Bouh les shōnen ! Bouh!

Je continue ici la discussion avec @Corti pour éviter que Oldy nous tape sur les doigts :sweat_smile:

Le thème, euh… Les shonen VS les autres styles de mangas. Pourquoi il y en a peu ? Quand est-ce que ça va changer ?

Il faut dire que le shôjo et le josei se vend très peu en France, donc les éditeurs sont assez frileux sur le sujet. Sans compter que la majorité des directeurs de collection sont des hommes et vont plus vers le genre qu’il leur plaît (même s’il y a des résistants comme Akata).

De mémoire, les ventes des 10 shônens les plus populaires pèsent pour plus de 75% du marché du manga en France. Ça en dit long sur la consommation générale ^^

J’espère que ça va un peu changer, je pense que ça va changer avec le vieillissement de la population qui lit des mangas. Avec l’âge les préoccupations changent et les désirs de lecture aussi. Comme en plus il y a une forte demande, ça va amener un peu de diversité, surtout qu’en France on est assez doués pour ça.

Si je compare avec les BD, les plus grosses ventes restent Asterix et - tenez vous bien - Les Blagues de Toto chez Delcourt.
A côté il y a de plus en plus de BD éditées chaque année, en peu d’exemplaires certes mais c’est un marché de niche. Comme les mangas.

Il y a aussi l’opposition campagnes VS monde urbain, où la littérature est plus diversifiée parce qu’il y a une petite clientèle de connaisseurs qui exigent certains types d’ouvrages. Ensuite par effet domino (si les libraires font bien leur taf) certains mangas se vendent de mieux en mieux juste parce que l’approvisionnement est en face.

Je dis ça mais au final je lis peu de shojo, car ils ont a mon sens le même problème que les shonen : c’est toujours le mêmes histoires d’amour mièvres et improbables sur des collégiennes ou des lycéennes avec ou sans talent/pouvoir magique.

J’éditerai ce message plus tard avec quelques chiffres et liens que je n’ai pas sous la main depuis mon téléphone.

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ahhh bien.

Si quelqu’un me met les définitions (et la bonne écriture, avec les accents), je pourrais les insérer dans le Lexique du site ! (c’te folie). :grin:

(comme ça je les retrouverai pour y retourner à chaque fois que quelqu’un en parle…)

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Shōnen (少年?, qui signifie « garçon et adolescent » en japonais) est utilisé pour désigner une ligne éditoriale et un type de manga. La cible éditoriale du shōnen est à l’origine constituée principalement de jeunes adolescents de sexe masculin, entre 8 et 18 ans, contrairement au shōjo manga (少女漫画?) qui se veut être une ligne éditoriale pour les jeunes filles.

On dit merci wikipédia :sweat_smile: parce que je suis une grosse feignasse qui a la flemme de monter un étage pour regarder dans ses livres.

  • Le Kodomo, destiné aux enfants ;
  • Le Shōjo destiné aux jeunes filles (même classe d’âge que le shōnen) ;
  • Le Seinen, destiné aux hommes adultes ;
  • Le Josei, destiné aux femmes adultes (même classe d’âge que le seinen).

Après de mémoire il y a aussi :
le hentai ou « perversion » en japonais (manga porno interdits aux moins de 18 ans)
le yaoi (romances et récits érotiques sur les hommes homosexuels)
le yuri (intrigues basées sur les relations intimes entre filles, hétéro ou homo, sentimentale, amicale ou sexuelle)

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Coucou, je commente juste pour déplorer le nombre de Shojo très faible, j’ai l’impression qu’il n’y a que des Shonen…

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Alors justement, je me bagarre avec Manga Sanctuary parce que j’ai oublié mes identifiants de compte :expressionless: et je n’ai rien ajouté depuis juillet 2018 (aïe), depuis ma bibliothèque s’est fortement étoffée mais donc à la date de juillet 2018 ma collection était composée de :
Type / Nb de série / %
|Seinen|70|39.77|
|Shonen|63|35.8|
|Shojo|19|10.8|
|Kodomo|2|1.14|
|Ecchi-Hentai|1|0.57|

Bon j’ai essayé de trouver une photo propre et récente de chez mon libraire j’ai pas réussi, j’irai en prendre une pour montrer le « mur des shojo » qui n’est pas si modeste que ça ! Malgré le fait qu’il fasse le tiers du rayon à shonen. :sweat_smile:

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Après, sur la rareté des shojo, personnellement j’ai toujours trouvé qu’il y en avait bien assez mais que ça manquait de variété, je n’en lis pas beaucoup mais je les sélectionne avec soin, car je devine assez facilement ce qui va me plaire ou pas dans cette catégorie.
Si j’ai la foi, j’irai poster des synopsis sur « vos meilleurs manga » un de ces quatre, mais en gros voici ceux que j’ai lu et adoré :

  • Library Wars
  • La princesse et la bête
  • Bienvenue au club (des…)
  • Card Captor Sakura
  • Blue Spring Ride
    (Et plus
    secondairement de la même auteure :
  • Strobe Edge
  • Love be loved, leave be left

J’en ai lu d’autres mais je ne les recommanderais par forcément, même ceux que j’ai apprécié.

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Je vais garder ta liste dans ce cas pour essayer de lire ceux que tu proposes. J’ai eu un énorme coup de coeur pour Blue Spring Ride ! Merci !

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Si tu as aimé Blue Spring Ride, il faut lire Strobe Edge et Love be love et leave be left, c’est moins intense mais on reste vraiment dans le même univers. :purple_heart:

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Alors alors.

Comme l’a relevé Tracy (et ça avait aussi été étoffé dans un autre topic), on classe les manga selon une ligne éditoriale propre à la maison d’édition. Chaque maison d’édition choisit les genres qu’elle accepte de publier, et les auteurs viennent leur soumettre leurs œuvres (souvent à l’état d’ébauche avec quelques pages finies pour montrer le style) en espérant être choisis.

On a donc selon le public visé le kodomo (子供, enfant), le shônen (少年, garçon), le shôjo (少女, fille), le seinen (青年, jeune homme) et le josei (女性, femme) mais ce ne sont que de grandes classifications, un peu comme la SF qui peut regrouper de la science fantasy… :stuck_out_tongue:
On a aussi le seijin (成人, majeur) qui vise un public d’adultes, donc 18+, et qui englobe tout ce qui est manga érotique (plus communément appelé hentai (変態, perversion, transformation), qui désigne plus le contenu pornographique).

Mais au-delà de ça, vous avez des genres, une classification par genre littéraire et non par démographie visée. On a donc les gekiga (劇画, dessins comédiques – genre dramatique), le hentai sus-nommé, le mecha (メカ, une sorte de SF avec de gros robots genre Goldorak ou Evangelion), le nekketsu (熱血, littéralement « sang chaud », ça désigne surtout les récits initiatiques classiques des shônen type Naruto, Fairy Tail ou encore One Piece), mahô shôjo (魔法少女, « magical girl »), yaoi (やおい, romances homosexuelle entre deux hommes) et yuri (百合, romance homosexuelle entre deux femmes).

Vous voyez bien que l’univers du manga est très très vaste. Mais pourtant on retrouve surtout des shônen, et même des nekketsu, en tête des ventes.
Parmi les séries les plus vendues en 2021 au Japon on retrouveKimetsu no yaiba (« Demon Slayer » en Occident), One Piece et Jujutsu Kaisen. Sauf erreur de ma part, ce ne sont que des shônen nekketsu. :stuck_out_tongue:

J’ai cogité sur ce topic pendant le dîner, en fixant ma bibliothèque (qui ne représente qu’une maigre fraction des possessions de mon copain), et je lui ai demandé de me citer des titres de shônen qui n’ont RIEN du nekketsu. Et voici quelques titres :

Koe no katachi -- A Silent Voice

Rendu populaire par l’adaptation en film animé, ce manga en sept tomes nous raconte l’histoire de Shôya qui, étant enfant, avait harcelé une fille sourde qui avait été transférée dans sa classe. Isolé de ses amis qui l’ont abandonné à cause de son mauvais comportement, il décide de se racheter une fois plus âgé, au lycée, en retrouvant cette fille, Shôko, et en tentant de réparer le tort qu’il lui a causé.

Ce manga traite notamment du harcèlement, de la rédemption et du pardon.

Bakuman.

