Le processus d'écriture : intrigue ou personnages

Oldie, ce n’est pas tant que ça ne me plait pas que je ne sais surtout jamais quoi répondre. A part merci. Je dis toujours merci, mais après ? Je traîne sur des forums d’échanges depuis assez longtemps pour avoir saisi que les fans sont essentiellement là pour partager sur leurs personnages préférés, mais en dehors de « oui, le personnage concerné réagit conformément à l’intrigue », le fait est que je n’ai absolument rien à dire sur mes personnages préférés…
Ou alors c’est que je n’ai toujours pas compris ce qui est attendu.

Du coup, si tu veux des échanges riches et échevelés sur les personnages, c’est clair que je ne suis pas la bonne personne, hein…

Edit, parce que je suis soudain saisie d’un doute et que mine de rien je fais quand même des efforts pour m’adapter :

On est bien d’accord que le pélican c’est pas un personnage, hein ?

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Je pense me reconnaître davantage dans la team « personnages ».
Parce qu’il est vrai que quand je travaille sur une histoire, que ce soit pour la fanfic ou des projets plus ambiteux, je m’attarde énormément (parfois plus que de raisons) sur la caractérisation de mes personnages, leur profil psychologique et comment je dois les développer.

Après je ne renie pas l’intrigue pour autant et suis même d’avis qu’un excellent auteur doit savoir jongler entre son intrigue et ses personnages. C’est juste que dans mon cas, pour ce qui est de l’intrigue, je me contente de ce qui convient le mieux à mes personnages et à leur développement. Ce qui fait que mes intrigues ne volent pas très hauts. :neutral_face:

Ça plus le fait qu’en tant que lecteur/spectateur, je suis de ceux qui sont plus sensibles au traitement des personnages qu’à celle de l’intrigue. Voire qui sont très exigeants à ce sujet — en particulier quand ceux sont ces personnages qui boostent l’intrigue — et donc à qui les mauvais traitements (qu’ils soient bâclés, biaisés, prétentieux, maladroits, inconsistants ou malhonnêtes) agacent plus que les facilités scénaristiques et même à qui ça leur gâchent l’appréciation de l’histoire.
Pour tout dire, je peux difficilement prendre au sérieux une intrigue si son personnage principal n’est pas crédible une seconde tant il est écrit avec les pieds.

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Très intéressant comme topic! Je n’avais jamais vu les choses comme ça.

J’écris depuis assez peu de temps (2 ans) et je découvre plein plein de choses. En te lisant, je me rends compte que j’ai écrit ma première fic « Abi dans le Pokéwolrd » en partant plutôt du personnage, plus que de l’intrigue. C’est ainsi plutôt un récit d’un passage de sa vie. ça m’a passionné et j’ai eu bien du mal à lui rendre son indépendance et à donner une fin à l’histoire (je voulais savoir la suite !)

Ma nouvelle fic que j’ai commencé il y a 1 mois, et ici plus scénarisé (Orbes opalines). J’ai une idée d’intrigue et des scènes dans la tête plus facilement qu’une vision claire du caractère de l’héroïne.

Je trouve que ce n’est pas du tout le même processus d’écriture mais que tous deux sont très enrichissants ! Ma 2ème histoire me demande plus de temps et d’attention, avec la première j’avais parfois l’impression que ça s’écrivait tout seul, comme si mon personnage me dictait ce qu’elle allait faire.

Bref, merci pour ces infos, c’est très intéressant.

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Coucou!
J’ai pas tout lu, donc peut-être que ça a déjà été dit …
Mais est-ce que c’est possible de faire les deux, bon pas en même temps.
Mais j’ai commencé par faire un plan, et donc que les personnages soient au service de l’histoire. Mais quelques fois, les personnages me « surprennent » en voulant vivre leurs propres aventures.
Enfin, vous avez compris que c’était une façon de parler, mais pendant de longues scènes, les personnages font des choses qui ne sont pas dans le plan.
Donc est-ce que c’est possible d’écriture sur les deux processus ou pas?
A trés vite!
Tchii.

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Coucou

je crois qu’on connait presque tous le « problème » des personnages qui sont si nets et définis pour nous qu’ils en font à leur tête (dans notre tête). :smiley:

Et pour ce qui est de mélanger les deux approches, je pense que c’est la meilleure façon de créer une fanfiction équilibrée. Donc tu penses bien que oui, on peut.

