Alors alors.
Comme l’a relevé Tracy (et ça avait aussi été étoffé dans un autre topic), on classe les manga selon une ligne éditoriale propre à la maison d’édition. Chaque maison d’édition choisit les genres qu’elle accepte de publier, et les auteurs viennent leur soumettre leurs œuvres (souvent à l’état d’ébauche avec quelques pages finies pour montrer le style) en espérant être choisis.
On a donc selon le public visé le kodomo (子供, enfant), le shônen (少年, garçon), le shôjo (少女, fille), le seinen (青年, jeune homme) et le josei (女性, femme) mais ce ne sont que de grandes classifications, un peu comme la SF qui peut regrouper de la science fantasy… 
On a aussi le seijin (成人, majeur) qui vise un public d’adultes, donc 18+, et qui englobe tout ce qui est manga érotique (plus communément appelé hentai (変態, perversion, transformation), qui désigne plus le contenu pornographique).
Mais au-delà de ça, vous avez des genres, une classification par genre littéraire et non par démographie visée. On a donc les gekiga (劇画, dessins comédiques – genre dramatique), le hentai sus-nommé, le mecha (メカ, une sorte de SF avec de gros robots genre Goldorak ou Evangelion), le nekketsu (熱血, littéralement « sang chaud », ça désigne surtout les récits initiatiques classiques des shônen type Naruto, Fairy Tail ou encore One Piece), mahô shôjo (魔法少女, « magical girl »), yaoi (やおい, romances homosexuelle entre deux hommes) et yuri (百合, romance homosexuelle entre deux femmes).
Vous voyez bien que l’univers du manga est très très vaste. Mais pourtant on retrouve surtout des shônen, et même des nekketsu, en tête des ventes.
Parmi les séries les plus vendues en 2021 au Japon on retrouveKimetsu no yaiba (« Demon Slayer » en Occident), One Piece et Jujutsu Kaisen. Sauf erreur de ma part, ce ne sont que des shônen nekketsu. 
J’ai cogité sur ce topic pendant le dîner, en fixant ma bibliothèque (qui ne représente qu’une maigre fraction des possessions de mon copain), et je lui ai demandé de me citer des titres de shônen qui n’ont RIEN du nekketsu. Et voici quelques titres :
Koe no katachi -- A Silent Voice
Rendu populaire par l’adaptation en film animé, ce manga en sept tomes nous raconte l’histoire de Shôya qui, étant enfant, avait harcelé une fille sourde qui avait été transférée dans sa classe. Isolé de ses amis qui l’ont abandonné à cause de son mauvais comportement, il décide de se racheter une fois plus âgé, au lycée, en retrouvant cette fille, Shôko, et en tentant de réparer le tort qu’il lui a causé.
Ce manga traite notamment du harcèlement, de la rédemption et du pardon.
Bakuman.
Pondu par Ôba Tsugumi et Obata Takeshi, les auteurs de Death Note ou du plus récent Platinum End, ce manga à portée autobiographique nous raconte l’histoire de deux lycéens, Moritaka et Akito, qui décident de devenir mangaka et de se faire publier dans le Jump, icône du manga shônen.
Cette série en vingt tomes nous montre sans trop romancer les histoires comment un auteur débutant peut devenir mangaka, et tout le parcours à suivre. Des premières ébauches à la publication, la galère de rester dans les séries les plus appréciées pour survivre, jusqu’aux galères financières lorsqu’il faut engager de plus grandes équipes pour rendre des pages en temps et en heure…
ReLife
À l’origine web-manga, c’est l’une des rares séries publiées en format papier et en couleurs. Elle a d’ailleurs aussi eu son succès grâce à une adaptation en série – deux saisons je crois bien.
Ici, on nous narre l’histoire d’Arata, un jeune homme qui approche de la 30aine et fait partie de cette catégorie de la population marginale qui n’a pas d’emploi. Il se contente de petits boulots étudiant, incapable de conserver un emploi de salary-man (fonctionnaire/employé de bureau standard), mais il sait très bien qu’il fonce dans un mur.
Il est alors approché par un certain Yoake Ryô, employé de l’entreprise « ReLife » qui permet aux personnes comme Arata de « revivre » une année d’étudiant afin de se reformer. Si l’expérience est un succès, à la fin de l’année il devrait pouvoir intégrer une entreprise comme un membre honorable de la société qui rentre dans le moule.
On voit alors la vie de lycéen du point de vue d’un adulte déjà un peu abîmé par la vie, dans un message un peu semblable au « carpe diem ».
Blue Flag
Allez celui-là c’est vraiment un coup de coeur, je ne peux pas ne pas en parler.
