A vrai dire, je crois que cela arrive à tout le monde, même hors du cadre de la fanfiction. Chaque auteur a une vision différente des personnages, même si cela peut parfois aller à l’encontre de l’essence même du personnage en question. Avec la récente sortie de Spider-Man No Way Home, j’ai réalisé que certains vilains ne s’exprimaient plus forcément de la même façon que dans les films qui les ont vu naître. Par exemple, je ne sais pas pourquoi, j’ai un peu tiqué sur les dialogues de Docteur Octopus, notamment lorsqu’il dit à Peter « C’est quoi ce délire ? ». C’est une phrase anodine, mais je ne vois pas du tout ce personnage la prononcer. Peut-être que ça ne vient que de moi, après tout. Ce n’est pas la seule phrase de ce genre. Ca me rappelle aussi la première rencontre avec l’Homme-Sable, au cours de laquelle Electro dit qu’il est nu et que l’Homme-Sable lui répond que lui aussi « il a les fesses à l’air ». Quand on voit à quel point son histoire était sérieuse, cela fait très bizarre. J’avais parfois l’impression que le film avait été écrit par des ados.
Parfois, les reprises de personnages par d’autres auteurs peuvent complètement dénaturer le personnage. L’exemple qui me vient en tête est celui de Luke Skywalker dans la postologie (Episodes VII - VIII - IX). Le scénaristes – et surtout Rian Johnson – ont réussi à rendre un homme plein d’espoir même dans les pires moments, complètement rincé par la vie ; un homme qui jette son propre sabre laser en l’air et qui refuse d’aider sa propre sœur dans la tourmente. On pourrait se dire que cela à avoir avec son échec, mais même Yoda, qui s’est exilé sur Dagobah, a accepté d’entraîner Luke afin qu’il devienne plus fort, ce que Luke lui-même refusait de faire au début avec Rey. Bref, voilà un bel exemple d’OOC dans un film à gros budget.
C’est vrai que dans le cadre de la fanfiction, il est toujours difficile je trouve de respecter le canon d’une œuvre. Dans mon cas, ça vient souvent du média que j’adapte : le jeu vidéo. Dans ce média, beaucoup de choses sont réglées au millimètre près : les jauges de pouvoir, les munitions qu’il reste, les points de vie. Or, la fanfiction et l’écriture en général permettent de changer ses paramètres à notre guise et à notre convenance, ce qui peut entraîner des divergences par rapport à ce qu’il est possible de faire ou de ne pas faire dans le jeu. Par exemple, dans ma saga dans l’univers de BioShock, les ennemis peuvent être tout autant très difficiles à tuer que pas du tout en fonction de l’importance que je souhaite leur donner dans l’histoire.
En outre, il est clair qu’il m’arrive aussi de ressentir la même sensation qui m’a frappée devant Spider-Man quand je lis mes propres fanfictions. Lorsque je le fait, j’essaye de lire les phrases des personnages avec leurs voix respectives dans ma tête. Parfois, ça marche, et parfois non, même si je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui va ou ce qui ne va pas, ce qui peut se révéler assez troublant.