[Musique] Ces vers qui vous prennent aux tripes

Non, il ne s’agit pas de ténias, mais bien de musique.
L’idée n’est pas de balancer votre playlist, mais de mettre en avant quelques vers (disons 4/6 maxi par chanson), issus de chansons (de préférence en français, au moins pour commencer) que vous aimez particulièrement: parce qu’ils touchent juste, parce que l’image est belle ou tout simplement parce que les mots et la sonorité vous plaisent.

Par exemple:

J’aurais pu, c’était pas malin
Faire avec lui un bout de chemin
Ça l’aurait peut-être rendu heureux
Mon vieux

Daniel Guichard, Mon vieux

→ Là, tout bêtement, c’est parce qu’à ce moment de la chanson, mes yeux deviennent généralement d’un coup très très mouillés :face_holding_back_tears: Même si le père de Guichard n’a pas grand chose en commun avec le mien, je trouve que toute la fin de la chanson, et en particulier ce couplet, exprime parfaitement les regrets qu’on peut avoir quand un parent est parti de manière prématurée. (Bon en vrai, je l’écoute pas trop cette chanson, parce que je suis toujours en PLS à la fin…)

Je n’avais pas vu que tu portais des chaînes
À trop vouloir te regarder j’en oubliais les miennes

Francis Cabrel, L’Encre de tes yeux

→ Généralement, quand une chanson parle d’adultère, c’est soit la voix de la victime qui exprime tout son seum, soit celle du coupable qui exprime ses regrets et comment « azy, trop déso, je recommencerai plus ». Bref, des postures très morales. Ici, on sort de ça. Et dans cette seule phrase, on exprime, sans porter de jugement, les sentiments et les obstacles qui empêchent ces sentiments d’être vécus pleinement et librement.

Le temps qui nous casse, ne la change pas
Les vivants se fanent, mais les ombres, pas

Jean-Jacques Goldman, La Vie par procuration

→ On la voit bien, la petite mamie, qui a un passé, pas de futur, et reste coincée dans un genre de présent perpétuel. Non ?

Aller, qui veut prendre le micro ?

9 « J'aime »

Excellente idée de topic, Anthaus ! J’ai essayé de réduire au max parce que sinon j’aurais enfreint tes règles de nombre de vers minimum par chanson.

Tout comme toi, cette chanson me met en croix et ce, depuis toujours, par identification aussi.


De Goldman, cette chanson est l’une de mes préférées. Là encore, déjà dans mon enfance, cette chanson me remuait les tripes à cause de ce qu’elle exprime. Je me suis toujours imaginée être cette femme, dès mon plus jeune âge, et encore aujourd’hui, je ne cesse pas de m’identifier à elle…


Mais ma préférée de Goldman, c’est celle-ci, Elle attend, qui parle d’une autre femme esseulée et mélancolique, en quête d’absolu :

Elle attend que l’horizon bouge
Elle attend que changent les gens
Elle attend comme un coup de foudre
Le règne des anges innocents
Inexorablement elle attend

Je voudrais bien citer tout le texte quand même. Tout comme pour La vie par procuration, Elle attend me fait penser à la chanson Eleanor Rigby des Beatles, histoire d’une autre femme seule, qui meurt seule… Et par extension, ces textes me font penser à Miss Havisham, personnage de Dickens, qui attend depuis 25 ans (au moment de la narration) un fiancé qui l’a abandonnée à 9h40 précisément le jour de leur mariage, figée depuis toutes ces années dans sa robe de mariée qu’elle n’a jamais quittée, les pendules et horloges toutes arrêtées à l’heure fatidique, sa maison plongée dans l’obscurité se délabrant et elle avec, la pièce montée pourrie et infestée d’araignées… Miss Havisham est restée bloquée dans son trauma.


