La psychanalyse freudienne : science, philosophie, discipline hybride ou charlatanerie?

Allez, il est temps de tenter de relever le gant jeté par @Anthaus sur le sujet sur les paralysies du sommeil et les rêves lucides :saluting_face:

J’avais laconiquement répondu « non » avant d’affirmer que « c’était pas si simple », comme promis, voilà un argumentaire -parti pris et en dix parties :stuck_out_tongue: - sur la question.

Psychanalyse : science, philosophie, discipline hybride ou pseudo-science ?

Mini glossaire

Résumé

J’ai essayé de vulgariser au maximum mais certains termes obscurs méritent tout de même peut-être un bref éclairage ; je ne me suis pas cassé la tête, dans la plupart des cas, j’ai fait des copier-coller des définitions du CNLR ou du dictionnaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis.

Épistémologie : Étude de la connaissance scientifique en général. Partie de la philosophie qui a pour objet l’étude critique des postulats, conclusions et méthodes d’une science particulière, considérée du point de vue de son évolution, afin d’en déterminer l’origine logique, la valeur et la portée scientifique et philosophique (cf. philosophie* des sciences, empirisme* logique)

Relativisme : Doctrine qui admet la relativité de toute connaissance humaine.

Démarche inductive : La démarche inductive, aussi appelée approche empirico-inductive, est une méthode de travail qui part de faits, de données brutes réelles et observables, pour aller vers l’explication de celles-ci. À partir des phénomènes particuliers observés sur le terrain, le chercheur peut comprendre un phénomène général.

Démarche déductive : La méthode déductive, aussi appelée “déduction logique” ou “approche hypothético-déductive”, est une méthode de travail scientifique. Elle a pour but d’expliquer un phénomène en partant d’un sujet ou d’une hypothèse sur un phénomène. On ne part donc pas de faits observables (phénomène empirique) mais d’une théorie préexistante dont on teste la validité via des expériences.

Hystérie de conversion : Un trouble de conversion est un état dans lequel le patient présente des symptômes neurologiques tels qu’une paresthésie, une cécité, une paralysie ou autres déficits similaires sans que le système nerveux central ou périphérique n’ait subi de dommages organiques.

Méthode cathartique : Le traitement cathartique ou méthode cathartique, développée par le médecin, Josef Breuer, est une technique qui consiste à faire tomber les barrières psychologiques du patient par l’hypnose pour réveiller les souvenirs traumatiques enfouis, à l’origine de troubles, générant ainsi une décharge émotionnelle à valeur libératrice, l’abréaction.

Métapsychologie : Théorie généralisée des processus psychiques visant à les décrire dans leurs relations topiques (localisation des processus dans le conscient-préconscient ou l’inconscient, dans le ça, le moi ou le surmoi), économiques (transformation et variations quantitatives de l’énergie pulsionnelle), dynamiques (conflits) et pour certains auteurs génétiques et adaptatives (d’apr. Chazaud 1973; ds Thinès-Lemp. 1975). Selon Freud, la métapsychologie est à l’observation des faits psychologiques ce que la métaphysique est à l’observation des faits du monde physique. Avec cette théorisation, Freud passe d’un niveau clinique descriptif à un niveau d’abstraction théorique, et propose des modèles de fonctionnement du psychisme humain susceptibles d’avoir une portée générale.

Phénoménologie :Observation et description des phénomènes et de leurs modes d’apparition, considéré indépendamment de tout jugement de valeur.

Bon… ça va être un très gros morceau, je vais tenter d’être la plus claire et synthétique possible mais ça risque d’être très long et relativement décousu. D’abord, je vais -honnêteté intellectuelle oblige- commencer par expliquer de là où je parle/déploie un argumentaire : je suis psychologue et j’ai un diplôme de « psychopathologie clinique et psychopathologie psychanalytique - inconscient, culture et vieillissement »… yep, c’était l’intitulé précis de mon M2R (j’ai fait un stage professionnel en parallèle du mémoire de recherche pour obtenir le titre de psy pour ceux qui savent comment ça fonctionne :p) et j’exerce depuis maintenant un peu plus de 5 ans dans diverses structures ; j’ai bossé en addictologie et en accueil de jour à la fin de mes études, depuis 2 ans je travaille à mi temps en IME et en psychiatrie adulte ; parenthèse -qui a un intérêt ou pas- actuellement j’hésite à passer sur un temps plein en psychiatrie adulte.

La psychopathologie clinique psychanalytique en gros pour ceux n’étant pas au fait des différents courants en psychologie, ça veut dire que je m’inscris dans une approche psychodynamique et une approche psychosomatique (orientées toutes deux par la psychanalyse freudienne) et que ma pratique professionnelle découle directement des principaux apports théoriques de la psychanalyse. Tout ça pour dire que vous pouvez -évidemment- prendre avec des pincettes l’exposé qui va suivre, j’essaie d’être la plus nuancée possible dans la manière de le présenter mais ça sera tout de même -l’objectivité pure étant un mythe (oui, je me retranche derrière mon relativisme et j’assume)- à la fois partiel et partial.

Pour commencer, je dirai juste qu’il n’y a pas « une psychanalyse » mais plusieurs et qu’ici je ne me ferai -presque- référence qu’au champ que je maîtrise le mieux (Freud et les post-freudiens se réclamant de l’approche psychodynamique ou psychosomatique), quand j’entre dans le débat sur la scientificité de la psychanalyse, je ne me pencherai sur la question, quasiment, qu’au regard de celle freudienne.

