Garder ses personnages ressemblants

L’un des quatre piliers d’une bonne fanfic, ce sont les personnages. Dans l’ancien système de notation du site, on considérait qu’une bonne fanfiction se devait d’avoir des personnages du canon fidèles à ce qu’ils sont dans leur univers.

Les personnages qui ne respectent pas le canon

Les personnages non ressemblants ou changés sont considérés en général comme un défaut de maîtrise de l’auteur amateur (à moins que le changement ne soit délibéré, et très bien mené, par l’intrigue).

Il y a une quantité de vocabulaire pour parler de ce qu’on va faire aux personnages en tant qu’auteur fanfiqueur et avertir ses lecteurs que ce sont des modifications du canon. La preuve qu’on considère implicitement que ce qui est « normal » c’est le personnage… normal, dans son jus, également appelé personnage IC (pour In Character, soit : tel qu’il est dans le film, la série, le manga…).

Par opposition, tout personnage pas fidèle qui (ré)agit ou parle autrement est appelé OOC soit Out Of Character. En un mot bien français : méconnaissable. Ceci peut être très amusant. C’est le droit le plus strict d’un fanfiqueur de manipuler les infinies variations du « Et si… ? ».

Et si Untel n’était pas un garçon mais une fille ? Rajoutez « Fem » (Female) devant le nom du perso dans votre pitch. Et si l’histoire était transportée en un lieu un temps complètement différent où il a un métier ou simplement une vie différente ? Rajoutez UA (univers alternatif) avec une indication de l’époque ou du contexte.

Mais admettons que vous soyez un fan qui aime les personnages comme ils sont et que vous vouliez faire en sorte qu’ils soient très reconnaissables ? Comment faire alors que vous êtes débutant ?

Des persos plus vrais que nature

Le seul secret à connaître et qui ne va pas arranger la majorité des fainéants : c’est qu’il faut bachoter être incollable sur votre fandom. Il est en effet très sécurisant d’avoir vu/lu plusieurs fois une œuvre pour savoir qui dit quoi et quand et comment il le dit. C’est un très bon démarrage. Si vous écrivez juste quelques one-shots par-ci par-là, vous pourrez trouver cela suffisant.

Si vous êtes dans le cas de figure où vous aimez un personnage et que votre motivation à écrire c’est lui faire vivre d’autres aventures et particulièrement sur des fanfictions longues à chapitres. Vous allez vous retrouver coincés très vite. Si vous ne « révisez pas » sans vous en rendre compte, vous allez faire dire ou faire à votre personnage tout ce qui vous passe par la tête parce que c’est déjà assez difficile d’imaginer une intrigue. Et votre fanfic sera moyenne parce que la fidélité des personnages ne sera pas trop au rendez-vous. Imaginez qu’en plus vous ayez un style un peu plat, et que vous fassiez comme tout le monde beaucoup de fautes… Susciter l’intérêt des lecteurs va être… un peu compliqué pour vous.

Mais déjà si vous avez des personnages fidèles qu’on reconnait très bien… ça crée un petit coup de boost.

A partir de là, vous avez plusieurs options. Si vous êtes très jeune ou même moins jeune et que vous n’avez pas la moindre idée des centres d’intérêts de votre héros (ou héroïne) parce que vous ne les partagez pas, il y a tout d’abord une chose à faire : tout savoir sur eux et leur biographie. Il va falloir éplucher l’intégralité de leur pedigree, d’où ils viennent, leur passé, ce qu’ils ont vu et fait avant, leurs épreuves, leurs réussites, soyez incollables. Google est aussi votre ami pour les métiers que vous ne connaissez pas.

Consultez pour ça les WIKIS les mieux fichus du fandom qui est le vôtre. La plupart d’entre eux s’ils sont tenus par des fans sérieux, indiquent leurs sources, font des citations précises, et procèdent parfois saison par saison à ce qui va vous être le plus précieux : l’étude du caractère du personnage (sa psychologie) et la façon dont il évolue au fil des films, des saisons d’une série ou des tomes de livres, le cas échéant.

