Les expressions qu'on refuse d'employer

Eh, je suis pénible avec mes sujets prise de tête, mais j’y réfléchissais en lisant la réponse d’Oldie dans un autre sujet sur le passé du subjonctif (oui, lancé par moi aussi, désolée) : y a-t-il des mots ou expressions que vous éliminez d’office de vos histoires parce que vous estimez que c’est moche / lourd / inintéressant ou que sais-je encore ? Oldie mentionnait « malgré le fait que » (et j’étais d’accord avec elle). Je sais que certains auteurs traquent impitoyablement les adverbes (ce n’est pas mon cas et je sais que c’est un tort)… Avez-vous des tournures abhorrées, des mots détestés ? En vous relisant, y a-t-il des tics de langage que vous éliminez parce que vous les jugez répétitifs ? Je suis curieuse…

12 « J'aime »

Oui je crois avoir déjà vu que les adverbes étaient à proscrire mais je ne crois pas que ce soit un problème de mon côté (j’utilise beaucoup d’adjectifs cependant).

Ce qui m’embête le plus, c’est la façon de parler du regard. J’ai l’impression d’utiliser « regarder », « observer », « analyser » ou « détailler » une bonne vingtaine de fois par histoire.

11 « J'aime »

Bonjour bonjour.

Un petit témoignage sur ce thème des expressions qu’on refuse d’employer dans les fictions :
L’univers de Tolkien est construit pour « nourrir » les langues qu’il a inventées. Par conséquent, j’évite quand c’est possible les termes qui évoquent des concepts trop ancrés dans notre monde, qui parasitent les images propres à la Terre du Milieu.

1- Bien entendu, les termes modernes ou ayant revêtu une acception qui nous renvoie à la modernité. C’est notamment le cas des anglicismes du monde professionnel ou des réseaux sociaux : manager, buzz, etc.

2- Les termes qui rappellent la mythologie ou la culture gréco-romaine, qui vient téléscoper le monde des légendes nordiques propres à Tolkien : jovial, martial, vénérer, méandre, aphrodisiaque, mentor, académie, muse, boréal, éphèbe, nectar, dédale, charisme, faune/flore, pactole, furie, harmonie, mégère, etc.
Au passage, etc. lui aussi m’est proscrit (et caetera).
Bien sûr, si en Terre du Milieu on peut surement se passer de nymphomane ou érotique, il me faut faire un effort pour contourner les termes apparamment innocents que sont volcan, les jours de la semaine, titanesque/gigantesque, fortune, etc.

3- Par ailleurs j’évite autant que possible les références à la culture judéo-chrétienne, dans son volet sémantique religieux. En effet, la religion est présente en Terre du Milieu, mais sans aucune structure sociale ou institution officielle. Alors j’essaie d’éviter hérésie, péché, prophète, anathème, orthodoxe, église, etc.
Mais comment contourner foi, profaner, providence, grâce ?

Si cela vout intéresse, voici un topo sur les expressions françaises issues de la mythologie.

11 « J'aime »

« piper mot. », moi, c’est ça l’expression que je déteste.

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il avait une erreur fréquente à un certain moment : utiliser le verbe piper en tant que synonyme de dire :
« blablabla… » pipa-t-elle d’une voix douce. :face_with_monocle:
Et que dire si le récit est au présent …
pipe-t-elle.
Ou pire, elle pipe : « balblabla ».
Perso, je trouve ça vilain.

Effet de mode ? ou alors je suis trop psychorigide ? mais le cnrtl est d’accord avec moi et piper signifie : truquer ou crier comme un oiseau (en gros) (source : par là). Et à un moment, croyez moi ou pas, j’avais l’impression de ne lire que ça.