Encore une histoire de lycéens ; Taichi, notre protagoniste, est très proche de Tôma, son meilleur ami d’enfance et très populaire. Un jour abordé par une fille du nom de Futaba, il se charge alors de jouer l’entremetteur. Futaba, amoureuse de Tôma, souhaiterait vivre son histoire d’amour avec lui.
Sur fond d’angoisses d’adolescents, d’amour mais aussi un rapport à l’attirance sexuelle. Il y a plusieurs personnages ouvertement homosexuels, et le message du manga passe justement par cette acceptation ou non-acceptation de l’homosexualité d’autrui, les réactions que l’on peut avoir, et évidemment le tort que cela peut causer.
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Dans la même manière, on peut dire « les shôjo c’est que de la romance mielleuse avec des grands yeux bien trop ouverts et bien trop brillants » et je vous dirai que vous avez amplement tort.
Deux titres pour vous donner raison :
orange
Un peu dans la même ambiance que Blue Flag sus-nommé, orange est une de ces séries où on tente de faire passer un message, avec comme toile de fond le regret.
Ici notre protagoniste, Naho reçoit un matin une lettre… d’elle-même, et du futur. Dans cette lettre, la future elle lui raconte ce qui lui est arrivé : un nouvel élève transféré dans sa classe, et avec qui elle a fini par s’entendre, du nom de Kakeru, n’est plus en vie à l’époque où elle rédige cette lettre. Sans trop entrer dans les détails, elle lui demande de le sauver.
Sauf qu’elle n’est pas seule. Des six membres du groupe d’amis auquel elle appartient (avec ce nouvel élève), ils sont cinq à avoir reçu une lettre de leur soi du futur. Ensemble, ils vont chercher à sauver ce jeune faible psychologiquement, à la vie assez difficile, incertains de savoir s’ils vont y parvenir.
Life
Un vieux manga (le trait commence à dater) mais toujours aussi dur à lire. Life, c’est l’histoire de Ayumu, une collégienne standard, pas spécialement douée en cours, qui fait de son mieux pour intégrer le même lycée prestigieux que sa meilleure amie pour ne pas en être séparée. Sauf que Ayumu réussit, et pas son amie. Premier abandon ; « pourquoi toi tu y es parvenue alors que tu es nulle, et pas moi ? ».
Au lycée, tout va de mal en pis : Ayumu est victime de harcèlement scolaire car pas comme les autres, elle vient d’un collège pitoyable, elle n’est pas aussi socialement élevée que ses camarades… Allant jusqu’aux violences physiques, psychologiques, en passant par les automutilations et les tentatives de suicide, mais aussi les agressions sexuelles et tentatives de viol, ce manga montre jusqu’où certaines personnes peuvent aller pour en détruire d’autres, et comment les victimes peuvent s’en sortir dans un monde où on ne les écoute pas pour ne pas faire de vagues.
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Je vais m’arrêter là parce que j’en aurais encore beaucoup à dire sur les seinen et josei (je suis plus amatrice de la première personnellement
) mais j’espère que cela vous donnera une meilleure idée de la grande diversité des genres.
Disons que, avancer que dans le manga il n’y a que des shônen (ou même tout simplement des nekketsu) serait du même registre que de dire que dans la littérature française on n’a que des romans d’amour de Mussot.
Il faut se consoler en se disant que si ce sont ces titres-là qui ressortent le plus en librairie, c’est parce qu’ils ont leur petit succès.
N’hésitez surtout pas à vous renseigner auprès d’amateurs du genre, de libraires (surtout s’ils sont spécialisés en BD/manga comme Krazy-Kat à Bordeaux ou Bulle au Mans), et à suivre les réseaux sociaux des maisons d’édition !
À titre d’exemple, c’est en suivant le compte du Lézard Noir (maison d’édition très tournée vers le manga indépendant, presque inclassable, et romans graphiques – Elle ne rentre pas, celle de mon mari, les classiques de Tedzuka ou encore La Chenille pour ne citer que ces titres – et qui tire son nom de mon auteur favori, Edogawa Ranpo) que je suis tombée sur la série en quatre tomes Mauvaise herbe qui montre la réalité de la prostitution de mineures, des difficultés des travailleurs sociaux de sauver les jeunes de 15 ans et plus car bientôt majeurs, et la quasi impossibilité de sauver ces jeunes-là qui ne peuvent connaître mieux. Classée en seinen, elle n’a pourtant rien à voir avec Spirale de Ito Junji, lui aussi classé dans ce genre, à titre d’exemple… 
Avant d’avancer ces arguments, posez-vous cette question : est-ce que j’ai assez regardé les rayons pour me faire une idée sur ce genre ?
J’avoue que moi-même, avant qu’on ne me montre les dessous du manga, je pensais que shônen = nekketsu et basta, et que shôjo = romance et rien de plus.
En fait, il faut aller au-delà de la classification et tenter de se faire son propre avis ! 