Une lecture métaphorique des œuvres?

Suite à une discussion passionnante sur les genres littéraires, je voulais proposer un nouveau sujet que je trouve intéressant et qui est en partie lié à cette conversation. En proposant des définitions du fantastique, j’ai écrit cela (désolée, je me cite moi-même :roll_eyes:) :

Le Horla de Maupassant (un récit fantastique fondateur en France) peut être lu comme une métaphore de la dépression, mais ne me lancez pas sur le sujet parce que je vais être trop bavarde. Pour moi, la marque du fantastique est plus dans cette angoisse liée à des troubles bien humains mais difficilement explicables que dans l’hésitation entre rationnel et surnaturel (mais je sais que c’est la définition de base, et c’est une chose dont je discute avec mes élèves en 4ème).

… et je trouve le sujet proprement fascinant. Nombre de fictions proposent une double lecture possible en abordant des thèmes plus profonds qu’il ne le semblerait à première lecture ou au premier visionnage. C’est souvent le cas dans le fantastique. Ainsi, Le Horla nous raconte l’histoire d’un homme qui va être progressivement « possédé » ou « hanté » par une entité invisible qui partage sa maison, boit l’eau de sa carafe, pèse sur lui pendant la nuit, l’empêchant de respirer, puis finit par lui faire faire des choses qu’il n’a pas envie de faire, établissant sur lui un contrôle quasi total (par exemple, il veut quitter sa maison mais n’y parvient pas ; une fois enfui à Rouen, il veut aller plus loin mais est « rattrapé » par le Horla qui lui intime de revenir chez lui). Le narrateur se sent de plus en plus mal, angoissé, triste. je mets sous balise la fin au cas où (mais bon, ça a été écrit en 1887 alors on repassera pour les spoilers ! :innocent:) :

Résumé

A la fin, le narrateur veut se débarrasser de la créature et élabore un plan pour l’enfermer chez lui et mettre le feu à sa maison. Il y parvient mais deux de ses domestiques périssent dans l’incendie et les remords le rongent. Il finit par douter d’avoir réussi à tuer le Horla et en déduit que la seule possibilité pour en finir avec cette créature est de se tuer lui-même. (Non, c’est pas fun comme bouquin. :grimacing:)

Quand Maupassant écrit ce roman, il souffre lui-même de troubles mentaux (il mourra quelques années plus tard de la syphilis, qui provoque des crises de démence). Ce qu’il décrit dans ce récit (apnée du sommeil, crises d’angoisse, paranoïa, hallucinations) peuvent être le fait d’une créature qui le manipule comme du trouble bien réel qu’il expérimente lui-même (d’où le « doute fantastique », quand on oscille entre deux interprétations, une rationnelle et une surnaturelle). Le Horla est ici une incarnation du trouble mental (qui n’est pas totalement explicable par la science de son époque), il est la métaphore de la dépression (quelque chose d’invisible qui vous empêche de dormir, vous angoisse profondément, vous fait agir contre votre propre bien et vous donne des idées suicidaires :thinking: :roll_eyes:) qui saisit le narrateur pour l’entraîner dans une spirale descendante. Les symptômes sont similaires, jusqu’à la fin du récit, et sous couvert de fantastique, Maupassant exprime ses propres angoisses, ce qu’il ressent sans pouvoir vraiment l’expliquer.

J’ai pris Le Horla comme exemple parce que j’en ai parlé ailleurs, mais beaucoup d’œuvres de fiction ont une double lecture possible et se veulent la métaphore d’autre chose, d’une vérité plus profonde, ou difficile à dire, sous couvert de divertissement. Y compris pour des films ou des séries « de divertissement », justement. Ma question est la suivante (enfin il y en a deux) :

  1. Avez-vous en tête des œuvres qui peuvent être lues ainsi, de façon métaphorique, et si oui, lesquelles (j’adore les analyses de ce style) ?

  2. Quand vous écrivez, pensez-vous à l’éventuelle lecture métaphorique de votre texte, avez-vous ce genre d’idées (parler d’une chose pour parler d’autre chose qui serait plus profond) ? (Personnellement, je trouve ça à la limite de l’impossible - pour mes écrits, j’entends ! :sweat_smile:)

Voilà voilà, je serai ravie d’avoir votre point de vue à ce sujet ! (Et de vous parler d’autres œuvres que Le Horla où je trouve la double lecture fascinante, si ça vous intéresse.)