La ville que j’ai tant aimée, Tri Yann :

Elle est née d’une ferme tout en haut d’un rocher
Cette ville que j’ai tant, tant et tant aimée
Du lavoir à l’hiver, de l’église à l’été,
Les siècles s’enchaînaient aux années…

Mais c’est le texte entier qu’il faudrait mettre (comme pour Elle attend, d’ailleurs).


Elle voulait toucher le soleil
Rien ne sera pareil
Perdue dans son sommeil
Et puis les nuages étincellent
Sur des étangs de miel
Et mes larmes s’emmêlent

Niagara, Soleil d’hiver

Encore une chanson qui m’a marquée dans mon enfance et dans ma chair.


C’est une belle journée
Je vais me coucher
Une si belle journée, qui s’achève
Donne l’envie d’aimer, mais, je vais me coucher
Mordre l’éternité, à dents pleines
C’est une belle journée
Je vais me coucher
Une si belle journée, souveraine
Donne, l’envie de paix
Voir des anges à mes pieds, mais
Je vais me coucher, m’f’aire la belle

Mylène Farmer, Une belle journée

Une autre chanson qui parle de suicide, comme celle de Niagara. Frappe encore plus fortement quand on sait qu’initialement, ce n’était pas « Je vais me coucher » qu’elle voulait dire mais autre chose, de beaucoup plus explicite et qui ne serait pas passée du tout à l’époque…


Sentir le sable sous ma tête, c’est fou comme ça peut faire du bien
J’ai prié pour que tout s’arrête Andalousie, je me souviens
Je les entends rire comme je râle
Je les vois danser comme je succombe, je pensais pas qu’on puisse autant s’amuser
Autour d’une tombe

Francis Cabrel, La Corrida


Je pense aussi à Chanter de Florent Pagny, à Il changeait la vie de Goldman et à Emmenez-moi d’Aznavour : difficile de sélectionner des morceaux choisis dans ces chansons.


Au-delà de nos vents, passée notre frontière
Dans ces pays soleil de sable et de pierre
Là où malgré les croix et malgré les prières
Les dieux ont oublié ces maudites terres

Goldman, Long is the Road (Américain)


Les derniers s’ront les premiers
Dans l’autre réalité
Nous serons princes d’éternité

Céline Dion, Les derniers seront les premiers (paroles de Goldman, bien sûr)


Près de sa tranchée, placés à 20 ou 30 mètres, la guerre des bouchers, nous sommes en 1917

Tant de journées qu’il est là
À voir tomber des âmes
Tant de journées déjà passées sur le Chemin des Dames

Manau, L’avenir est un long passé


Ils ont quitté leurs terres
Leurs champs de fleurs
Et leurs livres sacrés
Traversés les rizières
Jusqu’au grand fleuve salé
Sans amour, sans un cri
Ils ont fermé leurs visages de miel
Les yeux mouillés de pluie
Les mains tendues vers le ciel

Gold, Plus près des étoiles

9 « J'aime »

Oh ! Merci pour ce topic ! Je viens de voir passer plein de chansons qui me sont chères et j’en ai tellement en rayon qu’il va me falloir un peu de temps pour sélectionner.

En tous cas, les paroles de Cabrel m’ont toujours beaucoup touchée. J’ai une affection particulière pour L’encre de tes yeux citée plus haut et surtout le dernier couplet :

Tu viendras longtemps marcher dans mes rêves.
Tu viendras toujours du côté où le soleil se lève.
Et si malgré ça j’arrive à t’oublier,
J’aimerais quand-même te dire,
Tout ce que j’ai pu écrire aura longtemps le parfum des regrets

J’ai un amour particulier pour sa Petite Sirène

Le matin est si clair,
Le silence si doux,
Des paroles d’hommes flottent dans l’air
Tout l’monde a rendez-vous.
La nuit est passée tout entière creusée sur nos joues.
Tu déchires tout d’un trait de lumière
Et c’est la vie tout à coup.

Il y a aussi Les murs de poussière qui me poigne :

Il a dit stop, je retourne en arrière.
Je n’ai pas trouvé ce que je veux.
Il a dit stop je retourne en arrière,
Il s’est brûlé les yeux.

