[Archive] Conciliabules autour du vocabulaire

Sur le conseil d’ @Alresha, j’ai entamé la délectable série « Fortune de France » de Robert Merle. Chaque soir j’y fais moisson des antiquités françoises qui me ravissent.

Le partage d’aujourd’hui concerne non pas un mot, qui reste d’usage courant, mais la variété de ses significations. Il s’agit de Quitter !

Nous l’employons tous au sens de partir, sortir d’un lieu :

  • Elle quitta la pièce en claquant la porte.

Mais il s’agit plutôt de débarrasser la pièce de notre présence.
En effet, au sens le plus large, on quitte qqu’un/qqchose de qqchose :

  • Soit on l’en démunit puis on le tient quitte :
    • Miroul, craignant que le savetier se blessât, lui quitta sa dague en un tournemain.
  • Soit on lui abandonne la chose, l’en dispensant :
    • Le connétable quitta son adversaire de ses compliments.
    • … les héritiers quittent à ce titre le susdit de ses dettes, intérêt et principal.

Au global, quitter serait pratiquement un synonyme de Abandonner, dont on a parlé plus haut

  • Quitter son passé sans se retourner…

Sans épiloguer sur la forme faussement réflexive de l’expression :

  • Les amants se quittent, mais il est bien rare que tous deux se tiennent quittes.

Plus tracassiers, les commissaires aux comptes, sans vous laisser quittes de leurs émoluments, opinent à vous donner quitus de votre mandat de gestion d’une entreprise.

Source : le CNRTL

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Heu non bringuebaler :wink:

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Tant mieux si tout le monde le connait !
(Hein que vous le connaissez, les jeunes ?) :stuck_out_tongue:

Allez, ta mission sera de trouver ce mot très connu dans l’une des 5000 fics du site.

Et sinon brimborion ? Tout le monde a, parmi les moins de 35 ? :smiley: Faites moi mentir, j’adore ça !

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Celui-ci je ne connais pas.

Et je suis embarassée d’avoir dit que bringuebaler était assez courant… Le pauvre @caliban40280 en a enlevé sa publication :frowning:

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Moins de 35 ? Oui :stuck_out_tongue:
« bringuebaler » me paraît assez courant à moi aussi …
Par contre « brimborion », je ne connais pas.

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Je m’exécute ! Je me doutais que j’allais avoir du succès…

Brimborion : petit objet de faible valeur.

L’idée de « petit truc » :smiley: se retrouve dans les autres définitions données par le CNRTL : fait sans importance, brin ou morceau de, voire individu de petite taille…

Je l’ai associé à « Colifichet » qui est sans doute plus connu, et utilisé ici dans son sens de : petit objet de déco de mauvais goût, cheap et pas cher, et qui ne sert à rien ; objet inutile et superflu.

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Bringuebaler, brimborion et colifichet me sont connus. Mais aussi, j’ai plus de 35 ans (de peu).

Je propose aujourd’hui le verbe sabouler : malmener sans ménagements, secouer, et, par extension, se battre ou bien réprimander.

Exemple : Attention, les élèves, taisez-vous ou je vais vous sabouler ! (Je pense sincèrement commencer mon année scolaire avec cette menace. :roll_eyes:)

De la même famille : une saboulée (volée de coups).

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Petite découverte du jour, que je viens vite partager ici : le rôle

Nous utilisons fréquemment ce mot :

  • au sens propre : Cyrano, le rôle le plus convoité de la Comédie Française…,
  • au sens figuré : … il m’a encore fait jouer le mauvais rôle…, Saluons le rôle éminent de Mr. le président, qui a su gnagnagna…

Mais autrefois, le rôle était un registre, dont usaient les administrations militaires, judiciaires, fiscales, etc. :

  • le rôle liste les marins engagés et leur fonction à bord (rôle d’équipage), les quarts ou même les postes de combat (rôle de combat),
  • le rôle de conscription liste les soldats engagés,
  • le rôle d’un jugement répertorie les pièces du procès,
  • le rôle de taille établit la liste des contribuables et les redevances,
  • le rôle du parlement liste les lois et décisions,
  • etc.

On voit bien que le rôle, en tant que suite des répliques d’un personnage dans une pièce, est lui aussi une liste ordonnée.

Quant à « à tour de rôle », il ne signifie pas seulement qu’il s’agit de donner les répliques ad hoc du personnage que l’on joue, mais aussi que l’on énumère suivant l’ordre prévu dans une liste.