La chose cependant commune à toutes les psychanalyses aussi différentes soient-elles (je ne cite ici que les principales : adlerienne, jungienne, lacanienne, institutionnelle, etc.) et aussi diverses soient leurs finalités (technique de soin, théorie globale sur l’esprit humain, édiction d’un cadre favorisant l’émergence de processus non observables autrement, étude conceptuelle de l’esprit humain à l’aune de son inscription dans un système donné, etc…) c’est qu’elles se réfèrent toutes à un même présupposé, l’existence de l’Inconscient.

Si c’est la Théorie de l’Inconscient qui est à la base de la (des) psychanalyse(s), il faut d’abord s’intéresser à comment cette conception est née et tenter de voir en quoi sa construction répondait -ou non- aux caractéristiques d’un savoir scientifique. Et, là où ça va être coton, c’est que déjà il y a plusieurs courants de pensées qui divergent sur ce qui fait ou non qu’un savoir peut/doit être considéré scientifique et que ça va nous ramener à tout un tas débats philosophiques connexes (sur le rationalisme, l’empirisme, le positivisme, le néopositivisme) et nous mettre face à tout un tas de points de butée sur la distinction entre sciences exactes, sciences expérimentales, sciences humaines, sciences empiriques et pseudosciences. Notez qu’avec un semestre de licence 1 de philo (il y a plus de 10 ans) et une vingtaine d’heures de cours épistémologie de la recherche (il y a 6 ans), je suis loin d’être une experte de la question et ne maîtrise pas très bien ces distinctions ; si d’autres veulent nous éclairer ou me contredire qu’ils n’hésitent pas ^^

Allons-y !

La Psychanalyse comme discipline scientifique, technique de soin ou pseudoscience ? – Ancrage épistémologique de la théorie de l’Inconscient : la faute à Sigmund !

Avant d’entrer dans le vif… quelques questions pernicieuses pour donner matière à réflexion aux potentiels débats qui vont sans doute suivre : la philosophie est-elle une science ? La psychiatrie est-elle une science ? La médecine est-elle une science ? Certains champs de la psychologie, de la sociologie, de la linguistique (et d’autres sciences humaines) sont-ils scientifiques ; là où d’autres ne le sont pas ? La physique quantique est-elle scientifique ? Qu’est-ce que démarche « scientifique » ? Une discipline peut-elle s’ancrer dans une démarche scientifique sans pour autant être scientifique ?

Déjà quand on parle de la psychanalyse et sa potentielle scientificité/non scientificité, on en revient toujours à ce bon vieux Freud (beaucoup discrédité, pour sa personnalité bien davantage que sur la validité de ses travaux, dans les années 70 aux USA puis dans certains pays d’Europe -notamment- la France dans les années 2000… à tort ou à raison ? C’est un débat très complexe sur lequel, je reviendrai peut-être dans un autre message) et à la méthodologie de tout son travail de construction de La théorie de lInconscient.

La critique Popperienne - non réfutabilité et démarche inductive de la théorie

Les principales critiques sur la non scientificité de la psychanalyse s’appuient sur les travaux de Karl Popper (philosophe ayant principalement travaillé sur l’épistémologie et l’historicisme de certaines théorisations -notamment la psychanalyse freudienne, la théorie de la relativité, le marxisme, le darwinisme-) qui visaient à faire la distinction entre théories scientifiques et pseudoscientifiques. Dans cette perspective Popper a qualifié la Psychanalyse de pseudo science (comme le Darwinisme au passage… mais on y reviendra), critiquant sa démarche inductive (pour Popper une théorie scientifique doit être déductive) et la jugeant infalsifiable (et donc irréfutable) puisque non reproductible dans des conditions expérimentales satisfaisantes (en laboratoire indépendamment de l’expérimentateur et des sujets observés). Il est à noter que les sciences empiriques (humaines, sociales et naturelles) s’appuyant principalement sur l’observation et la démarche empirico-inductive ne sont -dans leur immense majorité- pas considérées comme « des sciences » au regard des critères stricts établis par Popper. Pourtant la psychanalyse est l’une des seules disciplines qui connaisse un tel procès en illégitimité et soit si régulièrement attaquée sur sa non scientificité… On peut se demander pourquoi.

Si on en revient à l’épistémologie de la psychanalyse, il faut se pencher sur les motifs de sa création en tant que technique de soin ; parce qu’avant même d’être un corpus théorique / une discipline « scientifique » -ou pas- la psychanalyse est, au même titre que la méthode cathartique ou la cure par la parole, une technique à visée thérapeutique. Et, si on s’intéresse au pourquoi de sa création, il faut reprendre le contexte dans lequel s’est construite la Métapsychologie freudienne (qui a servi de terreau/base à la Théorie de l’Inconscient).

