Conciliabules autour du vocabulaire

Roh quand il est question de boys love et de personnages matures ou mâtures on peut bien le comprendre comme on veut, grimper au mât dressé tout ça… :sweat_smile: :grin:

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D’ailleurs ne pourrait-on pas voir une épectase dans le fait de grimper au mât ?

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Salutations lexicophiles !

Je viens de trouver dans une fanfiction un mot que je ne connaissais pas (yipikai) !

La ripopée

substantif féminin, vieilli, populaire et péjoratif

  • Mélange de restes de vins différents opéré par les cabaretiers.
  • Mélange de différents mets liquides (liqueurs ou sauces)
  • Ensemble de choses disparates mêlées ensemble.
  • Métaphoriquement, ouvrage dont les idées manquent de cohérence, de lien ou de plan.

Source : Cnrtl

On pourrait employer avec un sens voisin le mot bouillabaisse au figuré, qui signifie alors : mélange confus d’éléments disparates.

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Féminin & Masculin en français

Je vous propose la lecture d’un article du Figaro sur la parité dans les noms de métier en ancien français.
Quelques exemples cités :

  • auctrice serait déjà relevée en 1524 . Il est vrai qu’il s’agissait - encore - de rappeler que la femme est l’auctrice du péché originel
  • la bourrelle, collègue féminine du bourreau
  • la mairesse, épouse du maire ou femme qui exerce des fonctions de direction (source CNRTL)

Romeo Fratti, l’auteur de cet article, reconnaît au moyen-français une certaine parité féminin-masculin dans les noms de métier, que le français n’a plus aujourd’hui. Il exhibe même une règle grammaticale remettant en cause la primauté du masculin dans les accords.
Là, je sens que vous allez lire l’article…

Mais il ne faudrait pas en déduire que notre moyen-âge était plus égalitaire…
En effet, la norme sociale, même si elle a beaucoup évolué au cours du millénaire qui a constitué le moyen-âge occidental, instituait une séparation assez nette entre les métiers féminins et les métiers masculins, en les codifiant via des chartes de corporation, des injonctions religieuses, etc.

Le nom de métier féminin servait également à affirmer l’interdiction de mixité.

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Dans le même ordre d’idées que la ripopée ou la macédoine :

Le salmis

  • Mets composé de pièces de gibier à plumes, rôti aux deux tiers, découpé, servi en ragoût avec une sauce bien assaisonnée, et dont la cuisson se termine souvent à table devant les convives. MIAM ! :heart_eyes_cat:

Le salmigondis ou salmigondin

  • Ragoût composé à partir de viandes déjà cuites
  • Assemblage disparate, mélange confus de choses ou de personnes
  • … en particulier Ramassis d’idées, de paroles ou d’écrits formant un tout disparate et incohérent
  • Littré cite Ménage (du latin salgama, choses confites dans la saumure, et conditus, assaisonné) en ajoutant ne guère y croire (on serait plutôt tenté d’y voir salmis avec la syllabe gondis ou gondin qui serait de fantaisie.)

… à moins que, parmi les viandes réchauffées, on n’ajoute du ragondin ? BEUARKK… :nauseated_face:

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Mon arrière-grand-père en faisait du pâté :yum:

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Allez
Je lis une fanfic où j’ai un bon filon !

Objurguer

Verbe transitif. Langage recherché.

  1. Exprimer à quelqu’un de vifs reproches ou une violente désapprobation

  2. Prier instamment, supplier d’agir différemment (parce qu’on désapprouve)

Source diverses : Cnrtl, Universalis…
.
Ne pas confondre avec abjurer.
On pourrait objurguer quelqu’un qui voudrait abjurer. :stuck_out_tongue:


Attendez,

j’édite ce message plutôt que d’en faire un autre à la suite.
Le mot du jour est…

Chancissure

substantif féminin

Bizarrement, c’est le Wiktionnaire qui est le plus nuancé, là où d’autres dictionnaires d’excellente tenue n’en font qu’un synonyme de « moisissure », il précise :

  • Moisissure sur la surface des matières qui commencent à se décomposer.