Mais pourquoi toutes ces listes se nommaient-elles un « rôle » ?

  • Parce que le rôle est avant tout le parchemin roulé, sur lequel ces listes étaient écrites.
  • ainsi que des bûches de bois
  • ou même les barres de tabac à mâcher
  • … tout cela signifiant rouleau

Oups, j’ai failli oublier : Source

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Bonjour !
Aujourd’hui, j’ai appris l’existence du mot « catilinaire ».
D’après Larousse.fr , il s’agit d’une satire/discours violent contre quelqu’un.
Niveau étymologie, je suis très nulle en explications, mais ça vient de Cicéron. Il a prononcé 4 discours attaquant Catilina, un homme politique romain connu pour avoir conspiré contre le sénat! Ces discours sont devenus célèbres et un modèle de réthorique apparement, ce qui fait qu’il a bien fallu leur donner un nom : les Catilinaires. Cicéron lui même en était pas mal fier et les a toutes restranscrites a l’écrit un peu après !

Si vous voulez les lire, elles sont disponibles en ligne !
Je m’excuse platement devant tout ceux qui connaissaient déjà ce mot et son histoire (que vous ayez + de 35 ans ou pas :wink:) !

Une petite citation de la première Catilinaire pour finir sur une note joyeuse : « j’attends qu’il n’y ait pas d’homme assez méchant, assez corrompu, assez semblable à vous, pour trouver que votre mort ne soit pas juste ».

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L’article précédent - excellent ! :heart_eyes: malgré les 35 ans - sur la conjuration de Catilina me remet en mémoire les affres latines, notamment un autre réquisitoire de Cicéron.

véreux : étymologie immédiate, qui contient des vers. Des pommes véreuses
Au figuré, on parle d’affaires véreuses, c’est à dire louches. L’image d’une entreprise est particulièrement parlante, sous forme d’un fruit extérieurement sain mais dont le contenu a déjà été mangé…

Mais, direz-vous, quel est le rapport entre les pommes et Cicéron ?

Il semble que l’on rencontrait autrefois l’orthographe verreux. Certains y ont vu l’influence d’un procès resté célèbre. Voilà où intervient Cicéron.

Verrès, un homme politique romain, s’étant rendu coupable d’extortions de grande ampleur en Sicile durant sa magistrature, fut accusé par Cicéron, qui gagna le procès. Les réquisitoires, qui ne furent pas tous prononcés car le coupable s’enfuit avant la fin du procès, sont également passés à la postérité, comme les Catilinaires.

Certes, les abus de pouvoir étaient légions à cette époque, mais il semble que ce Verrès, qui ne pouvait résister aux oeuvres d’art, ait employé des méthodes carrément mafieuses.
D’où le néologisme verreux, digne de Verrès, qui renforce le sens véreux, qui sent la malversation.

Source ici et

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… des malversations de la plus belle eau verreugineuse (verrugineuse ?)

Tout le monde n’a pas le droit aux néologismes mais il reste le sketch de Bourvil pour se consoler.

(Jeunes gens, il s’agit d’un sketch où l’on vante les mérites d’un eau contenant du fer, l’eau ferrugineuse – comme aujourd’hui on le ferait d’une eau contenant du magnésium… – sauf qu’on est fin bourré. On n’a donc vraiment pas bu que de cette eau…)

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Une fois n’est pas coutume, le mot du jour est anglais. :flushed:

Américain, devrais-je dire, puisque c’est bien d’outre-Atlantique :cowboy_hat_face: que déferlent depuis un demi-siècle les concepts du management.

Vous me voyez sans doute venir avec mes gros sabots : ce mot est d’origine :fr: française…

Histoire de ménager nos effets, commençons par régler son cas au susdit. To manage ne dérive pas de ménager. En effet, manager une ressource - humaine ou pas - ne se réduit pas à en user avec mesure et discernement (ménager sa monture), ni à lui conserver son potentiel (ménager un malade), ni à flatter son ego (ménager sa sensibilité).
Quoique…

Au cœur du mythe du manager, il y a la réussite - achievement -, la maîtrise - control -, la domination - leadership.

En réalité, le manager descend en droite ligne - étymologiquement - du maître de manège, c’est-à-dire de la personne dressant, dirigeant, coordonnant l’évolution des chevaux à l’exercice, au manège.