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Dans un récit original on peut aussi ! Crois-moi j’ai mes jalons mais mes personnages n’en font qu’à leur tête et ont l’art de faire des détours ou d’avoir des réactions excessive (oui c’est à toi que je pense, Kogan :face_with_raised_eyebrow:) qui oblige à rajuster le plan :sweat_smile:

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Personnellement, les deux sont mes moteurs à parts égales. Je pense qu’à trop se concentrer sur les personnages, on peut se retrouver avec une intrigue qui n’était pas spécialement voulue à la base, ou qui devient incohérente à certains moments. Et à l’inverse, à trop vouloir privilégier l’intrigue, on peut se retrouver avec des personnages fades, clichés ou pas très intéressants. (J’ai eu la malchance expérimenter les deux cas de figures dans des anciennes fanfics que je n’apprécie plus du tout aujourd’hui. :joy: )
Et même en tant que lectrice, j’ai tendance à favoriser les histoires proposant à la fois des intrigues bien ficelées / originales et des personnages intéressants / complexes.

Que ce soit pour les fanfics ou les fictions originales, de mon point de vue, intrigues et personnages sont complémentaires. Une intrigue ne peut pas exister sans personnages. Et un personnage ne sera pas consistant sans une bonne intrigue contribuant à son évolution. Donc le mieux (selon moi encore une fois) serait de ne négliger aucun des deux aspects. :slightly_smiling_face:

Après, je nuance un peu en disant que ça dépend aussi de ce qu’on souhaite écrire. Par exemple, si l’histoire est un OS racontant des moments amoureux entre deux personnages, l’auteur privilégiera probablement les personnages (et plus particulièrement leur psychologie et leurs émotions) à l’intrigue. Si l’histoire raconte une épopée d’un groupe de personnes tentant de sauver un pays d’une quelconque menace, ce sera sans doute l’intrigue qui sera son moteur principal.

C’est un sujet plutôt intéressant et pas aussi simple qu’on pourrait le penser, je trouve. x)

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Alors. Je vais pondre une thèse je sais. Mais pour moi, la classification « intrigue OU personnages » est limite dangereuse.

Ce n’est PAS l’un contre l’autre. C’est comme le yin et le yang : il faut un peu des deux.

En s’intéressant beaucoup plus à l’intrigue qu’aux personnages ? Ça marchera si c’est votre intention parce que vous voulez écrire un conte ou un récit mythologique (le Silmarillion est la pierre angulaire de la mythologie d’Arda, pourtant vous ne me ferez pas croire que ce livre possède un développement de personnage de top niveau, tout simplement parce que ce n’est pas son rôle), mais pour le reste, évitez absolument. C’est d’ailleurs ce que je reproche aux deux dernières saisons de la série Game of Thrones : on voit clairement qu’on est passés du jardinage excessif de GRRM à une trop grande focalisation sur l’intrigue au détriment des personnages.

SPOILER

Je pense notamment au virage psychologique à 180° de Daenerys, qui aurait fonctionné s’il avait été mieux exploité, ou encore à l’abandon brutal du développement de personnage de Jaime Lannister, à qui on a préféré donner une fin tragique pour le drama au lieu de rester dans la logique d’éloignement par rapport à sa soeur qui s’était installée au fil de la série.

Idem pour une part disproportionnée du récit accordée aux personnages : dans une histoire prenant notre monde et ses règles réelles pour cadre, il y a souvent moyen de se sortir d’une impasse, mais dans un récit de l’imaginaire, il y aura paradoxalement tant de possibilités qu’il n’y en aura plus aucune. Pour en revenir à GRRM, c’est la raison pour laquelle il galère tant à écrire les prochains tomes d’ASOIAF : le chemin qu’il a écrit l’a mené dans un coin où il est à présent acculé. Il a confié ne pas savoir comment amener Daenerys à Westeros, par exemple. Au départ, il souhaitait que l’histoire soit en deux parties séparées par une ellipse (idée probablement venue de sa lecture des Rois Maudits, qui utilise ce procédé pour séparer ses différents tomes) et je pense très sincèrement que cela aurait résolu un paquet des problèmes d’écritures dans lesquels il s’est embourbé. C’est aussi pour cela que les fins des romans de Stephen King sont souvent très moyennes : il jardine, il jardine, et au final il ne sait pas trop comment tout cela va se terminer.

