[TUTO] Narration : montrer plutôt que raconter

Hello
je ne t’ai pas remercié pour tes propositions. Je pense que je verrai comment les insérer ou les adapter à la relecture.
Surtout l’activité des mains (le patient, d’ordinaire remuant, est en camisole et il trouve la chaise inconfortable) :smiley:

Plus loin, je suis parvenue sans difficulté à insérer des réminiscences dans ce qu’on pourrait appeler une « pause orale » (entre deux autres personnages). Il doit y donc y avoir moyen, mais en prenant une distance suffisante avec « le premier jet ».


Par contre, il faut vraiment que j’essaie justement ce que l’on disait au tout début de cette branche. Par les postures, les regards, montrer ou faire comprendre mais pas raconter. J’avoue que c’est un effort particulier.

La seule chose de bonne quand on est un narrateur omniscient, c’est une revanche sur cet épineux problème : mais qu’est-ce que les gens ont donc dans la tête ? :smiley:
Le narrateur O sait TOUJOURS ce que les persos ont dans la tête, tandis que dans la vraie vie, on doit se contenter de quelques symptômes qu’on décode vaguement ou complètement à contre sens.

Quel est le sens d’une moue ? D’un plissement de lèvres ? D’un froncement de sourcil ? *(je vois rien ? je ne comprends rien ? ou au contraire, j’ai peur de trop bien comprendre et ça ne me plait pas ?).

Dans le « montrer » plutôt que raconter, on est obligé (pour faire ça bien) de s’intéresser aux comportements décodés par la psychologie clinique ou l’étude des « micro-expressions » du visage…

(et là j’ai paumé tous les petits jeunes, sauf ceux qui ont vu la série « Lie to me »).
Non mais quoi, elle peut pas faire un effort OldGirl pour parler normalement ? :smiley:

La où le raconter proposerait : il la regarda avec un mépris non dissimulé
Montrer le mépris conduirait à un tout autre mode de narration.

Surtout qu’en plus, si on essaie, il faut éviter le péril des clichés.

Comme il est facile de balancer un « rougir » pour manifester de l’embarras. Alors qu’il ya d’autres signes qui le trahissent. Si on pouvait aussi éviter de se gratter subitement la nuque pour se donner une contenance, ce serait pas mal. :stuck_out_tongue:

Je vais donc essayer un truc, mais plus tard. Quand je retravaillerai tout ce qui ne va pas à froid.

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C’est vrai que les expressions c’est à la fois ce qu’il y a de plus plaisant à décrire et le plus dur ! Et pour ma part, comme j’écris souvent à la première personne, je prend plaisir à les décires puis à les faires interprétées par les personnages. Sans que le lecteur ne puisse savoir si finalement c’est la vérité du personnage, ou LA vérité !

D’ailleurs en parlant de Lie to Me, je peux vous conseiller les vidéos de Fabien Olicar qui propose aussi beaucoup de lecture d’expression ou micro expression qui peuvent être utile aussi pour la narration.
Par exemple, c’es tout bête mais les bras devant la poitrine sont souvent décrit comme une position de défense. Une idée réfutée par Fabien Olicar qui explique qu’en réalité c’est un geste qui peut vouloir dire plusieurs choses (positions inconfortable, mal de dos, fatigue…etc). Une utilisation dans un dialogue de fanfiction pourrait donner par exemple:
« Après une semaine chargée sur des chantiers harassante, Mr Blanc était installé confortablement dans son fauteuil et regardait la télévision. Quand soudaine, Madame Rose arrive et s’installe à ses côtés. Son envie de faire un enfant étant de plus en plus grande, c’est avec une précaution infinie qu’elle se décide enfin à en parler à son partenaire. A l’écoute, Mr Blanc hocha de la tête tout en croisant les bras sur son torse pour soulager un peu son mal de dos. Une attitude qui fut perçue par Madame Rose comme étant une réaction de rejet de son projet. Une violente dispute éclata par la suite ! »

C’est ce que je trouve intéressant avec le fait de montrer plutôt que raconter. Car quand on montre, on peut provoquer des différences de points vues plus facile entre les personnages qu’en racontant !