Du coup, j’évite soigneusement l’expression « piper mot » … Elle me … brrrrr Même utilisée à bon escient … brrr. :rofl:
Mais c’est pas grave, hein, je me soigne ^^. Je me suis même forcée à la casée dans une de mes histoires…

@HawthorneAbendsen
admirer
épier
étudier
aviser
bigler
considérer
contempler
dévisager
examiner
fixer
guigner
inspecter
inventorier
juger
lorgner
mater
rechercher
reluquer
remarquer
scruter
toiser
vérifier
viser
visionner
:wink:

12 « J'aime »

Eh bien merci beaucoup @Angel-Dust ! Tu es toujours de bon conseil. :sweat_smile: J’irai piocher des mots ici quand j’aurai besoin.

9 « J'aime »

J’aime un peu trop (beaucoup) les adverbes moi :innocent: Sinon, je trouve qu’il manque quelque chose… Mais effectivement faut y aller avec modération, je l’accorde !

Moi c’est pas une expression que je refuse d’employer, mais plutôt devoir conjuguer une action au passé simple, à la première personne du pluriel (nous). Ce qui donne la fameuse et magnifique terminaison en -âmes :smiley: Je trouve ça atrocement moche quand on écrit un récit à la première personne ! Ca me semble trop « soutenu » et pas naturel… (ce n’est que mon avis)
Mais à l’évidence, conjuguer à la troisième personne au singulier (on) est tout aussi… bizarre :sweat_smile:

Du coup, j’essaye de trouver des combines pour éviter ça, mais je sais pas si je vais y arriver à chaque fois :smiling_face_with_tear:

10 « J'aime »

Rien en particulier, je crois :\

J’ai assez de répétitions à gérer comme ça… Globalement, j’évite d’utiliser mais. Parce que bah, je l’utilise tout le temps, et parfois pour rien… Vas-y les cependant, même si, tandis que, pourtant, néanmoins, toutefois, et parfois rien… Et ça pleut, et ça pleut.

Pourquoi les adverbes sont-ils à proscrire cependant ?

8 « J'aime »

Question que je me pose également. Même en anglais, de ce que j’ai pu lire sur le sous-Reddit Fanfictions, mais aussi, pour les textes originaux, sur des blogs divers consacrés à l’écriture, le rejet des adverbes existe, et le choix stylistique de les éviter, au risque de les bannir totalement, revient souvent dans les discussions.

Je ne comprends pas. Les adverbes sont des éléments linguistiques essentiels, et sincèrement, je pense qu’un auteur est libre d’en user et d’en abuser, il y aura toujours des lecteurs qui apprécieront. Je me trompe peut-être quant à l’origine de ce phénomène, mais j’ai le sentiment que cela pourrait, pourquoi pas, être une mode issue de la creative writing où l’on nous imposerait presque des recettes magiques pour, soi-disant, bien écrire. À l’arrivée, cela peut tuer la spontanéité et le style propre à chaque personne, en créant des névroses autour de l’acte d’écrire, et entraîner une sorte de conformisme stylistique.

Mais si l’un d’entre vous a une explication factuelle et pertinente qui contredit ma vision à l’emporte-pièce, ce serait intéressant de la connaître.

13 « J'aime »

Honnêtement (oops), j’ai bien quelques idées mais rien de factuel non plus.

Dans les faits, il y a 2 axes,

un dont l’existence m’a été révélée ici (la théorie c’est pas trop mon truc, j’écris, j’écris… Et après on me dit « tiens, tu as fait XXX ! -ah bon, c’est quoi ça XXX ?.. » du coup, je découvre des choses…). D’une part, il y a certains adverbes qui sont apparus avec leur popularité et qui proviennent de noms, de verbes… Ils peuvent être remplacés par des prépositions plus détaillées si le complément est nécessaire et, s’il n’est pas nécessaire, alors autant ne rien mettre… Tous ces : lentement, tendrement, machinalement, rapidement, continuellement, gentiment… Ce sont les ennemis incarnés du show, don’t tell (yay, vous avez vu comme je suis culturé maintenant) puisqu’ils indiquent subrepticement (mince…) un complément à l’action mais sans le mettre en scène… Et par conséquent, à bannir.

