Initiation à la recherche de maison d'édition

Bonjour :slight_smile:

Sur ma présentation, un membre m’avait demandé si je pouvais partager quelques conseils sur le monde de l’édition. Je ne suis pas éditée moi-même, mais je commence à bien, bien connaître le milieu puisque je le côtoie tous les jours dans le cadre de mes études et de mes activités de blogueuse. Ce post est là pour répondre un peu à vos questions du coup :slight_smile:

1. Edition et auto-édition : quelle différence ?

Il y a plusieurs moyens de se faire éditer aujourd’hui. Bien sûr, ces moyens ne concernent que les textes originaux (sauf exceptions type commandes de studios de jeux vidéos, séries, films, ect).

Le premier, c’est bien sûr l’édition. Vous proposez votre manuscrit dans un appel de textes, un concours ou dans le cadre de soumissions de manuscrits lancé par une maison d’édition. Après une lecture par l’éditeur et/ou un comité, si vous êtes acceptés, vous passez par une étape de travail éditorial avant la publication de votre manuscrit.

L’auto-édition, c’est globalement la même chose, sauf que vous faites tout par vous-même, de l’écriture à la publication, sans oublier la promotion. C’est complexe, ça demande de l’argent et les résultats ne sont pas forcément là, mais ça reste une expérience très chouette.

Pour ma part, je vais me concentrer ici sur l’édition.

2. Compte d’auteur ou compte d’éditeur ?

C’est un point que pas mal d’auteurs ignorent. Dans l’édition, il existe deux branches, le compte d’auteur (aussi parfois appelé « édition participative ») et le compte d’éditeur.

Une maison d’édition à compte d’éditeur est très sélective, mais ça en vaut la peine puisqu’elle ne fait rien payer. Ni la correction, ni la couverture, ni la promotion. C’est l’éditeur qui gère tout et ça devrait être vraiment la seule manière de se faire éditer aujourd’hui.

Une maison d’édition à compte d’auteur publie votre manuscrit en échange d’argent. Ils s’en fichent de la qualité du texte, ils veulent juste prendre votre argent. Ils proposent de la correction, des couvertures, de la « promotion », le tout en échange d’environ 2000 à 5000 euros, soit deux à trois fois plus cher qu’en auto-édition. Et ça ne rapporte strictement rien. Toutes les librairies boycottent les comptes d’auteurs, et d’ailleurs, un bon nombre d’entre eux ne vous paieront jamais leurs droits d’auteurs puisque vous les obtenez après un nombre de vente assez haut pour que vous ne l’atteigniez jamais. Quitte à payer, faites-le dans le cadre de l’auto-édition, vraiment. De plus, les corrections et les couvertures sont bien souvent réalisées par des personnes dont ce n’est pas le métier.

Une maison d’édition à compte d’éditeur ne fait rien payé, jamais. Si vous devez payer quelque chose, ne serait-ce qu’un stock de livres, dans une maison d’édition qui se dit à compte d’éditeur : fuyez. Elle essaie de vous rouler.

On reconnait aussi les comptes d’auteurs au délai de réponse suite à l’envoi d’un manuscrit. Une maison d’édition est toujours surbookée. N’attendez pas une réponse avant deux ou trois mois au minimum. Si vous recevez une réponse positive en une ou deux semaines, c’est bien souvent très mauvais signe. Attention toutefois, certains maisons d’édition à compte d’éditeur ont des délais similaire également, et là non plus, ce n’est pas bon signe du tout.

3. Grande ou petite maison d’édition ?

Même s’il est vivement recommandé d’envoyer votre manuscrit à au moins une ou deux grandes maisons d’édition, très souvent, si vous débutez dans le monde de l’édition, elles vont juste vous regarder de haut et rire. Les grandes maisons d’édition ne prennent en général pas de premiers romans, sauf de très rares exceptions.

Visez plus petit et surtout ciblez vos recherches. Envoyer votre manuscrit à toutes les maisons d’édition que vous voyez ne sert strictement à rien. Se renseigner sur chaque maison d’édition dans laquelle on a envie d’être publié, c’est indispensable. S’éditer, oui, mais pas à n’importe quel prix ! Ça doit devenir votre ligne directrice. J’ai écrit un article sur ça il y a peu, vous pouvez vous y référer pour démasquer les petites failles et signaux d’alerte lorsque vous envoyez un manuscrit.