Donc voilà, il n’y a pas de fossé entre importance de l’intrigue et importance des personnages. Nous le creusons nous-même en observant lequel des deux est légèrement plus important que l’autre chez un(e)tel(le). En vérité, il s’agit plutôt d’une balance qui n’est jamais en parfait équilibre et où la différence de masse entre les deux plateaux dépend de l’auteurice. La classification d’architecte ou jardinier est presque un non-sens pour moi, tout simplement parce que l’un ne va pas sans l’autre au risque de se planter.

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De mon côté je dirais que ça dépend des histoires :thinking: Dans les déviations j’ai tendance à construire mes récits en fonction de l’intrigue : je me demande « et si tel événement s’était déroulé autrement ? » et de là j’élabore comment les personnages auraient évolué. Pour autant, il m’arrive de faire le chemin inverse en me disant que j’aimerais bien voir, par exemple, Obi-Wan Kenobi basculer du Côté Obscur et de là je cherche comment cela aurait pu arriver : l’intrigue est subordonnée au développement du personnage.
Dans mes autres histoires, j’essaie de laisser l’intrigue aux commandes mais les personnages ont la fâcheuse tendance de n’en faire qu’à leur tête :sob: C’est un jeu d’équilibriste souvent un peu compliqué, mais très amusant :grin:

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J’aime bien ce sujet. :upside_down_face:

Mon processus personnel est très majoritairement basé sur les personnages et comme le disait Darku c’est dangereux (enfin je dirais plutôt handicapant, à plusieurs niveaux).

Déjà, en tant qu’auteure de fanfictions, je me dis que c’est paradoxal d’être dans la « Team Personnages », pourtant ça m’est venu tout naturellement. J’ai commencé l’écriture avec Pokémon. L’univers Pokémon est riche, flexible mais rempli de blancs, donc il est facile d’y insérer n’importe quoi ou n’importe qui.
Mon plaisir depuis l’enfance et mes joujoux c’est de créer des personnages, des personnalités plus exactement. La fanfiction offre un cadre, un décor prêt à l’emploi, donc pas de prise de tête avec le worldbuilding, et comme Pokémon est une série de jeux vidéos, c’était (c’est) relativement facile de reprendre des quêtes annexes et de les tirer vers des intrigues intéressantes avec des personnages plus sympas (et plus charismatiques) que ceux proposés par le dessin-animé.

Je me suis rendue compte avec le temps et en sortant de mon cocon de pokéfans que pour beaucoup de gens la fanfiction est un moyen de s’approprier des personnages dont ils sont fans. J’ai du mal avec ça, pourtant j’ai essayé, dès mes premiers écrits à 15 ans et plus récemment avec le défi du crossover improbable. Mais je ne suis pas du tout à l’aise avec ce phénomène, je préfère construire mes propres personnages, les aimer, leur donner un passé, un avenir et les guider (les contrôler :grin:). En fait, j’écris principalement pour ça.

A mon sens, il y a deux gros points négatifs au fait de reprendre les personnages des autres : d’abord si on veut faire ça bien c’est compliqué. Il y a un énorme effort d’analyse psychologique à faire (surtout sur des personnages complexes), maitriser son histoire et il faut s’approprier sa façon de parler.
Déjà ça c’est contraignant et difficile comme exercice (et personnellement je pense que dans le cas des personnages complexes et travaillés sérieusement par leur créateur, il est impossible de les respecter car on ne peut pas se supplanter à l’auteur original même avec tout le talent du monde - pour ne citer qu’un seul exemple : Rhianna Pratchett a refusé de prendre la succession de son père dans l’écriture des Annales du Disque Monde parce que précisément elle estime qu’elle ne sera pas à la hauteur, alors qu’elle même travaille comme scénariste sur d’autres univers et qu’elle a assisté son père dans l’écriture pendant sa maladie - Alzheimer précoce).
Ensuite, si on a la chance de parvenir au bout de cet effort, il faut maintenir le cap tout le temps que l’on écrit avec un personnage, ce que je trouve très contraignant. Alors, pour ceux qui écrivent des fanfics courtes pourquoi pas, mais pour les histoires complexes c’est fatiguant et casse-gu****

