Que signifie l'absence de commentaires sur une fic?

C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, crois-moi, et chacun n’a pas les mêmes attentes ni le même niveau de stress par rapport à ca.

Je me permets ici de témoigner de mon expérience, en tant que fanfiqueuse AO3 et bloggueuse en français et en anglais :

Quand je publie des fics en français ici ou sur AO3 (ngl, j’ai arrêté de publier ici pour le moment), je m’attends naturellement à ne pas avoir d’engagement, ou à avoir des chiffres qui se comptent sur les doigts de la main.

Quand je publie en anglais, je m’attends à avoir plus que des clopinettes.

Alors oui, j’ai déjà publié des fics ou des analyses en anglais qui sur mon blog ont fait de très beaux chiffres (on parle entre 100 et 200+ notes, ce qui pour des textes, et pas de l’art, est énorme), et des scores très acceptables sur AO3. Mais depuis quelques jours, c’est la douche froide : mon contenu ne génère pratiquement plus d’engagement, alors que je n’ai absolument pas changé de ligne éditoriale et que je propose de nouveaux angles d’analyses à chaque fois. En fait, le seul post qui a reçu beaucoup d’appréciation est celui que j’aime le moins… lol. Peut-être aussi que je devrais poster le soir car c’est là que je reçois le plus d’engagement, et pas le week-end non plus où forcément, les gens sont dehors. Sauf que je poste à l’heure où ça m’arrange le plus. Je me sens d’ailleurs forcée de préciser que je ne poste que des choses qui me plaisent et que j’ai envie d’écrire, je ne publie jamais rien par démagogie.

Cela étant, j’ai constaté une baisse de l’engagement en général sur les posts d’autres personnes, donc je pense que la baisse est globale. Reste que certains qui publient des trucs franchement pas terribles reçoivent plus d’appréciation que moi. Et je suis certaine aussi que si ce que je publiais l’était par d’autres bloggueurs aux contenus similaires aux miens, ils auraient du succès. Comme si ce qui comptait n’était pas le message, mais le messager… Ces mêmes bloggueurs avec le contenu desquels j’interagis activement, qui me soutiennent en retour que mon contenu est essentiel pour le fandom (nous sommes peu nombreux à écrire des analyses de qualité, vraiment), mais qui l’ignorent complètement par ailleurs. Hypocrites.

Il y a quelques mois, j’ai posté un truc qui, je le pensais, allait recevoir beaucoup de notes. Résultat : 9 en tout. Je ne comprenais pas, je ne pense pas non plus que j’avais été shadowban. Quelques jours après… une personne poste presque mots pour mots ce que j’avais écrit (c’est une idée que tout le monde pouvait avoir, mais le timing et la formulation de son propre post m’ont vraiment paru suspects) : plus de 100 notes en quelques heures. Wt*, comme on dit ? Je l’ai donc publiquement interpellée (car contrairement à beaucoup de gens sur la plateforme où je bloggue, je ne suis pas une lâche adepte du « vagueposting », à savoir critiquer publiquement un autre blogueur mais sans le nommer, en donnant toutefois assez d’infos pour que tout le monde puisse l’identifier, oui oui ! La toxicité sur cette plateforme n’est pas une légende). Sa réponse : « honnêtement je n’ai jamais vu ton post dans le feed général et j’ai demandé à mes « amis » de la plateforme : ils ne voient aucune similitude dans la formulation de nos posts respectifs. C’est donc juste une coïncidence ! Mais j’ai lu ton post et je l’ai adoré ! » [Ok mais tu l’as liké ? Rebloggué ? Non ? Hypocrite va, bis repetita. Arrête ton baratin…]

J’en suis restée là, c’est vieux maintenant mais ça me reste toujours en travers de la gorge.

Honnêtement, je ne comprends plus rien au truc. Je ne connais que trop bien les risques inhérents aux réseaux sociaux. Cette pression qui finit par s’installer à l’idée de recevoir des likes ou non. Même chez les meilleurs et les plus rationnels et stoïques, ça finit par s’installer et leur prendre la tête.

Parce qu’on ne va pas se leurrer : écrire, quelle que soit la langue, ça prend du temps. Mettre en forme et publier ça sur un site, aussi. Répondre aux éventuels commentaires (quand il y en a), aussi. Et que le propre des fandoms, c’est le partage. Quand personne dans ton entourage ne partage tes centres d’intérêts et qu’Internet te permet de peut-être trouver d’autres fans, eh bien, ça fait naître en toi des promesses d’interaction qui rendent ta vie plus belle. Mais quand tu t’aperçois que tout le monde ou presque s’en ■■■■, bah, c’est pas facile de vouloir continuer.

Après tout, oui, écrire doit être un plaisir, mais ça pourrait tout aussi bien rester dans notre tête. Si c’est pour ne pas rencontrer d’engagement sur nos contenus, à quoi bon écrire justement quand on pourrait vivre tout cela dans notre esprit ?