Le verbe manéger persiste en français, avec une nuance de manigance : Avoir un comportement adroit et artificieux pour parvenir à ses fins. Ah oui, là, je vois bien certains managers. :smiling_imp:

Une personne manégée est parfaitement exercée à l’art d’agir avec adresse et ruse pour parvenir à ses fins. Le quidam qui parvient à se manager lui-même annonce avec assurance « je gère… », pour autant que son petit manège serve aussi les fins de son supérieur hiérarchique.

A dire la vérité, combien de directeurs - de managers - se voient secrètement en meneurs de harde, obéis à la baguette ? :racehorse: … ou en dompteurs de la grande ménagerie de l’entreprise ?
Et combien de managés ont la sensation de tourner en rond dans le manège ? :stuck_out_tongue_winking_eye:

Sources ici et

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Un peu taquiné par un collègue qui a réagi professionnellement à la plaisanterie ci-dessus, je m’en vais remettre une égratignure supplémentaire au franglais prêt-à-penser d’entreprise…

Quel mot magnifique, le coaching ! :cowboy_hat_face:

Le cocorico :fr: du jour sera de courte durée, car les sources s’avèrent déroutantes.

Bien sûr, the coach dérive de notre coche, le chariot couvert, attesté sous les mérovingiens. :racehorse:

Le cocher, conducteur de char, de carrosse, de diligence, a traversé les âges armé de son fouet et de sa moustache.

Le coche reliait les villes via les relais de poste, marquant la culture populaire :

  • Le béjaune descend du coche, naïf, sans argent et sans appui en la grande ville.

  • Le négligent manque le coche.

  • La mouche du coche de La Fontaine s’enfle de son importance factice, voletant autour du personnage central. :mosquito:

Mais au-delà, tout se complique ! On n’en finit pas de cocher les origines possibles de ce mot redoutable :

  • Le hongrois kocsi, grande voiture couverte, pourrait être un ancêtre, à nous parvenu via l’Autriche et Venise, :horse:

  • Ou le tchèque koczi, donnant l’allemand Kutsche,

  • Le coghe - variantes cogge, cogghe - était un navire de commerce en vogue aux Pays-bas et dans le monde Hanséatique, qui a donné le coche de rivière, petite embarcation hâlée par des chevaux. Le coghe aurait aussi contribué à fixer la coque, avec l’aide de la conque. :anchor:

  • Plus scabreux pour le coach moderne : une acception attribue au coq, et par analogie à l’homme, la paternité de la mâle action de cocher sa femelle, de la couvrir, de la chauchier. Soyons courtois et serviable : cochons la compagne dont on partage la couche ! :smiling_imp:

  • En parlant de couple, signalons pour être complet la coche, la truie, femelle du cochon. :pig:

Reste l’héritage du siècle puritain, qui voit le confesseur jésuite, Eminence grise et directrice de conscience, promu cocher des âmes de ces dames patronnesses.

Il y aurait donc tout cela dans le coaching ?

Une fois décortiqués les circonvolutions marketing et le rhabillage sémantique moderne du vocabulaire d’entreprise, à la parfin perdure le parfum des origines.

Bien sûr il est des inventions véritables, de concepts qu’il faut bien habiller d’un nom.
Mais la raison pour laquelle un terme s’est trouvé choisi par l’usage n’est jamais complètement gratuite, révélant une partie des sens sous-jacents et, peut-être, en bridant la destination.

Est-ce le cas du coaching ? Peut-on, faut-il se défaire de ces images que charrie malgré lui notre coche du jour ?

Source : ici, et

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Merci pour cette magnifique citation de Cicéron !!!

@ChiaraCadrich : J’apprécie tout particulièrement le doublon « ménager » / « manager »…

Le mot du jour, très humble : turricule (du latin turris, « tour » et du diminutif, toujours latin, -cule, qui signifie « petit »). Il s’agit des petits monticules formés par les vers de terre lorsqu’ils rejettent le surplus de terre avalé, une fois les nutriments qui leur sont nécessaires assimilés par leur organisme.

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Aber Ja !
Le mot du jour est allemand !

Nan, c’est du flan. Vous savez bien que je ne peux pas faire une chose pareille.
C’est bien du François, mais ancien.

L’adverbe servait à renforcer une affirmation.

  • Ici avec une nuance ironique adversative : Le grand Dieu fit les planètes, jà nous faisons les plats nets. Gargantua, François Rabelais

  • Dans cet autre exemple, le renforcement est l’équivalent de positivement, effectivement : Je le crois ; mais d’en mettre jà Mon doigt au feu, ma foi je n’ose. La Fontaine Nicaise.

