Le jargon barbare de la fanfiction

Aux âmes bien nées, la fiction revendique le sens avéré !

Scandalisé par la spoliation anglomane permanente, je me dois de rétablir la vérité quant au vocabulaire de notre passe-temps !

Vous pouvez cesser de lire dès que vous trouvez que ma mauvaise foi va trop loin.

AR : Altéré Réellement. Univers s’inspirant de notre réalité, pour diverger avec plus ou moins de talent.

AU : A-peu-près Ubuesque : Dévoiement d’un univers réel ou romancé.

Bâcher : couvrir un personnage de ridicule ou d’opprobre.

Canon : Arme tardive et bruyante, servant surtout à saluer (de 12 coups) les fictions respectant les règles et postulats fondamentaux de l’oeuvre originale.

Clef-ranger : procédé narratif par lequel l’auteur d’une fiction feint de perdre la clef du tiroir où son oeuvre se trouve rangée.
Ainsi la fin de chapître ménage-t-elle un suspens dramatique, que seul le téléchargement du chapitre suivant ou l’achat de la suite de l’oeuvre, peut dénouer.

Déclameur : protestation d’innocence d’un auteur, qui revendique une intrigue, tout en réfutant la paternité des personnages !
Il faut souligner l’orgueil un peu naïf de ces remplissages verbeux : comme si l’on ignorait qui a bien pu écrire le Seigneur des Anneaux, Naruto ou Henri Pottier !

Fique : terme du français du moyen-âge qui, au mépris le plus complet de toute vraisemblance historique, a donné « Fiction » - par opposition aux essais, biographies et autres études sérieuses, puis fut outrageusement sectionné en « Fic » par le marketing terminologique américain. Mais, par un heureux hasard dont seul est capable le linguiste hardi et facétieux, l’avatar honni se prononce ainsi que son glorieux et hypothétique ancêtre…

Craque fique : oeuvre - plus ou moins - littéraire où tout le monde a manifestement craqué sur le plan psychologique : les personnages, l’auteur, la relectrice, etc.

Hobbit : peuple imaginaire créé par le Pr. Tolkien, qui passe son temps à manger, fumer, et raconter des histoires absurdes d’anneau magique donné pour son anniversaire, etc. D’où son amusant sobriquet de « passe-temps » !

Laïque : Par opposition à l’amour religieux - mais si, souvenez-vous, « aimez-vous les uns les autres ! » - désigne l’affection conforme aux principes de laïcité, appliquée aux textes. On dira donc, par exemple : « J’ai eu trois laïques sur ma dernière fique ! »

Ratage : tentative - vous l’avez compris, nécessairement vouée à l’échec - d’évaluation ex abrupto, des réactions quant à une fiction, de la part de divers types de lecteurs non autorisés.

Suspens : fil trop souvent fragile ou élastique, à l’extrémité duquel est nouée la destinée d’un personnage.
Le suspens le plus célèbre est -peut-être- la lanière de cuir ténue, à laquelle un glaive pendait au-dessus de la tête de Damoclès, courtisan du tyran Denys de Syracuse.

Dois-je continuer sur cette voie semée d’Ambush, pour prouver la parfaite suffisance du français ? :stuck_out_tongue_winking_eye:

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