N’oubliez pas également de bien vérifier les contraintes d’envoi, ça évite que votre manuscrit soit jeté à la poubelle avant même d’être lu :slight_smile:

Voilà voilà pour les conseils de base, n’hésitez pas si vous avez des questions :heart:

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Je rajoute aussi que c’est une bonne idée de se pencher sur les appels à texte. Certes, on a plus de concurrence, mais ça permet d’être certain que l’éditeur est vraiment intéressé par ce qu’on propose et qu’il va vraiment s’y pencher, plutôt que de se lancer uniquement dans de l’envoi libre.

J’ai publié mon roman sur un système assez similaire, qui est le concours de Nouvelles Plumes. Ils ont un comité de lecture basé sur des lecteurs lambdas aussi bien que des professionnels, et ils organisent aussi de temps en temps des concours sur différents thèmes, ça vaut le coup d’y jeter un coup d’oeil, ne serait-ce que par curiosité.

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Oh C’est super intéressant ! Merci d’avoir pris le temps de nous écrire tout ça ! J’ai toujours eu dans l’idée de publier un live d’image pour enfants, mais c’était très lointain et très flou, et tout à coup avec un « mode d’emploi » ça parait bien plus tangible !!
Encore merci :smile:

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Oui, merci beaucoup pour toutes ces précisions, c’est super intéressant ! ^^

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Eh bien merci beaucoup pour cette publication qui m’en a beaucoup appris sur le milieu de l’édition! J’avais déjà eu un aperçu en côtoyant une auteure, mais j’ignorais encore beaucoup de détails.

Bien entendu, tu nous as expliqué de manière grossière, courte et concise, comment rechercher une maison d’édition et je suppose qu’il y a encore beaucoup de choses à apprendre, mais cela est bien assez suffisant pour un écrivain débutant.

Ecrire un roman est un rêve de gosse que j’ai peur de réaliser un jour, mais je ne perds pas espoir. C’est pour cela que, ces derniers temps, je songe beaucoup à la question de l’édition. Je m’explique : si un jour je finis par sauter le pas et rédiger un roman de A à Z, qu’il me plaît, quel moyen utiliserais-je? L’autoédition devient sans doute le moyen le plus utilisé pour les auteur.e.s débutant.e.s, mais ne serait-il pas mieux de tenter les maisons d’éditions directement?

En tout cas, merci beaucoup!

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Tout dépend ce que tu recherches :slight_smile:

Aujourd’hui, l’auto-édition n’est plus du tout le moyen de repli vers lequel on se tourne quand on ne trouve pas de maisons d’édition. Il y en a toujours, c’est indéniable, mais ça devient de plus en plus professionnalisant (on le voit avec l’explosion des prestations graphiques, de corrections spécialement dédiés au milieu).

On a toute un pan de l’auto-édition d’auteurs qui veulent vraiment avoir l’impression d’avoir fait un livre de A à Z. Il y a aussi une grosse partie qui utilise l’auto-édition comme un moyen de résistance contre les maisons d’édition, parce que malgré ce qu’on en dit, c’est pas du tout un milieu où tout est rose, et en particulier dans les grosses structures. Il y a aussi des auteurs qui n’ont pas le choix, parce qu’ils écrivent des nouvelles, du théâtre, de la poésie, de la littérature web qui n’a pas de public en librairie. L’auto-édition agit comme sauvegarde de ces oeuvres.

Tu peux tenter les maisons d’édition, bien sûr, mais il ne faut pas voir l’auto-édition comme un moyen de publication de débutants, c’est de moins en moins vrai et la plupart des auteurs auto-édités avec un minimum de compétence en promotion sur les réseaux sociaux gagnent mieux leur vie qu’en maison d’édition ^^

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En fait, ça me semble tellement compliqué de publier un roman rien qu’en théorie que je suppose que c’est la chose qui me freine le plus. Sans doute que je serai heureuse si j’écrivais un roman, mais je serai également déçue si je le gardais dans mon ordinateur ou dans mon disque dur externe. Seulement, vu que publier une œuvre paraît être le parcours du combattant, je crains de ne jamais avoir le courage de m’embarquer dans ce genre de galère.

