Je m’étais inscrite sur Insta en 2018 pour commenter et puis j’ai fini par alimenter ma propre page. Je faisais de longs textes pour parler de livres que j’aimais, et que je prenais en photo dans mon appartement comme je pouvais. Pas de mises en scène façon « bookstagram », que la photo des livres en question, brutes (c’était déjà bien saoulant, alors perdre du temps à faire de belles photos, non merci). Et je ne parlais que de bouquins que (presque) plus personne ne lisait, pas de romans contemporains, mais apparemment c’était ringard. Un jour, je me suis étonnée de voir que le bas inférieur gauche de mes photos était toujours flou. Ça faisait quelques années que j’avais ce téléphone, mais je ne faisais jamais de clichés avec en dehors de ça, donc je ne comprenais pas ce qui se passait. C’est seulement après un examen attentif que… je me suis rendue compte qu’un cache plastique transparent recouvrait l’objectif depuis tout ce temps. Championne ! 
J’avais toutefois gagné 2 abonnées, des dames très sympathiques avec qui nous partagions les mêmes goûts littéraires et discutions par commentaires interposés. Mais j’ai quand même fini par supprimer mon compte, car tout cela me paraissait épuisant et sans intérêt, et à voir les superbes photos des autres qui paraissaient refléter une vie parfaite, j’en avais constaté les effets délétères sur ma santé mentale.
Bref, j’ai fait un four sur Instagram, et ça me fait toujours autant marrer
. Y’avait rien qu’allait : les longs textes avec des photos pourries alors que sur Insta, c’est le visuel qui compte avant tout ; la mise en avant de vieux romans poussiéreux ; pas de selfie pour remonter dans l’estime des algorithmes (puisque apparemment, ces derniers sont réglés pour mettre surtout en avant les visages), sauf les bobines que j’affichais d’auteurs morts depuis longtemps et pas très « bookstagrammables » (« Mate la grosse tronche de bourrin de Léon Bloy, hum, sexy non ? Oh, et un autre moustachu très séduisant, regarde, c’est Nietzsche ! ») 
Une expérience intéressante a quand même été d’aller consulter les profils des gens qui laissaient des likes sur mes publications. Ils étaient de toutes nationalités et de tous pays (oui car j’avais quand même quelques likes, faut pas tout voir en noir
), et je me demandais s’ils savaient vraiment de quoi je parlais (j’écrivais en français, ce qui ne veut rien dire bien sûr, il y a des francophones partout, et les traducteurs étaient déjà bien performants à l’époque), et si cela les intéressait réellement. Un jour, un Jamaïcain manifestement très fier de son pays a liké… ma critique de L’Auberge de la Jamaïque, un roman de Daphné du Maurier qui n’a rien à voir avec la choucroute et se passe dans les Cornouailles. Je pense qu’il aura été dupé par les hashtags « JamaicaInn », le titre original. Ça m’avait marquée quand j’étais allée voir son profil, car tout parlait de la Jamaïque, mais rien n’indiquait qu’il connaissait Daphné du Maurier, ou même qu’il aimait la littérature en général et connaissait le français.
Mais le pire reste mon expérience sur DeviantArt, à peu près en même temps… un véritable cirque où l’on pensait alors plus à s’échanger des badges de lamas albinos pixellisés qu’à réellement parler d’art.
De vraies clowneries ces RS, avec des codes sociaux à suivre tout à fait absurdes pour caracoler en tête des classements. 
Édit : mais le Maître Yoda en haricot avec le jeu de mots est très bien fait, ça donnerait presque envie de se réinscrire.