  • État qui précède la moisissure. Se dit des premiers signes de changement à la surface de certains corps que la fermentation dispose à la corruption ; tandis que moisissure, se dit du changement entier.

Sources : Dictionnaire de l’Académie française
Rivarol / Dictionnaire classique de la langue française, 1827

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Hé hé hé. On en apprend tous les jours. :slight_smile:

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Sérendipité

  • Ce mot, adopté il y a dix ans par l’Académie française, est emprunté à l’anglais serendipity.

  • Il s’agit du don de faire par hasard des découvertes fructueuses. Dans le monde scientifique, on parle de sérendipité à propos d’une trouvaille inopinée ou d’une erreur, finalement bénéfique grâce à une certaine «forme de disponibilité intellectuelle», capacité de rebond de la personne en recherche.

  • Il fut créé par Horace Walpole, homme politique et écrivain britannique, par référence à un conte oriental, Les trois princes de Serendip (version anglaise publiée en 1722), dont les héros « faisaient sans cesse des découvertes, par accident et sagacité, à propos de choses dont ils n’étaient pas en quête. » On le trouve dans une lettre de Horace Walpole à Horace Mann datée du 28 Jan. 1754, mais qui ne fut pas publiée avant 1833.

  • Après une période incognito, l’attention du monde anglophone fut attirée sur ce mot par un article du Saturday Review du 16 Juin 1877 :"An ungrateful world has probably almost forgotten Horace Walpole’s attempt to enrich the English language with the term « Serendipity. » Il commence à apparaitre régulièrement dans les publications scientifiques des années 1890 mais reste absent du Century Dictionary (1902) . source

  • Serendip ou Serendib est un nom ancien pour Ceylan (moderne Sri Lanka),

    • Sri Lanka, île fortunée ou île resplendissante en cingalais, proviendrait de (Sri , «souveraineté, richesse, éclat» et Lanka «obtenir par le sort» ).
    • Serendip dériverait de l’arabe Sarandib, déformation du tamoul Seren deevu et lui-même du sanscrit Suvarnadweepa île dorée source

Chapeau bas pour ce néologisme synchrétique et poétique, qui a su finalement s’imposer !

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Le Pataquès

un mot connu mais assez espiègle, alors je ne résiste pas…

  • Il désigne une faute de liaison, dans la prononciation, en particulier en altérant ou inventant une consonne à la fin d’un mot :
    • Ce grand zéro pour ce grand héros
    • Une liaison mal-t-à-propos
    • Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira-t-à-toi !
  • Par extension, toute faute ou incorrection de langage qui induit des confusions et rend ainsi le message difficile à comprendre.
  • Léon Daudet, le fils d’Alphonse, invente le patafouillis, un discours truffé d’approximations et de pataquès.
  • Par analogie, un manque de tact, une gaffe énorme
  • En faire tout un pataquès consiste à monter en épingle un fait sans importance, à multiplier les effets pour un non-sujet.
    • En faire tout un plat, tout un fromage…

Origine

  • Le manuscrit d’une pièce de théatre, Le Benjamin d’la Daronne ou la boëte à pataquès, jouée en 1784 par le théatre portatif de Marie-Antoinette, regorge d’approximations, de pataquès et d’expressions d’argot :
    • Dites-moi-z’un peu
    • Faut pas t’être grand sorcier pour…, etc.
  • En 1805, dans son Manuel des étrangers amateurs de la langue francoise, le grammairien, journaliste et académicien François-Urbain Domergue rapporte une anecdote - bien peu galante… - qui aurait revitalisé l’expression :
    Un jeune homme croise deux dames lors d’un entracte au théâtre. Toilettées avec une certaine outrance, elles se comportent da façon tapageuse et se donnent en spectacle.
    Le jeune homme remarque un éventail aux pieds des deux crinolines. Il le remasse et demande :
    - Madame, cet éventail est-il à vous ?
    La première répond :
    - Non, il n’est poinz-à moi !
    Le jeune homme se tourne alors vers la seconde femme. Elle répond :
    - Non, il n’est pat-à moi !
    Le jeune homme conclut ainsi :
    - S’il n’est poinz-à-vous ni-t’à-vous, je ne sais pas t’a-qu’est-ce !