En tant que lectrice, je ne supporte pas de voir des gens massacrer des personnages, autant vous dire que ça arrive vite et souvent, indépendamment des intrigues qui peuvent être très intelligentes ou amusantes ou de la plume de l’auteur de la fanfic. Ça fait partie des raisons pour lesquelles je ne peux pas lire une fanfic sur un shipping Drago/Hermione par exemple, c’est tellement aux antipodes de leurs caractères…

L’ironie de la chose, c’est qu’il est de fait beaucoup plus facile d’utiliser des personnages « creux » pour de la fanfic, car il n’y a pas à s’embêter à respecter leurs personnalités ou leur histoire, au contraire le passage à la moulinette fanfic permet d’améliorer ces personnages (là encore l’univers pokémon est sympa pour ça, vu que certaines figures sont insipides, il est facile de les utiliser et de les transformer en mieux).

Mais de fait, au fil des années, j’ai l’impression de m’être bien améliorée dans la construction des personnages, alors que côté intrigue j’ai plein d’idées depuis longtemps et je ne me lance jamais, car je bloque très vite sur le développement dès que c’est un peu pointu.
Et gros défaut quand on se concentre sur les personnages, comme je le fais, on brode en « faisant du psycho » pour reprendre une expression que j’ai vu passer sur un autre topic. Or je suppose que c’est assez ennuyeux pour le lectorat. Moi ça me va bien parce que j’aime mes personnages, ils sont comme mes amis, mais pour un lecteur ou une lectrice lambda qui attend de l’action et du suspens… Bah les états d’âmes de Georges et Paulette voilà quoi. :sleeping:

Par ailleurs, et ça je trouve ça frustrant au dernier degré, j’ai constaté que beaucoup de lecteurs de fanfictions attendent justement de retrouver leurs personnages préférés dans des histoires inédites, alors quand on propose des personnages nouveaux dans un décor familier on sent vite la déception.

7 « J'aime »

J’ai l’impression d’utiliser une méthode un peu hybride.
D’abord, pour écrire une histoire, il y a d’abord le côté intrigue. Je me dis « Et si… » et la première graine est plantée.
Puis, je me concentre sur les personnages. Qui va être la victime de mon idée ? Et l’histoire se développe autour de leurs personnalités. L’évolution de mon histoire, les rebondissements dépendent des réactions de mon personnage, de son caractère.

D’ailleurs, pour « planifier » mon écriture, je fais un tableau qui répond aux questions « Qui, quand, où, quoi, comment » pour chaque scène.

Voilà pour moi :slight_smile:

7 « J'aime »

Hello

Un petit visuel qui va rappeler quelque chose à plusieurs d’entre nous, et peut-être même relancer cette discussion.


Les gens : J’ai le contrôle sur mon histoire, c’est moi l’auteur(e).
Je décide ce que les personnages font et dans quelle direction va l’intrigue.

Les personnages : :smirk:
.

11 « J'aime »

C’est vrai ! Surtout quand ils s’affinent et que leurs caractères est bien établi et qu’ils perturbent nos plans prévu pour eux.
Après c’est ça qui rend le processus d’écriture des personnages intéressants, c’est qu’on leur vivent les événements, ce qui est très différent à écrire du schéma disons « historique » qu’on a dans la tete.

7 « J'aime »

Pas merci Oldie, ça m’attaque beaucoup trop de bon matin !!! :laughing: (peu importe l’heure, en vérité)

C’est comme ça que d’une simple petite fic on se retrouve avec une saga épique sur plusieurs générations… :face_exhaling: Quelle idée aussi, d’avoir des personnages aussi libres dans nos esprits !! :laughing:

6 « J'aime »

Merci d’avoir remonté cette discussion ! J’ai parcouru une bonne partie du forum mais ce sujet m’avait échappé.