Car l’une des choses qui motive le plus un lectorat (féminin en tous cas) : c’est savoir ce que le personnage a en tête et comment ce qu’il vit l’affecte. Dès qu’on rentre dans la tête du perso, qu’on comprend sa pensée, ses vues, on associe ses actes avec des intentions reliées à son vécu (qu’il faut avoir donc bien compris dans toutes ses implications), alors miraculeusement, les lectrices s’attachent. Bien sûr, si c’est un perso qui les intéresse à la base… Mais sachez que si vous le faites bien, pour tous les personnages, vous pouvez avoir des lecteurs qui vont finalement s’intéresser à des rôles qu’ils trouvaient fades pour le seul motif qu’ils étaient survolés, trop peu développés et caricaturaux avant, et que vous aurez réussi à les rendre passionnants par ce biais.

Parenthèse. Je parle des lectrices car il peut arriver qu’un nombre important de fanfiqueurs soit plus intéressé par l’intrigue et les péripéties, avec l’action, l’action, l’action pour seul mot d’ordre. L’intrigue n’est qu’un seul des quatre piliers d’une bonne histoire. Si c’est bourré d’action, avec des idées rebattues qui collent au genre, des personnages pas développés qui courent partout comme des marionnettes sans qu’on sache pourquoi au fond, parce que ça fait plus mystérieux de pas tout dire), vous écrivez des histoires aussi mauvaises que celles où il y a des litres de « Est-ce qu’il m’aime ? Il m’a regardée. Mais… et si je me trompais ? Qu’est-ce que tout ça signifie ? Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdue… Tiens je vais appeler ma meilleure amie » et où il ne se passe strictement rien et où l’essentiel consistera à rapporter d’autres ouï-dire en attendant une fête dont l’intérêt principal est d’avoir à porter une robe. :smiley: Fin de la parenthèse.

Revenons à nos moutons. Vous pouvez donc constituer vos propres FICHES de personnages si vous trouvez que celles des wikis ne sont pas très bien. Ou sur la base des fiches wiki, créer pour vous-même quelque chose de plus complet qui vous serve mieux, quitte à en fusionner plusieurs. Menez l’enquête, devenez « profiler » pour cerner le ou les persos sur lesquels vous voulez écrire quelque chose qui soit plausible.

Dans le même ordre d’idée, si vous aimez glander sur internet au lieu d’écrire votre fic car vous êtes en panne d’idées, sachez qu’il y a des fans qui au lieu d’écrire dans blogs, des wikis ou des sites font des VIDEOS avec notamment des analyses de personnage. Les flemmards vont adorer.
Il y a des répliques cultes, des scènes importantes et il y a surtout de l’analyse qui vous donne des explications sur les persos et la façon dont le vlogueur les a perçus et compris… Bien sûr c’est un point de vue qui n’est pas forcément neutre. Mais cela peut vous être précieux quand vous êtes à l’aube de vouloir écrire pour un nouveau fandom et que vous avez besoin de vous sentir plus sûr, et sans la possibilité de vous relire l’intégrale ou de visionner dix saisons d’un coup…

Cela vaut ce que ça vaut et il y en a certainement d’autres mais par exemple vous pouvez aller voir ce que fait SyPlay si vous êtes sur Harry Potter, Marvel cinématique, Walking Dead ou Kaamelott…

Soignez les détails visuels et parlez-en !

Un personnage peut souvent sembler parfois construit comme une petite recette où il suffit d’ajouter tous les ingrédients qu’on aime pour que ça fonctionne (au sujet des limites de la pratique : voir les articles sur les Mary-Sue :-D), mais c’est en partie vrai. Bien des acteurs disent qu’ils commencent à « sentir » le personnage qu’ils doivent incarner quand ils revêtent la tenue. Pour certains, on va les reconnaître à leurs particularités physiques, vestimentaires et leurs tics de langage.