La deuxième raison que je vois, c’est que l’adverbe classique est très scientifique. Il permet d’organiser, strictement, un texte. De plus, ainsi, donc, car, en effet, hormis, enfin, également… Ces adverbes sont très efficaces pour fragmenter, mais brisent en quelque sorte la littérature du texte en le découpant de façon très crue. Ce serait un allié de la science et un ennemi de la sonorité littéraire…

Pour ma part, la première version de l’adverbe est au contraire très pratique. L’économie de mots ou de phrases dans un texte ne passe pas par quatre chemins, et les outils sont maigres. Pour en dire plus dans une phrase, je vois en soit : la proposition principale, qui dénote une action, la proposition subordonnée, qui peut indiquer soit un contexte, ou une seconde action parallèle, éventuellement la préposition liée à l’une d’elle (ça commence déjà à faire beaucoup dans une seule phrase…), et enfin l’adverbe. C’est magique ! En un seul mot, on peut compléter l’information de façon efficace sans perdre une seule ligne ou, le cas échéant, faire rentrer une information nécessaire en la synthétisant au maximum. En alternant, on limite les répétitions au maximum ! Alors qu’en général, si on met pas d’adverbe, on se retrouve avec des « que… qui… que… » ou un ensemble de phrases courtes.

Bref :zipper_mouth_face:

9 « J'aime »

Pour cette histoire d’adverbe…

Franchement (et de un), je n’y crois pas trop… (et de deux)
Plus sérieusement (et de trois), il ne faudrait peut-être (j’arrête de compter, le message est passé j’imagine) pas en faire une règle.
Mais ça ne veut pas dire qu’il faut cesser de se surveiller.

A chacun ses défauts : je dois me contraindre à une chasse sélective aux adverbes et aux adjectifs. La sélection s’appuyant sur la musique de la phrase selon les besoins de l’ambiance.

Par exemple si on dit ceci, je crois que les adverbes participent à l’effet d’ensemble :

« Lentement, Saroumane explorait la surface du Palantir. Doucement, il sondait les réactions du granit aux auscultations de ses longs doigts cauteleux. Laborieusement, le magicien blanc s’évertuait à orienter la pierre autour de son axe invisible, qui seul permettrait d’accéder à ses secrets.
Des spasmes de convoitise serraient le coeur du vieillard, mais sa main experte caressait l’orbe avec une délicatesse maîtrisée.
Pourtant le Palantir demeurait silencieux, insondable comme la pénombre d’un gouffre sans fond.
Inlassablement, le magicien blanc reprit ses rituels et ses injonctions muettes, aussi obstiné que l’artisan forgeant et trempant cent fois sa lame. »

Evidemment, cette sélection est subjective, instinctive… et sûrement pas infaillible.
Ici certains adverbes ont été intégrés au sens du verbe, d’autres transformés en adjectifs, d’autres encore ont été supprimés. Mais certains sont demeurés pour contribuer à l’effet voulu de persévérance envieuse.

Il y a sûrement moyen de faire sans. Et ce serait sûrement un bon exercice, rien que pour le principe. Mais cela apporterait quoi, au final ?
Peut-être de fluidifier, de vaincre l’arrière-pensée que l’adverbe affiche un complément d’idée que le verbe n’a pas su nous montrer…

Mmm… oui, à coup sûr, ce serait sûrement un bon exercice !

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J’étais tombée sur un poste Insta où on y retrouvait 5 conseils d’écriture à piquer à Stephen King (dont l’intitulé du livre est Écriture : Mémoire d’un métier)

Et le 1er conseil :

13 « J'aime »

Oui
mais est-ce qu’on doit vraiment prendre des conseils de la part de quelq’un qui ne parle pas français ? (Et ne l’écrit pas…)

L’injonction de ne pas utiliser d’adverbe est peut-être très pertinente en anglais, qui sait ? Une langue ultra concise, où il faut 30% de mots en moins pour dire la même chose ? Je pose la question. :laughing:

Après les malgré que et malgré le fait que, je cherche toujours ce que je pourrais vouloir éliminer de manière quasi systématique (ouf j’ai failli écrire systématiquement).