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Merci Alresha pour ce nouveau sujet super intéressant.
Alors, à titre perso, je dois reconnaître que généralement, je suis du genre à ne pas voir la deuxième lecture de l’œuvre sur le coup, et à me dire « ah mais ouaiiiis bien vu » quand je la découvre au détour d’une analyse ou d’une critique :sweat_smile:

Cela-dit, pour répondre aux questions:

  1. Une œuvre qui me vient, c’est le film White: Melody of the Curse, un film d’horreur sud-coréen sur le monde de la K-Pop, qui n’a pas laissé une grande trace dans l’Histoire, avec des critiques pas franchement enthousiastes dans l’ensemble. Dans ce film, il y a un fantôme, et c’est vrai qu’il est un peu à ■■■■■. Mon impression, c’était que c’était parce que, au final, ce n’était pas le fantôme le vrai monstre du film, mais l’univers ultra-violent de la k-pop lui-même. Et d’un point de vue métaphorique, le fantôme pourrait représenter l’ambition dévorante de la protagoniste, qui a d’abord raison de ses camarades (écraser les autres), avant de la zigouiller quand elle semble atteindre le sommet en solo à la fin (auto-destruction ?). Au final, je l’avais plutôt bien aimé ce film, même s’il n’est pas très facile à défendre :sweat_smile:

  2. Pour faire ça, je pense qu’il faut vraiment écrire dès le début avec l’envie de faire cette métaphore. Trouver un sujet dont on veut parler, et réfléchir dès le début à comment on souhaite l’exprimer de manière « cachée ». Dans le conte fantastique que j’ai écrit pour le défi « Perdu dans l’espace », j’ai essayé de mettre en place un « doute fantastique », en ne faisant survenir mes éléments surnaturels et mythologique qu’en plein jour, sous un soleil de plomb (à l’exception de la scène de fin). Ainsi, l’idée était qu’on puisse se demander si ce n’étaient pas juste des hallucinations des protagonistes perdus dans le désert, la nuit, plus fraîche, étant plus sereine et normale. De la à dire que c’est une métaphore de l’insolation, ça me semble un peu tiré par les cheveux, et quand bien même, c’est pas foufou comme sujet de métaphore ^^

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Hello ! Super sujet, et en plus grosse carotte pour moi : j’adore Le Horla ! Les livres de Maupassant font partit de mes rares lectures, je crois que c’est au collège qu’on nous a fait lire Le Horla, et ça a été une révélation ! Dommage que le professeur ne nous ait pas servi la même analyse que toi @Alresha !
Je n’ai pas d’oeuvre littéraire en tête pour répondre à ta première question, en revanche l’utilisation de la métaphore dans les animes / films…etc me fascine, et je suis assez à l’affût du moindre détail quand je regarde quelque chose. Ha mais quoique, j’y pense en écrivant, mais oui il y a peut être un auteur qui m’a marqué la dessus, c’est Salinger (les nouvelles). Mais les souvenirs sont un peu flous, peut-être que je me trompe. :face_in_clouds: Si quelqu’un se souvient mieux que moi, qu’il se manifeste :raising_hand_man:

Pour ce qui est de la deuxième question, oui et non je suppose ? Perso j’utilise pas mal de métaphore, notamment dans les rêves de mes personnages, des songes qui peuvent être interprétés de manière différentes selon le lecteur, enfin, j’imagine. Après je pense qu’il est bien plus facile de faire usage de la métaphore dans une scène de rêve (l’inconscient n’a pas de limite, donc l’écriture non plus), que de baser entièrement son histoire dessus. :face_with_spiral_eyes:
En tout cas j’ai hâte de voir les suggestions et sentiments des gens là dessus ! Merci pour ce super sujet @Alresha !

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Je trouve le post intéressant.

« Une lecture métaphorique des œuvres ? », pourtant tu nous parles a priori d’une écriture métaphorique. Bien sûr, on parle de Maupassant, difficile de mettre en doute son talent et sa rigueur, mais la question que je me pose est : et lui, pensait il à une double lecture ? Ou se contentait-il de puiser dans sa réalité pour écrire, comme nous le faisons tous ? Et s’il ne s’agissait pas de Maupassant, si nous n’avions pas su qu’il était malade, aurait-on parlé de double lecture ?..

Autrement dit, toute écriture n’est-elle pas déjà une double écriture ? La double lecture ne consistant alors qu’à retrouver par le texte les éléments d’inspiration (réels) de l’auteur plus ou moins évidents.

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Ca m’arrive aussi !!! :sweat_smile: (Et généralement je me dis un truc du style « je suis un peu nounouille de ne pas y avoir pensé moi-même »…)

Je n’ai pas vu le film en question (je déteste les films d’horreur, donc il y a peu de chances que je le voie) mais l’analyse semble intéressante !

Je dois avouer que ce n’est que depuis récemment que je propose cette grille de lecture aux élèves. Quand j’étais moi-même élève, l’étude du Horla ne m’avait pas passionnée (mais la scène du miroir, quand le narrateur se retourne et ne voit pas son reflet, m’avait profondément angoissée), je n’étais pas allée plus loin que ça dans l’analyse. Ce n’est que des années après, quand, devenue prof moi-même, je me suis demandé comment rendre l’analyse plus intéressante, que je me suis penchée sur la double lecture des œuvres fantastiques et que j’en ai parlé à mes élèves (avant, je ne faisais pas d’œuvre intégrale en fantastique car je n’avais pas d’accroche assez intéressante à mon sens).