Il s’est brûlé les yeux
Sur son lopin de terre
Sur son vieil arbre au beau milieu
Au soleil sur les murs de poussière …

9 « J'aime »

Super idée de topic ! J’y prendrai part plus tard, quand j’aurai le temps de rédiger un truc complet ^^

7 « J'aime »

Ah, tous ces titres, ça donne envie. Faut que je lance Deezer là ^^

Haha, c’est toute la difficulté du truc. D’ailleurs tu cites pas mal de chansons que j’ai écartées pour cette raison: La ville que j’ai tant aimée, une de mes chansons préférées aussi, mais j’étais incapable d’en extraire un passage en particulier. Aznavour et Goldman, c’est souvent difficile aussi, leurs textes étant souvent à prendre dans leur ensemble. Emmenez-moi je voulais la mettre aussi, mais pareil, trop dur de choisir. Peut-être simplement Un beau jour sur un rafiot craquant de la coque au pont pour la sonorité. J’aime beaucoup le rafiot craquant, je ne sais pas pourquoi XD

Oui, les tabous à la ■■■ qu’il y avait quand même. Comme si on allait éviter les problèmes en n’en parlant pas… Cela-dit, coucher passe très bien, en étant moins cru, peut-être que l’impact est moins fort, mais on gagne en poésie.

J’aurais même juste isolé cette phrase. Elle met vraiment une grosse claque.

Je la trouve incroyable cette chanson. Le texte n’est pas très long, et chaque mot y est sélectionné avec tellement de soin. Un diamant brut.

Hâte de voir ta sélection :slight_smile:

6 « J'aime »

J’avoue que c’était dur de sélectionner des passages. Cf. le nombre de fois que j’ai édité mon post.

Pour le rafiot craquant c’est peut-être parce que justement, il prononce ces mots d’une manière qui craque sous la dent ? C’est comme le vers Traînant un parfum poivré de pays inconnus, tu peux chanter le Traînant en faisant justement traîner le « r » façon patoisante pour donner l’impression que les bateaux traînent bien derrière eux cet arôme… Je ne sais pas comment l’expliquer plus élégamment, mais ça doit bien porter un nom d’ailleurs, ce procédé linguistique ?

Ce qu’il y a d’intéressant avec Aznavour c’est cette manière qu’il a de mélanger les différentes prononciations du « r » en français, et d’ailleurs, quand on écoute différentes covers d’Emmenez-moi, on constate que personne n’arrive à reproduire le ou les « r » de Vers, courbent et alourdis qui contribuent aussi à la beauté de la chanson. Est-cela, le « r » parisien ?

Un mélange des deux dans un monde idéal aurait peut-être été l’idéal ? Alterner entre « tuer » et « coucher » tout au long de la chanson… En tout cas pour ma part ça ne m’aurait pas dérangée.

6 « J'aime »

Ooooh bien vu, c’est vrai qu’il joue avec le « r ». Le « r » parisien, je crois que c’est juste la façon « française » de le rouler dans les chansons (à la manière d’Edith Piaf et Jacques Brel). M’enfin je suis pas sûr. Par contre, t’as parfaitement raison, Aznavour alterne entre différents types de « r », et il ne le fait sans doute pas au hasard. J’y avais jamais fait gaffe.

Garder la petite touche de poésie sans édulcorer le message ? Je vote pour :slight_smile:

6 « J'aime »

Je ne connais pratiquement pas la discographie d’Aznavour parce que je suis toujours restée très loin de la chanson française, je ne m’y mets que maintenant. Aussi je suppose qu’Aznavour mélange les différents « r » dans d’autres de ces chansons. Sur Emmenez-moi, il a aussi cette fameuse prononciation sur le mot « bord ». C’est très frustrant à entendre car on dirait un mélange entre un « r » dur typique du francais actuel et un « r » roulé malgré tout et c’est impossible à reproduire, et c’est vrai que j’aimerais bien savoir si c’était une particularité qu’il avait (peut-être que le fait de parler aussi arménien lui permettait de parvenir à produire un tel phonème ? Supposition à 3 francs 6 sous) ou si c’était une manière de prononcer le « r » répandue à Paris encore à l’époque. Ça me turlupine en fait chaque fois que j’entends cette chanson.

