Trope ou plagiat?

J’écris essentiellement sur Pokémon et j’ai été admin des fanfics sur un site dédié (Pokémon-France pour ne pas le citer). Or, sur PF comme sur Pokébip (un autre gros site très connu et dont l’admin des fanfics - Cyrlight - a trainé ici fut un temps), parmi les critères d’activation des fanfictions il y a l’originalité.
(Ce n’est pas comme ici où l’auteur contrôle l’activation, ce sont les modo qui s’en chargent pour filtrer.)

Comme tu l’as très bien souligné @LeslieGermStar dans certains fandoms le pitch des fanfics est redondant. Pokémon est un exemple typique ; souvent les auteurs (surtout les jeunes) vont raconter un voyage initiatique, puisque c’est le concept du jeu et du dessin-animé. Ça n’a aucun intérêt pour un tiers de lire ça, sauf cas particulier. Je me souviens d’une fanfiction malheureusement abandonnée et effacée où une jeune dresseuse capturait par hasard (et miracle) un célébi (pokémon capable de voyager dans le temps) à peine partie du Bourg-en-Vol.

Côté Harry Potter, ce n’est guère mieux, pourtant ce n’est pas un jeu vidéo mais de la littérature, donc le biais mental n’est pas le même. Dans un jeu, même si l’univers est étendu, le scénario est imposé et le joueur fait du self-insert quand il est sur sa console finalement. Qu’il reproduise le schéma narratif du jeu dans son œuvre n’est pas surprenant.
Mais dans Harry Potter qui est une série de romans et de films, il y a beaucoup de personnages parallèles et des zones d’ombres, on pourrait s’attendre à plus de diversité (dans les faits il y en a), surtout depuis que les Animaux Fantastiques a ouvert un nouveau pan de l’univers, pourtant ce sont toujours les mêmes sujets qui sont exploités : les parents de Harry Potter, Drago dans tous ses états, Severus, Sirius, encore Severus, Hermione qui se tape à peu près n’importe quel mec de Poudlard parce que les gens n’aiment pas Ron…
Pour autant, je ne pense pas que les auteurs de ces œuvres se copient les uns les autres, ils ne font qu’assouvir leurs fantasmes de fan, ils réécrivent l’histoire à leur sauce et il y a des courants de pensée dominants.

Pour qu’il y ait plagiat, il faut (à mon sens) que l’influence soit volontaire et démontrable (prouvable). En gros, que B ait copié A délibérément parce qu’il l’a lu/vu. Si c’est inconscient, ça n’est pas du plagiat.

Mine de rien, l’inconscient collectif joue énormément, parce qu’on a tous en tête des figures intemporelles et une culture générale étendue non perçue dans son intégralité. Quelqu’un.e. parlait sur le topic des clichés du fait que certaines histoires remontent à l’Antiquité (voire plus loin) et que donc les figures littéraires associées le sont aussi. Ajoute à ça le modèle sociétal, les féministes par exemple dénoncent régulièrement le système patriarcal qui s’impose dans toutes les fictions ou presque de manière naturelle, sauf à vouloir délibérément créer un système divergent. Autre exemple : le côté « hétéronormé » de la fiction, parce que l’homosexualité a été taboue à la plupart des époques et dans la plupart des époques alors nous aussi on en parlait peu jusqu’à récemment.

Tout cela est super insidieux.
Quand j’ai préparé mon article sur les animaux dans la bande-dessinée historique, j’ai réalisé en faisant mon enquête biblio que certaines « images mentales » étaient systématiques. Pour l’expliquer, j’ai utilisé comme exemple les gens taciturnes avec des chats dans les bras… A une époque où les chats ne sont pas encore présent sur un territoire ou uniquement chez les généraux de l’armée friqués. C’est un anachronisme évident, mais tous les auteurs font le même. Parce que pour eux c’est normal d’avoir un chat surtout si tu es célibataire et asocial :sweat_smile:

Il y a quelques jours, j’ai commencé à regarder les maisons d’éditions pour voir si je ne pouvais pas tenter de faire publier Dark Love, comme les romances homosexuelles sont très à la mode et que le marché est en pleine explosion. En regardant un peu les catalogues et les lignes éditoriales, je me suis d’abord affligée de la redondance des histoires… Pourtant je le savais déjà (pas de raison que le slash soit différent des Harlequin ou de Danielle Steel). En gros c’est comme des téléfilms de Noël, mais avec deux mecs ou deux femmes et dans des bouquins de 400 pages. :dizzy_face:

N’ayant jamais lu d’histoire de ce type (j’ai écrit la mienne à l’instinct, en me basant sur ce que je connaissais de la vie réelle et avec mes habitudes de fanfiqueuse de romances hétéro pour jeunes adultes sur fond d’aventure), je ne suis donc aucunement influencée, EN THÉORIE. Sauf qu’en cherchant bah chez deux éditeurs différents j’ai trouvé deux pitchs très ressemblant à Dark Love… Le pire c’était le bouquin « Matt dieu du sexe » parce que le nom du personnage est carrément le même. :sweat_smile: :rofl:
Et Dark Love en tant que fausse biographie d’un musicien ressemble aussi fatalement à des films comme A star is born, Rocketman ou Bohemian Rhapsody alors que je ne m’en suis pas inspirée.

Je renvoie donc une fois encore au topic sur les clichés en rajoutant la variable commerciale. Nous écrivons des fanfictions, c’est gratuit et on fait tous plus ou moins ça pour le plaisir (loisir), en théorie on n’a pas la pression financière derrière. Un livre édité doit être vendu et pour être vendu il faut que les gens aient envie de l’acheter, alors on mise sur des valeurs sures et fatalement ça fait du copier/coller jusqu’à ce que le public se lasse.
En terme de fanfics, il y a quand même des phénomènes de mode vu qu’internet est basé sur le principe communautaire : les gens se réunissent autour d’un intérêt particulier (Drarry, Stucky, l’amicale des adeptes tolkeniens…) et quand un sujet devient tentaculaire, les fans ne jurent plus que par ça. On aboutie donc au même phénomène que pour les romans : on écrit pour être lu, donc on écrit la même chose que le voisin et en plus on aime ça et on en redemande.

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