  • Autrement dit : votre personnage a-t-il un uniforme, des vêtements préférés qu’il ne quitte jamais ou change-t-il souvent ? (Un long imperméable froissé ? Une cape ? Un blouson particulier ?)

  • A-t-il quoi que ce soit de « fétiche » en tant qu’accessoire ou ustensile de mode ? (Un marteau ? un tournevis ? des lunettes rondes et une baguette ?).

  • Des particularités physiques attirant l’attention : cicatrice au visage, un membre en moins ? une perruque ? une tête de six pieds de long ? une maladie récurrente qui l’affecte ?

Utilisez tout ça notamment dans les descriptions, pour faire en sorte qu’on le reconnaisse aussi indubitablement, rien qu’à ce genre de détail. Cela peut également fournir une alternative à la répétition lassante de son prénom ou surnom.

Oral et dialogues

Mais c’est pas fini. Si ce n’est pas Chewbacca, votre personnage a-t-il une ou plusieurs « catchphrases », une expression favorite qu’il ressort à tout bout de champ ?

Essayez de caractériser (savoir précisément quel est) son registre de langue : est-il plutôt poli quand il parle ou plutôt vulgaire ? Varie-t-il selon les contextes et les interlocuteurs ou s’adresse-t-il à tout le monde de la même façon ? Est-ce que sa façon de parler trahit son appartenance à une culture quelconque ? Est-il confus ou clair quand il s’exprime ?

Apprenez ce vocabulaire des traits de caractère (et sachez ce qu’il veut dire et implique en termes d’apparence, de réaction - ou absence de réaction - des personnages à la provocation). Introverti, extraverti. Sachez ce qu’est un personnage taciturne ou un personnage volubile. Sachez écrire des dialogues pour quelqu’un qui a fait des études, comme pour un personnage inculte, en changeant le registre de vocabulaire en conséquence.

Tenez compte de l’âge du capitaine ! A moins de peindre un jeune génie qui, à quatre ans, parle comme s’il en avait trente avec trois doctorats, ayez conscience qu’un enfant est moins logique et clair dans un rapport d’événements qu’un adulte (même très fortement commotionné) et n’est en général pas « très mur pour son âge », réagit très émotionnellement en se plaçant au centre de la situation…

Ce qui peut rendre un personnage OOC à vitesse grand V, c’est que vous le faites parler comme vous, plutôt que comme lui… (Très clairement parce que vous trouvez ça « naturel » de parler comme vous et que vous vous comprenez très bien quand vous le faites. Or rien n’est moins sûr. Je verrai par exemple au nombre de likes que recevra ce post combien ont réellement bitté un truc à ce qui précède). :smiley:

De même que souvent les choix vestimentaires, lorsque ceux-ci sont libres (un militaire tenu au port de l’uniforme n’a pas trop de latitude) sont un révélateur de la personnalité, le langage en est souvent un autre. Une personne qui fait des phrases courtes et sèches ou au contraires trop longues et alambiquées va « dire » quelque chose de ce qu’il est, que ce soit au lecteur mais aussi à ses interlocuteurs. Espérons que les uns et les autres seront capables d’en tirer les bonnes conclusions au moment de la première rencontre ! :sweat_smile:


Donc pour résumer, pour garder vos personnages IC si c’est votre intention de départ, sachez tout sur eux, notamment ce qu’ils ont dit, comment ils le disent, et le plus possible ce qu’ils ont dans la tête, à quoi ils réagissent (quelles ficelles faut-il tirer pour les faire bouger ? - Personne ne me dit que j’ai les foies !) et quand vous saurez tout ça sur le bout des doigts, vous pourrez leur concocter des aventures même très bizarres où on les reconnaîtra toujours.

17 « J'aime »