D’ailleurs j’ai toujours cette excellente vidéo YouTube sous le coude, faite par un Belge à l’anglais irréprochable. Il y explique que le francais actuel a différents types de « r » (ce que j’ai découvert avec surprise, car quand on parle on ne s’en rend pas compte), mais tord aussi le cou à cette idée fausse et largement répandue, hélas, auprès des étrangers apprenant notre langue que le « r » français typique se prononce dans la gorge. :roll_eyes:

6 « J'aime »

C’est un chouette sujet.
J’ai eu un peu de mal à trouver.

C’est vrai que « La Corrrida » de Cabrel, quand on l’entend, elle fait son petit effet « pan, dans les dents ! » :smile:
Dans le genre qui tape où ça fait mal, il y en a certaines de Balavoine qui se posent là.

Mais autant je peux trouver vraiment belles des chansons de la triade Cabrel, Goldman, Berger :grin: autant je n’ai rien qui me tire des larmes. Ce n’est pas la même émotion.

Mais pour apporter ma pierre, mettons dans le pot deux de Michel Berger qui résonnent particulièrement pour moi :

Seras-tu là ?

Pourras-tu suivre là où je vais?
Sauras-tu vivre le plus mauvais?
La solitude, le temps qui passe
Et l’habitude, regarde-les
Nos ennemis, dis-moi que oui
Dis-moi que oui
.
Et Quelques mots d’amour :

Il manque quelqu’un près de moi
Je me retourne, tout le monde est là
D’où vient ce sentiment bizarre
Que je suis seul ?
Parmi tous ces amis
Et ces filles qui ne veulent
Que quelques mots d’amour

De mon village, capitale
[…] Où des millions de gens
Se connaissent si mal
Je t’envoie comme un papillon
À une étoile
Quelques mots d’amour
.
.
Il y a une chanson de Goldman qui possède une résonnance pour moi, elle s’intitule « Nuit ».
Mais je pense qu’elle me touche car je pense qu’elle m’évoque irrésistiblement mon OTP (one true pairing) :grin: et l’amour à sens unique.

Tout n’est plus qu’ombre, rien ne ment
Le temps demeure et meurt pourtant
Tombent les apparences
Nos longs, si longs silences
Les amants se perdent en s’aimant

Solitaire à un souffle de toi
Si près tu m’échappes déjà
Mon intime étrangère
Se trouver c’est se défaire
À qui dit-on ces choses-là?
.

Par contre, tout ça c’est vieux. J’ai décroché de la chanson française depuis un sacré bail.
Mais pour être honnête, je suis super à la ramasse sur de la variété internationale aussi. :sweat_smile:

7 « J'aime »

Superbe sujet Anthaus ! :blue_heart:
Vraiment, j’adore le concept !
Mais je commence avec du mauvais esprit, sur Jean-Jacques Goldman, La Vie par procuration heureusement que tu n’as pas cité le vers sur les pigeons. :sweat_smile:
Hautement pathétique je trouve et puissant mais sorti du contexte de la chanson, paye ta misère littéraire : « Elle met du vieux pain sur son balcon, pour attirer les moineaux les pigeons ».

Côté chanson française, je suis surtout admiratrice de Goldman et Aznavour, déjà cités. Plus secondairement Michel Berger et Balavoine. Cabrel est pas mal dans son genre mais me touche moins (en dehors de la corrida, Stelios en a d’ailleurs sorti un extrait).

Je suis sur mon téléphone là, mais j’ai quelques extraits en tête, je viendrai poser mon double post depuis l’ordinateur tout à l’heure.
Mais je pense que tu pourrais ouvrir une branche parallèle (ou même ici) pour les extraits en langue étrangère.