Freud - pionnier de la médecine du XXème et chercheur en physiologie et neurologie

C’est là où il faut s’intéresser à la figure de Freud en tant que fondateur de la discipline et du corpus théorique : Freud était -avant d’être un psychanalyste-, un médecin s’étant spécialisé dans la recherche en histologie (étude des tissus cellulaires et de la moelle épinière) puis dans la neurologie (en tant que chercheur dans le champ des neuropathologies, on lui doit notamment de multiples travaux sur les aphasies et sur la causalité entre localisation des lésions cérébrales et certains comportements aberrants). Il a bossé avec Charcot sur l’analyse neurologique de l’hystérie de conversion entre 1883 et 1886, puis a travaillé quelques mois aux côtés du pédiatre Baginsky (les errements de la médecine/psychiatrie du XIX et du XX, information glauque non tout public n°51 : Baginsky s’intéressait au « traitement des maladies nerveuses infantiles » et entendait lutter contre la masturbation excessive via des procédés chirurgicaux… comprenez que les gosses se masturbant « trop » ou souffrant de désordres comportementaux qu’on estimait liés à leur excitabilité sexuelle étaient volontairement mutilés génitalement pour « les soigner » ; à la décharge de Freud, il fait partie de ceux ayant très vite jugé la pratique barbare et inefficace, et -à contre courant- de la majorité des spécialistes des pathologies nerveuses et psychiatriques de son époque, il s’était opposé à la mutilation/castration -réelle pour le coup- des aliénés). Fin 1880, Freud s’est beaucoup intéressé aux possibilités de guérir les névroses par « le pouvoir de la suggestion » et par l’hypnose, il souhaitait notamment comprendre quels barrages psychologiques des patients, «la parole du thérapeute » permettait de dépasser avec la méthode cathartique. La création de la Métapsychologie (1895 pour les premières occurrences du termes, 1915 pour l’essai rédigé autour de cet appareil conceptuel) est étroitement liée à son parcours et ses travaux de recherche de l’époque, les notions qu’il y développent, viennent principalement de la matière (les symptomatologies) qu’il a rencontrée dans sa pratique clinique entre 1883 et 1891 : prise en charge thérapeutique des hystériques avec Charcot et Breuer ; nébuleuse autour de la sexualité infantile et des « désordres nerveux » associés avec Baginsky.

Faits cliniques observés et non expliqués par des lésions neurologiques - vers une tentative de compréhension et explication des phénomènes.

Ce sont les points problématiques rencontrés lors de ces deux expériences professionnelles en particulier qui posèrent les jalons de la théorie psychanalytique freudienne. Dans un premier temps, il s’agissait pour lui de comprendre pourquoi les hystériques (notez que Freud -souvent qualifié de misogyne par des personnes ne s’étant absolument pas intéressées à son travail- a été précurseur également dans ce domaine, étant le premier à avoir identifié et soutenu -contre la doxa de l’époque- que l’hystérie de conversion n’était pas une pathologie typiquement féminine) étaient atteints de symptômes neurologiques (cécité, paralysie, etc.) en l’absence de toute lésion organique et d’analyser pourquoi certaines techniques comme l’hypnose ou la thérapie par choc (balnéothérapie « froide » notamment) pouvaient faire disparaître de manière temporaire les symptômes. En tant que chercheur Freud s’intéressait -et ça, c’est typique de la démarche scientifique- aux causes de ces maladies « sans atteintes organiques trouvables » et voulait comprendre « le pourquoi » de la levée des symptômes provoqué par certaines techniques thérapeutiques ; son but originel était de comprendre ces phénomènes médicaux inexpliqués et de fabriquer/inventer une technique qui permettent une guérison sur le long terme (la levée des symptômes hystériques via l’hypnose étant bien souvent temporaire) : c’est là l’amorce de la cure psychanalytique. En parallèle, Freud voulait comprendre pourquoi les névroses « infantiles » qu’il avait pu observées en travaillant avec Baginsky semblaient liées à celles se retrouvant chez l’adulte et en quoi elles paraissaient se rapporter à un traumatisme et à la sexualité infantile (notion méconnue du grand public qui est souvent mal comprise et n’a pas directement à voir avec « la sexualité ») : c’est les prémisses de la théorie des « pulsions » et des essais sur la théorie sexuelle qui sont étroitement corrélées à la théorie de l’Inconscient.

La psychanalyse : au carrefour entre science et philosophie… discipline hybride à l’ancrage médical et par essence versatile ?

En tant que science (ou du moins en tant que discipline ayant une vocation à être scientifique), elle défie les modèles épistémologiques traditionnels des sciences exactes, suscitant méfiance et rejet de ceux qui voudraient un socle théorique déductif et prédictif fiable sur le fonctionnement de l’esprit humain. Ceux qui tentent de la comprendre essayent parfois de l’assimiler à la philosophie, ignorant souvent les spécificités sur lesquelles elle s’est fondée ainsi son essence même qui est sa vocation première, permettre l’établissement d’une nosographie (comparable à celle psychiatrique) des maladies mentales et une prise en charge thérapeutique de celles-ci.

L’Inconscient comme concept scientifique ? Démarche de Freud et limites inerrantes à la démarche inductive

Freud affirmait que les poètes et philosophes avaient découvert l’inconscient bien avant lui, mais qu’il avait simplement trouvé avec la psychanalyse une méthode scientifique pour l’étudier de manière ciblée. Pour construire sa métapsychologie et sa théorisation sur l’Inconscient -et les notions y étant connexes- Freud s’est référé à la méthode empirico-inductive, couramment employée en sciences naturelles mais aussi -et surtout- et c’est là où c’est important de se rappeler que Freud avait une formation médicale/de chercheur, dans le domaine médical.

