3615 my life :
Un ami proche veut se lancer dans l’écriture d’un projet qu’il traîne depuis des années. Il a commencé par noter son scénario, le déroulement de certaines scènes, le background de chaque personnage ; il a voulu se faire un « dossier » complet avant de se lancer dans l’écriture.
L’autre jour, je lui ai demandé de me montrer ce qu’il avait. Et je dois avouer que c’était hilarant tant c’était pauvre et simple. Certes, ça n’était qu’un résumé, mais il y avait un début de rédaction. Mais l’hésitation dans les tournures, le choix de mots très pauvres et communs, et un manque flagrant d’expérience rendait ça assez triste. Je dois avouer que si ça n’était pas mon ami j’aurais totalement ignoré son travail !
Mais il ne faut pas se le cacher, on est tous et toutes passé(e)s par là, moi la première.
Quand je repense à ma toute première fic, sur Pokémon (j’avais quoi, 12 ans ?), c’était si maladroit, si pauvre, que je me dis « finalement, ce que j’écris aujourd’hui c’est pas si mal » (alors que je suis la première à me dénigrer quand je me relis).
Tout ça pour rebondir sur les propos de Hal : n’arrête jamais d’écrire. On apprend constamment, on emmagasine de l’expérience chaque jour. Ça ne se ressent peut-être pas parce qu’on a pas encore assez de recul, mais quand tu reviendras dans quelques mois voire années sur tes écrits d’aujourd’hui, tu te rendras compte que tu auras évolué.
Il n’y a pas de recette miracle, seulement des techniques possibles à tenter. Lire des romans, c’est déjà un bon début. Tu peux déjà comparer des nouvelles à des romans, des livres en français langue originale et des livres en français traduits de langues étrangères (le travail du traducteur est crucial ; #PaysdeNeige), des romans de SF à des romans plus historiques… Tout est bon à prendre pour peu que tu aimes ! La lecture de ces ouvrages va te permettre de découvrir des tournures, des figures de style, du lexique etc. que tu n’aurais peut-être jamais soupçonné !
Ensuite, il faut tenter et éviter le plus possible de se décourager ! C’est pour ça que je recommande vivement de participer aux défis mensuels ; je parle par expérience, mais en tentant un OS (que je qualifierais presque de nouvelle) à la première personne, je suis sortie de ma zone de confort, et ai découvert une nouvelle approche du récit ! En plus, dans ces défis on nous propose parfois (systématiquement ?) d’utiliser quelques mots (rares) dans un champ lexical donné, ce qui permet en plus d’en découvrir de nouveaux.
Enfin, un truc fun et sympa, c’est de réécrire tes fics après x temps. Pour ma plus ancienne finie et répertoriée sur ce site (Quatorze Juillet, une fic sur Rhythm Thief), j’ai bien mis cinq ans avant d’arriver à la version actuelle, qui ne me satisfait pas pleinement. Pourtant, j’ai dû la réécrire et la recommencer facile trois ou quatre fois. À chaque fois j’avais mûri, je m’étais posé des bases différentes, j’avais toujours un peu plus d’expérience dans l’écriture que la fois précédente, si bien que, entre la première version et la dernière, il y a un écart monstrueux dans le style !
Et c’est là que tout prend sens. Tu es peut-être encore « immature » dans ton écriture, et ce n’est pas une mauvaise chose ! Ça se travaille, comme tout.
J’étais comme toi à une époque ; j’avais des scènes colorées, vivantes, riches en émotions et bien plus encore, mais seulement en tête. Les écrire était impossible, puisque je n’arrivais tout bonnement pas à retranscrire ce que j’imaginais. Puis j’ai grandi, j’ai évolué, j’ai expérimenté. Si bien qu’à présent, quand j’écris, je mets la dose en description. Parce que je déteste n’avoir que du dialogue, j’essaie de faire passer mes scènes différemment. Je veux que mes lecteurs voient à quoi ressemble mon personnage ? Dans ce cas je glisse autant d’éléments descriptifs qu’il m’est possible de faire, mais attention à bien doser.
Je mentionnais Quatorze Juillet tout à l’heure. Aujourd’hui je suis plongée dans l’écriture de sa suite, Quand Sonne le Glas, et puisque j’écris sur un fandom qui est à la base visuel (anime japonais, donc pas de données écrites, juste des images), je fais tout mon possible pour que ce soit buvable et que les descriptions suffisent à ce que les lecteurs se représentent les personnages, ce qui n’est pas une mince affaire crois-moi. Mais parfois, à trop vouloir décrire, on perd le lecteur, d’où l’importance de bien doser.
Tout ça pour dire : entraîne-toi à écrire ; rien n’est à jeter, tout est à garder. Écris un texte, laisse-le mûrir pendant quelques jours et semaines, reviens dessus, dis-toi ce qui va et ne va pas à ton goût.
(tu postes justement ça alors que j’écris ma réponse haha autant rebondir dessus)
Oui c’est frustrant de ne pas réussir à faire ce que l’on veut. Mais c’est un travail dans le temps ; tu ne vas pas te réveiller un matin et te dire « tiens, je sais écrire comme Proust ». Ça fait des années que j’écris, environ dix je dirais, et ce n’est que récemment (c’est-à-dire il y a deux-trois ans, et encore) que j’ai réellement senti une évolution dans mon style. J’ai tenté des choses, comme écrire du lemon/lime ou bien écrire à la première personne. J’ai tenté d’écrire en me portant plus sur les actions, parfois plus sur les sentiments. J’ai tenté d’écrire sur des fandoms que je connaissais à peine, et sur d’autres que je connais par cœur. Pourtant, je sais que j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir et que j’ai encore beaucoup à apprendre.
La clé, c’est de ne pas abandonner et de toujours essayer ! 