Pondu par Ôba Tsugumi et Obata Takeshi, les auteurs de Death Note ou du plus récent Platinum End, ce manga à portée autobiographique nous raconte l’histoire de deux lycéens, Moritaka et Akito, qui décident de devenir mangaka et de se faire publier dans le Jump, icône du manga shônen.

Cette série en vingt tomes nous montre sans trop romancer les histoires comment un auteur débutant peut devenir mangaka, et tout le parcours à suivre. Des premières ébauches à la publication, la galère de rester dans les séries les plus appréciées pour survivre, jusqu’aux galères financières lorsqu’il faut engager de plus grandes équipes pour rendre des pages en temps et en heure…

ReLife

À l’origine web-manga, c’est l’une des rares séries publiées en format papier et en couleurs. Elle a d’ailleurs aussi eu son succès grâce à une adaptation en série – deux saisons je crois bien.

Ici, on nous narre l’histoire d’Arata, un jeune homme qui approche de la 30aine et fait partie de cette catégorie de la population marginale qui n’a pas d’emploi. Il se contente de petits boulots étudiant, incapable de conserver un emploi de salary-man (fonctionnaire/employé de bureau standard), mais il sait très bien qu’il fonce dans un mur.
Il est alors approché par un certain Yoake Ryô, employé de l’entreprise « ReLife » qui permet aux personnes comme Arata de « revivre » une année d’étudiant afin de se reformer. Si l’expérience est un succès, à la fin de l’année il devrait pouvoir intégrer une entreprise comme un membre honorable de la société qui rentre dans le moule.
On voit alors la vie de lycéen du point de vue d’un adulte déjà un peu abîmé par la vie, dans un message un peu semblable au « carpe diem ».

Blue Flag

Allez celui-là c’est vraiment un coup de coeur, je ne peux pas ne pas en parler.

Encore une histoire de lycéens ; Taichi, notre protagoniste, est très proche de Tôma, son meilleur ami d’enfance et très populaire. Un jour abordé par une fille du nom de Futaba, il se charge alors de jouer l’entremetteur. Futaba, amoureuse de Tôma, souhaiterait vivre son histoire d’amour avec lui.
Sur fond d’angoisses d’adolescents, d’amour mais aussi un rapport à l’attirance sexuelle. Il y a plusieurs personnages ouvertement homosexuels, et le message du manga passe justement par cette acceptation ou non-acceptation de l’homosexualité d’autrui, les réactions que l’on peut avoir, et évidemment le tort que cela peut causer.

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Dans la même manière, on peut dire « les shôjo c’est que de la romance mielleuse avec des grands yeux bien trop ouverts et bien trop brillants » et je vous dirai que vous avez amplement tort.

Deux titres pour vous donner raison :

orange

Un peu dans la même ambiance que Blue Flag sus-nommé, orange est une de ces séries où on tente de faire passer un message, avec comme toile de fond le regret.

Ici notre protagoniste, Naho reçoit un matin une lettre… d’elle-même, et du futur. Dans cette lettre, la future elle lui raconte ce qui lui est arrivé : un nouvel élève transféré dans sa classe, et avec qui elle a fini par s’entendre, du nom de Kakeru, n’est plus en vie à l’époque où elle rédige cette lettre. Sans trop entrer dans les détails, elle lui demande de le sauver.
Sauf qu’elle n’est pas seule. Des six membres du groupe d’amis auquel elle appartient (avec ce nouvel élève), ils sont cinq à avoir reçu une lettre de leur soi du futur. Ensemble, ils vont chercher à sauver ce jeune faible psychologiquement, à la vie assez difficile, incertains de savoir s’ils vont y parvenir.

Life

Un vieux manga (le trait commence à dater) mais toujours aussi dur à lire. Life, c’est l’histoire de Ayumu, une collégienne standard, pas spécialement douée en cours, qui fait de son mieux pour intégrer le même lycée prestigieux que sa meilleure amie pour ne pas en être séparée. Sauf que Ayumu réussit, et pas son amie. Premier abandon ; « pourquoi toi tu y es parvenue alors que tu es nulle, et pas moi ? ».
Au lycée, tout va de mal en pis : Ayumu est victime de harcèlement scolaire car pas comme les autres, elle vient d’un collège pitoyable, elle n’est pas aussi socialement élevée que ses camarades… Allant jusqu’aux violences physiques, psychologiques, en passant par les automutilations et les tentatives de suicide, mais aussi les agressions sexuelles et tentatives de viol, ce manga montre jusqu’où certaines personnes peuvent aller pour en détruire d’autres, et comment les victimes peuvent s’en sortir dans un monde où on ne les écoute pas pour ne pas faire de vagues.