Pour formuler ses hypothèses théoriques -qui ne sont que ça : des hypothèses- il faisait de constants allers-retours entre ses intuitions théoriques de l’époque et la réalité rencontrée sur le terrain clinique (ce qui se passait réellement/pouvait concrètement être observé durant les soins). Quand la théorie ne correspondait plus aux faits observés, il réécrivait les points problématiques -jugés non pertinents- de la théorie plutôt que de chercher à tordre les faits pour les faire correspondre à la théorie de départ : ce sont ces incessantes réécritures de sa théorie qui font dire à Popper qu’elle n’est pas scientifique. La psychanalyse freudienne ne préexiste pas à des faits observables mais se nourrit des observables pour tenter de les expliquer : c’est une critique analogue qu’il formule à l’encontre du Darwinisme mais, là où Popper « sauve la théorie de l’évolution » du statut de pseudo-science en se proposant de lui-même corriger les biais méthodologiques de celle-ci via son ontologie évolutionniste, il récuse à la psychanalyse la possibilité d’être une science sur la base de son essence et de la nature mouvante de son objet d’étude : une technique « thérapeutique » visant à comprendre et guérir le psychisme humain de manière durable (là où d’autres techniques échoueraient à des effets plus durables). Il est cependant intéressant de noter que cette évolution permanente de la théorie psychanalytique remet facilement en cause l’autre principale critique émise par ses détracteurs : son supposé dogmatisme.

Pour en revenir aux limites de la méthode empirico-inductive pour formuler une hypothèse/théorie générale sur le fonctionnement de la psyché humaine, il est intéressant de noter que les critiques formulées à l’encontre de Freud ne sont jamais dirigées vers d’autres médecins ou chercheurs de son temps. Pourquoi refuser à Freud de formuler des hypothèses théoriques sur la base de ses observations cliniques et de les étayer ou disqualifier en passant par des études de cas (comme tous les autres médecins depuis la nuit des temps) ? Qu’est-ce qui est plus contestable/moins scientifiquement pertinent dans la démarche méthodologique de Freud que dans celle de tous les autres médecins-chercheurs de l’époque ? C’est la popularité de sa théorie qui la rend caduque ? Celles de ces collègues n’ont pas suffisamment été analysées pour que le grand public ne soit pas mis au fait de leur imposture théorique/inconsistance scientifique ?

Quand Freud a établi sa nosographie psychanalytique, celle-ci était presque calquée sur la nosographie psychiatrique de son époque, la principale différence étant que Freud donnait la part belle à « l’histoire du patient » plutôt qu’à « l’histoire de la maladie » comme base du soin des pathologies psychiques sans causes organiques. Les principaux axes de travail de la cure psychanalytique, dès les origines, étaient l’étude sémiologique et l’analyse du discours du « patient » pour retracer à un niveau historiographique la survenue de la symptomatologie ayant causé souffrance ayant menée à consulter un médecin. Les psychologues se réclamant de la perspective psychodynamique (prenant la psychanalyse freudienne comme référentiel) sont dans une démarche analogue : il s’agit de trouver l’origine su symptôme dans l’histoire de vie de la personne rencontrée pour mieux en comprendre la survenue et -théoriquement- aider à sa disparition. La perspective défendue est que la compréhension du symptôme par l’individu le déclarant est plus importante que sa disparition pure : c’est la compréhension individuelle des processus inconscients ayant donné lieu aux symptômes qui produirait une guérison sur le long terme.

Validité scientifique de la psychanalyse : comment l’analyser ? Un débat indépassable ?

Les observations en psychanalyse sont uniques et non répétables (du fait même du cadre de la cure), chaque individu -peu importe sa pathologie mentale- ayant des spécificités propres et se « transformant » au fil de l’analyse… tout comme l’analyste, dont la théorie est nourrie par la clinique, et qui modifie son approche au fur et mesure des phénomènes apparaissant au sein de la cure. Dans cette perspective, la psychanalyse ne peut donc être validée par des méthodes scientifiques conventionnelles (et elle ne pourra jamais répondre à une exigence de scientificité telle que celle formulée par Popper), mais nécessite une approche épistémologique propre, intégrant la préconception hypothétique comme la technique d’observation et de validation/invalidation dans l’après-coup de concepts théoriques spéculatifs.

La seule manière tangible de vérifier l’impact de phénomènes inconscients (et donc la possible existence d’un Inconscient au sens freudien du terme) serait peut-être d’analyser les effets des thérapies prétendant avoir un effet sur eux. Ca a déjà été fait à de multiples reprises au fil des décennies (pour les sources, c’est pas maintenant : vous devrez me croire sur parole sur ce point pour le moment -je suis chez moi donc je n’ai pas accès à des revues scientifiques, d’ailleurs, j’en profite pour dire que c’est honteux qu’il n’y ait pas « un libre accès du grand public » au savoir scientifique- mais si vous voulez des sources pour ne pas être obligés de me croire sur parole, pointez moi les propos que vous trouvez litigieux et je vous trouverai les sources en allant sur cairn depuis l’HP où je travaille si j’ai un moment libre mercredi ou jeudi) et il a été montré que les psychothérapies d’inspiration psychanalytique avaient des effets supérieurs à celles de placebos et que leurs effets sur le long terme étaient comparables aux effets de thérapies TCC (se réclamant de la psychologie expérimentale et affirmant la scientificité, au sens poppérien, de leurs assises théoriques) pour certaines pathologies (les TOC par exemple) et supérieurs pour d’autres (dépression, par exemple). Dans plusieurs études menées par des organismes de santé (type sécurité sociale) en Allemagne (dans les années 90 de mémoire), en Suisse (dans les années 2000, si je ne dis pas de bêtise) et au Canada (vers 2012/13, toujours de mémoire), le passage par des psychothérapies (quelles qu’elles soient : d’inspiration psycha comme TCC) permettait une réduction de l’utilisation des traitements médicamenteux et produisait des bienfaits supérieurs qualitativement que les traitements chimiques (médocs plus efficaces sur les temps de crise mais moins efficients sur les prise en charge de long court/pour prévenir les rechutes). Les psychothérapies d’inspirations psychanalytiques -comme et parfois plus que d’autres- auraient donc des effets positifs et donc « une utilité » sociale/thérapeutique qu’on reconnaisse ou non la validité de la méthodologie sur laquelle elles s’appuient.