J’ai une opinion qui devient de plus en plus influencée par la diction. J’ai relu l’un de mes textes récemment – enfin je veux dire – il n’y a pas longtemps, et j’ai trouvé que c’était un cauchemar. Phrases top longues insuffisamment ponctuées (pardon, où la ponctuation n’était pas suffisante), pas de temps pour reprendre sa respiration…

Si je m’interdis des mots, locutions, expressions, c’est peut-être quand elles « coulent » mal, finalement en définitive.

Je pense avoir prouvé brillam- avec brio que l’adverbe a une qualité : il raccourcit sensiblement les phrases de façon significative.
.
.
En y réfléchissant, je m’interdis les verbes avoir, faire, voir à chaque fois que c’est possible (et que j’y pense en me relisant).
Genre : il eut un sourire. « Ne pars pas ! » fit-il.

J’utilise quelque chose de plus visuel avec une action : il afficha un rictus de satisfaction. Ou : il montra vite son amusement.

Et je n’utilise pas « faire » comme verbe de dialogue : ça m’horripile ! Seule exception que je tolère… quand il s’agit d’une onomatopée qui est proférée.
Type : oups, bah, mmhh, pfou

Édit : Ah oui aussi « lâcher » comme verbe de dialogue. J’en peux plus de le voir partout utilisé sans cesse. C’est vrai qu’il fait classe, mais ça se réserve pour une information détonnante…

13 « J'aime »

Du coup, c’est plus la 1ere version :stuck_out_tongue: Ca fait un peu "pourquoi tu me cases un mot là, t’as oublié un truc ? Bah refais une phrase… :smiley: " . Cela dit, c’est vrai qu’en anglais les adverbes sont plus familiers, ou je crois au moins ! Après, l’exemple porte plus sur le fait qu’un bon verbe peut faire supprimer le complément. C’est très bien pour UNE phrase, mais paradoxalement (et merd.), même sur l’exemple, si le rythme du texte justifie une phrase un peu plus longue… Magique, on l’a ! En plus fermer violemment c’est bien beau, mais quid si on la ferme machinalement, lentement, discrètement ?.. Bon courage !

Il esquissa un rictus ? :stuck_out_tongue: maintenant que j’y pense, j’évite dire comme la peste, et tous les verbes de dialogue qui ont déjà été utilisés dans le texte.

11 « J'aime »

Hé mais… alors cette méfiance à l’encontre des adverbes viendrait-il d’un impératif de Stephen King, pris au pied de la lettre et ainsi érigé en argument d’autorité et en règle absolue à sa suite ? Intéressant… En tout cas, que cela ait d’abord été dicté pour l’anglais avant d’être transposé au français ne fait, pour moi, guère de doute…

Ce d’autant plus que, même en anglais, ce qui est valable pour le style de Stephen King, ne sera peut-être pas valable pour le style d’autres auteurs.

Et quant au français, l’utilisation des adverbes ne me paraît pas choquante, puisque comme tu le disais Oldie, ce n’est pas une langue aussi synthétique que l’anglais. Alors quand on peut se faciliter la tâche avec un adverbe, pourquoi s’en priver ? Ce, bien sûr, en fonction des préférences personnelles de l’auteur. Mais le fait de suivre aveuglément un diktat imposé par quelqu’un d’autre, juste parce que « c’est untel qui l’a dit, et untel est un grand écrivain », ou parce que « c’est ce que j’ai appris durant mon cours d’écriture créative » (je ne rejette pas tout en bloc : je suis convaincue qu’on y apprend des choses extrêmement pertinentes, aussi) en matière d’écriture, me semble hasardeux.