7 « J'aime »

Oh oui une succursale pour les langues étrangères, il nous en faut une absolument :grinning: ! Ça va tartiner sec dans toutes les langues possibles et imaginables, plus personne ne va s’y retrouver, mais je vote justement pour ! :person_raising_hand:

5 « J'aime »

Je vois que Goldman (le maître) revient souvent et je trouve ça tout à fait normal.
Pour ma part, je ne suis pas tellement chanson française. Donc, je ne vais en mettre qu’une seule et unique.

Cette chanson, c’était la chanson préférée de ma grand-mère. Elle adorait quand je lui chantais. Je ne l’ai quasiment plus écouté depuis son décès en 2013 mais à chaque fois cette chanson, cette mélodie, me retourne les tripes et le coeur.
Alors petit hommage à ma mamie :heart:

Le Paradis Blanc de Michel Berger
En particulier le premier refrain (nan parce que si je m’écoutais, je collerais la chanson en entier) :
Je m’en irai dormir dans le paradis blanc
Où les nuits sont si longues qu’on en oublie le temps
Tout seul avec le vent
Comme dans mes rêves d’enfant
Je m’en irai courir dans le paradis blanc
Loin des regards de haine
Et des combats de sang
Retrouver les baleines
Parler aux poissons d’argent
Comme, comme, comme avant

9 « J'aime »

Très belle chanson que les paradis blancs en effet. :black_heart:
Je la chantais beaucoup autrefois, quand j’ai eu ma période Michel Berger.

Alors ma petite sélection avec trigger warning : c’est pas gai… :sweat_smile: et je commence avec du lourd :

Mon arbre - Les Fatals Picards
Cet arbre-là c’est le mien
Je m’y balance ce matin
Au gré du vent pour célébrer
Comme il se doit ma destinée
Qu’il fasse froid qu’il y ait du vent
Je m’en contrefiche à présent
Adieu mes champs adieu ma terre
Fin de la course en solitaire

Je vous ai mis en lien la chanson sur YouTube filmée au Musée d’Histoire Naturelle de Lille pour l’intégralité, mais je spoile la fin puisque c’est le dernier couplet.

Bon alors quand on entends les Fatals Picards, on ne s’imagine pas ce genre de chanson, mais précisément c’est pour ce type de création que je les aime beaucoup plus depuis qu’Ivan n’est plus là. Avant c’était juste humour absurde et beauf attitude, ils sont beaucoup plus émouvants et engagés depuis qu’il n’est plus là (et ça reste drôle, enfin pas celle là, pas plus que Canal Saint Martin, mais les autres oui).

C’est une histoire qui me remue énormément, parce que ça parle des gens de la terre, or j’ai grandi à la campagne, et mon grand-père s’est suicidé (sans doute pas pour les mêmes motifs). C’est une chanson qui est criante de vérité et une vérité brutale que personne ne veut entendre et qui se perd aussi puisqu’elle fait écho à un mode de vie qui disparait petit à petit.

Ensuite, à peine plus joviale :

Que tout se danse - Noé Preszow
Mon ami, j’ai rien à t’offrir que ce silence qui te fera fuir
Ou cette parole surchargée qui ne sait plus où se percher
Plus tu demandes, plus tu insistes
Plus je me planque, plus je résiste
Et je peux lire dans tes yeux
Qu’tu t’souviens pourquoi on s’voit peu
T’avais oublié, ça t’revient
J’suis un vieillard, j’suis un gamin
Je bois de l’eau, j’ai pas de scoop
Et quand on s’approche trop, je coupe

Je suppose que ce n’est pas transcendant quand on me voit trainer ici, mais ça me parle beaucoup, ça me correspond bien et j’en connais beaucoup d’autres dans mon entourage des comme ça (qui se ressemblent s’assemblent, c’est ce qu’on dit, quoi que pour les introvertis c’est compliqué vu que personne ne cause en premier).