Ca ne suffit sans doute pas à « valider »/soutenir la scientificité de la discipline mais ça permet d’en finir avec le malentendu le plus courant du grand public qui pense souvent que le débat sur la scientificité de la psychanalyse porte sur sa potentielle efficacité (certains semblant croire que ce qui est en jeu c’est la même division que celle effectuée pour différencier les traitements médicaux et ceux homéopathiques; alors qu’on est absolument pas sur une logique du même ordre); l’hypothèse communément admise étant qu’il y aurait d’un côté le psychiatre sérieux et rigoureux se basant sur un savoir scientifiquement établi (spoiler, au sens poppérien, la médecine est une science humaine se basant sur de l’empirico-inductif et, est donc tout aussi critiquable sur ses théorisations que la psychanalyse) et que de l’autre, il y aurait le psychothérapeute se réclamant de la psychanalyse, un charlatan dont les théories auraient été invalidées par la science et dont la méthode fumeuse ne devrait donc pas être employée pour prendre en charge et accompagner des personnes souffrant de « pathologies mentales ».

Pour en finir avec quelques autres malentendus

Il y a, c’est mon impression -et c’est un phénomène agaçant pour quelqu’un appuyant sa pratique professionnelle sur l’assise théorique de la psychanalyse- un double malentendu qui est d’abord de croire que la psychanalyse est une théorie basée sur du vent -aussi peu scientifique dans sa construction méthodologique que certaines parasciences comme la voyance ou la parapsychologie- et est par conséquent disqualifiée sur toutes les connaissances théoriques qu’elle pourrait amener/postuler parce qu’invalidée au regard des critères positivistes établis par Popper. D’autres disciplines se basant sur un matériel empirique ou des hypothèses spéculatives -pour le moment- invérifiables ne connaissent pas le même procès en illégitimité : la grammaire universelle de Chomsky (pourtant un grand défenseur de l’approche de Popper), la théorie de l’évolution de Darwin -même si comme je l’ai déjà dit la critique est plus nuancée et moins définitive que celle adressée à la psychanalyse- et certains concepts de la physique théorique et de la physique quantique -qui est paradoxalement la science la plus précise qui soit- comme la théorie des cordes ou celle de la gravité quantique, tombent également sous le coup d’une « réfutabilité impossible ». Pourtant il ne vient à personne l’idée de récuser sur cette base l’apport scientifique de Chomsky à la linguistique, de Darwin au naturalisme et à la théorie des espèces (encore moins de disqualifier les théories spéculatives des physiciens théoriques… je sais que ma comparaison est oiseuse, je vais sans doute me faire tomber dessus à bras raccourcis si quelqu’un maîtrise le sujet :stuck_out_tongue: ) alors qu’on fait le procès en « charlatanisme » de Freud ad nauseam pour des motifs/causes en apparences similaires. Incompréhensible si la critique qui est faite de la psychanalyse est purement formelle et non idéologiquement connotée.

L’autre malentendu serait de penser qu’il y aurait des branches de la psychologie plus « scientifiques » que d’autres (ça pourrait être vrai et ça le sera peut-être éventuellement un jour, mais dans l’état ce n’est pas le cas) parce que basées sur des données chiffrées et donc mesurables : la part des théories scientifiquement valides -au plan poppérien – est extrêmement faible dans la psychologie appliquée (je n’ai plus les données précises en tête -encore une fois faudra que je rajoute des sources- mais il me semble qu’on était autour des 3 % d’études de psychologie expérimentale validées en double aveugle) et les études de positivistes et néopositivistes étrillent régulièrement la portée/la valeur des données recueillies par les tests psychométriques qui ne « mesureraient pas ce qu’ils prétendent mesurer »/s’appuieraient sur des modèles aussi méthodologiquement contestables que ceux des psys se référant à la psychanalyse. Pourtant, il me semble que si on affirme régulièrement que le corpus théorique de certains est faux/invalide sans prendre la peine de critiquer et analyser les biais et limites d’autres corpus théoriques avec les mêmes critères et une rigueur analogue; on introduit alors un terrible biais sur la réception des dites théories auprès du grand public, et ça, c’est problématique.

Demandez à une personne lambda méconnaissant les bases méthodologiques des différentes sous-disciplines de la psycho de faire une gradation de la scientificité des méthodes employées par les psychologues, elle aura sans doute une réponse toute faite et corrélée au discours dominant diffusé dans son pays/à l’époque où on lui pose la question, ce n’est pas pour autant que cette gradation rendra compte d’une quelconque réalité. De la même manière, l’«invalidation complète » de la psychanalyse à priori me pose soucis pour un tas de raisons que je n’ai sans doute fait ici qu’effleurer.