Je t’imagine en train de gueuler tes textes à l’instar de Flaubert. :stuck_out_tongue:

Je fais aussi de même (enfin non, je ne hurle pas en me relisant), à savoir, être guidée par la diction, par la fluidité de la phrase, par sa sonorité. Je ne sais pas comment mieux l’expliquer. Ça coule ou ça ne coule pas, comme tu dis… C’est comme pour le bon et le mauvais rockeur ou le bon et le mauvais chasseur… Un bon écrivain, son style, ça coule, voilà, ça coule, c’est comme ça, c’est évident, c’est net, ça coule quoi. Un mauvais écrivain, ça coule mais, bah, c’est tout. :melting_face: :grin:

12 « J'aime »

Salut,

Puisqu’on parle d’Écriture de King, je viens mettre mon grain de sel :smiley:

Oui, mais (à mon avis) seulement lorsque l’on connaît l’autre langue et/ou que l’on sait que les problèmes sont similaires, dans les deux langages.

En anglais et en français, les problèmes d’adverbes, ou plutôt le problème de la mauvaise utilisation des adverbes, semble être un peu près le même.

Voilà ce que dit Stephen King (le paragraphe réellement pertinent, pas celui qui se retrouve immanquablement sur les réseaux sociaux) :

« Prenons la phrase : Il referma brutalement la porte. Phrase qui n’a rien de bien terrible (mis à part qu’elle emploie la voix active*), mais demandons-nous si brutalement a bien sa place ici. On peut faire remarquer qu’il exprime une différence de degré entre Il referma la porte et Il claqua la porte. Je veux bien. Mais… et le contexte ? Que faites-vous de toute la prose qui précède et éclaire les choses (pour ne pas dire qu’elle nous a peut-être aussi émus) avant qu’on en arrive à : Il referma brutalement la porte ? Ne devrait-on pas déjà savoir comment notre héros va refermer la porte ? Si ce qui précède nous éclaire, brutalement n’est-il pas de trop ? N’est-ce pas redondant ? »

À noter que King admet utiliser des adverbes lui-même.

« Quand je me livre à ce péché, c’est en général pour la même raison que mes collègues écrivains : parce que j’ai peur que sinon, le lecteur ne me comprenne pas. »

Pour finir sur les adverbes en ce qui me concerne, je trouve qu’ils alourdissent le style façon baleine sur une remorque et je les traque parfois jusqu’à en devenir parano. (j’en suis à vouloir virer des mots comme « mouvement », c’est grave !)

*Au sujet de la voix passive, King n’aime pas ça (moi non plus, j’essaie de l’éviter).

Je ne vais pas recopier tout le paragraphe, mais une phrase qui passe : « Le corps fut transporté depuis la cuisine et déposé sur un sofa ».

Même s’il vaut mieux : « Freddy et Myra transportèrent le corps jusque dans le salon et l’installèrent sur le sofa » (parce que je cite : « Pourquoi faudrait-il que le corps soit le sujet de la phrase, d’ailleurs ? Il est mort, bonté divine ! »).

Au passage, l’élément qui me paraît essentiel à noter, le vrai conseil utile que vous donne King dans ces paragraphes (sur la forme passive et les adverbes) : ne soyez pas timide. Écrivez ce que vous voulez dire, de front, sans détour.

Je tiens, pour finir là-dessus, à préciser que Écriture est plus une autobiographie (où l’auteur parle de son rapport à l’écriture) qu’un sacro-saint « guide ».

Maintenant, il y a des problèmes que l’on rencontre en français qui ne le sont pas tant en anglais a.k.a la répétition de « dit » et du prénom (des protagonistes).

« […] s’il est humain de déposer des adverbes le long des phrases, écrire dit-il/dit-elle est divin. » (Stephen King, au cas où vous ne l’auriez pas deviné)

Les anglais utilisent beaucoup “he said/she said” (en tout cas plus que nous) est force est de constater que ça ne m’a jamais posé problème.

Autre chose qui est considéré comme une répétition, là encore pour une raison qui m’échappe, c’est les prénoms. J’en venais parfois à employer des dénominations assez improbables alors qu’encore une fois, un prénom répété ne m’a jamais dérangé (dans ma lecture en anglais).

Du coup, j’essaie de réintroduire ces deux éléments. Sans que cela devienne trop, entendons-nous bien.