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Je vais m’arrêter là parce que j’en aurais encore beaucoup à dire sur les seinen et josei (je suis plus amatrice de la première personnellement :shushing_face:) mais j’espère que cela vous donnera une meilleure idée de la grande diversité des genres.

Disons que, avancer que dans le manga il n’y a que des shônen (ou même tout simplement des nekketsu) serait du même registre que de dire que dans la littérature française on n’a que des romans d’amour de Mussot.

Il faut se consoler en se disant que si ce sont ces titres-là qui ressortent le plus en librairie, c’est parce qu’ils ont leur petit succès.
N’hésitez surtout pas à vous renseigner auprès d’amateurs du genre, de libraires (surtout s’ils sont spécialisés en BD/manga comme Krazy-Kat à Bordeaux ou Bulle au Mans), et à suivre les réseaux sociaux des maisons d’édition !
À titre d’exemple, c’est en suivant le compte du Lézard Noir (maison d’édition très tournée vers le manga indépendant, presque inclassable, et romans graphiques – Elle ne rentre pas, celle de mon mari, les classiques de Tedzuka ou encore La Chenille pour ne citer que ces titres – et qui tire son nom de mon auteur favori, Edogawa Ranpo) que je suis tombée sur la série en quatre tomes Mauvaise herbe qui montre la réalité de la prostitution de mineures, des difficultés des travailleurs sociaux de sauver les jeunes de 15 ans et plus car bientôt majeurs, et la quasi impossibilité de sauver ces jeunes-là qui ne peuvent connaître mieux. Classée en seinen, elle n’a pourtant rien à voir avec Spirale de Ito Junji, lui aussi classé dans ce genre, à titre d’exemple… :stuck_out_tongue:

Avant d’avancer ces arguments, posez-vous cette question : est-ce que j’ai assez regardé les rayons pour me faire une idée sur ce genre ?
J’avoue que moi-même, avant qu’on ne me montre les dessous du manga, je pensais que shônen = nekketsu et basta, et que shôjo = romance et rien de plus.
En fait, il faut aller au-delà de la classification et tenter de se faire son propre avis ! :stuck_out_tongue:

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Ah ça c’est un bon post bien construit :blush:
Merci BakApple

Oui, les seinen c’est ce qu’il y a de mieux du moins c’est ce que je lis principalement et ce sont mes préférés, mais bon je suis vieille alors ceci explique cela.

J’ai dû googlé Bakuman car je ne me souvenais plus si c’était le manga sur les auteurs de manga (c’est le cas) ou le manga sur le jeu de Go (Hikaru No Go, pourtant c’est dans le titre… :sweat_smile:)

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J’ajoute ma référence perso qui est une puissance montante (mon conjoint ne jure que par eux ou « Bulle » au Mans justement :laughing: )
Bulle en Stock (Amiens) - ils sont sur tous les réseaux sociaux et font aussi de la vente en ligne.

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Hmhmmmm je reviendrais piquer dans ta liste avec les 2 en priorité!
:smiling_face_with_three_hearts: :smiling_face_with_three_hearts: :white_heart:

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Concernant la diversification, je suis plus mitigé, on va dire. Au vu de ma propre expérience et de l’évolution du marché depuis maintenant 30 ans, il y a deux phénomènes à prendre en compte :

  • l’entrée dans la vie active du lecteur : elle va souvent de paire avec une chute de la lecture par manque de temps, moyens ou de place. Et de la même manière que les gens vont se contenter d’acheter le dernier Astérix dans la BD franco-belge, la majorité va se contenter d’acheter le dernier shônen à la mode qu’il va en plus pouvoir partager avec ses enfants. Finalement, les gros consommateurs sont assez rares, moins de 5% des acheteurs et ce sont eux qui sont les plus exigeant et qui vont fouiller pour trouver les perles sorties par les auteurs. Genre « le Pavillon des Hommes » dont je n’ai entendu que du bien mais qui doit être assez méconnu et qui prend le concept d’une matriarchie avec les rôles complètement inversés.