Les axiomes sur lesquels se basent la psychanalyse sont peut-être faux : l’Inconscient freudien entre autre, sera peut-être un jour scientifiquement invalidé ; pour l’instant, ce n’est pas le cas et on peut continuer à travailler en se basant sur ce concept-clef (peu importe que les critiques et limites inhérentes à l’appareillage théorique) et continuer à l’enrichir. Les grandes théories spéculatives sur lesquelles se basent la psychanalyse ont été proposées sur la base d’un travail de recherche analogue à celui que peut faire un chercheur inscrit dans une démarche empirico-inductive -avec tous les biais et limites que ça comporte-, elles sont rectifiées et remaniées en fonction des connaissances/observations apportées par la clinique (elles ne sont pas figées dans le temps ou dogmatiques). Et, quand bien même, les théories freudiennes seraient un jour complètement invalidées, ça n’enlèverait rien à la rigueur de la démarche et des travaux d’origine : entendre à longueur de temps Freud être discrédité sans la moindre trace de nuance alors que c’était un chercheur au travail incroyablement dense, c’est parfois révoltant. J’ai, dès lors, une certaine crispation à voir la psychanalyse qualifiée de « pseudo-science » sans aucune argumentation pour soutenir l’anathème.

Bref, je me suis bien emballée et suis partie dans tous les sens (j’espère que la fin de mon message n’est pas trop jargonneux et que mon pamphlet n’est pas trop bourré de fautes). Au plaisir de vous lire sur ce sujet !

Ps : c’était un exposé long et laborieux et il fait très chaud, soyez indulgents sur les fautes d’accord… et sur mon éventuelle mauvaise foi à certains passages :wink:

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Merci beaucoup pour cet exposé :slight_smile:
C’est une véritable dissertation, et mon radar n’a pas été gêné par des fautes :clap:t2:

Dans mon cas (patiente), je jure plutôt par les thérapies non-freudiennes (après avoir essayé les freudiennes contre mon gré vu le consensus) dites comportementales (je suis borderline sévère, entre autres); au final je n’aime pas la philosophie en général et je ne pense pas qu’aucune ait changé quoi que ce soit à mon état pathologique d’une part, ou à ma façon de voir les choses d’autre part…

Donc si je devais retrouver un docteur et que je savais d’avance qu’il se basait sur Freud, je n’aurais pas confiance… mais si vous me lisez (y compris ce qui est déjà ici), vous verrez très vite que ces notions d’inconscient, d’états infantiles et de pulsions sont omniprésentes ( :sob: ). Donc c’est cool d’avoir théorisé tout ça, et ça doit s’appliquer à bon nombre de patients/personnages/etc.

Mais moi, en tant que patiente, ce que je peux dire dessus (à tous les psychanalystes que j’ai consultés) est:

  1. Ce postulat (issu des théories freudiennes) ne s’applique pas à moi, je le nuance/réfute [or en face le praticien était catégorique]
  2. Même si 1. était/est vrai, en savoir plus sur moi ne résout pas le problème pour lequel je suis venue consulter (comportement, anxiété, etc.)

(Désolée, je parle surtout de l’usage sous forme de thérapies :sweat_smile: )

Je précise au passage qu’étant fan de toute l’histoire de notre planète, la période des « hystéries » en particulier et de l’histoire de la psychiatrie me procure des frissons de passion glaçante qui m’a inspiré une scène de mon prochain chapitre. L’ambiance dans les HP autour du début du XXe siècle (je crois qu’il y a des films sur le sujet mais je ne regarde pas de films) :star_struck:. J’ai moi-même été dans toutes sortes d’HP, dont des très glauques, mais je crois que personne n’est prêt aux méthodes de l’époque…

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Merci pour cet exposé très complet et qui permet d’avoir un autre regard que le sien sur ce sujet : j’ai étudié Freud au lycée, comme tout élève français et ma connaissance de son système de pensée est bien parcellaire.

En ce moment, il y a une tendance (assez dramatique) qui consiste à oublier le contexte social / historique dans lequel une œuvre / un auteur a existé. Bien entendu, toute connaissance, toute pratique scientifique ou pensée philosophique doit être discutée, repensée voire invalidée (sinon on en serait encore à allumer un feu avec un silex), mais remettre en question tout un auteur et son œuvre sous prétexte qu’il serait misogyne… c’est oublier qu’un homme du XIXe siècle (comme Freud) évoluait dans une société profondément misogyne…

Pour moi, de mon point de vue de personne lambda, la psychologie est une science et requiert une formation solide et doit être contrôlée pour éviter les dérives. C’est une discipline qui touche à la psyché et c’est tellement facile de manipuler une personne en souffrance… donc, je considère les licences // maîtrises de psychologie nécessaires pour éviter les charlatans (même s’ils existent malheureusement).

Là où je suis plus inquiète en ce moment, c’est cette tendance à l’auto-diagnostic qui fleurit sur les réseaux sociaux. Des adolescents ne vont pas bien du tout (cette génération « confinement » se prend de plein fouet toute l’horreur du monde…) et comme l’accès aux soins psy sont difficiles en France, on se retrouve avec des personnes qui présentent tel ou tel trouble mental en présentant des caractéristiques façon Top 10 bien souvent caricatural. Pour un adolescent en souffrance, c’est plus facile d’avoir accès à ces vidéos // posts pour comprendre la source d’une souffrance que de pouvoir bénéficier d’un suivi complet… avec le risque que cette jeune personne en construction ne tombe sur des personnes l’enfonçant encore plus dans son mal-être (cela porte sans doute un nom en psychologie, mais je « crois » (verbe mal utilisé) au fait que les personnes qui nous entourent ont un effet sur nous…).