Ça met les mots sur un problème que je commençais à cerner dans mon projet-qui-n’avance-pas. Je suis focalisée sur des idées de scènes, et que dès que je les écris, je les trouve affreusement nulles. Ça ne colle tout simplement pas. Les personnages que j’aime tant deviennent fades et inconsistants.
Parce qu’ils font ce que je veux qu’ils fassent, et non ce que, eux, ils veulent faire. Ce qui n’a absolument aucun sens maintenant que je réalise. (Non mais Lian, qu’est-ce que tu nous fais faire ? Qu’est-ce que tu nous fais dire ? C’est n’importe quoi ! Arrête de nous manquer de respect !) :sweat_smile:

Il faut que j’arrive à lâcher du lest et que je les laisse vivre leur vie pour voir où ils m’emmènent.
Et pour ce qui est de l’intrigue, eh bien, je suppose qu’elle dépendra de la qualité des embuches que je placerai sur leur chemin.

Est-ce qu’à la lumière de ce nouvel angle mon projet-qui-n’avance-pas deviendra mon projet-qui-avance ? C’est la question que je me pose :rofl:

6 « J'aime »

Je vois tellement ce que tu veux dire !! Autant l’idée de scène est intéressante en elle-même, autant avec ces personnages précis elle perd tout son enjeu !
Parfois, certaines « mises en scène » sont en elles-mêmes très intéressantes, mais perdent tout intérêt selon les personnages mis… en scène !

Prenons le classique de la princesse qui doit être sauvé par un héros. Mario l’a fait, The Legend of Zelda aussi… c’est un classique, et à force, on peut presque prendre ça sous la tournure humoristique… « Oh… Encore ??? Mais quand est-ce que ça va finir…? » À côté, on a Shrek qui prend l’idée à contre pied. La princesse pourrait littéralement se barrer de sa tour, rien la retient concrètement prisonnière vu comment elle est forte (elle tient ça de sa mère), mais il y a autre chose qui la pousse à rester et à attendre la douce délivrance…!

C’est un peu comme quand on a une idée assez standard, très « bateau » ou « simple », si on peut dire. Quelque chose qui tient en une ou deux phrases maximum. « X a disparu et Y part à sa recherche ». À partir d’un scénario aussi simple, on peut tout à fait étoffer. Pourquoi Y et pas un autre ? Y a-t-il un enjeu plus concret (genre fin du monde ?) ou est-ce juste à cause du lien entre X et Y ? Et surtout, qui sont X et Y ?
Certains voudront d’abord répondre aux questions « scénaristiques » et ensuite coller les personnages. D’autres préféreront partir sur les personnages et broder ensuite. Ça fait partie dudit processus d’écriture !

Chacun.e trouve son moteur primaire et son moteur secondaire entre intrigue et personnage(s). Le fandom aide souvent à décider de cet ordre de priorité ! Et rien nous empêche, avec des univers alternatifs, des déviations etc. de modifier le fandom comme ça nous arrange !

Personnellement, j’ai deux façons d’aborder ce bazar gigantesque :

:arrow_right: Intrigue — personnage(s) : j’ai une idée simple, un postulat de base, qui me vient en tête. Par exemple, pour une de mes fics longues inachevées sur lesquelles je reviendrai un jour c’est promis de chez promis (tousse), c’était quelque chose comme : Et si un personnage de Univers A se téléporte par magie (littéralement) dans Univers B ?. Comme ce sont forcément des OCs qui seraient mis en scène, les personnages n’avaient aucune importance de base si ce n’était remplir les critères nécessaires (un.e mage, un.e guerrier.e, tous deux d’univers différents, et quelque chose comme une force/entité qui pourrait faire office d’antagoniste pour ajouter de la pression à l’histoire éventuellement). Les personnages prennent forme petit à petit au fur à mesure que l’intrigue se dessine et se complexifie. « OK, alors je veux un perso comme ci et un perso comme ça, pour que l’intrigue puisse se dérouler et s’articuler comme ça. » Les personnages sont ici au « service » de l’intrigue, et finissent par être modelés pour remplir leur(s) rôle(s) et rendre ça intéressant.