  • le deuxième élément qui pose problème avec la diversité, c’est la (sur)production actuelle. Il devient extrêmement difficile pour une nouvelle série d’exister vu le turn-over de ces dernières. Même pour les personnes rompus à l’exercice depuis 30 ans, il devient impossible de tout suivre. Maintenant, quand une nouvelle série sort, au bout de deux semaines, si l’éditeur n’a pas lancé une grosse campagne de com’ pour cette dernière, elle va dégager des rayons, tout simplement pour question de place. Il faut laisser de la place pour les séries qui arrivent derrière. Et si ces séries ratent leur fenêtre, ça signifie qu’elles ne trouveront pas leur public et qu’elles seront peut-être arrêtées. En général, les éditeurs évitent d’arrêter une série en cours, mais bon… Ça fait longtemps que je n’ai pas vu les chiffres donc il y a probablement pas mal d’inexactitude (sans côté que le covid a rebattu les cartes dans l’industrie, mais les fours (c’est à dire des séries qui se vendent à moins de 500 exemplaires) sont quand même assez nombreux’ mais pas la majorité. Après il y a les séries à moins de 800 exemplaires, qui sont un peu mieux, mais ce n’est pas la joie. Ensuite les séries à 1200 exemplaires, qui sont « sauvables » ou qui sont à l’équilibre au moins. Les séries à 5000 exemplaires restent des valeurs sûres, avec un petit gain financier. Puis, un grand gap jusqu’aux locomotives à 100 000 exemplaires qui donnent l’impression d’être crésus et qui financent tout le reste.
    Et je ne pense pas exagérer en disant que 60 à 70% du catalogue d’un éditeur concerne des séries à 1200 exemplaires au moins. Des séries qui existent mais qui ne seront pas mises en avant parce que ça coûte cher une campagne de promo et en plus, c’est pas sûr qu’elle commence à ramener de l’argent après. Du coup, cette diversité est quelque part invisible sauf si on fouille dedans profondément. Ce dont la majorité des gens n’a ni le temps ni la passion pour le faire et vont donc acheter la série à la mode.
    Donc oui, la diversité existe et est déjà présente, mais son existence reste assez laborieuse. (bien pour ça que les éditeurs utilisent parfois d’autres méthodes, mais c’est un autre sujet)

Pour les shôjos, le problème, c’est que les « shojo-■■■■■■ » pour reprendre les termes d’une connaissance continue à se vendre par camions malgré leur manque d’originalité. En même temps, les autres expériences ont grave planté. Je pense par exemple à Yumi Tamura dont les séries n’ont pas passé les 500 exemplaires. Et pourtant, que ça soit Basara (dont la série française est maintenant recherchée par tout collectionneur qui se respecte) ou 7 Seeds, les deux sont des shôjos d’aventure assez épiques que je conseille de lire si on aime les récits d’aventure. ^^

Ceci-dit le côté positif, c’est que tout peut arriver et un genre s’installer. Comme par exemple le yaoï. Même si je ne suis pas le public cible, je n’aurai jamais cru qu’il aurait suffisamment de succès au point d’avoir sa propre maison d’édition dédiée. Dans le genre marché de niche qui a réussi, ça se pose là :smiley:

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Tiens le pavillon des hommes j’hésitais à les faire. Si tu as eu des bons retours je vais peut-être le décider…

Ça ne les gênait pas il y a quelques années… :sweat_smile:
Mon conjoint et moi on a eu quelques unes des séries avortées, en franco-belge comme en manga. Certains ont été réédités récemment comme Mermaid Forest et Pokémon la Grande Aventure mais du coup on se retrouve avec des doubles éditions dont les vieux sont invendables, alors à part prendre de la place sur l’étagère ou caler un meuble…

J’avais oublié ça tiens, pourtant mon libraire en a déjà parlé à mon conjoint une paire de fois, ça le gave bien d’ailleurs…

Côté shojo, j’ai fait l’erreur de ne pas suivre en « neuf » Le Pacte des Yokai qui a le mérite de sortir des sentiers battus. Résultat, certains tomes sont introuvables et les prix s’envolent à cause de ces gros en***és de spéculateurs. La série est si peu imprimée mais vise une niche tellement précise que les volumes ne se retrouvent jamais sur le marché de l’occasion. :disappointed_relieved:

Alors concernant le yaoï comment dire, ce n’est pas trop ce que j’espérais arriver en priorité. :rofl:
D’ailleurs si quelqu’un a un bon yaoï a me recommandé je veux bien (un truc pas trop cucul, pas trop cliché, pas trop porno… Et moins tranche de vie que « je crois que mon fils est gay »)

Tu travailles dans l’édition ou en librairie pour savoir tout ça ?