Bien entendu, il y a aussi la diffusion en ligne de son œuvre mais je doute de l’impact qu’il pourrait avoir. De plus, mon côté vieux jeu me pousse à songer que matérialiser un roman de façon papier, est la finalité de celui-ci. La lecture sur écran est une chose pour laquelle j’ai du mal, et étrangement je n’aimerais pas voir mon roman uniquement sur les écrans des appareils technologiques des gens.

Mais bon. Cela est simplement une hypothèse puisque la rédaction d’un potentiel roman n’est qu’un projet de longue date, qui ne se concrétisera sans doute pas. ^^ Mais merci pour tes renseignements!

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Je ne savais pas où mettre ça et je me suis dit qu’ici c’était pas mal.

A propos de la constitution des comités de lecture des maisons d’édition.

Visiblement, sur la page FB de cet éditeur canadien, des gens ont été choqués que beaucoup de membres de comité ne soient pas rémunérés pour leur activité (ça me fera toujours rire les gens qui ignorent comment ça se passe dans le monde de la Culture au sens large, dans le privé comme dans le public)

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Ça faisait un moment que je n’avais pas sorti ma pelle pour déterrer un vieux sujet. Mais le hasard fait que je me suis retrouvé dans plusieurs discussions sur l’édition récemment, et c’est à cette occasion que j’ai découvert ces fameux éditeurs à compte d’auteur. J’ai un peu creusé, et je suis ressorti de tout ça assez sidéré par le fonctionnement foncièrement malhonnête de ces entreprises. Ce qu’elles font est bien sûr légal (enfin… j’imagine…), mais dans la manière de faire, il y a clairement une volonté de piéger les auteurs, ce qui en fait à mes yeux des arnaques. Le post initial de myfanwi met déjà bien en garde, mais je vais quand même développer un peu les aspects arnaque, manipulation mentale, clientélisme déguisé, parce que je trouve ça choquant.

Les auteurs sont leurs clients, mais ils ne le savent pas. Un truc qui permet souvent de s’en rendre compte rapidement, c’est qu’ils mettent en avant l’appel à la soumission de manuscrits, que les messages à l’adresse des auteurs seront les premiers visibles… alors que chez une ME à compte d’éditeur, ce qui est mis en avant, c’est le catalogue. Pour déposer un manuscrit, il va généralement falloir scroller en bas du site, aller dans « Nous contacter », bref faut être motivé. La différence, c’est que chez les premiers, l’auteur est le client, alors que chez les seconds, c’est le lecteur le client.
Néanmoins, et c’est là ce qui me débecte le plus, c’est qu’il y a une volonté de faire croire à l’auteur qu’il passe quand même par un processus de sélection, que son manuscrit (qui n’aura sans doute pas été lu, ou alors très vite fait) a été sélectionné par un comité de lecture, qui a eu un coup de cœur. Bref, c’est clairement de la manipulation mentale, on valorise de manière malhonnête l’auteur pour l’attirer dans le processus (certains semblent pousser le vice en évoquant d’éventuelles adaptations télé ou ciné dans les échanges de mails…) et le faire raquer un maximum par la suite. Comment ?

  • Tout d’abord, certaines vont vous demander une participation, en vous faisant payer les premiers exemplaires (avec un discount :clown_face: ). Là, l’idée est vraisemblablement de pouvoir lancer l’impression d’un premier lot sans que l’éditeur n’ait à avancer d’argent, et avoir un premier stock, qui sera soit refilé à l’auteur qui devra se débrouiller tout seul pour les écouler, soit stocké dans un hangar « au cas où ». J’ai même vu, sur le site d’une de ces maisons, un message justifiant ce procédé par le fait que « l’éditeur prend un risque en publiant un livre, il est normal que l’auteur participe à ce risque ». C’est faux, déjà parce que vu le prix, ils couvrent totalement le risque avec la participation de l’auteur. Ensuite, parce que si leurs clients sont les lecteurs, ce qu’ils veulent faire croire, alors l’auteur fournit un travail pour eux, et devrait donc être rémunéré pour ce travail. Je sais pas, je vais pas payer pour qu’une entreprise me laisse participer au développement de ses logiciels en attendant un éventuel retour si ça génère du fric plus tard. Ben là c’est pareil, du moins ça devrait…
  • Ensuite, ces maisons vous proposeront généralement tout un tas d’options pour améliorer votre bouquin, telles que la correction orthographique, bêta-lecture, mise en page, création d’une couverture sur mesure… En gros, ils sont prêts à vendre un truc non corrigé, moche et bourré de faute, avec une couverture immonde voir toute blanche si l’auteur refuse de prendre ces options. C’est lunaire. Une ME qui croit dans un bouquin fera tout pour le mettre en valeur et lui donner toutes ses chances, là elle n’en a clairement rien à carrer. La qualité de l’ouvrage n’est pas le sujet !
  • Ils jouent également sur la confusion entre distributeur et diffuseur. Ils auront souvent un distributeur, voir le seront eux-mêmes, ce qui va donner l’impression à l’auteur que son livre sera promu. Or, ça veut juste dire qu’ils ont un endroit où stocker les bouquins et les expédier en cas de commande, pas qu’ils vont promouvoir le livre → ils s’en cognent, ce n’est pas leur business model ! Le livre sera donc disponible sur leur site (que seuls des auteurs visitent), aura sans doute droit à un petit post sur leurs réseaux sociaux (que seuls les auteurs suivent) et sera disponible sur Amazon et/ou la Fnac en ligne, mais sans aucune publicité, sans aucune place en rayon dans les librairies, sans aucun stand dans les salons du livre, personne ne l’achètera.