:arrow_right: Personnage(s) — intrigue : probablement ma façon la plus courante d’aborder l’écriture. Généralement, l’idée de l’intrigue s’articule et prend forme autour du ou des personnages. « Je veux écrire une histoire où Harry ne serait pas l’élu de la prophétie, et réécrire les sept tomes de son point de vue de spectateur de l’histoire. » OK, avec cette idée, je sais ce que je veux/ne veux pas écrire. Par exemple, ma dernière idée de fanfic en date, sur laquelle je planche toujours à cause d’une certaine personne (l’amour, même amical, ça vous fait faire de ces choses…!), j’avais un postulat simple comme ça. Je voulais une histoire où X (OC) passe du temps avec Y (perso canon), point final. La mise en scène, les détails, tout ça venait après, du moment que ma priorité restait les personnages et le respect de leurs personnalités. Je voulais les respecter, leur faire honneur, et l’intrigue me permettait juste de raconter ce que je voulais autour d’eux et mettre l’accent sur leur petite histoire, le temps d’un chapitre ou plus.

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de construire son histoire ! :blush: C’est plus une question de priorité.
Dans ton cas, @LianSepia, peut-être justement mettais-tu la priorité sur l’intrigue et les personnages n’étaient peut-être pas les bons pour la raconter ? Peut-être qu’avec d’autres personnes, cette même intrigue pourrait mieux fonctionner ?
Peut-être aussi qu’en elle-même elle peut se tenir avec ces personnages, mais tu n’as pas encore trouvé cette étincelle ou spécificité, cette façon d’aborder l’histoire qui permettrait de la rendre plus « naturelle » pour ces mêmes personnages ? :blush:

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Je me retrouve dans ce cas là. Les personnages sont mon moteur. Mais d’habitude, j’ai le cadre du canon qui me donne des grandes lignes d’intrigue, une direction, un cap pour l’histoire. Sauf pour cette fic où je n’ai rien d’autre comme postulat de départ que « les aventures de X et Y ».
Et je crois que ce vide m’a fait peur et que j’ai voulu le combler artificiellement, en me disant : alors ils vont faire ça, puis ça, puis ça… Comme une suite de péripéties imposées par un cahier des charges.

Oui, comme tu dis. Peut-être que ces scènes pourront venir de manière naturelle en suivant les personnages. Ou peut-être pas et alors elles finiront dans le cimetière des scènes coupées, pour laisser place à d’autres qui fonctionneront mieux.

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Wouah ! Belle discussion et quel sujet passionnant !

Tout d’abord j’aimerais préciser que ce qui m’a toujours passionné depuis mon plus jeune âge (attention, je mets mon gilet pare-balles :dotted_line_face:), ce n’est pas tant la littérature (j’aime lire, mais ce n’était pas au départ ma véritable passion), mais précisément le fait de raconter une histoire.

Du plus loin que je m’en souvienne (et ce n’est pas une expression :wink:), j’ai toujours aimé le fait de développer un récit, créer et faire évoluer des personnages, mettre en scène ou encore imaginer des scénarios divers et variés en fonction de mes envies, de ce qui m’entourait ou de ce que je connaissais comme univers de fiction. Au départ (quand j’étais petit :stuck_out_tongue_winking_eye:), je n’écrivais pas mais je jouais les histoires et les aventures qui me passaient par la tête. Puis, par la suite, en grandissant, je me suis petit à petit tourné vers l’écriture.

Bref, tout ça pour dire que le sujet de ce topic est précisément ce qui m’a toujours passionné et qui me passionne encore aujourd’hui que ce soit dans un livre, dans un film, dans une série ou sous n’importe quel autre format : la construction de l’histoire.

Pour en revenir à la discussion, on parle ici davantage du cas d’une fanfiction, ce qui fait à mon avis une énorme différence avec un univers et des personnages totalement originaux. Car dans une fanfiction, qu’on le veuille on non, on utilise des personnages qui ont déjà une identité plus ou moins définie et un univers qui a certains codes là aussi plus ou moins définis. Difficile donc dans certains cas de faire faire n’importe quoi à n’importe quel personnage.

Cela étant, j’aime à croire qu’aucune idée n’est mauvaise et que dans la fiction tout est possible. C’est ce qui m’a amené à me lancer dans mon projet de crossover. Je pense que ce qui fait la différence c’est plutôt comment on va développer cette idée et la faire évoluer. Je crois d’ailleurs que @BakApple l’a parfaitement bien illustré dans son dernier message.