J’avais envie de citer du Goldman parce que j’adore ses chansons, y compris celles qu’il écrit pour les autres (par exemple Pour que tu m’aimes encore et On ne change pas, chantées par Céline Dion), en choisir une à froid était compliqué, surtout qu’il a déjà été cité à plusieurs reprises et n’en choisir qu’une et ne choisir qu’UN couplet relève de l’exploit.
M’enfin voilà un passage qui m’a toujours beaucoup ému pour son côté pathétique, à la fois émouvant et ironique :

Tournent les violons - Jean Jacques Goldman
En prenant son verre auprès d’elle il se penche
Lui glisse à l’oreille en lui frôlant la hanche
Juste quatre mots, le trouble d’une vie
Juste quatre mots qu’aussitôt il oublie

Je trouve ça bouleversant, et représentatif des relations humaines certains mots sont anodins pour certain.e.s mais puissant.s. et marquants pour d’autres. Une phrase balancée comme ça, juste pour le plaisir d’un badinage, et elle la jeune servante garde ses mots gravés dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours alors que celui qui les a prononcé s’en contrefiche royalement. :broken_heart:

Dans un registre un peu plus glamour :

Si j’étais un homme - Diane Tell
Je t’appellerais tous les jours
Rien que pour entendre ta voix
Je t’appellerais « mon amour »
Insisterais pour qu’on se voit
Et t’inventerais un programme
À l’allure d’un soir de gala
Je suis femme et quand on est femme
Ces choses-là ne se font pas

Simplement, c’est une chanson que j’ai toujours trouvé magnifiquement mélancolique. Pourtant je ne serais certainement pas trop comme ça si j’étais née homme. :sweat_smile: Quoi que, j’ai tendance à être une amoureuse passionnée (trop, et donc totalement incontrôlable, d’où le fait que la distance et la froideur me sied plus), alors peut-être qu’en homme je serais un vrai romantique.
Cette chanson se focalise sur l’aspect « relation amoureuse et romanesque », mais il est vrai que ça fait aussi écho à une inégalité des sexes qui persiste et risque de persister encore longtemps. Y compris dans les relations amoureuses. On se croit modernes, mais moi qui traine beaucoup sur Fyctia sur le concours New Romance depuis quelques semaines, j’peux vous dire que quand on voit ce que les femmes veulent et fantasment bah on n’est pas encore sorties du patriarcat hein ?

Et histoire de citer de la chanson dans la langue de Shakespeare (mais avec l’accent du Mississipi) :stuck_out_tongue:

I can’t help falling in love with you - Elvis Presley
Like a river flows
Surely to the sea
Darling, so it goes
Some things are meant to be
Take my hand
Take my whole life, too
For I can’t help falling in love with you

Simple et efficace mais pour moi la plus belle chanson d’amour du monde. :heart:
Je vous ai épargné la version française de Dave qui l’a massacré… :disappointed:
La traduction littérale est 1000 fois mieux :

« Comme une rivière s’écoule
Irrémédiablement vers la mer,
Chérie, donc ça va
Certaines choses sont faites pour être,
Prend ma main,
Prend ma vie entière, aussi
Car je ne peux m’empêcher d’être amoureux de toi. »

Je suis incapable de l’écouter sans pleurer :sob: (@bucky1984 sait pourquoi).

Je dois pouvoir en trouver beaucoup d’autres, mais encore une fois spontanément il n’y a que ça qui me vient à 21H passées. :sweat_smile:

Eh mais personne n’a cité Renaud encore !

9 « J'aime »

Oh oui ! Il y en a des belles chez lui. Et chez Pierre Perret aussi. Y a ma part grivoise qui adore son album sur l’érotisme ! Je vous noterai à l’occasion un passage de La porte de ta douche est restée entr’ouverte

En attendant, c’est Nuit et brouillard de Jean Ferrat qui me hante :

Ils étaient vingt et cent
Ils étaient des milliers
Nus et maigres tremblants
Dans ces vagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leur ongles battants
Ils étaient des milliers
Ils étaient vingt et cent

6 « J'aime »

'tain, en plus j’adorais étant ado :see_no_evil:
Je trouve aussi qu’ils sont meilleurs maintenant, j’ai sans doute vieilli comme eux.