Petit aparté, je plaide coupable sur « faire » et « lâcher » en tant que verbe de dialogue. Ils me font marrer. Dans ma tête, le premier est l’équivalent de « dire sur un ton arrogant » et le deuxième « dire sur un ton nonchalant » (je ne dois les utiliser que dans ces cas précis). Alors, je pourrais mettre « dit-il sur un ton nonchalant » mais il y a de grande chance que la phrase prononcée par le personnage soit déjà nonchalante, alors un « lâcha-t-il » convient très bien :wink:

Sinon dans les choses que j’évite, je peux ajouter l’emploi trop fréquent de être et avoir (plus d’un être et avoir par paragraphe me donne de l’urticaire).

Les expressions (type, mettre son grain de sel), j’évite de les employer au premier degré. Ou alors, seulement dans un dialogue. Au second degré, cela dit, souvent, je les emploie mal. Ce qui m’amène au point qui, personnellement, m’exaspère le plus dans mon écriture : les vannes, les références ou les deux, que personne n’a (à part moi). C’est marrant à écrire, mais à relire, c’est ce qu’il y a de plus cringe, ça me donne envie de jeter mon PC par la fenêtre et d’arrêter d’écrire sur le champ. (c’est une sorte de tic d’écriture dont j’ai un mal fou à me débarrasser).

Aussi, (ça recoupe le passage sur les adverbes) j’essaie d’enlever tout mot inutile. Pour moi, un style agréable (à lire)(à noter que ça peut avoir un rapport avec le fait que je sois dyslexique), c’est un style simple, clair et précis.

Pour finir, un truc agaçant, propre à la Science-Fiction : l’emploi abusif de termes techniques. C’est lourd, c’est cringe, surtout quand ça consiste à coller « électromagnétique » partout, ou de préciser que tel appareil est fait en tel matériau et ça me fait une belle jambe de le savoir, si tu ne me donnes pas les propriétés spécifiques de ce matériau ou pourquoi on a choisi celui-ci plutôt qu’un autre.

J’ai pas vraiment de solution pour ça, j’essaie d’employer des termes vagues, mais ça entraîne pas mal de répétitions et surtout d’approximations. J’ai essayé la tactique « faire des recherches (scientifiques et très sérieuses) », mais (même avec une formation de base), je comprends rarement ce que je lis…

Du coup, je tente de m’en tenir aux termes du fandom (malgré les « électromagnétiques »).
(cela dit, admettons qu’un petit inversement de la polarité, c’est toujours drôle, non ? :upside_down_face:)

Mais, in fine, quand je me relis, j’essaie de lâcher du lest et de me contenter d’une phrase qui sonne pas trop mal, tout en étant grammaticalement correcte.

13 « J'aime »

Je suis impressionnée par ce souci du détail ! Je n’aurais jamais pensé à jovial ou martial… (en même temps, ce ne sont pas des adjectifs que j’emploie souvent…)

J’ai un peu de mal aussi, mais comme je n’écris que très rarement à la 1ère personne, je ne rencontre pas souvent ce problème.

En ce qui concerne les adverbes, je pense que @fulmineo a en grande partie raison sur le fait que c’est plus « tell » que « show ». J’avais lu que ce qui était « problématique » (aux yeux de certains), c’était plutôt les adverbes en -ment car ça pouvait s’avérer lassant à la longue. Mais en fait, je crois qu’Oldie a raison lorsqu’elle dit que ça dépend de la langue !

Je pense que c’est tout à fait ça.

Je comprends, et moi aussi, de plus en plus. Lire ses textes à voix haute est souvent un indicateur intéressant pour en mesurer le degré de compréhension… (Et des fois, c’est pas gagné !)

Je suis tout à fait d’accord. C’est ce que j’appelle pour ma part la respiration d’un texte.

Je ne suis pas fan non plus et j’essaye de l’éviter autant que faire se peut. Je me demande si pour le coup ça ne passe pas mieux en anglais.