Dans ce qui suit, je vous ferai simplement part de ma propre expérience juste à titre indicatif. Dans mon cas, ma démarche a été celle de me dire : « Ok, je pars dans l’idée d’un crossover Harry Potter/Star Wars avec un ton sérieux. Comment puis-je faire pour faire en sorte de relier ces deux univers qu’à priori tout oppose tout en proposant une histoire qui puisse être crédible et cohérente. » Je choisi mon personnage principal (dans mon cas ce n’est pas un OC mais bien un personnage du fandom Harry Potter :wink:) et très vite, je trouve une base sur laquelle me lancer : « Le personnage étudie un objet mystérieux et se retrouve propulsé dans l’autre univers ».

De là, l’histoire s’est construite au fur et à mesure, et chaque personnage impliqué y a naturellement trouvé sa place (en tout cas, de mon point de vue). Néanmoins, s’il y a bien une chose que j’ai appris lorsque j’ai travaillé sur ma fanfiction la première fois, c’est qu’il me fallait absolument avoir un cap clair à suivre du début jusqu’à la fin. Pas nécessairement dans le détail, mais au moins les étapes importantes du récit. Je m’en suis particulièrement rendu compte au cours de l’écriture car, au départ, j’avais défini un fil conducteur sur ce qui correspond en fin de compte à la première moitié de la fanfiction finale, mais sans prévoir la suite.

Aïe Aïe Aïe ! Et voilà qu’une fois arrivée au point de chute fixé, je me retrouve à avancer au fur et à mesure sans cap clair et avec tout un tas d’idées toute plus ambitieuses les unes que les autres qui commencent à se bousculer et à venir tout chambouler. D’autant que je publiais mes chapitres au fur et à mesure. Et plus j’avançais, et plus je sentais que ma fanfiction s’enlisait petit à petit. Ce qui m’a permis de finalement l’achever à l’époque, ce fut de m’arrêter un moment et de prendre du recul.

A ce moment-là, j’aurai très bien pu abandonner et passer à autre chose. Mais quelques semaines plus tard, je me suis replongé dedans, j’ai pris le temps de reprendre l’intrigue là où je l’avais laissé et de trouver une manière de conclure. Pour les autres idées, c’est à ce moment-là que j’ai décidé de les mettre de côté pour une éventuelle suite (Ça y est, je crois que j’ai attrapé le virus dont parlait @BakApple :grimacing:). J’ai alors écrit le reste de ma fanfiction jusqu’à la fin avant de poursuivre toute publication et lorsque je suis arrivé au terme, j’ai pu alors la mettre en ligne et enfin marquer ma fanfiction comme « terminée ».

Alors certes, le résultat final n’est peut-être pas celui que j’aurais voulu au départ et peut-être qu’avec une meilleure méthode, plus d’expérience, plus de maturité et je ne sais combien d’autres choses ça aurait été bien différent… Mais je n’aime pas me focaliser sur les regrets (je préfère avancer), et comme le dit l’expression : « Avec des si, on mettrait Paris en bouteille ». Ce dont je fus satisfait à ce moment-là, c’est avant tout d’avoir réussi à aller au bout de mon projet initial en concrétisant une idée un peu saugrenue et d’avoir terminé cette première fanfiction. D’autant que j’ai pris beaucoup de plaisir à construire cette histoire-là.

Bref, tout cela est un sujet passionnant et on pourrait certainement en disserter pendant des heures, mais pour l’instant, je crois que je vais m’arrêter là. Désolé de toujours revenir sur ma propre fanfiction mais le fait est que je n’ai toujours travaillé que sur ce seul projet dans le cadre de la fanfiction et l’idée ici n’est pas du tout de vous baratiner avec. C’est simplement que je préfère parler de mon expérience, aussi minime soit-elle, plutôt que de me risquer à donner des conseils qui pourraient être inappropriés ou déplacés.

Sur ce, bonne écriture et/ou bonne lecture à toutes et à tous. A bientôt :wink:

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Houla, toi, ça ne fait pas longtemps que tu es dans ce milieu. :laughing:
Il y a même un nom pour des personnages qui ne sont pas fidèles à ce qu’ils devraient être et auxquels on fait faire n’importe quoi… Plus ou moins exprès.
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Je ne suis pas d’accord pour dire que parce qu’un personnage est canon, il reste gravé dans le marbre.
Sauf peut-être être si l’on écrit des fanfictions qui s’insèrent à un moment précis de leur vie et qu’on en sort jamais.