Nous t’en remercions.

Qu’est-ce qu’elle est dure cette chanson !
Plus loin, il dit aussi :
Je twisterais les mots s’il fallait les twister
Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez
Apparemment, la chanson date de 1963, mais ça reste valable des décennies après. Dans certaines familles, le tabou est tellement puissant, qu’il faut mener sa propre enquête et reconstituer le puzzle pendant des années pour comprendre à peu près d’où l’on vient…

Bon aller, je vais essayer de m’attaquer à certains chanteurs dont l’absence de citations a été signalé à juste titre ^^
Tout d’abord Balavoine. Autant j’ai du mal avec sa voix (enfin, surtout quand il pousse dans les aigus, ce qui est assez fréquent), et peut-être aussi avec le fait qu’on me comparait souvent à lui avant que je ne m’attache les cheveux, autant question textes, je suis fan. Et c’est difficile de choisir: Tous les cris, les SOS pour son incroyable métaphore filée autour du vide, Mon fils, ma bataille parce qu’elle me donne envie de chialer ? Non.

Ta couleur et tes mots tout me va
Daniel Balavoine, L’Aziza

→ Je pense que la plupart des couples mixtes peuvent se reconnaître là-dedans. C’est très simple, et pourtant ça dit tout: on accepte la personne telle qu’elle est, comme dans n’importe quel couple. Pas besoin de faire des grandes théories (souvent fumeuses…)

Et puis je vais tenter de mettre du Renaud aussi. Il est toujours tellement juste et touchant quand il parle de sa fille :heart_eyes: … que je ne sais pas quoi choisir. Du coup, là encore, je vais partir sur autre chose.

Il fait chaque jour son jogging
Avec son berger allemand
De la cave au parking
C’est vachement enrichissant
Renaud, Dans mon H.L.M

→ Je trouve toute la chanson super intéressante. Elle met en lumière une population qui était (est ?) clairement négligée par le monde culturel. Cet extrait est, je trouve, super visuel: on y voit parfaitement l’entassement des populations, la monotonie de leur existence, et l’absence de perspectives. La chanson dans son ensemble est drôle, mais ce qui y est décrit ne l’est pas nécessairement.

Si tout le monde a envie d’y aller, je ne suis pas contre. Mais là je vais commencer à avoir beaucoup de mal à faire le tri XD

6 « J'aime »

Pour ma part, les paroles qui m’émeuvent le plus sont celles d’une chanson peu connue qui a bercé mon enfance. Adolescente, je la trouvais jolie mais sans que ça suscite des émotions particulières. Et puis, depuis, elle a pris tout son sens…

Le vieil ours, de Frederik Mey

Le chanteur (couple, famille, fratrie ?) raconte qu’il allait souvent voir un vieil ours au zoo et lui apportait du miel. Mais voilà, depuis un an, le vieil ours est mort et sa cage est vide. Il est question de regrets, de temps qui passe… Je trouve les paroles belles, de part leur simplicité. Pas de beaux mots ou de tournures de phrases poétiques ou recherchées. Ce qui me touche, ce sont les images et les émotions qui sont suscitées.

En réécoutant ces paroles, je réalise qu’on a tous un vieil ours qui hante nos souvenirs, le mien est celle qui m’a fait découvrir cette chanson et qui la connaissait sur le bout des doigts…
Comme elle est un peu longue, je vous mets surtout la fin.

Résumé

*Je me suis attardé devant la grille
Pour revoir le vieil ours faire le beau.
Pour lui, nous étions un peu la famille
Vivant du meilleur côté des barreaux.
Le zoo a acquis deux beaux chiroptères,
Une rarissime espèce d’hybrides.
Mais le vieil ours est mort l’année dernière.
Notre vieil ours est mort et sa cage est vide.

