[TUTO] Narration : montrer plutôt que raconter

Dans tes deux exemples, peu décrit / plus décrit, je préfère le second qui donne plus de détails sur ce que tu as en tête. Il m’est donc plus utile.
Sinon je peux imaginer un frelon ou une araignée.

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Effectivement pour le premier tu peux imaginer ce que tu veux. Et je pense que sur un texte court l’horrifique plus décrit marche mieux je pense. Mais sur le long terme, le premier marche peut être mieux !
En tout cas, ce sont des techniques à tester !

Je suis d’accord avec toi dans les films : quand on ne voit pas, c’est pire que quand on voit… En revanche, dans les récits, j’ai besoin d’un support sensoriel, visuel à tout le moins, pour savoir de quoi il est question. Je préfère donc aussi la deuxième version de la description, avec des détails qui me permettent de me représenter la scène.

… Ce qui amène très logiquement la question : QUAND caser ses descriptions ? Il ne s’agit plus d’un problème de style (comment décrire ?) mais de composition du texte, d’organisation du récit. Faut-il systématiquement décrire un personnage ou un lieu lorsqu’il apparaît ? Comment faites-vous ?

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Ne me lance pas sur des sujets pareils.
Je vais encore faire un post de dix kilomètres. :smiley:

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J’avoue ne pas avoir lu beaucoup de roman d’horreur. Préférant le support cinématographique ou vidéo ludique ! Donc pour le coup, je te fais confiance ! Peut être que dans les récits, comme on n’a pas la vue, les images, etc, on a besoin de pouvoir imaginer ! Et puis, dans un sens, on ne peut pas être déçu par ce que l’on voit (mauvais effet spéciaux) car on l’imagine ! Intéressant comme réflexion sur comment créer une scène horrifique dans un récit !

@OldGirlNoraArlani Je vote pour le poste de 10km de long ! xD

Parce que comme le dit @Alresha la question du Quand est ce qui me pose le plus de problème !

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C’est une remarque que me font souvent mes élèves lorsqu’ils lisent un livre dont ils connaissent l’adaptation filmique (par exemple Divergente ou Hunger games, ou encore Je suis une légende) : « Madame, c’est mieux que le film (presque tous, à de très très rares exceptions près, me disent ça) parce qu’il y a beaucoup plus de détails que dans les films et qu’en plus on peut imaginer tout comme on veut »…

Certains vont même jusqu’à me dire qu’ils sont déçus d’avoir regardé le film avant car les images conditionnent leur imagination. Or, parfois, ces images ne leur plaisent pas, ou ne correspondent pas à ce qu’ils découvrent dans le livre et qu’ils aimeraient s’imaginer autrement, parfois sans y parvenir. C’est toujours intéressant à observer comme phénomène.

… Et alors, où serait le problème ? :innocent:

Si la description pose problème en raison de sa place et / ou de sa longueur, qui ralentit l’intrigue et hache le récit, il faut réfléchir avant à la façon et à l’endroit dont on va l’insérer. J’avoue que c’est une chose à laquelle je n’ai jamais vraiment trop pensé. Je crois que, lorsque je fais des descriptions, c’est pour présenter un nouveau personnage ou un nouveau lieu, et donc je le décris au moment où un des personnages le découvre (ce qui me permet de faire une description subjective, et donc plus « facile »).

Cela dit, il doit être tout à fait possible d’insérer efficacement une description au sein d’une scène d’action ou d’un dialogue, si cette description permet à l’action ou au dialogue d’avancer. Je m’exprime mal, mais si par exemple on a accès à la réaction d’un personnage face à une situation donnée, on peut en déduire des choses sur son caractère, etc… Le tout peut être disséminé dans le texte, et non pas tout d’un bloc (portrait en action).

Je vais réfléchir à des exemples…

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En fait pour citer Leonard Hofstadter : j’avais préparé tout un discours, mais Seigneur, je m’ennuie moi-même… :smiley:

Il y a une théorie avancée par George Martin (dans le blog de Stéphane Arnier) qui dit qu’il y a deux types d’auteurs : les architectes et les jardiniers. Je suis un jardinier. Je plante un truc, j’arrose un peu, et j’attends de voir si ça pousse (comprenez que je ne fais pas de plan, j’apporte de la cohérence ultérieurement), parce que c’est ce qui marche pour moi.