Cette année, une de mes élèves m’a même proposé une interprétation incroyable de la scène du miroir : le narrateur ne se voit pas dans le reflet parce que la maladie mentale / dépression l’a tellement changé intérieurement qu’il ne se reconnaît plus et a même l’impression de ne pas exister. (Ca m’a bluffée, ce niveau d’analyse en 4ème. Cœurs sur elle. :smiling_face_with_three_hearts: C’était une analyse que j’avais faite moi-même et qui m’avait bouleversée car j’ai compris pouquoi j’avais eu tant de mal avec cette scène : ayant moi-même des tendances dépressives, je m’étais « reconnue » dans cette espèce de dissociation dans laquelle on ne se reconnaît plus, on a l’impression de ne plus être nous-mêmes…)

Désolée, je n’en ai jamais lu…

Je crois que c’est à la fois la question qui m’intéresse le plus dans la littérature… et celle qui m’angoisse le plus, car elle m’interpelle sur le « droit » du lecteur à interpréter les œuvres. L’auteur voulait-il vraiment dire cela ? N’est-on pas en train de dénaturer sa pensée ? Je pense que dans certains cas, l’interprétation (qui peut s’appuyer sur la vie de l’auteur) est relativement sûre (et je pense que pour Maupassant, c’est le cas), mais dans d’autres, elle est totalement subjective et dépend aussi du vécu et du ressenti du lecteur et non pas de l’auteur. Ce que je vais voir dans un texte ne sera pas la même chose que ce que mon compagnon, qui n’a pas vécu la même chose, va y voir, ou ce que chacun d’entre vous va y voir… Et je trouve ça génial d’un côté (car c’est infini et cela permet de faire émerger une œuvre à laquelle le lecteur « participe » d’une certaine façon) et terrible de l’autre (parce qu’on pourrait, au final, faire dire tout et n’importe quoi à un texte, la littérature n’étant pas une science exacte, et même pas une science).

Merci d’avoir ouvert le sujet dans cette direction, @fulmineo, car il s’agit d’une chose qui me tient énormément à cœur !

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Sujet incroyable @Alresha !

Tiens ça me fait penser, j’avais vu passer une théorie de double-lecture comme ça sur Harry Potter, selon laquelle chaque livre représenterait une étape du deuil (Je vous mets le lien ici, la vidéo explique super bien le truc) :thinking:

J’en ai pas d’autre en tête pour l’instant par contre :pensive:

Et là tu me fais penser à une anecdote qu’on m’avait racontée une fois, un prof de français (je sais plus quel niveau) qui accueillait un auteur dont il étudiait le livre avec ses élèves dans sa classe. Du coup, pendant son cours, il est à fond dans l’interprétation, allant jusqu’à disserter autour d’un élément de ponctuation (une virgule ou une majuscule manquante, un truc comme ça)… il termine son discours, fier de lui, pis là l’auteur le regarde avec un petit sourire et lui avoue que ça, c’est juste une erreur d’impression :sweat_smile:

Comme quoi des fois faut pas chercher trop loin :sweat_smile:

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Ca me fait penser à cette interview de Spielberg dans laquelle le journaliste lui fait remarquer que dans Rencontre du Troisième Type, la communication se fait par le biais d’ordinateurs jouant de la musique.

Si vous avez vu The Fablemans, racontant la vie du réalisateur, vous savez que le divorce de ses parents, respectivement musicien et ingénieur, a beaucoup affecté Steven Spielberg. Or, dans ce film, la coïncidence est troublante, comme si Steven Spielberg voulait réunir son père et sa mère en unissant leurs centres d’intérêt et leurs visions du monde pour qu’ils puissent communiquer.

Et bizarrement… Spielberg ne semble pas s’en être aperçu. :stuck_out_tongue_closed_eyes:

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Sujet très intéressant !

Il y a beaucoup (trop) à dire, alors je vais me contenter de citer Outer Wilds. C’est une œuvre qu’il ne faut vraiment pas spoiler, alors je vais essayer (autant que faire se peut) de ne pas entrer dans les détails.

Maintenant, si vous avez ne serait-ce qu’une petite chance d’y jouer, ne me lisez pas et allez-y sans rien savoir, l’expérience en sera bien meilleure. Pour ceux qui n’aiment pas les jeux vidéos, TheGreatReview a fait une très bonne vidéo qui permet de profiter de l’expérience.

Dans Outer Wilds, on incarne un alien sur sa petite planète (vous voyez Le Petit Prince ?) qui se prépare pour son premier voyage spatial. On part découvrir les planètes du petit système solaire, sur les traces d’une ancienne civilisation disparue (les Nomaïs).
Et puis, on meurt. En boucle. Toutes les 22 minutes.

