Une petite mise au point concernant deux faux-amis : dénoter et détonner, souvent intervertis dans nos colonnes.
Dénoter : Être le signe de quelque chose.
Ses questions dénotaient un esprit délié.
Cœur franc se dénote par sa délicatesse.
Des frissons dénotaient que sa fièvre avait monté.
Détonner : Sortir du ton, ne pas être en harmonie avec…
Au sens littéral : Les voix fausses et pointues des femmes faisaient détonner les voix grasses des hommes. Maupassant, Contes et nouvelles, Le Pain maudit
Au sens un peu plus figuré : Sa zibeline détonnait parmi les paletots et les fichus.
La Terre Gaste de la table ronde chez Chrétien de Troyes, Wasteland en anglais, tout comme Guillaume cousine avec Wilhelm ou Galles avec Wales, est un territoire en marge du monde Arthurien, où règne violence et mystère. Gaste, dévastée, désertique, cette terre symbolise la désolation, l’infertilité (comme le roi pêcheur lui-même, impotent c’est-à-dire impuissant), l’abandon de Dieu. C’est là que doit aboutir la quête du Graal, pour obtenir sa rédemption.
Gaste serait « gâté », c’est à dire dévasté en français moderne. Selon le contexte, ce peut aussi se traduire par pourri, inculte, aride, solitaire ou vide.
Tolkien ne semble pas avoir, contrairement à son habitude, explicité la signification du nom « Radagast ».
Le nom de ce brave personnage, dans les Terres Immortelles, est « Aïwendil », c’est-à-dire L’ami des Oiseaux en Elfique Quenya. Mais ça n’aide pas…
Comme le Professeur ne faisait rien au hasard, même lorsque le cheminement de ses inventions linguistiques demeurait obscur, j’ai cherché. Voici mon hypothèse, sur la base de cette source : Student’s dictionary of Anglo-Saxon.
Gast : racine Ghost. Concept d’esprit, fantôme, sprite, etc. Ex. aerendgast : envoyé angélique, apôtre. Chez Tolkien, il faut traduire « Maïa », un être angélique comme Saroumane, Gandalf et Radagast.
Rad : racine Ride. Concept de cheval, chevaucher. Ex. raed-waen, chariot.
Je me hasarde donc à proposer, comme traduction de Radagast, le Maïa chevauchant, avec une origine saxone.
Voila. On ne plaisante pas impunément avec Tolkien.
@ensorceleurisee: Wahou, merci, il y en a plein que je ne connaissais pas !!! Mon préféré : infundibuliforme !
@OldGirlNoraArlani et @ChiaraCadrich : il n’y a pas beaucoup d’endroits où on en arrive à décortiquer le nom d’un personnage de fiction à cause d’un jeu de mots ! Mais j’aime beaucoup l’idée de « Maïa chevauchant » pour Radagast.
Sinon, je vous propose taricheute : dans l’ancienne Egypte, personne qui embaumait les corps. (J’ai appris ce mot en lisant Pyramides de Terry Pratchett.)
eh bah voilà ! Qui avait besoin d’un métier inhabituel ? C’est cadeau.
Bon vous pouvez aussi écrire taxi-dermiste : il vous fait un peeling pendant qu’il vous conduit partout.
Bon, je continue à sortir. Ou sinon je dois trouver un mot.
Psychopompe : c’est le conducteur des âmes.
Un peu comme les Walkyries mais en moins viking et en plus grec. Il s’agit d’une divinité qui emmène l’âme des morts dans leur séjour de l’au-delà. Mercure était psychopompe, par exemple. C’est lui qui conduisait Perséphone du royaume d’Hadès vers le monde des vivants (et vice-versa, tous les six mois).
Toujours pour rester dans le même thème, on a une version plus moderne de taricheute : thanatopracteur, et sa discipline, la thanatopraxie, qui désigne toutes les techniques utilisées pour ralentir la putréfaction.
Sinon, c’est moins une question de vocabulaire pur et dur, mais j’aime beaucoup les auteurs qui appliquent la règle des mots masculins au singulier mais féminin au pluriel, « amour », « délice » et « orgue ». Par exemple, on dira « un amour compliqué » mais « des amours compliquées », un délice partagé" mais « des délices partagées ». C’est une de mes règles de grammaire préférées (oui, j’ai des règles de grammaire préférées), mais je la vois peu, voire jamais appliquée.
Ah non, par contre, ça reste bien « amours », c’est bien pour ça que c’est piégeux. Cela dit, c’est un usage qui reste quasi à 100% littéraire, ça n’est pas « faux » en langage oral de toujours laisser « amour » ou « délice » au masculin
Scialytique. Parce que je voulais exprimer le fait qu’il s’agissait spécifiquement de ce genre de lampe, et qu’il s’avère qu’il y a un mot pour ça.
« La lampe qu’il y a au-dessus du fauteuil du médecin ».
Je ne connaissais pas cette correspondance entre G et Z.
Sauf dans « Azincourt - Agincourt », la pomme de discorde définitive, cause véritable et indiscutable du Brexit.
Pour aujourd’hui, je voudrais vous proposer mon panier.
Mais foin de galettes et petits pots de beurre, il s’agit de légumes :
la cartoufle, nom ancien de la pomme de terre, qui rappelle la Kartoffel germanique.
le turnep, ancien nom et désormais variété du navet, cousin du turnip anglais.
le topinambour, pluriel topinambeaux, une tubercule au nom curieux, qui viendrait (?!) de la province du Pernambouc au Brésil, origine présumée de cette plante - alors que le CNRTL la fait venir d’Amérique du Nord…
les pastenades, en fait les diverses racines dont la pasnaie devenue le panais, ainsi que la carotte.
A la soupe !
Sources diverses. Oui, cette fois j’ai la flemme !
Le CNTRL a sûrement une très bonne définition mais voici celle du Larousse :
Système linguistique réduit à quelques règles de combinaison et au vocabulaire d’un champ lexical déterminé (par exemple commerce, relations maîtres-esclaves).
Langue difficilement compréhensible, charabia, jargon.
Plus facile à retenir : c’est un langage composite qui mélange différentes langues entre elles. Le but était d’essayer de communiquer.
Et sans doute bien cousin avec lui : le baragouin qui signifie pour l’essentiel :
parler mal une langue (baragouiner)
un discours inintelligible ou incompréhensible.
J’ai entendu une fois que ça venait du breton pour désigner le langage des étrangers qui ne connaissaient que quelques mots (notamment bara qui voulait dire pain).
C’est ça. Et « gwin » veut dire « vin ». À ce qu’on dit, ça viendrait des bretons qui montaient à Paris et qui entraient dans les auberges/restaurants demandant « bara » et « gwin »
Bon allez, ajoutons encore du vocabulaire à ce fil !
Je vous avoue que j’ai eu un mal de chien à retrouver ce mot, mes cours de linguistique de L3 datent un peu !
Bref.
Vous avez probablement déjà eu cette expérience. Vous êtes au téléphone avec un opérateur, et vous devez épeler, disons, votre nom. Alors, B comme Banane… A comme Antoine… K comme, euh, Koala…
Eh bien sachez qu’en linguistique, cette astuce porte un nom ! L’acrophonie !