est après le verbe dans la phrase (pas d’accord).
Tous ces petits moments qui l’avaient préparée
sujet : qui (renvoyant à un masculin pluriel de tous ces petits moments)
complément d’objet direct : l’ (renvoyant à un féminin singulier de la fille seule)
verbe construit avec l’auxiliaire AVOIR : on accorde l’auxiliaire sur le sujet pluriel (avaient) d’une part, et d’autre part le participe passé sur le COD (ici féminin singulier) et positionné avant le verbe dans la phrase (il exerce une “'influence”).
.
Quand l’auxiliaire AVOIR est impliqué dans les conjugaisons, il faut surveiller la position du complément d’objet direct (un qui ou un quoi) : est-il avant ou après le verbe ?
S’il est après : “après moi, le déluge, on s’en fiche”, pas d’accord du participe passé.
S’il est avant : le participe passé s’accorde sur le COD.
Nota bene toutefois
Tous ces petits moments avaient été préparés
Le premier qui sait m’expliquer pourquoi on met un s à “préparés”, alors qu’il y a manifestement l’auxiliaire avoir, aura droit à un bon point.
Merci encore pour le mal que vous vous êtes donnés. C’est maintenant beaucoup plus clair !
Pour ton petit bonus @OldGirlNoraArlani :
Alors j’imagine que la voix passive a ici un rôle, on peut rajouté un “par”.
De plus je suppose que la base du verbe “avaient été” est le verbe être
Mais tout cela n’est que suppositions et vagues souvenirs de mes cours sur la conjugaison…
« que (le mal : Complément d’Objet Direct) vous (sujet) vous (Complément d’Objet Indirect : à vous) êtes donné » (participe passé, non pas accordé avec le COD, mais tel que)
Intéressant comme discussion Je vous partage une petite vidéo qui parle de manière à la fois claire et humoristique de cette question (entre autre) L’orthographe est elle respectable ?
C’est vraiment remarquable ! Drôle et bien construit.
La conclusion des deux lurons semble bien de libérer l’orthographe.
Mais pour ma part, ce n’est pas parce que l’histoire de notre langue a eu des moments d’élitisme arbitraire et de jacobinisme normatif, que je vais rejeter le résultat momentané de cette histoire…
Bon je reviens vers vous. J’ai si honte, mais je veux comprendre.
Je suis en stage et on crée un jeu de société et je dois vérifier si tout est bon… bref, dans l’une des questions que propose ma collègue il y a :
"Comment s’écrit serré dans cette phrase :
Julie et Léa se sont serrées la main
Julie et Léa se sont serrée la main
Julie et Léa se sont serré la main
BONNE REPONSE : 3"
Ma collègue est persuadée de sa réponse, mais elle est incapable de m’expliquer pourquoi ce n’est pas la 1. Le sauriez-vous ?
Dans la même veine j’ai aussi la question suivante :
Comment s’écrit permis dans cette phrase :
Eve et Léa se sont permises d’intervenir dans le débat
Eve et Léa se sont permient d’intervenir dans le débat
Eve et Léa se sont permis d’intervenir dans le débat
BONNE REPONSE : 3
Je sais que je déborde du topic étant donné qu’il s’agit du participe passé avec être, mais j’ai besoin de comprendre.
Elle a raison. Une histoire de COD (et de pronom réfléchi …)
Cf Projet Voltaire : Clic ici
Les verbes pronominaux se conjuguant avec l’auxiliaire « être », leur participe passé s’accorde le plus souvent avec le sujet : Elle s’est évanouie. Ils se sont enfuis.
Certains verbes pronominaux peuvent pourtant avoir un complément d’objet direct. L’accord du participe se fait alors avec celui-ci, à condition qu’il précède le verbe :
Ils se sont lavés. ? Le COD est le pronom réfléchi « se », placé avant le verbe : on accorde le participe passé avec lui. mais
Ils se sont lavé les mains. ? Le COD est « les mains », placé après le verbe : on n’accorde pas « lavé ».
Le participe passé d’un verbe pronominal reste invariable quand le pronom réfléchi est objet indirect :
Ils se sont parlé, car on parle à quelqu’un.
Elle s’est permis de prendre la parole, car on permet quelque chose à quelqu’un.
De même, le participe passé des verbes « se plaire », « se complaire », « se déplaire » et « se rire » reste invariable :
Elle s’est plu à l’agacer.
Ouah, super instructif tout ça ! Y’a quelques trucs que je faisais à l’instinct et d’autres pour lesquels je me serais plantée… ça fait du bien quelques rappels là-dessus de temps en temps, en fait
Mon cerveau a pris feu, j’ai plus ou moins compris l’histoire du COD, mais je pense qu’il me faudra du temps pour comprendre et après expliquer l’histoire du verbe pronominal.
Le problème des verbes pronominaux, c’est qu’il s’agit de verbes qui se conjuguent normalement avec le verbe avoir : Julie a serré la main à Léa. Eva a permis à Léa d’intervenir. Ces verbes, en devenant pronominaux, utilisent l’auxiliaire être, donc on a tendance à se dire « ah cool, avec être ça s’accorde avec le sujet », alors que… pas du tout ! Le principal piège est là… Il faut se dire « verbe pronominal = règle de l’auxiliaire avoir », et donc, en effet, rechercher les compléments.
Julie et Léa se sont serré la main : on cherche les compléments, donc : elles ont serré quoi ? la main. Le COD « la main » est derrière le verbe, donc on s’en fiche et on n’accorde pas. Elles ont serré la main à qui ? Léa a serré la main à Julie et Julie a serré la main à Léa. Le « se » est donc un pronom COI, et le COI n’intervient pas dans l’accord du verbe avoir. Donc pas d’accord.
C’est la même chose avec le verbe promettre : Eve et Léa se sont permis d’intervenir. Elles ont permis quoi ? d’intervenir (c’est donc le COD, placé après). Elles ont permis à qui d’intervenir ? à elles-mêmes. Le « se » est donc un COI.
Donc si j’ai bien compris ce que @PrincesseKokaiso et toi essayiez de m’expliquer c’est que : si je peux dire « à soi-même » alors ça ne s’accorde pas ?
Oui, comme je suis incapable d’apprendre une règle, j’apprends par moyen mnémotechnique…
Oui c’est ça. Lorsque le « se » répond à la question « à qui », en effet, ça ne s’accorde pas puisque le « se » sera un COI (qui répond à la question « à qui, à quoi ? ») !
Donc on dit avec permettre : je me suis permis et pas je me suis permise.
Le verbe promettre peut-il aider à mémoriser ? est-ce qu’on dirait :
je me suis promise de changer de chaussettes
ou je me suis promis de changer de chaussettes
.
Au bout d’un moment, si on n’a pas envie de comprendre (parce que c’est trop compliqué), ce serait peut-être plus facile d’apprendre des phrases pièges par coeur ? Celles-ci n’auraient jamais de faute.
Oui, même chose. (J’ai promis à qui ? à moi. COI donc pas d’accord.)
Beaucoup de recherches pédagogiques récentes reviennent vers le « par cœur » et la répétition et conseillent de les valoriser, même au détriment de la compréhension… (Mais allez faire comprendre cela à des élèves qui n’ont pas envie d’apprendre… )