On a 4h ? J’espère que ma réponse ne sera pas notée, j’ai déjà une transpiration traumatique qui arrive de mes années philo’ . Et ça y est, j’ai peur !
Question intéressante et, à mon sens, contre-productive ! Car qui ne ressent pas moins que celui qui essaie de raisonner ce qu’il ressent ?.. (vous pouvez la ressortir au dîner de famille).
Un peu d’humour mais je le pense quand même. Où se trouve l’émotion ? Une chose me semble évidente dans la lecture, celui qui ressent le moins en lisant, c’est celui qui écrit par ailleurs. Car, comme on le fait là, il pense à ce qui est écrit : comment c’est écrit, qu’est-ce que l’auteur a voulu dire, à quel dénouement ces éléments nous mènent-ils ? Et tout ça fait que le lecteur-auteur n’est plus focalisé sur l’émotion qu’il pourrait ressentir, mais sur la manière dont l’auteur a voulu la construire : et adieu l’émotion. Donc pour moi il faut d’abord distinguer quand on lit de quand on écrit !
Ensuite, comme ça a été dit plus haut, je pense que l’émotion est partagée : le lecteur a sa part de « responsabilité ». Il faut que le style de l’histoire plaise au lecteur, qu’il ait envie de la lire, et ensuite qu’il soit plus sensible à telle ou telle émotion suivant son caractère. Mais si le style plait, et donc que tout simplement le lecteur lit l’écrit au lieu de le reposer sur le présentoir, c’est quand même à moitié gagné car « lecteur qui lit, à moitié dans son rire » (à moins que je confonde ?).
Bref, si le lecteur est intéressé par le style du récit (style d’écriture, puis genre), alors il a ensuite peu de responsabilité dans le fait de ressentir ou pas. C’est l’auteur qui va ensuite maîtriser les émotions ressenties suivant la manière dont il narre les choses, l’enchevêtrement des évènements et la puissance des scènes. Il va en soi « maîtriser les émotions du lecteur » : la peur, la colère, le rire…
Reste le caractère « général » du lecteur qui aura un rôle final, je crois, sur l’intensité de l’émotion, et qui sera plus sensible à certaines émotions que d’autres et fera varier en lui-même l’intensité de l’émotion retranscrite par l’auteur.
En bref, pour moi :
-1. Il faut que l’auteur et le lecteur ait une « compatibilité générale » = simplement que le lecteur soit attiré par le récit.
-2. Une fois qu’il y a cela, c’est l’auteur qui peut diriger le lecteur vers telle ou telle émotion.
-3. C’est le « caractère » du lecteur qui aura le mot final sur l’intensité des émotions ressenties, en fonction des scènes et de telle ou telle émotion (par exemple une scène finale triste censée être très puissante pourra être ressentie moyenne pour un lecteur peu sensible à la tristesse).
Epreuve de litterature, choix 2 : ?..
Je n’en ai pas vraiment en fait ! J’ai toujours plus ou moins écrit à l’instinct et l’histoire est toujours moins « prenante » si je sens que j’écris moins vite (car moins inspiré et scènes moins claires dans ma tête). C’est, je crois, quand je ressens le plus en écrivant, que le lecteur ressentira le plus en lisant (en prenant en compte tout ce qui a déjà été dit plus haut).
Dans la fan fiction, c’est quand même très particulier. On s’approprie des personnages qui existent déjà et qui ont donc déjà un background. En écrivant, on ne fait que donc que « retranscrire » un personnage et sa manière d’être, sa manière de faire, etc… Si le personnage est censé être drôle, on va donc l’écrire de cette manière et s’approprier un instant le style de l’œuvre originale. Dans ces conditions, on ne peut pas guider l’émotion de façon absolue car le personnage ne nous appartient pas à proprement dit, nous ne sommes pas libres de nos mouvements. Mais le lecteur aura plus d’attache en lisant car il connaîtra déjà l’œuvre, donc on y gagnera à ce niveau.
Au final, l’émotion d’une œuvre est quand même liée très fortement à sa qualité générale car, comme ça été évoqué par exemple, un « nanar » va fonctionner complètement à l’envers de ce qu’il voulait retranscrire tant il est mauvais globalement, et pas juste dans le fait de retranscrire les émotions. Il y a donc une part très importante de crédibilité dans l’émotion. Il faut que l’émotion paraisse vraie, et en l’écrivant, je me rends compte que ça rejoint ce que je disais un peu plus haut : quand l’auteur ressent ce qu’il écrit, il le transmet d’autant plus simplement à son lecteur car il n’y a pas d’émotion plus vraie que celle qui est là, présente, à l’instant où elle est posée sur le papier.
En bref : arrêtons-nous de prendre la tête, et ressentons.
P-S : je mets à part UN style bien particulier qui est le suspense car toute l’émotion repose sur l’implacable rationalité de l’auteur. On sait qu’il nous mène en bateau… Mais quelle est la destination ? Et c’est précisément ce petit jeu qui suscite l’émotion !