Donc au final, ce qui va se passer pour l’auteur, c’est qu’il va débourser entre 1 000 € et 3 000 € (myfanwi indiquait même 5 000 comme haut de fourchette) pour n’être lu par personne. À moins de gérer vous-même le marketing (ce qui peut se faire si vous êtes influenceur, mais dans ce cas autant faire de l’auto-édition), vous ne ferez pas de ventes et ne rentrerez jamais dans vos frais. C’est cher payé pour s’auto-persuader qu’on est un auteur publié. Si vous tenez vraiment à avoir une version papier de votre œuvre juste pour le plaisir, passer par de l’auto-édition voir directement un imprimeur me semble plus pertinent.
Si vous voulez juste être lu, publiez sur internet. Vous aurez plus de chances d’avoir des lecteurs en mettant un truc en ligne gratuitement, qu’en rendant payant un truc sur lequel le lecteur n’aura aucune information. C’est tout bête, mais en publiant sur FFR par exemple, on trouve des lecteurs. Ça ne nous rapporte pas d’argent, mais ça ne nous en coûte pas non plus. Plus de lecteurs, et pas de perte sèche, c’est a priori plus intéressant…

En complément, j’ai trouvé ce lien, sur le site d’une autrice qui recense des ME problématiques comme ce que je viens de décrire, et la liste est assez sidérante. On sent le business juteux…

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J’ai découvert cette « arnaque » en même temps que toi, on a échangé pas mal sur le sujet en privé.

J’ai commencé à m’intéresser un peu à la question parce que j’envisage l’aventure de l’auto-édition avec créationsdefans depuis quelque temps. Du coup, je vois un peu mieux « de quoi ça cause ». Avant, pour moi, le format papier était pour ceux qui écrivaient « pour de vrai » et qui étaient capables d’en faire leur métier. Pas concernée en gros… Mais depuis que je traîne par ici, je me rends compte que ce n’est pas si tranché en réalité et qu’il existe bien d’autres choses et d’autres voies.

Ce que tu expliques là, dans ton post, je trouve ça vraiment toxique… et flippant. Preuve que, si on n’est pas averti ou qu’on ne traîne pas sur les forums, on peut se faire avoir. Et quqnd je vois les sommes engagées … jusqu’à 5.000 euros ??? A ce stade, c’est de l’extorsion.

C’est triste parce que, nombreux sont ceux dont c’est le rêve. Et bien sûr, des gens malintentionnés en profitent pour se faire du fric. :face_vomiting:
Fianlement, on n’est à l’abri nulle part, même pas dans notre passe-temps de niche, voué à disparaître face à la numérisation galopante et à l’intelligence artificielle qui commence à écrire des fanfics pas si mal… ON EST FOUTUUUUUUS !!! :rofl: :rofl: :rofl:

Blague à part, tu as raison. Au final, on a certainement plus de visibilité ici, sur ff.fr. Avec l’aide d’amateurs, on peut s’en sortir aussi. Peut-être pas pour se voir éditer par des vraies maisons d’édition (en tous cas, pas pour la fanfic, c’est sûr) mais c’est encore ce qu’il existe de mieux, de plus secure et de moins cher !!!

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