Sources ici et

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Salut à tous,

A la toute fin de la fic Harry Potter que j’ai eu l’avantage de lire, reposait ce dernier mot qui n’est pas des pires :
.

Empyrée

substantif masculin, pas de pluriel

Dérive du grec empyrios « embrasé de feu » / pyr : le feu.

  1. Astronomie ancienne : partie supérieure la plus élevée des 4 sphères célestes contenant les feux éternels, c’est à dire les astres (~ ciel)

  2. Mythologie : séjour des divinités célestes

  3. Christianisme : le plus haut des cieux, séjour de Dieu et des bienheureux, des saints qui jouissent de la vision béatifique (~ paradis)

  4. Poésie et littérature : espace infini contenant les astres ; et plus particulièrement voûte celeste visible depuis la Terre au-dessus de l’horizon (~ firmament)

  5. Au figuré : monde imaginaire, lieu de délices

.
Là, on est dans les hautes sphères du vocabulaire…

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Hissez les couleurs !

Je le reconnais, ce n’est pas le plus divertissant, mais c’est utile, de temps à autre :

image

13 « J'aime »

Ah vi vi … il y a quelques temps, j’ai dû rechercher la règle. (Enfin non, ma pre lectrice m’a suggéré de le faire :yum:)

J’avoue que je n’avais pas fait vraiment attention au fait que "fauve " était une exception.

On en apprend tous les jours même sur des sujets qu’on pense maîtriser. Et c’est tant mieux

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Bon,
je ne sais pas s’il y a des lycéens en bac pro par ici… :smiley:

.

Ludique

adjectif, invariant de genre

  • Qui est relatif au jeu et en a les caractéristiques ; qui permet de s’amuser.
  • Synonymes : récréatif, divertissant, amusant

.


J’ai lu plusieurs articles sur cet épiphénomène concernant le sujet d’épreuve « Selon vous, le jeu est-il toujours ludique ? ».
.
Ce qui est bien dans l’article de 20 Minutes dont est extraite la capture, c’est qu’ils posent la question « à l’envers » à la fin, se demandant – au delà du sempiternel « ouiméléjeunilizepu »… – s’il ne s’agit pas d’un terme aujourd’hui obsolète pas vraiment employé au quotidien.

Comme « je me gausse ».

Plutôt que de renvoyer au manque de vocabulaire de la génération Z, ils posent la question : est-ce qu’une personne âgée connait bien la définition de « disruptif » ou « distanciel » ? :thinking:

Il y a des mémés dans la salle ?

11 « J'aime »

Complir

Voici un vénérable ancêtre, glorieux par sa descendance :

  • complir : achever, réaliser, accomplir quelquechose
    • variantes accomplir, encomplir, escomplir, recomplir, renfort parcomplir, parracomplir
    • descend du latin complere, remplir, accomplir
    • cousin de plere, emplir : remplir
  • le participe passé compli signifie complet, puis par extension accompli, parfait, parachevé
    • Quant il eust fait son oroison, il se mist comme pouvre malade en l’ospital affin de complir son veu.
    • Sire, je ai quinze ans complis ou plus d’aage, et se vos ou autre le mescreés, je sui prest de… quinze ans révolus
    • item. ung vestement sacerdotel comply. Item, deux vinagières d’esteing.
    • Au figuré compli de : accompli en matière de. compli d’onneur et de scens
  • compliement, complissement, complissance est l’accomplissement, la réalisation, l’achèvement.
    • Littré explique ainsi le glissement vers le compliment moderne : Le mot signifie, proprement, achèvement, terme, perfection, et de là, par une transition qui se ■■■çoit, parole qui remplit, qui satisfait, compliment.
  • accomplissamment : complètement, parfaitement
  • désaccomplir est ne pas accomplir ce qui devrait l’être ; désaccomplir à est s’interrompre dans une action.
  • Si accomplisseresse est la personne qui réalise une action, la désaccomplisseresse est la personne qui exécute les dernières volontés de quelqu’un.
  • raccomplir n’est pas accomplir à nouveau, mais suppléer à : l’ung a une vertu et l’aultre a une aultre vertu et ainsi l’ung ne peult pas bien racomplir le deffault de l’autre
  • l’anglais comply et compliance en descendent directement : respecter une exigence (réglementaire), remplir une obligation

Sources ici et

10 « J'aime »

Je vous propose une autre approche.