En résumé, de mon point de vue de personne lambda : la psychanalyse est bien une science, les théories de Freud peuvent être remises en question mais sans pour autant déboulonner son œuvre et la pratique de la psychanalyse ne doit pas être confiée à n’importe quel Jean-Michel Psy du Net. ^^

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Pour la prise en charge des borderline, effectivement ça peut faire -et ça fait- débat chez les psychanalystes (pas tant chez les post-freudiens qui pour la majorité les reconnaissent -Bergeret et André Green, par exemple, ont énormément travaillé sur cette notion- et bossent sur la spécificité de l’accompagnement psychothérapeutique; que pour d’autres courants -Lacanien par exemple- qui s’en tiennent de manière stricte à la division Névrose/Psychose/Perversion) et chez les psychologues vous aurez des types d’accompagnements très différents en fonction de l’approche, donc -et c’est le cas pour toutes pathologies/types de structures- l’important c’est de choisir ce qui vous fait du bien/marche pour vous. Et, à priori, y’a de bonnes chances qu’une « approche » que vous pensez efficace vous apporte plus (en tous cas, l’alliance thérapeutique sera sans doute plus facile/rapide) qu’une sur laquelle vous avez de grosses réserves.

Après, logiquement, un psychologue -qu’il soit dans une perspective TCC, psychanalytique ou autre- sur le terrain, ça bricole beaucoup et ce, peu importe son référentiel : forcément, il n’est pas vierge de présupposés quand il rencontre des personnes à prendre en charge (et les théories auxquelles, il adhère, ont nécessairement un impact sur son action) mais il est supposé s’adapter à la personne qu’il a en face (que ce soit au niveau du discours ou de la prise en charge proposée) et se laisser surprendre (ce n’est pas tout à fait le bon terme mais bon) par la relation individuelle. Il n’est pas là pour apposer un « savoir tout fait » sur la personne qu’il rencontre peu importe sa pathologie ou la nature de sa problématique. La théorie donne une base de travail et une grille de lecture, au psychologue ou au psychanalyste, mais ça ne doit pas se substituer à la rencontre clinique et à ce qui se passe réellement dans l’entretien ou la cure : il n’y a pas de manière type/protocole rigide pour recevoir une personne; on s’adapte donc en principe à la personne qu’on a en face et à l’accompagnement qu’elle recherche. Et si on n’est pas capable d’adapter suffisamment son approche (par exemple, un psy qui ne fait que de la thérapie par la parole et tombe sur un patient qui veut absolument de la « remédiation cognitive » pour faire disparaître sa symptomatologie), que le dispositif dans lequel est reçu la personne ne convient pas/plus (dans cette logique, une patiente voulait que je la suive sur le long court alors qu’elle était hospit dans un lieu de court séjour) ou qu’on sent qu’il n’y pas d’alliance thérapeutique après quelques séances : on redirige vers un autre professionnel.

Faut que les psychologues soient conscients des limites de leurs possibles accompagnements : on ne prend pas en charge avec la méthode TCC quelqu’un qui ne jure que par la psycha (ou inversement), on ne prend pas en charge une personne qui s’affirme état-limite/boderline si on est persuadé de l’inexistence clinique de cet état (et ne souhaite pas adapter sa prise en charge pour répondre à cette possible existence) et on ne prend pas en charge des personnes à qui on se sent incapable sur le plan personnel d’offrir un lieu d’écoute bienveillant (on ne travaille pas avec des auteurs de violence si on ne se croit pas en mesure de maintenir assez de distance dans le contact par exemple).

Quel postulat ? Le fait qu’une partie de tes problématiques soient le fruit de processus inconscients ? :wink:
Comme je le disais plus haut, il n’y aucune obligation d’adhérer à un quelconque dispositif ou à une quelconque école de pensée. C’est à la personne accompagnée de déterminer ce qui est le plus efficient/efficace pour elle : si tu sens que le côté introspectif de la psycha ne te sert à rien/voir te dessert, c’est très bien que tu l’aies identifié et aies trouvé d’autres méthodes et techniques qui t’aident réellement !

Alors, pour ce point ce qui est amusant, c’est que la psychologie est une discipline bien plus ancienne que la psychanalyse et qu’elle était à l’origine -d’un point de vue épistémologique- bien davantage corrélée à la philosophie (concept du « souci de soi », introspection pour chercher une vérité individuelle sur « sa manière d’être au monde », la méditation pythagoricienne, les ersatz de thérapies collectives, etc…) que la psychanalyse : en Europe, c’est à partir du milieu des années 1870 qu’elle a voulu se détacher de son héritage philosophique et devenir une discipline reconnue scientifiquement. C’est à peu près à cette période (début 1890), qu’ironie du sort, Freud -toujours dans les mauvais coups celui-là- à reproché aux psychologues de manquer de rigueur scientifique et d’avoir des théorisations sur l’esprit humain sans être directement en contacts de personnes en souffrance psychique; il souhaitait que les psychologues prennent d’avantage en compte les apports des neurosciences et découvertes médicales sur les pathologies mentales pour se décloisonner d’un savoir purement universitaire/académique et aillent sur le terrain clinique pour formuler leurs hypothèses sur le fonctionnement psychique. C’est d’une ironie mordante quand on sait à quel point certains tenants de la « psychologie expérimentale » se revendiquent aujourd’hui anti-Freud et versés en neurosciences/psychopathologie pour affirmer la « scientificité » de leur approche :stuck_out_tongue:

Je me rends compte que sur mon message d’introduction du sujet, je me suis moi-même piégée avec les nombreux ponts que j’ai voulu établir entre la médecine spécialisée qu’est la psychiatrie et la psychanalyse (et par dérive la psychologie d’orientation psycha).