Très vite, on se rend compte que le jeu sort des conventions du genre. Déjà, tout est accessible dès le départ (et vous pouvez finir le jeu à la première boucle). La seule et unique difficulté, c’est votre incompréhension du monde et de ses mécaniques. (bon, il y a des phases de saut un peu compliquées)

« Chercher et comprendre : tels sont les deux fondements de la philosophie Nomaï. Telle est la manière dont nous appréhendons l’existence. »

C’est une métaphore sympa de la vie, mais vient vite sa suite logique, la mort.

22 minutes pour sauver l'univers… ou pas ?

Au bout d’un certain temps, on comprend qu’il n’a jamais été question de sauver quoi que ce soit. Parce que l’Univers touche à sa fin.

« Les étoiles ! Elles sont toutes en train de mourir ! Avec autant de supernovae, ça ne peut-être que ça ! On est les prochains, tu comprends ? Notre soleil ! Nom d’un Âtrien, on est les prochains ! »
« Oh, pourquoi il fallait qu’on naisse pendant l’extinction de l’univers ? »

Et le point fascinant, auquel je n’avais pas tant prêté attention la première fois (alors qu’en fait, c’est assez limpide), c’est que c’est au joueur d’aller débrancher la machine (à générer la boucle temporelle) qui maintient tout le monde en vie.

Difficile de ne pas y voir une métaphore sur la fin de vie.

« Tu penses qu’il se passerait quoi si on arrêtait la boucle en éteignant l’appareil ? Bon, d’un côté, je me dis que ce ne serait pas une bonne idée, avec cette histoire de soleil qui explose, tout ça. Mais en même temps, qui aurait envie de passer une éternité à se faire pulvériser par le soleil ? »

Ce qui est intéressant, c’est que la mort n’est pas traitée comme une fatalité, c’est juste que votre heure est arrivée, il est temps de laisser votre place à ce qui viendra ensuite.

« J’ai beaucoup appris, à la fin de tout. Le passé est passé, à présent, mais bon… c’est comme ça, quoi ! Il ne disparaît jamais complètement. Même si on ne le verra pas, l’avenir repose sur les fondations du passé. »

On peut aussi noter la présence d’un volet « crise existentielle », mais on entre dans des métaphores assez nébuleuses, là où celle de l’acceptation de la mort est claire (c’est même un peu plus appuyé dans le DLC, je trouve).

J’ai presque envie de dire, quand on lâche son œuvre dans la nature, on s’expose aux mauvaises interprétations.

Je pense qu’à part cas « extrême » comme l’Aigle Noir (la chanson), une mauvaise interprétation n’a jamais fait de mal à personne.

En tant qu’auteur, si j’écrivais un texte métaphorique (ce que je n’ai encore jamais fait), je trouverais ça excessivement dommage que le lecteur comprenne la même chose que moi. Quel ennui ! Où est l’intérêt de l’art ?

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Et là vous me faites remettre en question tout mon travail de recherche en Master…

Non, blague à part, je faisais partie, comme beaucoup d’entre vous, de cette catégorie d’élèves complètement fermés à l’analyse. « Beh, peut-être que l’auteur a écrit ça comme ça parce qu’il le voulait, et que ça traduit absolument pas ses traumatismes d’enfant battu ! Qu’est-ce qu’elle nous raconte encore la prof ? :roll_eyes: »
Et là où j’ai commencé à vraiment changer mon point de vue, c’est quand j’ai commencé à consommer des vidéos d’analyses de films et de musique, principalement. Découvrir comment l’utilisation de certaines gammes, modulations et rythmiques pouvait impacter le « sens » du morceau, son ambiance et son ressenti sur l’auditeur, ça m’a un peu ouvert mon 3e oeil, en quelque sorte.
Puis j’ai commencé mon travail de recherche en littérature, en M1 puis en M2. Lire des textes académiques sur la question littéraire, et moi-même en produire deux, ça a débloqué quelque chose, et j’ai commencé à m’auto-analyser, et à maudire la moi qui dix ans auparavant se moquait de ma prof de littérature au lycée parce que ses analyses étaient complètement insensées… :laughing:

En fait, l’écriture ça a plusieurs niveaux, à mon sens. Le niveau conscient, c’est quand l’auteur a complètement la maîtrise de ce qu’il veut dire, de ce qu’il veut sous-entendre. Le niveau insconscient, c’est quand une grosse part du « subconscient » ressurgit, et où des thèmes personnels ou non transpirent à travers le texte. L’entre-deux, le niveau à demi conscient, c’est un mix, plus ou moins dosé.

Oui, certains auteurs font passer des messages à travers leurs textes – plus ou moins cachés. D’autres, en revanche, ne doivent être compris qu’au premier niveau, car il n’y a rien à creuser.

Et qui sommes-nous pour interpréter et affirmer que c’est ce qu’ils ont voulu dire ? Personne… ou presque.