Pour les verbes de dialogue, je suis assez pénible. Je n’utilise que très très très rarement « dire », quasiment jamais « faire » ou « lâcher ». J’ai également beaucoup de mal avec le verbe « couiner », que J.K. Rowling (ou plutôt son traducteur ou sa traductrice) emploie à tire-larigot et qui m’exaspère.

En tout cas, merci pour toutes ces réponses !

12 « J'aime »

Personnellement, c’est l’utilisation de la conjugaison du passé simple à la première personne du singulier qui me dérange pour les verbes du premier groupe, car elle ressemble beaucoup trop à l’imparfait, et je ne sais jamais comment la prononcer. Hélas, comme j’aime beaucoup écrire à la première personne, je suis bien forcé de l’entendre. :wink:

11 « J'aime »

Aïe

Que c’est douloureux à lire ! De mon côté, je n’ai jamais eu tendance à prendre en compte ce genre de conseils distribués à tout le monde. J’en suis purement fautive et peu importe, je n’ai jamais eu envie d’écrire autrement.
Il serait préférable d’éviter le surplus d’adverbe, ainsi que maintes autres choses, mais où donc ici est la place de mon plaisir d’écrire ?
Cela m’amuse bien de mettre ma dose d’adverbes, et si j’y retrouve un sentiment agréable, c’est certainement cela que je vais poursuivre.
C’est un autre style après tout. Peut-être un peu plus lourd, peut-être difficile à accrocher. Mais comme je répète ici de manière égocentrique, si j’écrivais pour les autres, ça se saurait. J’écris pour moi, et ça me plaît ainsi.
En revanche, ce n’est pas parce que je n’applique pas cela que je ne comprends pas la remarque. Cette réflexion trouve une certaine légitimité, c’est par ailleurs pour cela que nous en discutons ici, après tout :laughing:

Pour mieux répondre à la question, je refuse bien évidemment, comme l’a évoqué Oldie, d’employer le « malgré le fait que » qui sert juste de substitut, malheureusement moins fluide, au « bien que ».
Je traque très régulièrement mes répétitions. Les répétions de formulations sont les PIRES à mes yeux quand j’écris. Cela dépend donc des textes. Une fois, ce fut « un xxx des plus xxx », que j’avais égrainé absolument partout au fil de l’histoire. Malheur…

Finalement, les conseils que j’aime appliquer sont ceux qui me sont directement destinés. Je tente de raccourcir mes phrases depuis que Maman m’a dit qu’il serait parfois préférable de procéder ainsi. Papé et Mamé m’indiquent souvent de reconsidérer mon choix de mot, pour songer si un autre n’y serait pas préférable, et me font des suggestions. Quand cela m’est directement destiné, j’apporte une attention extrêmement particulière à ces remarques, pour tenter de m’améliorer. C’est, pour moi, toute la différence avec les conseils « génériques », que j’entends, certes… Mais je n’arrive jamais à les considérer, encore moins à trouver le désir de les appliquer.

11 « J'aime »

Merci à toutes et à tous de m’avoir enfoncée dans une crise identitaire en lisant vos réponses et avis ! :laughing: Je m’en vais noyer tout ça sous des litres de thé ! :laughing:

En fait, comme vous l’avez déjà dit, ces conseils se veulent universels, mais il ne faut pas oublier qu’on reste humains, personnels, et avec notre propre style. Donc si King, qui n’écrit pas en français, dit qu’il ne faut pas utiliser d’adverbes… bah, ok, mais en quoi ça me concerne ? C’est comme Georges R. R. Martin qui, il y a quelques années maintenant, avait lancé un début de campagne anti-fanfics et critiquait ce genre littéraire en mal. Certes, mais ça reste son avis à lui, et en quoi il serait plus juste que le nôtre ? C’est parce qu’il est célèbre ? Dans ce cas, ça n’a pas tellement de valeur, au final, si ?