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Effectivement, dans le style, j’en ai entendu du bien du Pacte des Yokaïs. Et aussi beaucoup de mal du côté aléatoire des sorties de ces derniers…
Pour le Pavillon, le dernier tome vient de sortir d’ailleurs. L’autrice a aussi fait des yaoï, aucune idée s’ils les ont sortis en France d’ailleurs.
La valeur sûre en yaoï est probablement Banana Fish qui était réédité ces temps-ci de mémoire. Par contre, c’est vraiment pas standard, vu que ça se passe dans le New York des années 50/60 dans le milieu de la mafia. Y’a pas beaucoup de sexe de mémoire et au vu de la situation, ça reste quand même assez violent. Mais rien à voir avec le yaoï standard.
Je me souviens aussi de « l’infirmerie après les cours », un des premiers sortis et qui avait eu bonne presse, mais aucune idée de sa qualité par rapport à la production actuelle.

Pour les arrêts de série, il faut quand même prendre en considération que ça reste un constat d’échec pour un éditeur. Donc c’est rarement de gaieté de cœur qu’ils le font, vu qu’en général, ce sont des séries qu’ils ont envie qu’elles marchent vu qu’ils les aiment tout simplement. Bon, après, des fois, les éditeurs se retrouvent aussi des séries qu’ils ne veulent pas, mais pas le choix de les publier car c’est dans le package fourni par les japonais (« Tiens, tu peux prendre cette série, mais en même temps, tu me prends ces trois autres à la qualité moindre »).
Bref des fois, ils abandonnent (coucou, Karakuri Circus), des fois, ils s’acharnent et ça marche (coucou Dorohedoro(punaise, est-ce que j’ai d’ailleurs acheter les derniers tomes :o )).
Les arrêts de série sont aussi dus au fait que le marché continue à exploser et n’arrive toujours pas à se stabiliser avec toujours plus d’éditeurs et de sorties sur le marché.

Après, je préfère préciser, mes chiffres ne sont peut-être plus bons vu qu’ils commencent à dater. Et en plus, la croissance du marché est grande donc ça doit bouger pas mal. Sans compter les budgets com’ qui ont explosé (y’a eu un article sur le sujet y’a pas longtemps avec l’affiche géante de Kaijiu 8 mise sur la BNF (?) ).

Et non, je ne travaille pas dans ce milieu. En fait, c’est juste que je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit, quand le manga lui-même commençait sa vie en France. Et après le net est arrivé. Et pis, j’ai écrit des critiques. Et pis j’ai blogué (mon blog doit toujours vivoter dans un coin d’ailleurs XD). Vu les guerres liées au scantrad. Et pis, j’ai échangé sur les forums. Pendant 30 ans.

Forcément, à l’origine, le cercle de passionnés était petit, surtout à ses débuts, et tout le monde s’est connu plus ou moins (j’avais quand même un train de retard par rapport aux tout premiers plus vieux que moi, j’ai été dans le cercle d’après :stuck_out_tongue: ). Par exemple, tous les éditeurs de collection traînaient sur un même forum à un moment donné. Je suis arrivé sur ce forum un peu après la grande époque, et du coup, c’était devenu un forum plus ou moins « d’élites ». Avec des attentes plus larges que le simple manga mainstream du moment. Et des éditeurs qui passaient parfois défendre leurs éditions car dit élites, dit casse-■■■■■■■ qui connaissent leurs sujets :smiley:
C’est moins le cas maintenant. Le forum est toujours vivant ceci-dit, même si bien plus calme. Et mourant lentement ^^"
Mais y’a encore des infos qui passent de temps en temps. Ou j’ai gardé des connaissances parmi les traducteurs/lettreurs qui fréquentaient ce forum. Ce qui est une source d’infos :smiley:
Le forum est là : http://www.forum-mangaverse.net/
Il y avait aussi le site du9 quii sortait une numérologie sur le manga qui permettait d’avoir une vision de l’évolution du marché ( numérologie | Résultats de recherche | du9, l'autre bande dessinée ). Je ne pense pas qu’il en fasse encore (ah si, ça lui arrive, il parle du shojo là : Marché: la réalité du shôjo | du9, l'autre bande dessinée Attention, c’est long à lire :smiley: ).
Après, c’est une question de logique. Plus tu t’investis dans un turc, plus tu vas connaître des gens, plus tu auras d’infos, et au final, les plus hauts cercles où sont toutes les informations sont finalement assez petits.