  • La question posée lors de cette épreuve est-elle licite pertinente, d’actualité ? En gros, utile à la société et en particulier à la génération concernée ?
    • La réponse me parait évidemment oui, puisqu’elle appelle tous les sujets suivants, qui effleurent la philosophie, la sociologie, la morale, la nature de l’être humain et j’en oublie. Rien que ça…
    • Quelles seraient de bonnes définitions du jeu ? Exemple Mark Twain Le travail, c’est tout ce que l’on est obligé de faire ; le jeu, c’est tout ce qu’on fait sans y être obligé.
    • la plus ancienne manifestation de la culture, mais alors pourquoi certains animaux jouent-ils, y compris avec les humains ?
    • Quelle est la place du jeu dans nos sociétés modernes, leur évolution ?
    • Souhaitable ou pas ?
    • Quelles sont au fond les fonctions du jeu ? La fonction ludique de distraction, évidemment, mais aussi éducative, cognitive, sociale, etc…
    • J’arrête là
  • La question étant licite, quelle est la façon la plus précise, concise, « interpellante » de la poser en français ?
    • Selon vous, le jeu est-il toujours ludique ? parait la façon la plus concise.
    • Selon vous, le jeu est-il toujours le jeu ? est une pirouette de youtubeur, une parodie de problématique, piège qu’il est indigne de tendre devant les pieds de nos étudiants.
    • Selon vous, le jeu répond-il toujours aux fonctions que l’on attend d’un jeu ? serait une façon de contourner la difficulté de vocabulaire, mais qui retreint la question et l’alourdit d’un semblant de paradoxe aussi déroutant. J’allais dire sybillin, me suis retenu à temps… Pour celles et ceux qui dépassent cette difficulté, elle donne aussi implicitement une approche plus directive dans le traitement du sujet…
  • Rien n’empêche nos jeunes gens de déplacer le débat en étendant et dépoussièrant la notion de jeu dans un contexte connecté voir de multivers. Rien n’empêche de dégager des glissements dans les pratiques du jeu.
  • La richesse lexicale est indissociable de la capacité à élargir son champs de compréhension et d’adaptation. On ne sait pas à l’avance quels mots soi-disant inutiles vont servir un jour. Je prétends qu’il servent tous, même lorsqu’on ne les prononce pas régulièrement.
  • Et c’est vrai évidemment pour les mots nouveaux. La disruption, c’est-à-dire le bouleversement des répartitions de valeur ajoutée dans les chaines de production des services - enfin pardon, c’est ma définition - n’est pas non plus une notion quotidienne, elle est le reflet de phénomènes et des analyses qui en sont faites.
12 « J'aime »

Non mais Chiara,
ayé l’épreuve est finie ! :grinning_face_with_smiling_eyes: Il est trop tard pour passer ton bac pro !

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J’aurais bien aimé avoir ce sujet au bac, moi :sob: (et d’où ludique est passé de mode ? Je l’utilise régulièrement et je l’entends souvent ! Mais bon, après, quand on entend certains trucs de simplification drastique du vocabulaire aujourd’hui, ça m’étonne à peine…)

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Ce que Chiara omet de dire, c’est qu’il a participé au comité de rédaction de cette épreuve du bac pro :smirk: .

Mais chut :shushing_face: .

8 « J'aime »

La complexité de la langue française est quand même dingue x) merci pour ce topo, je me trompe tout le temps !
On pourrait faire un topic avec toutes les subtilités qui nous donnent du fil à retordre…

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