Et, en fait, je crois que c’est pareil pour moi. J’aurai plus de facilités à accepter des commentaires qui me sont directement adressés que des arguments d’autorité d’auteurs dont je n’ai probablement jamais lu le moindre livre (et encore plus quand ils n’écrivent pas dans la langue que j’utilise) ! :stuck_out_tongue:

Donc comme le dit Astrée, le plaisir d’écrire en priorité. Et si mon plaisir c’est d’abuser d’adverbes, eh bah tant pis pour vous ! :laughing: Mais oui, on peut juger que ça appauvrit, que ça affaiblit le texte, ça se comprend. Par chance, je crois que je suis relativement (oups) tranquille à ce sujet, et encore.

Par contre, là où le bât blesse, c’est les verbes de parole. J’utiliser beaucoup trop faire et lâcher – je ne sais pas me recycler en verbes de parole, tout simplement. Je ne veux pas utiliser dire, parce que trop faible et courant, mais parfois, il faut bien se résigner, non ?
Donc j’avoue que là, ce qui me ferait plaisir, ce serait un dictionnaire des verbes de parole, rien que ça :laughing: Je sais qu’il existe des sites qui les listent, il faudrait que j’en aie toujours un d’ouvert quand j’écris.
En autre tic d’écriture, c’est le « quoi qu’il en soit » que j’utilise au moins une fois par chapitre (n’est-ce pas, Astrée ? :stuck_out_tongue:). C’est horrible, depuis qu’Astrée m’en a fait la remarque, je fais une fixette dessus, et je peux pas m’empêcher de sourire quand je vois que j’ai récidivé…

En expressions que je refuse d’employer, bah, il y a le « malgré que » qui n’existe pas, pour commencer, et le « malgré le fait que » que je tente d’éviter au mieux, parce que trop lourd et facilement remplaçable par un bien que… trop utilisé je pense dans mes textes ! :stuck_out_tongue: Mon directeur de mémoire m’en avait fait la remarque une fois, et depuis j’ai fait en sorte de le bannir de mes rédactions.

Je me suis aussi retrouvée dans le message d’Aurore… La répétition des prénoms, que je tente d’éviter alors que bon, on fait vite le tour des paraphrases pour désigner nos personnages… Je m’autorise une occurrence tous les deux paragraphes maximum, avec entorse possible lorsque les paragraphes sont très longs, mais quelle plaie ! Alors que ça n’est techniquement pas une erreur ? C’est juste que ça fait, une fois encore, assez pauvre…

Et je termine avec un défaut que j’ai, je pense, c’est ma volonté de ne pas utiliser de paraphrases pour désigner des mots/concepts japonais. Si je veux mentionner le hanami, bah vous aurez d’abord le mot japonais, et après une petite proposition pour expliquer ce que c’est. Miam, on sent le forcing de la japonisante, et bon sang, que je suis irritante avec ça ! :laughing:

9 « J'aime »

Il n’y a qu’à demander.

Sur le forum il existe une version ridiculetous les verbes de paroles, sont trop employés systématiquement, à chaque réplique…
Sur-utilisés, ils donnent un côté très amateur assez fatigant (à mon avis), qui rompt la fluidité (encore elle !) de la réplique en introduisant une pause là où on aurait peut-être eu besoin de conserver vitesse, intensité ou élan…
.
Donc j’ajoute à ma liste : je m’interdis tous les verbes de parole qui ne sont pas absolument nécessaires pour désambigüiser le locuteur…
Les jeux de scène souvent accolés aux verbes de parole, je les case ailleurs (souvent avant la réplique même), insista-t-elle en rajustant nonchalamment une mèche rebelle, tandis qu’elle se mordait la lèvre pour juger de son effet:smile:

En plus, effectivement pour moi aussi, je vire les périphrases lourdes pour désigner un protagoniste. « Le concerné » me fait bondir. Mais aussi « le brun, le blond ».
Grosse interdiction formelle, absolue ET définitive. :smile:

Pat contre on m’a fait remarquer que je ne m’interdisais pas de répéter « l’interpellé ». :yum:

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