Bref, toutes mes connaissances sont le résultat d’échanges de 30 ans sur une même passion en fait ^^

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Mon conjoint les a et les lit en ce moment, j’avais pas percuté que c’était du yaoï :sweat_smile:
En plus on nous a déjà spoilé la fin… (Merci le collègues de mon conjoint.)

Comme tous les forum il me semble… :disappointed_relieved:
La faute aux réseaux sociaux et aux autres modes de communication pourtant moins bien organisés (je fais aussi de la résistance anti-discord).

Merci pour les liens et les infos. :slightly_smiling_face:
L’an dernier j’ai peiné à trouver ce type d’informations sur les manga, enfin les trouver « sourcées » et fiables (Avec deux collègues, on va publier les actes d’un colloque sur la bande-dessinée historique et on a dû réécrire quasi-intégralement l’un des articles soumis par une étudiante sur le voyage dans le temps dans les mangas. Or il manquait des sources basiques, sauf qu’aucune de nous n’est spécialiste de la question, j’ai dû me démer... credi avec mes rares livres sur le sujet et mon ami google. Pour l’introduction de l’ouvrage aussi j’avais besoin de certains chiffres sur les ventes de BD et de manga qui étaient durs à trouver.)

Je reste bluffée par tes connaissances, même si je comprends beaucoup mieux après ton explication. Perso, j’écoute surtout ce que me racontent mes libraires, ils sont très investis mais je n’écoute que d’une oreille et ma mémoire est plus que sélective.

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Ah ben au moins, on peut dire que vous avez bon goût dans votre couple :smiley:

Pour ce qui est des ventes, oui, c’est la croix et la bannière pour avoir des informations. Les éditeurs font pas mal de rétention sur le sujet pour diverses raisons (la concurrence, cacher l’échec et ne pas annoncer les chiffres ahurissants des pilonnages, etc…). Alors certes, les chiffres des tirages donnent déjà une estimation, mais le problème, c’est que ça n’est pas forcément représentatif. Donc il y a toujours un flou maintenu sur le sujet.
Pour les numérologies de du9, il se base en général sur gfk mais, comme il le signale, ce n’est pas forcément exhaustif. Et il faut payer qui coûte cher de ce que j’en sais.
Les vrais chiffres de vente, j’ai vraiment l’impression que c’est un gros tabou dans le monde de l’édition.

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Alors effectivement, je suis choquée de la rareté des shojo. :scream:
Sur la photo : étagère de droite et moitié de celle de gauche.
Après avoir fait le tour de la boutique, le rayon seinen s’est énormément étoffé (tant mieux), le rayon yaoï s’est bien allongé aussi mais sans commune mesure avec le seinen.

Niveau shonen, ce qui m’a frappé ce n’est pas tant le nombre de séries que la longueur… Le plus gros pan de mur de la salle est réservé au shonen « longs ». Mazette… Je connaissais le phénomène pour Naruto, One Piece et Dragon Ball (et Detective Conan) mais visiblement il y en a beaucoup d’autres qui se lâchent.

Je reste un peu sur le c*l car il y a dix ans, il y avait beaucoup moins de séries publiées mais j’avais l’impression que les shojo étaient plus nombreux (en % par rapport aux shonen).
Je pense aussi qu’il doit y avoir des séries épuisées en shojo.