Ma problématique, pour mon mémoire de M2, c’était comment Edogawa Ranpo, « papa » du roman policier japonais, utilisait des archétypes féminins et jouait à les modeler pour ses histoires. L’un de mes axes d’analyse était celui de la femme désirée, l’objet de désir sensuel et sexuel, notamment.
Était-ce une démarche féministe que de montrer que les femmes pouvaient avoir une sensualité et une sexualité parfois spéciales, ou bien à l’opposé n’était-ce qu’une preuve de sa misogynie ?
Dur à dire, car il s’inscrit dans tout un contexte historique, et son travail était attendu par ses lecteurs majoritairement masculins. Très racoleurs, ses romans étaient connus pour cette sensualité/sexualité parfois débridées et anormales. Pourtant, aujourd’hui son lectorat est essentiellement féminin. Qu’en penser ?
En resituant son travail dans le contexte, il y avait matière à réfléchir. Pourquoi le traitement était différent, dans quel but littéraire, qu’est-ce que ça montre ? Toutes ces questions, j’ai tenté d’y répondre, en quelque sorte.

Mais un élément auquel je repense en lisant vos échanges est celui du destin de l’homme homosexuel dans le roman Le démon de l’île solitaire. À cette époque, l’homosexualité était considérée comme déviante – c’est donc tout naturellement que ce personnage ne peut pas survivre à la fin du récit, malgré son aide précieuse pour le protagoniste. Mais doit-on penser que Ranpo était homophobe ? Eh bien non, puisqu’il a longuement planché sur des recueils d’analyses de l’homosexualité avec un collègue auteur, avant le décès de ce dernier…

… Bref, je commence à m’égarer.
Notre analyse d’une oeuvre, quelle qu’elle soit (roman, bande dessinée, musique, chanson, film, série…) dépend beaucoup du contexte dans lequel nous la lisons. Certaines personnes sensibilisées à des combats menés de nos jours pourront voir dans un personnage X l’incarnation d’un de ces combats. C’est pourquoi j’ai entrevu une sorte d’allégorie de la transidentité et de la recherche de son « véritable soi » en regardant Brand New Animal – parce que la protagoniste est une métamorphe contre son gré et cherche à trouver la forme la plus confortable avec laquelle vivre.
Il ne faut pas nier le contexte dans lequel cette même oeuvre s’inscrit, qu’il s’agisse du contexte historique, politique et social, ou bien tout simplement du contexte personnel de l’auteur. En replaçant la création dans une histoire de vie, et une Histoire, parfois il est plus facile de comprendre si oui ou non des messages peuvent y être vus, et décortiquer en conséquence.

Enfin, et je terminerai là-dessus, il ne faut pas oublier cette part d’inconscient dans l’écriture. Ce qui pourrait me sembler joli à l’écriture pourrait avoir un double sens dont je n’ai pas forcément conscience. Peut-être qu’on pourrait s’imaginer que je porte des combats ou dénonce des faits via mes textes – ce à quoi je pourrais vous répondre que non, je n’ai fait qu’écrire une histoire telle que je le souhaitais.
Mais parfois, le fait est là – inconsciemment j’ai donné naissance à une métaphore, une allégorie ou que sais-je. Inconsciemment, j’ai usé de procédés littéraires pour appuyer mon propos et donner un effet à mon texte.

Peut-être me suis-je quelque peu égarée… :stuck_out_tongue:

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Ha ben pour ma part, un prof de psychiatrie nous avait fait un parallèle entre Harry Potter et des troubles psy,notamment avec la question des Horcruxes !

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Pour le coup dans BNA, c’est assez évident :stuck_out_tongue: (je ne sais pas si c’est une question de transidentité mais la question de l’identité en elle-même est omniprésente).

MAIS DANS CE CAS l’écriture métaphorique inconsciente est-elle vraiment une écriture métaphorique ? Qu’est-ce qui définit l’écriture métaphorique ? Est-ce l’intention ? Le message ? D’après les propos initiaux d’Alresha, si j’essaie de les décrypter, à mon sens, c’est le message qui définit l’oeuvre. J’ai évoqué la possibilité d’une double écriture qui n’existerait que dans la tête du lecteur, mais il s’agit alors d’éléments parcellaires, comme l’exemple sur Spielberg. Dans ce cas, il y a des éléments inconscients et des liaisons cachées à la réalité, mais pas de fil rouge dans l’œuvre. Si on prend l’exemple de Maupassant, BNA, ou même Ranpo là, il y a un vrai fil rouge, un thème abordé : on sent que l’œuvre existe en elle-même mais qu’il y a un thème sous-jacent qui ne se dissout pas dans la réalité, et qui y a même toute sa place, particulièrement comme tu le dis par rapport à une situation particulière (époque, situation personnelle, évènement…). Dans ce cas, c’est la volonté, et donc la conscience de l’auteur qui définit la lecture métaphorique. Des éléments parcellaires ne constitueraient pas en tant que tels quelque chose de suffisant. Tout au plus, on pourrait parler d’allusions.