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Tandis que je cherche le meilleur compromis de positionnement entre ma box et mon canapé pour obtenir un tant soit peu de débit, je reviens sur cette discussion que j’avais vu passer avec une angine pour ajouter :

  • ah, le « show don’t tell », c’est un peu mon cheval de bataille en ce moment, au même titre que le narrateur focalisé : « extrêmement difficile à réaliser, d’ailleurs j’y arrive pas » (ou mal, soyons honnête : d’ailleurs j’y arrive mal)
  • afin de ne pas induire en erreur d’éventuels auteurs débutants qui s’intéresseraient à un concept somme toute assez abscons à appréhender, je tiens à préciser que la totalité de l’exemple du post de Yume au-dessus est en « tell » - ça, c’est du « raconter ». Faudrait beaucoup plus de mots pour faire du « show ».
    (mais sinon Yume, je suis d’accord avec tout ce que tu dis)
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C’est vrai que c’est très difficile d’y arriver ! C’est l’un des exercices les plus compliqués de la narration parce qu’on a tendance à ne pas vouloir induire le lecteur en erreur ! Mais parfois, c’est agréable aussi de le tenter. Hum je pense que personnellement j’ai tendance à l’utiliser en complément du raconter. Ou l’utiliser quand je veux justement créé une ambiguïté volontaire ! Et pas trop autrement.

C’est sûr que l’exemple est trop petit pour n’être que du montrer. Le « problème » du montrer c’est que ça demande de la description pour être efficace et passer son massage là où je pense que le raconter passe avec un seul mot !

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J’admire beaucoup cet homme

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Pareil ! J’aimerais tellement le voir en spectacle !

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Ce serais trop bien !

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Je vous ai trouvé un autre exemple.

Le texte qui suit est tiré du « Emotional Thesaurus » cité dans la branche « Écrire en anglais », donc il n’est pas de moi, c’est une traduction vite faite.
L’auteure du livre écrit :


Par définition l’émotion non verbale ne peut pas tellement être racontée, elle doit être montrée. C’est difficile à écrire parce que la raconter serait tellement plus facile…

Les yeux de M. Paxton étaient tristes quand il lui annonça la nouvelle.
« Je suis désolé Joanne, mais votre poste n’est plus nécessaire à l’entreprise à présent »
Instantanément, Joanne se sentit plus en colère qu’elle ne l’avait jamais été de toute sa vie.

Vite écrit, mais apprend-on quelque chose ? n’était-ce pas prévisible ? Si oui, pourquoi le dire ?
En plus, raconter met de la distance entre le lecteur et le personnage, ce qui est rarement une bonne idée.

Dans l’exemple ci-dessus, on voit que M. Paxton est embêté d’annoncer cette nouvelle à Joanne et que ça la met en colère.

Mais est-ce qu’il ne vaut pas mieux que les lecteurs ressentent l’émotion et la partagent au lieu de simplement la voir ?

Le dos très droit, Joanne était assise tout au bord de la chaise et elle considérait M. Paxton bien en face.
Seize années à son service ! Des jours et des jours où elle était venue malade, des jours où ses enfants étaient malades, à faire l’aller retour dans toute la ville en prenant ce bus qui puait la sueur.
Et maintenant, il a regardait à peine dans les yeux, rangeant son dossier et triturant trombones, stylos et agrafeuse sur son bureau.
Peut-être n’avait-il aucune envie d’être celui qui lui annoncerait la nouvelle, mais elle n’avait pas l’intention de lui rendre les choses faciles.
Le vinyle de son sac à main craqua sous ses doigts et elle relâcha sa pression. Il y avait une photo de ses enfants à l’intérieur et elle ne voulait pas l’abimer.
Pour la centième fois, M. Paxton s’éclaircit la gorge.
« Joanne… Mme Benson… Il apparaît que votre poste n’est plus nécessaire au sein de notre struct… »
Joanne se leva brusquement en faisant tomber sa chaise sur le carrelage. Celle-ci glissa jusqu’au mur – qu’elle heurta avec un bang très satisfaisant – pendant que la jeune femme se ruait hors du bureau.

Avec cette scène qui cumule pensées et détails sensoriels, des métaphores bien choisies, des verbes précis et des indices physiques qui correspondent à son émotion, les lecteurs voient bien que Joanne est en colère, mais ils le ressentent aussi à son dos raide, à la crispation sur son sac bon marché, à la force avec laquelle elle a balancé sa chaise rien qu’en se levant.
De plus, cela révèle beaucoup sur elle. Elle n’est pas riche, elle a des enfants à charge. Elle est peut-être en colère mais a de la volonté, elle est fière et sa famille est tout pour elle.
Avec cela, il est déjà plus facile de se sentir en connexion avec elle. […]

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