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Le shôjo est victime de sa « mauvaise » réputation (ie, ce ne sont que des histoires à l’eau de rose lycéennes) au point que si un shôjo sort de ce schéma, les éditeurs vont probablement essayer de le ranger dans un seinen (même si les RS se plaindront de la même chose, avec au final peu de résultats). Et même si le shôjo est bon, c’est assez rare qu’il y ait un gros plan de com’ pour le soutenir car de toute façon, ça ne se vendra jamais autant qu’un shônen. Je veux dire, je doute même Fruits Basket et Nana qui doivent être un peu le mètre-étalon dans ce genre (ah tiens, et Sailor Moon, comment j’ai pu oublier Sailor Moon !) ont des ventes qui ne rivalisent pas avec les shônens.

Sans compter que les shôjos continuent à valider une place de la femme assez pourrie au sein de la société (être bonne cuisinière, ne songer qu’à se marier, des relations sexuelles non consenties mais c’est pas grave parce que je l’aime et il m’aime) ce qui est de moins en moins dans l’air du temps dans les sociétés occidentales, ça creuse petit à petit son tombeau. Sauf grand retournement, je ne parierai pas sur l’existence d’une catégorie shôjo dans 20 ans perso.

Pour la longueur des shônens, ils tirent probablement plus sur la corde que pour les shôjos clairement. Tant que ça se vend, ça se vend. Après, les shôjos ont aussi une timeline plus réaliste où le temps passe. Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà vu 50 jours de Saint Valentin dans la même histoire (à part Ranma 1/2 ou des shônens comiques lycééens où ils remontent le cours du temps/ratent leurs examens pour redoubler encore une année). Du coup, une fois que les 3 ans lycéén sont passées, ben, c’est fini…Et 3 ans, ça peut être cours ^^"

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Ah ! Je rebondis sur ce que tu dis sur la place de la femme, car en shōnen je trouve que ce n’est guère mieux, voire pire !

Déjà, tu as les harem manga, avec un héros (pour ne pas dire un anti-héros), le japonais lambda un peu loser et paumé pas très beau, qui se retrouve courtiser par 5 à 50 nanas avec des seins énormes et des fesses sublimes dont certaines sont chanteuses, actrices, femmes de milliardaires, j’en passe et des meilleurs… Oui c’est à toi que je cause Ken Akamatsu !

Ensuite, tu as le classique Dragon Ball et plus récent Naruto + Boruto. Dans Naruto, la place des filles est ambiguë, la principale figure féminine Sakura est très girly et insignifiante au début, puis elle se transforme en bête de combat à la Tsunade (qui est d’une puissance inouïe mais moins qu’Oroshimaru et Jiraya ses coéquipiers et qui en plus est vieille fille). Et jusqu’à l’âge adulte elle reste une figure de Pénélope (la femme d’Ulysse) attendant le retour de Sasuke… (Oh my god Sasuke… KELOM.)
Hinata est une insulte à la gente féminine, mais mais mais il y a Temari ! Et alors Temari elle défonce tout et elle se tape le seul mec avec un cerveau de toute la série et elle le tient par la b… Bref.
Tu bascules dans Boruto et là toutes les femmes les plus hardcore de la série de base sont devenues femmes au foyer, même Temari qui était pourtant soeur du Kazekage, espionne, diplomate en terre étrangère etc. Au secours… :sob: :sob: :sob: :sob:
Le modèle patriarcal japonais dans toute sa splendeur qui existe déjà dans DB, si tu es une femme, soit tu t’occupes de ta famille et tu fermes ■■■■■■■■■, soit tu te consacres à ta carrière et tu dois être l’égale d’un homme (mais tu restes qu’une sale femelle quand même) et renoncer à fonder une famille. Youpi…
Et c’est ça qu’on montre aux enfants occidentaux, notamment dans les classes populaires où parfois le modèle maman cuisine et papa picole des bières devant fifa est encore bien actif.

Donc bon après on peut taper sur le shojo et Blanche-Neige et France Télévision peut bien faire des dessins-animés made in France avec des filles et des personnages non stéréotypé et non genré, j’pense pas que les gens aient bien pigé le fond du problème. :sweat_smile:
Et comme tu dis les éditeurs suivent le mouvement puisqu’eux tout ce qu’ils doivent faire c’est vendre.

Résultat tu te retrouves avec des yaoï qui supplantent les shojo, je trouve ça encore pire en matière de misogynie : la femme n’existe plus du tout dans les histoires. C’est comme revenir à l’époque où même au théâtre (greco-romain) les personnages féminins étaient joués par des hommes… :expressionless:

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