Bien sûr, il y a des personnes que le manque d’interaction n’affectera pas, et qui continueront à proposer leurs créations envers et contre tout. Et d’autres que ça touchera (et qui pensaient peut-être que ça n’arrivait qu’aux autres avant de faire eux-mêmes cette expérience désagréable. J’étais de ceux-là, avant) et qui tenteront de trouver, en vain, un juste milieu. Mais parfois, le dégoût est plus fort et l’emporte, et elles connaissent une panne d’écriture temporaire ou définitive. Nous sommes des animaux sociaux, les sociopathes derrière ces sites du diable l’ont bien compris qui exploitent cette faille en nous pour se faire du beurre sur nos anxiétés modernes. Certains d’entre nous échappent à ce besoin de validation par leurs pairs, d’autres non.

Pour ma part, je vais essayer de continuer à écrire et poster en anglais les analyses que j’ai encore en tête. Mon but depuis longtemps était de « descendre » ma liste de points à aborder avant de quitter mon blog et de revenir ensuite à la fanfic, en français (écrire de la fiction en anglais prendrait encore plus de temps que d’écrire des analyses dans cette même langue, ce qui me bouffe déjà un temps considérable), où je n’aurais pas d’engagement. Mais cela je le sais, et de fait, c’est quelque chose qui ne me dérange pas, car c’est le plaisir d’écrire qui prime avant tout. Il reste que le dégoût et le découragement s’insinuent en moi, et que j’ai envie de tout envoyer bouler.

Car une absence d’audience sur mon contenu en anglais, bah oui, ça fait mal. Oui, j’ai eu des posts avec de belles, de très belles même, statistiques. Et peut-être que l’extrême opposé que je vis avec mes posts actuels contribue aussi à mon dégoût… Tu surfes sur une haute vague et après pouf, la descente est brutale. Voilà aussi pourquoi je comprends le désarroi des personnes qui ne rencontrent pas d’intéractions : c’est encore l’effet pervers des plateformes sociales du web.

Ce que veut le public de fans ? Honnêtement, je ne sais pas. Je préfère ne pas le savoir. Je préfère essayer de ne plus me prendre la tête avec toute l’hypocrisie et la toxicité ambiantes qui règnent sur cette plateforme envahie de minots de 15-25 balais complètement déconnectés de la réalité (sans rire, il faut voir leurs « takes » sur le monde qui les entoure pour le croire… Certaines bulles de filtre et chambres d’écho leur ont complètement retourné le cerveau), mais c’est plus facile à dire qu’à faire, encore une fois. Et en attendant, la plateforme dont je parle reste la meilleure à ce jour pour publier le genre de contenus que je produis. Difficile donc de s’en passer, c’est un excellent complément à AO3.

Quand on est seul de son entourage à aimer ce qu’on aime avec passion, oui, on a envie de partager. Surtout quand on fait partie des vieux de la vieille, des fans qui étaient là quand l’œuvre est née plusieurs décennies auparavant et qu’on n’avait pas le web à l’époque pour partager. Des jeunes gens m’ont écrit pour me dire que mon contenu les avait aidés à comprendre le lore, alors qu’eux-mêmes découvraient tout juste l’oeuvre en question (vous me connaissez, je suis monofandom, si vous vous rappelez de mon œuvre de prédilection, ça n’a pas changé). Ce sont ceux-là, les quelques-uns qui me lisent et « likent » en toutes circonstances. Ils se comptent sur les doigts d’une main et je leur en sais gré. Mais, c’est horrible à dire, ca ne suffit pas, à l’échelle d’une aussi grosse plateforme (pas comme ici sur le forum et le site où, ramené à l’échelle d’une petite communauté, avoir 1 ou 2 lecteurs assidus c’est énorme :smiley_cat: ).

Quand on arrache du temps libre qu’on n’a pas au temps normalement consacré aux tâches domestiques et qu’on laisse celles-ci s’accumuler, pour finalement ne pas avoir l’engagement qu’on estime mériter (rappel : je publie des analyses sur l’œuvre, mais il faut croire que les headcanons nases sur des ships non canons ça fait plus vendre), oui, ça reste en travers de la gorge comme la vicieuse arête de poisson restée planquée dans la darne.

Oui, c’est vrai, de l’engagement, j’en ai eu, et au-delà de mes espérances. J’ai reçu des compliments dingues sut mon écriture. Mais là, en quelques jours, ça s’est effondré et je ne comprends pas pourquoi. Et je sais que si certains autres bloggueurs publiaient mot pour mot ce que je publie, ça ferait 10 fois plus de vues en un rien de temps. Je suis sérieuse. Je vais passer pour une Karen et je m’en fous. J’avais besoin de me défouler.

Je comprends donc pourquoi certaines personnes hésitent à reprendre l’écriture quand elles craignent, légitimement, de n’avoir aucun retour. Et face à cette angoisse, je n’ai pas de solution, parce qu’il n’y en a pas. C’est propre à chacun. Propre aussi au contenu que l’on produit (tel personnage, tel ship). À la langue dans laquelle on écrit, quoique même ça ce ne soit pas une garantie. Et aux retours que l’on va avoir ou non à tel ou tel moment de la journée, de la semaine, du mois, et en fonction de la plateforme où l’on publie.

Bref, pas une science exacte, mais des humains derrière qui peuvent voir leur rapport à leur loisir gâché à cause du manque de validation sociale à laquelle certains sont plus sensibles que d’autres.

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