Salut,
Puisqu’on parle d’Écriture de King, je viens mettre mon grain de sel
Oui, mais (à mon avis) seulement lorsque l’on connaît l’autre langue et/ou que l’on sait que les problèmes sont similaires, dans les deux langages.
En anglais et en français, les problèmes d’adverbes, ou plutôt le problème de la mauvaise utilisation des adverbes, semble être un peu près le même.
Voilà ce que dit Stephen King (le paragraphe réellement pertinent, pas celui qui se retrouve immanquablement sur les réseaux sociaux) :
« Prenons la phrase : Il referma brutalement la porte. Phrase qui n’a rien de bien terrible (mis à part qu’elle emploie la voix active*), mais demandons-nous si brutalement a bien sa place ici. On peut faire remarquer qu’il exprime une différence de degré entre Il referma la porte et Il claqua la porte. Je veux bien. Mais… et le contexte ? Que faites-vous de toute la prose qui précède et éclaire les choses (pour ne pas dire qu’elle nous a peut-être aussi émus) avant qu’on en arrive à : Il referma brutalement la porte ? Ne devrait-on pas déjà savoir comment notre héros va refermer la porte ? Si ce qui précède nous éclaire, brutalement n’est-il pas de trop ? N’est-ce pas redondant ? »
À noter que King admet utiliser des adverbes lui-même.
« Quand je me livre à ce péché, c’est en général pour la même raison que mes collègues écrivains : parce que j’ai peur que sinon, le lecteur ne me comprenne pas. »
Pour finir sur les adverbes en ce qui me concerne, je trouve qu’ils alourdissent le style façon baleine sur une remorque et je les traque parfois jusqu’à en devenir parano. (j’en suis à vouloir virer des mots comme « mouvement », c’est grave !)
*Au sujet de la voix passive, King n’aime pas ça (moi non plus, j’essaie de l’éviter).
Je ne vais pas recopier tout le paragraphe, mais une phrase qui passe : « Le corps fut transporté depuis la cuisine et déposé sur un sofa ».
Même s’il vaut mieux : « Freddy et Myra transportèrent le corps jusque dans le salon et l’installèrent sur le sofa » (parce que je cite : « Pourquoi faudrait-il que le corps soit le sujet de la phrase, d’ailleurs ? Il est mort, bonté divine ! »).
Au passage, l’élément qui me paraît essentiel à noter, le vrai conseil utile que vous donne King dans ces paragraphes (sur la forme passive et les adverbes) : ne soyez pas timide. Écrivez ce que vous voulez dire, de front, sans détour.
Je tiens, pour finir là-dessus, à préciser que Écriture est plus une autobiographie (où l’auteur parle de son rapport à l’écriture) qu’un sacro-saint « guide ».
Maintenant, il y a des problèmes que l’on rencontre en français qui ne le sont pas tant en anglais a.k.a la répétition de « dit » et du prénom (des protagonistes).
« […] s’il est humain de déposer des adverbes le long des phrases, écrire dit-il/dit-elle est divin. » (Stephen King, au cas où vous ne l’auriez pas deviné)
Les anglais utilisent beaucoup “he said/she said” (en tout cas plus que nous) est force est de constater que ça ne m’a jamais posé problème.
Autre chose qui est considéré comme une répétition, là encore pour une raison qui m’échappe, c’est les prénoms. J’en venais parfois à employer des dénominations assez improbables alors qu’encore une fois, un prénom répété ne m’a jamais dérangé (dans ma lecture en anglais).
Du coup, j’essaie de réintroduire ces deux éléments. Sans que cela devienne trop, entendons-nous bien.
Petit aparté, je plaide coupable sur « faire » et « lâcher » en tant que verbe de dialogue. Ils me font marrer. Dans ma tête, le premier est l’équivalent de « dire sur un ton arrogant » et le deuxième « dire sur un ton nonchalant » (je ne dois les utiliser que dans ces cas précis). Alors, je pourrais mettre « dit-il sur un ton nonchalant » mais il y a de grande chance que la phrase prononcée par le personnage soit déjà nonchalante, alors un « lâcha-t-il » convient très bien
Sinon dans les choses que j’évite, je peux ajouter l’emploi trop fréquent de être et avoir (plus d’un être et avoir par paragraphe me donne de l’urticaire).
Les expressions (type, mettre son grain de sel), j’évite de les employer au premier degré. Ou alors, seulement dans un dialogue. Au second degré, cela dit, souvent, je les emploie mal. Ce qui m’amène au point qui, personnellement, m’exaspère le plus dans mon écriture : les vannes, les références ou les deux, que personne n’a (à part moi). C’est marrant à écrire, mais à relire, c’est ce qu’il y a de plus cringe, ça me donne envie de jeter mon PC par la fenêtre et d’arrêter d’écrire sur le champ. (c’est une sorte de tic d’écriture dont j’ai un mal fou à me débarrasser).
Aussi, (ça recoupe le passage sur les adverbes) j’essaie d’enlever tout mot inutile. Pour moi, un style agréable (à lire)(à noter que ça peut avoir un rapport avec le fait que je sois dyslexique), c’est un style simple, clair et précis.
Pour finir, un truc agaçant, propre à la Science-Fiction : l’emploi abusif de termes techniques. C’est lourd, c’est cringe, surtout quand ça consiste à coller « électromagnétique » partout, ou de préciser que tel appareil est fait en tel matériau et ça me fait une belle jambe de le savoir, si tu ne me donnes pas les propriétés spécifiques de ce matériau ou pourquoi on a choisi celui-ci plutôt qu’un autre.
J’ai pas vraiment de solution pour ça, j’essaie d’employer des termes vagues, mais ça entraîne pas mal de répétitions et surtout d’approximations. J’ai essayé la tactique « faire des recherches (scientifiques et très sérieuses) », mais (même avec une formation de base), je comprends rarement ce que je lis…
Du coup, je tente de m’en tenir aux termes du fandom (malgré les « électromagnétiques »).
(cela dit, admettons qu’un petit inversement de la polarité, c’est toujours drôle, non ? )
Mais, in fine, quand je me relis, j’essaie de lâcher du lest et de me contenter d’une phrase qui sonne pas trop mal, tout en étant grammaticalement correcte.