Ce qui m’intéresse c’est justement de mettre à l’épreuve le caractère des personnages (principaux). Quelles situations amèneront toujours les mêmes réponses réflexes (« Personne ne me dit que j’ai les foies !» et quelles autres les rendraient plus créatifs ?

C’est pour ça que les crossovers qui mettent en tandem des personnages issus d’oeuvres différentes sont si intéressants à écrire. En tant qu’auteur on doit toucher l’essence d’un personnage pour être en mesure de le faire interagir avec un autre avec lequel il n’a pas ses habitudes.

Je trouve que garder un personnage canon est difficile. Il est bien plus simple de faire faire et faire dire aux personnages ce qu’on a envie qu’ils fassent parce que ça nous chante.
Attention, je n’en fais pas l’apologie. J’aime les personnages fidèles. Mais je n’hésiterai pas à exploiter impitoyablement leurs contradictions…
Et c’est dans cette zone grise qu’il y a de quoi faire naître des intrigues peut-être moins rebattues.

Et ça peut arriver entre des personnages canon aussi.
Je me surprends souvent à vouloir le faire. Est-ce que ça génère une intrigue qui se tient ? Pas en soi.il faut du talent d’écriture pour savoir exploiter des choses simples sans qu’elles aient l’air simplistes…

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Parfois, ça peut être rigolo de transformer ces scènes coupées en scénettes qui alimenteront une sorte de recueil des « Coulisses de LianSepia » ! :face_with_hand_over_mouth:
Tout n’est pas à jeter ! Comme l’avait dit une fois Oldie, des vieilles idées peuvent être reprises des années après lorsqu’on a l’humeur, la maturité ou juste ce petit je-ne-sais-quoi qui te donnera l’énergie, la motivation ou autre de lui donner pleinement corps !!! !!!
Ca peut rester intéressant de les garder sous le coude, dans un dossier « WIPs peut-être éternels », et de les ressortir dans quelques semaines, mois, années… :smile:

Entièrement d’accord ! Tout dépend après de ton « but » dans cette écriture. Je mets les guillemets parce que je sais pertinemment que toute (fan)fic n’a pas nécessairement besoin d’avoir un but précis, un objectif à atteindre dans le style « faire pleurer la personne qui me lira » !!
Si tu as envie/besoin qu’une intrigue se tienne, peut-être que cette idée n’est pas pour toi ? Dommage, et tant pis, tu trouveras sûrement de quoi t’occuper/t’amuser ailleurs ! (c’est un tu général, pas nécessairement dirigé vers toi :face_with_hand_over_mouth:) Peut-être que, comme j’ai dit à LianSepia, c’est parce que tu n’es pas dans les bonnes conditions pour donner corps à ce type de fanfic ?
Personnellement, j’ai toujours énormément aimé les one-shots très simplistes et presque intimes, introspectifs. (tu dois peut-être le savoir, pour avoir lu quelques-unes de mes fics…) Je me rappelle d’un défi que j’avais écrit où je m’étais donné le défi perso d’écrire entièrement de la narration, aucun dialogue, dans le but d’être entièrement dans ces ressentis, dans ces pensées, sans donner « voix » au personnage. Du coup, ce postulat simple que j’évoquais dans mon message me paraît très accessible et réalisable, sans forcément avoir besoin d’une intrigue alambiquée en trois actes, avec les trois unités etc.
Des fois, aussi, on perd cet air simpliste via notre style d’écriture ! (ça joue beaucoup, quand même) Si mon récit simple (X et Y passent du temps ensemble) est juste écrit à coups de « X dit ça. Y fait ça. X fait ça. Y dit ça avant de faire ça. », bah on va s’ennuyer, c’est simple et simpliste à la fois ! Mais avec un soupçon de style, de poésie, de lyrisme ou que sais-je encore !, on peut en tirer un one-shot assez satisfaisant dont on a hâte de le présenter aux quelques intéressé.e.s… Du moment que c’est prêt à être présenté ! :stuck_out_tongue: (je sais, je sais, je m’y remets sérieusement dès que je suis rentrée à la maison… et que le taf se calme un peu :confounded:)

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