Pour resituer correctement les choses et éviter une confusion entre les différents métiers du champ de la santé mentale :

Les psychologues (M2 pro ou M2R+stage professionnalisant) ne sont pas des médecins et ne soignent donc pas les gens (bien que le diplôme en France leur donne, comme aux psychiatres, par défaut le titre de psychothérapeute), soumis au secret professionnel, ils ont accès aux dossiers médicaux, peuvent faire partie intégrante d’une équipe de soin et parler de « patients » lorsqu’ils exercent dans le secteur médical; par contre ils ne sont pas habilités à poser des diagnostics (les hypothèses diagnostiques qu’ils se formulent à eux-mêmes - ou partagent en équipe de synthèse - sont des hypothèses de travail pour guider la prise en charge, elle n’ont absolument pas la même valeur que celles formulées par les médecins). Ils peuvent accompagner n’importe quelle personne ressentant le besoin d’un travail psychique; contrairement à ce que pouvait laisser penser mon précédent message il n’y a pas besoin d’être en souffrance ou d’avoir une symptomatologie particulière (d’ailleurs si symptomatologie très particulière/moment de crise, l’accompagnement du psy est souvent secondaire et parallèle à celle du psychiatre dont c’est l’action et l’expertise qui priment) pour aller voir un psy et demander à être accompagné. Les psychologues ne travaillent pas que dans le champ de la pathologie mentale (secteur médical), loin sans faut; beaucoup exercent dans le secteur social, voir dans d’autres domaines que je n’ai pas abordés et qui n’ont pas forcément à voir avec l’usage de psychothérapies (ergonomie, psychologie du travail, des organisations, etc…).

Les psychiatres sont des médecins (niveau doctorat) spécialisés et sont des professionnels habilités à poser des diagnostics sur les pathologies mentales et à les prendre en charge de manière médicamenteuse ou via d’autres techniques médicales.

Les psychanalystes sont des personnes ayant -ou non- eu une formation en psychologie et/ou une école de psychanalyse… la fonction de psychanalyste n’étant pas un titre protégé, n’importe qui peut en faire usage (si vous décidez de ne vous installer en tant que psychanalyste alors que vous n’avez aucune notion dans le domaine, vous ne faites rien d’illégal le titre n’étant pas protégé :melting_face:), ce qui pose évidemment souci. Les psychanalystes sont -heureusement- en France majoritairement des professionnels formés. Moyen simple de le vérifier : le titre de psychothérapeute est protégé, un psychanalyste n’est autorisé à en faire usage que s’il justifie d’une formation y donnant accès (un doctorat en psychiatrie donc ou un Master 2 de psycho offrant la qualification); un titre, ça fait joli pour la clientèle, donc quand on l’a, on l’utilise… si vous repérez un psychanalyste qui n’a pas, en même temps, affiché sur son cabinet qu’il était psychothérapeute en plus d’être psychanalyste, vous avez 99% de chances qu’il ne soit pas formé.

Notez que seuls les psychiatres, les psychologues et les psychanalystes (justifiant d’une qualification en tant que psychologue ou psychiatre) sont autorisés à faire usage du titre de psychothérapeute.

Et sur la notion de protection des titres, faites bien gaffe à la formulation du titre : les titres de psychologues et de psychothérapeutes sont protégés… tous les dérivatifs, non. Si un ‹ professionnel › affiche qu’il est psycho-oncologue, psychogériatre, psychosystémicien, psychosexologue ou autre mais ne mentionne nulle part être psychologue ou psychothérapeute, vous êtes très sûrement en face d’un usurpateur malin et non d’un psychologue spécialisé en oncologie, en gériatrie ou autre ^^"

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Désolée; à ma première relecture je savais que ça allait poser problème mais je n’ai pas modifié à la deuxième.
En fait je prenais un exemple bien précis (peu importe lequel, mais il aurait fallu déballer mon passé freudo-compatible ici, ce qui ne me gêne pas mais aurait mené sur du +18/hors charte-sujet).

Mon propos: à chaque fois qu’on me sortait ça, je n’étais pas d’accord; et en supposant que je le sois, je ne voyais nullement en quoi cette analyse de faits de 2004 allait m’aider à apaiser une quelconque souffrance de 2024.

Et comme je le disais, je n’ai rien trouvé qui « m’aide réellement »… c’est un domaine très compliqué, surtout avec des profils multiples comme le mien. Là je suis en TCD, ce qui est censé être la thérapie miracle; on verra!

Merci pour ta réponse :blush:

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Merci @Crapule pour la précision concernant la différence psychiatre / psychologue. C’est un domaine que je ne connais que très peu alors c’est toujours bon d’apprendre. ^^ Je savais vaguement que le psychiatre était le seul des deux à pouvoir donner des médicaments.

C’est bon à savoir ! Avec tant de titres, il peut être facile de se laisser berner. ^^"

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