Tu fais aussi le parallèle avec la musique. Je trouve ça très intéressant (faut que j’arrête de dire ça). Le temps de création de la musique est nettement supérieur à celui de l’écriture. Chaque note est pesée, chaque gamme compte. Même si on peut trouver l’écriture longue, ça reste l’un des médias où le ratio temps création/consommation est peut-être l’un des plus proches (la musique ? le dessin ? un film ?!). Si les auteurs peuvent certes peaufiner leurs textes, il est ainsi peut-être plus difficile de se pencher sur le moindre détail d’une œuvre et des choses nous échappent plus facilement que dans les autres médias lorsque l’on produit. Si la double lecture n’est donc pas un consensus, on peut en conclure que la « double écriture » n’a pas forcément existée non plus… et que le prof de litté est perché.

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Wah @BakApple j’ai adoré ton analyse, je crois pas que tu te sois perdue, en ce qui me concerne c’était plutôt clair, et ça a fait écho à pleins d’expériences, que ça soit la lecture, l’écriture, le dessin, regarder un film/ série/ anime, photo…En bref je me suis revu interpréter, à raison ou pas, une multitude de supports.
Effectivement je crois aussi qu’il y a quantité de formes de métaphores, usées de manière conscientes ou non, et dans les deux cas, elles seront interprétées selon un profil, une expérience de vie, et un contexte, qu’il soit celui de l’oeuvre ou celui de la personne qui l’a sous les yeux, ou encore, dans les oreilles, pour reprendre l’exemple de la musique. C’est là dessus que je vais rebondir : faisant usage de la musique dans l’écriture, j’ai justement conscience que mon interprétation de celle-ci et le sens que j’y trouve ne sera pas une évidence pour tout le monde, d’autant plus que pour la plupart des chansons, dont je connais le véritable sens, je le détourne et lui en trouve un autre qui colle également au contexte de l’histoire (pour le coup c’est moi qui suis pas très claire je crois :sweat_smile:). Dans ce cas, la métaphore est donc volontaire, je sais ce qu’elle représente, mais j’ai toutefois conscience que certains l’interpréteront différemment, voire pas du tout (je me suis déjà imaginé un lecteur qui se dirait : « Ouai ok, et c’est quoi le rapport avec la choucroute ? » :joy:).
Voilà pour la musique, mais je voulais aussi revenir sur le point de la métaphore inconsciente et c’est là que je m’interroge : on m’a fait remarquer (une personne proche évidemment) que je ressemblait beaucoup à un de mes personnages, et que plusieurs éléments de l’histoire était plutôt voisins de ma propre psychologie. Dans l’idée c’est pas vraiment de la métaphore, mais je me suis demandé : mais alors, est ce que j’ai inconsciemment voulu « métaphorer » des choses ? Ou est ce que j’ai simplement matérialisé ces choses pour qu’elles me sautent aux yeux ? En conséquence, je me suis aussi demandé si cette métaphore inconsciente dont on parle ici en était véritablement une :thinking: :thinking: :thinking: Wah je me perd je crois, mais ce sujet pousse vraiment à la réflexion sur pleins de choses.
(Pardon je suis super vague, mais j’ai pas votre talent pour exprimer le fond de ma pensée :smiling_face_with_tear:.)
Ça m’intéresse d’autant plus que dans mon métier j’use pas mal de la métaphore d’une certaine manière, du coup je crois que j’en vois partout (déformation professionnelle). Est ce bien ou pas ? Aucune idée :thinking: Mais un jour j’ai pensé que sans la métaphore, et surtout sans cette liberté que nous avons de librement l’interpréter, certaines choses pourraient nous paraître ennuyantes, voire on ne s’y intéresserait pas du tout. Je prend exemple d’une peinture qui dès que je l’ai vu dans la galerie m’a vraiment bouleversé (aux larmes), l’émotion passée, j’ai voulu lire le petit écriteau à coté , et ce que j’y ai trouvé m’a ennuyé. J’ai d’ailleurs oublié ce qui y était écrit , préférant garder en mémoire ma première expérience, la meilleure, issue de la libre interprétation.
Voila pardon pour ce message un peu décousu :sweat_smile:

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Ah… Ah…
… ne parlons pas de tous ces contextes que je trouve aux chansons que j’écoute… :sweat_smile:

Je comprends très bien le sentiment. Parfois, l’écoute d’une musique ou chanson me donne toute un ambiance particulière, et c’est à partir de celle-ci que naissent mes histoires.
Si je prends mon cas le plus flagrant, c’était avec Poruno eiga no kanban no shita de (« Sous l’affiche d’un film pornographique ») par amazarashi, qui me donnait cette ambiance flottante, de non-appartenance à un lieu ou une époque, d’isolation et de mélancolie. Hop, ça a donné une fic.
Le cas inverse existe aussi : à force d’écouter Inochi ni fusawashii (« Digne de vie »), j’en ai lié cette chanson à la fanfiction que je travaillais à cette période. Idem pour Antinomie. Si bien que, dans le cas de Inochi ni fusawashii, la version reprise par Aimer (voix féminine) me donnait comme une « réponse » à l’originale (voix masculine). Et je me rappelle avoir dit à Astrée « c’est comme si la version d’amazarashi était du point de vue de Cicéron, et la version d’Aimer de celui d’Aemillia ».
Bref, les contextes et les liaisons entre ce qu’on écoute et nos fanfictions, je connais plus que bien… :laughing:

(évidemment, ce sont des chansons d’amazarashi, sinon je ne serais pas moi-même :sparkles:)

C’est difficile de le savoir puisque si c’est inconscient, par défaut tu n’en as pas conscience.
Mais parfois, en revenant sur le texte quelques mois ou années après on peut le resituer dans notre propre histoire de vie, et l’analyser de cette sorte.
Si je parle par expérience, il y a eu cette courte fic que j’ai écrite dans une période où j’en voulais beaucoup à ma mère, et donc y a eu une projection de moi sur le protagoniste et de ma mère sur son père — une sorte de parallèle qui me permettait de me lâcher dans l’écriture. Mais ce parallèle, je ne l’ai compris que quelques mois après, une fois la digestion terminée. Ce devait être une sorte de métaphore inconsciente, peut-être ? :laughing::laughing:

Et parfois ce n’est pas plus mal !
Je ne dis pas que nos interprétations, doubles lectures ou autre sont forcément justes. Des fois, c’est vraiment nous qui projetons une image et la prenons pour la réalité. Mais si notre interprétation nous plaît, et nous paraît juste, pourquoi s’efforcer de la mettre de côté ? :blush:

(tiens, en parlant de double lecture, je repense à cette histoire de la lettre-manuscrit dans La chaise humaine, nouvelle de mon premier mémoire… quelle idée de m’arrêter sur ce topic aujourd’hui après avoir revu mon directeur de mémoire ! :laughing:)

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Bonjour et merci pour ce sujet Alresha !

Pour ma part, je trouve que toutes les œuvres sont un peu métaphoriques, dans la mesure où, selon moi, l’auteur incorpore toujours un peu de lui-même dans une œuvre. Ce qui fait que je n’ai pas vraiment en tête l’exemple d’un livre en particulier. Je connais beaucoup de livres et plus largement d’œuvres où des éléments rappelant la vie de l’auteur sont incorporés (du style, l’auteur a perdu son père, et ô surprise, il s’avère que le héros de son livre aussi, et autres similitudes), ce qui permet effectivement de comprendre certaines annotations, allusions… Est-ce qu’on peut considérer ça comme un niveau métaphysique ?

En fait mon avis rejoint l’avis de Fulmineo :

Après, quand je lis, je ne cherche pas forcément une lecture métaphorique, je profite de ma lecture, et en ce sens je pense que je suis comme Anthaus, à ne pas voir tout le temps une lecture seconde de l’œuvre.

Après, l’erreur – qui est mentionnée --, c’est de calquer à tout prix une lecture/interprétation à laquelle l’auteur ne pensait pas forcément, c’est encore pire quand il est connu. Je pense notamment à Shakespeare, et à Hamlet que j’étudie, notre professeure nous répète en long et en large de ne pas lui attribuer des choses qu’il n’a jamais dites, car nous ne sommes pas lui, et même s’il y a de nombreuses métaphores et autres, c’est toujours un risque de surinterpréter. C’est un auteur tellement étudié en plus…

BNA, j’y ai effectivement vu le thème de l’identité, celui de la transidentité, un peu moins pour ma part, mais cette analyse se défend ! Tu me donnes envie de le reregarder pour voir justement Bakkie, ah ah.

C’est ce que j’avais à dire pour cette première question. En ce qui concerne la seconde, hmm, non, je n’y pense pas du tout, parce que ce n’est pas ma vocation première, j’écris avant tout une histoire qui me plaît, et y glisser un message plus profond, ça demande une certaine réflexions (je rejoins Anthaus, il faut écrire avec l’envie de faire ça dès le début, surtout si on veut que ça soit sur le roman entier, pas juste un chapitre).

Voilà, je n’apporte rien de très intéressant par rapport à ce que vous avez dit, mais encore une fois c’est un beau sujet qui mérite réflexion (peut-être qu’il y a des mémoires/thèses sur le sujet, tiens ?)

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Alors ça, c’est super intéressant, parce qu’il m’est arrivé, en quelque sorte, l’inverse.

Pendant des années, j’ai refusé de me renseigner sur ma peinture préférée, l’Île des Morts (Böcklin).

Ce que j’avais sous les yeux était si… unique, que n’importe quelle explication, n’importe quelle interprétation aurait risqué de réduire l’aspect mystique de la peinture.

Et un jour, je suis tombée sur une vidéo de Alt236 (et j’ai cédé à la curiosité).