Te souviens-tu? Je prenais ta sacoche,
J’y cachais un pot de miel bon marché,
Du pain rassis, parfois une brioche,
Et c’était un repas équilibré.
De crainte qu’il ne fût diabétique,
On ne lui donnait jamais du miel pur,
Évitant la crise de foie tragique,
L’indigestion, funeste à son age mûr.

Il était myope comme un chef comptable,
Sa fourrure était parsemée d’accrocs,
Comme il se doit pour un ours respectable,
Miteuse de la queue jusqu’au museau.
Nous l’aurions adopté, mais le problème
Était d’avoir tous les voisins à dos:
«Vous avez vu les dingues du troisième?
Ils ont un ours en plus de leur piano…!»

Pour les entrées payées en permanence,
Le zoo pourrait bien nourrir dix bisons.
Et si j’avais tous nos billets, je pense
Qu’on pourrait en tapisser la maison.
Nous venions si souvent devant sa cage
Que c’était lui qui nous reconnaissait,
Peut-être à mes cheveux, à ton visage,
Peut-être au pot de miel qu’on apportait?*

Si ta sacoche est encore poisseuse
Du miel amené clandestinement,
Nos visites devenaient moins nombreuses,
Sans qu’on oubliât notre ours pour autant.
Mais il y avait tant à entreprendre,
Et nous avions de moins en moins de temps,
Ou bien nous n’avons pas voulu le prendre.
Il est trop tard d’y songer à présent.

Combien de temps a-t-il dû nous attendre,
Nous, et son pot de miel, son pain rassis?
Avec lui, s’est éteinte une légende,
Fini un chapitre de notre vie.
Je crois que, de là-haut, il nous pardonne,
Et, du nuage blanc où il réside,
Sans doute plus rien d’humain ne l’étonne.
Notre vieil ours est mort et sa cage est vide.

Au cas où des fous souhaiteraient l’écouter, c’est là : Le vieil ours - YouTube

8 « J'aime »

Je profite d’être sur le PC pour déposer quelques paroles. J’avais évoqué de la légèreté avec ce cher Pierre Perret, voici donc un couplet de La porte de ta douche est restée entr’ouverte à chanter avec un sourire en coin et un air polisson :wink:

La porte de ta douche est restée entr’ouverte
Et j’ai cru voir en un instant
Les jardins andalous, que piétinaient alertes
Tous les chevaux d’Afganistan
Et ni les jardiniers, ni les faiseurs de pluie
N’ont vu de chef-d’œuvre aussi beau
Le dessus du panier de votre anatomie
Est une grappe de cadeau

Il y a aussi Celui d’Alice qui a beaucoup accompagné mon adolescence innocente :innocent: :stuck_out_tongue_winking_eye:

Ce lieu de délices
N’a pas de notice
Mais même un novice
En aurait la clé
Y a sous sa pelisse
Le climat de Nice
Entre deux éclisses
Tendrement musclées
Moi mon seul complice
C’est celui d’Alice
C’est de la réglisse
Du petit sucrin
La frêle couture
Qui pourtant l’obture
Me lit l’aventure
Au creux de la main

7 « J'aime »

C’est beaucoup plus joliment dit que ce que j’ai eu la malchance de trouver dans des fanfictions. :smiley:

5 « J'aime »

Et c’est plus joliment dit que tout ce qu’on a pu me sortir de salace dans ma vie. :sweat_smile: Je ne remercie pas Francky Vincent (chevalier des arts et des lettres, quand même…)

6 « J'aime »

Haha, j’ai tout de suite pensé à celle de Franky Vincent quand j’ai lu Alice :laughing:
Entre lui et Elmer Food Beat, je ne saurai dire qui a maltraité le plus grand nombre de prénoms féminins :sweat_smile:

5 « J'aime »