Ou alors, pouvait aussi renforcer une négation :

  • « Qui sui et qui je quier, jà ne vous ert celé » : Qui je suis et qui je cherche ne vous sera certes pas caché.

Plus subtil, pouvait également renforcer le temps de la phrase :

  • la proximité du passé : Je l’ai jà dit d’autre façon (La Fontaine Pâté d’anguille) Notre déjà dérive de ce sens.
  • le caractère immédiat du présent : jà li guerpit la jouvencelle plévie. Dès lors il quitte la demoiselle promise [à un autre]. Sens de dès lors, dès cet instant
  • l’imminence du futur : Jà ochoieront des houliers : des brigands vont surgir. au sens de bientôt ou sans doute.

Et devinez sur quoi l’on tombe en tentant la négation temporelle renforcée :

  • Sire, diz-je, les piez de ces vilains ne laverai-je jà ! Joinville. Voilà l’origine de notre jamais !

Notre jadis est issu de ja et dies « il y a déjà des jours »

  • Nous voulons nous retrouver tous les trois, comme jadis, quand (…) nous étions petits Maupassant

Origine

  • Ach, décidément ce , qui a laissé une bien belle progéniture dans notre langue moderne, n’est pas germanique mais latin classique : jam, qui englobait déjà les variantes citées plus haut : « à l’instant, dès maintenant; il y a un instant; dans un instant, désormais; autrefois; dès lors, dès cet instant. »
  • Littré estime que « ce jam a pour origine diam, diem, ce jour, par chute du d initial, comme dans Jovis, Janus, pour Diovis, Dianus. »

Sources CNRTL et Littré

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Attends,
Si « dies » veut dire jour
et que « ja » est dérivé de jam, également latin, qui veut dire jour
alors jadis veut dire… jour jour :smiley:

:thinking:

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Eh oui.
Mais l’un des deux jours est passé par la moulinette interjective du jà…
ça aide
et puis « jour jour », on voit ça tous les jours : aujourd’hui

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J’ose à peine imaginer l’emploi de la locution « au jour d’aujourd’hui » :smiley:
Est-ce que ça fait une petite semaine (trois jours avant, trois jours après) ?


Bon, au lieu de faire mon intéressante à parler de rien en floodant, je vous propose un très joli mot. Il est étranger mais répercuté avec des variantes orthographiques et phoniques en breton (et le breton, ce n’est pas du français mais… mettons) :

Hiraeth (nom masculin) : La nostalgie d’un lieu qui n’a jamais existé ou qui n’existe plus.

C’est plus poignant que le « mal du pays » (où l’on pourrait aller / retourner)
.

Les sites que je consulte notent que la traduction exacte est malaisée comme pour tout concept qui n’a pas pris forme tel quel dans la culture locale.

Ils évoquent aussi le mot portugais « saudade » (nom féminin) qui va au delà de la seule patrie, en étendant la douloureuse nostalgie à une maison, un(e) ami(e) ou un(e) amant(e).


Comment je t’ai plombé l’ambiance d’un coup ! :smiley:

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Ce n’est pas sale !

Ce diminutif « -cule » est parfaitement respectable…

Par exemple, Homoncule n’est pas une lamentation interjective à l’attention de son propre séant, façon « les Monologues du Derrière » !

  • L’homoncule est un homme de (très) petite taille (nabot), voire contrefait (avorton).
    Cette contrefaçon s’avérait parfois le fait de quelque mage (Le comte de Kueffstein ou Paracelse), qui prétendait fabriquer (et non pas engendrer) un petit homme artificiel…

Bien sûr, les fâcheux brandiront le testicule… tant il est paradoxal de voir ce « témoin latin de la virilité » testis, auto-affublé d’un diminutif passé dans l’usage : testiculus, qui impose la modestie… Passons, comme les anges…

La plupart des exemples qui suivent illustrent immédiatement la valeur diminutive du suffixe -cule

  • Le corpuscule : on n’en est pas encore à l’atome (a-tomos, que l’on ne peut plus couper - sans en changer la nature), mais on a déjà une toute petite portion du corps.
  • particule : idem
  • molécule : la partie élémentaire d’une masse de réactif chimique (latin moles masse)
  • le fascicule réunit quelques feuilles en faisceau
  • les inévitables majuscule et minuscule : on peut se demander pourquoi la majuscule a hérité d’un diminutif… On disposait de peu de place sur les monuments funéraires, aussi gravait-on des lettres « un peu grandes »
  • monticule : le petit mont
  • opuscule : le petit opus, exemplaire, tome.
  • bascule : tout procédé destiné à faire tomber « cul par-dessus tête ».
  • culer, reculer : c’est évident.