J’ai réalisé que l’île est partout. On la retrouve, sous une forme ou une autre, dans des dizaines d’autres peintures, des musiques, des livres, films, etc. Tous ces artistes ont vu dans cette oeuvre quelque chose de si particulier qu’ils ont senti le besoin d’en créer leur propre interprétation, dans leur art.

Je trouve ce cas fascinant, concernant la part « d’inconscient » (ou la part de « mystique ») dans la création.

« Ce tableau montre le pouvoir des images, le mystère de l’art, le langage inconscient que manient les artistes et parfois malgré eux. Cela prouve qu’en assemblant des formes, des couleurs et des représentations d’une certaine façon, on peut stimuler une partie mal connue du cerveau humain, capable de pouvoir accéder à un autre endroit que la réalité physique. Par le biais de l’imaginaire, on peut donc s’abandonner à des visions ou a des questionnements qu’on aurait jamais eu autrement. » (Alt236)

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Je suis désolé, mais la première chose qui me vient à l’esprit en regardant ce tableau, c’est : Gandalf et Bilbon sont sur un bateau, Bilbon tombe à l’eau, qui reste-t-il ?

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Je suis tellement d’accord avec ça, et c’est à mon sens tout ce qui fait la beauté de l’Art. C’est Tuomas Holopainen, le parolier et compositeur principal de Nightwish, qui disait à peu de choses près la même chose quand en interview, on lui demandait ce que voulait dire tel ou tel titre.
Au final, l’œuvre signifie quelque chose de différent pour chacun de nous, parfois même quelque chose de différent à chaque moment de notre vie (surtout pour la musique en l’occurrence)

Pour ma part, tout ça est une histoire de ressenti, plus que d’analyse. Je suis quelqu’un qui se laisse porter par les émotions et ce que je pense en lisant tel ou tel roman dépend beaucoup de mon mood du moment. (C’est d’ailleurs un peu la même chose en écrivant ^^ ) . Est-ce que cela correspond à l’analyse ou la métaphore communément admise, peut-être pas, mais au final peu m’importe ^^

Ahah, Xio Nixes, je crois que j’ai poncé pas mal de ses vidéos ^^ Concernant Harry Potter, il y a pléthores d’analyses et de métaphores. Beaucoup sont d’ailleurs sujettes à polémiques.

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Bahahahaha :rofl: merci @fulmineo, j’ai bien ris.
@Aurore.Deschain et oui c’est intéressant ce que tu dis là, tous ont interprété de manière différente un tableau qui les a tous bouleversés de la même manière , mais pas pour les même raison probablement. C’est dingue quand on y pense, il y a des gens qu’une oeuvre peut laisser totalement indifférent, et d’autres à qui ça va retourner le cerveau. Ça me fascine tout ça.

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Je prends enfin du temps après une quinzaine de jours un peu mouvementés pour répondre par ici et vous remercier toutes et tous pour vos remarques : c’est un sujet qui me passionne !

Oui, j’avais vu ça aussi il y a longtemps, quand j’étais dans ma période Harry Potter à fond… ça m’avait semblé assez convaincant d’ailleurs.

:rofl: :rofl: :rofl:

C’est un des seuls jeux vidéos auxquels j’ai joué (ils se comptent sur les doigts d’une main, c’est dire) et j’adore l’interprétation que tu en fais ! Et je confirme que c’est un excellent jeu (mais Sombronce… aaargh !!! :sweat_smile:).

@BakApple : j’adore tout ce que tu dis dans ton message sur le conscient, l’inconscient et le semi-conscient. Je n’y avais jamais réfléchi comme ça, mais la façon dont tu l’exposes est lumineuse, merci !

C’est ainsi que j’envisageais la question en postant ce sujet… et je me rends compte que la discussion est partie dans une direction que je n’avais absolument pas prévue. :grin:

C’est marrant, pour moi c’est exactement l’inverse : j’ai toujours peur que les autres voient dans mes écrits une transcription de ma psychologie, de ma propre histoire… donc j’essaye au maximum de « gommer » ce que je pourrais interpréter moi-même comme métaphores inconscientes. (Et puis évidemment, au moment où je m’y attends le moins, mon copain me pond une analyse absolument délirante mais probablement totalement vraie sur un texte où je pensais n’avoir strictement RIEN mis de personnel… :sweat_smile:).

Je pense qu’on est nombreux à faire ça (j’adore) !

Je trouve absolument fascinant qu’on puisse « se tromper » ou disons plutôt se voiler la face sur nos propres textes jusqu’à ce que la catharsis opère, jusqu’à ce qu’on ait « digéré » comme tu dis…

C’est vraiment un tableau magnifique ! Merci pour le lien que tu as partagé, l’analyse est intéressante et j’adore voir la déclinaison de l’île sous plusieurs formes… Je n’avais pas réalisé non plus auparavant. Je partage ta réticence à me renseigner sur certaines œuvres (plus des poèmes que des tableaux) que je trouve presque trop belles pour être comprises…

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