Mais d’autres se laissent moins facilement circonvenir :

  • tubercule : une famille de légumes qui s’étendent très rapidement (latin tuber, tumeur)
  • fécule, autrefois suc végétal, à présent toute forme d’amidon (latin faex, lie)
  • Le crépuscule, ce court moment à la lumière incertaine (du latin creperus, nous dit Littré)
  • canicule : en voilà une bizarrerie ! On reconnait le latin canis, le chien ! Donc canicule est un petit chien… Quel rapport entre les grandes chaleurs et le Petit Chien ?
    Voici, toujours d’après Littré :
    L’étoile Sirius est la plus brillante de la constellation du Grand Chien. On la nomme aussi Canicule, Petit Chien. Elle se lève en même temps que le soleil, du 24 juillet au 26 août.
    Comme c’est d’ordinaire le temps des plus grandes chaleurs, on les a attribuées à cette constellation, et de là ce sens d’une chaleur étouffante qu’a aussi le mot de canicule.
  • circuler : descend de circulus, lui-même de circum, autour. En effet, un cercle est bien un « petit tour »
  • matricule : littéralement, la petite mère ! En réalité un registre, comme si l’inscription à la légion constituait la seule vraie naissance qui intéressait le sénat romain…
  • pécule : du latin peculium, dérivé de pecus, bétail, parce qu’à Rome il représentait la richesse ; la marque de la monnaie était un bœuf, un mouton ou un pourceau.
  • ridicule, les potterheads apprécieront : ridiculus, digne d’un rire - mais pourquoi petit ?

De fait, il semble bien que le cul français, transposition du culus latin, soit lui-même étroitement associé au diminutif « -cule »
Sans faire l’apologie de la petitesse callipyge, peut-être s’agissait-il de désigner la partie la plus mineure du corps ?

Source : essentiellement le Littré en ligne

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Clic-Clac !

Rassurez-vous, on ne va pas faire le tour des canapés et autres lits d’appoint…

Je suis tombé dernièrement sur l’expression « prendre ses cliques et ses claques ».
Bien sûr, nous l’avons tous entendu un jour ou l’autre et savons que cela signifie s’enfuir ou réunir son bagage pour s’en aller.

Mais pourquoi, d’où vient cette expression ?

Mes sources chéries sont muettes, seuls les dictionnaires d’expressions nous renseignent :

  • les cliques seraient, selon les patois, plutôt en langue d’oïl, les jambes ou les sabots.
  • les claques seraient d’abord le bruit que produisent les galoches, puis les chaussures elles-mêmes.

Il s’agirait donc, en prenant ses cliques et ses claques, de mettre ses chaussures et s’en servir incontinent, selon le contexte, de façon rapide, et avec une idée de préparation plus ou moins complète.

Mais je ne suis pas satisfait… pas très poétique, tout ça…

Alors voici une proposition, soumise à votre vigilante mais bienveillante sagacité !
Imaginons que l’expression originelle revienne au singulier : prendre sa clique et sa claque.

Une seule chaussure pour marcher ? Que nenni !
Une gifle avant de s’en aller ? Il est vrai que cela donne l’élan nécessaire…

J’imagine que l’expression s’applique aux bonimenteurs de tous poils, scrivaillons publics ou charlatans de foire.

Au singulier, le sens change :

  • la clique prend son sens d’orchestre, de petite taille et pas forcément bien accordé…
  • la claque prend son sens de Groupe de spectateurs ou d’auditeurs chargés d’applaudir bruyamment une représentation ou un artiste afin d’aider à son succès. La claque, composée d’amis ou de quidams payés pour applaudir…

Repartir avec sa clique et sa claque s’appliquerait donc à tout artiste itinérant, et par extension, au quidam qui rassemble ses bagages et tente sa chance un peu plus loin, après avoir épuisé les possibilités de l’endroit.

Et rien n’empêche que ce départ soit précipité, sous les huées de l’auditoire… histoire de se raccrocher à l’étymologie officielle citée plus haut !

Je ne suis plus à un néologisme près…

Sources : ici ou .

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