Je ne suis donc pas une grande « planificatrice », mais je case un maximum de descriptions. Quand ? Au moment de la relecture ! Je sais ce n’est pas ce que vous vouliez savoir en demandant « quand faut-il les mettre ». :smiley:

En tant que « jardinière » je mets donc des descriptions quand j’enfile ma casquette de lectrice de mes textes, et j’en mets quand ça manque. D’un lecteur à l’autre, le besoin de description peut varier.

Le truc que vous n’imaginez sans doute pas bien, en vilipendant les descriptions chargées de tous les maux, c’est que vous imaginez à priori qu’une description est un pavé extensif de plusieurs paragraphes. Ce n’est pas l’idée que je me fais d’une description ni de lieu, ni de personnage. Et c’est pour ça que j’ai pas trop de problème avec…

Pas quand mais où ?

Je préfère, en effet, mettre de petits morceaux descriptifs PARTOUT. J’en entrelarde dans tous les recoins. Dans une pause orale quand un personnage se tait où réfléchit à ce qu’il pourrait dire ensuite (les miens ne parlent pas comme des mitraillettes). Au beau milieu d’un dialogue, pour préciser une intention ou un jeu de scène. Entre des scènes d’action (si on peut parler d’action dans mes fics…).

Mais je considère que même un ou deux adjectifs ajoutés à une phrase plate augmentent la proportion de « description » sans alourdir (de trop).

Globalement mes dialogues ne sont pas si intéressants sur le plan purement narratif. C’est très rare qu’ils apportent une véritable information, ils sont là pour restituer l’état des lieux d’une relation entre les personnages grâce au ton qu’ils adoptent. Le dialogue renseigne sur la complicité (en gros) ou l’antagonisme.
Si je ne décrivais pas, l’histoire n’avancerait pas. Les dialogues sont dispensables, les descriptions pas du tout.
C’est pour ça que j’ai du mal à la question « quand faut il en mettre ? » Pour moi le roman est une grosse description qu’il faut découper et rendre plus vive et plus agréable en utilisant différents points de vue, scènes, artifices pour accélérer ou ralentir le temps, et procurer des émotions au lecteur.

Quand faut-il décrire ? Tout le temps parce que mon lecteur est aveugle au film que je me fais dans ma tête. Est-ce que ça doit prendre des pages et des pages ? Non, juste assez pour faire quelques pas vers lui et espérer qu’il ait assez de culture pour susciter des images de lui-même.


Notez qu’empiriquement quand je n’ai pas assez d’imagination pour être précise dans mes descriptions, j’utilise des supports visuels photo. Si je dois décrire une chambre d’hotel même anonyme, hotels .com m’en fournit à volonté. Je n’ai pas besoin d’être extensive. J’ai besoin de quelques détails qui vont permettre d’esquisser une ambiance visuelle surtout si le lieu n’est (comme bien souvent) qu’un simple « décor » pour ce que je crois être important « le petit badinage entre persos ».

Exemple d’un auteur qui n’a pas envie de se casser sur un décor sans importance : le hangar « sombre et lugubre » (alerte, cliché, alerte cliché…)

Depuis une demi-heure, les frangins attendaient le retour au bercail d’un petit groupe de goules ayant établi leur camp de base dans un hangar désaffecté, sombre et lugubre à souhait. Ils avaient bien trouvé leur garde-manger mais hélas trop tard. Il n’y restait que quelques os et des morceaux de chair crue délaissés mais intacts, qu’ils n’avaient pas dû estimer sains. La rupture de la chaîne du froid, c’est sûr qu’il ne fallait pas plaisanter avec ça.

Voilà. Techniquement, on a un hangar, pas éclairé et je « raconte » qu’il est lugubre pour éviter de le « faire comprendre ». Comme j’en ai un peu conscience, je saupoudre d’un détail : « des os et des morceaux de chair crue » abandonnés là négligemment. Et comme c’est dégoutant, j’ajoute un commentaire distancié sur le fait qu’ils n’étaient même pas au frigo (donc doivent traîner n’importe où – même si je ne dis pas où, parce qu’on s’en fiche, c’est juste un hangar lugubre, quoi, je vais pas faire une thèse dessus). Commentaire distancié donc (symptômatique de la carapace du personnage) : on ne plaisante pas avec la chaîne du froid.

Cette description est courte (et pour le moins faignasse). Donc plus tard, l’air de rien, j’ajoute derrière un dialogue toujours pas fondamental.

— Hey Sammy ! appela Dean à demi accroupi derrière une vieille caisse en bois moisi.

Ok, on a donc de la chair crue disséminée et maintenant une vieille caisse de bois pourri. Bon. C’est toujours un bout de description délivrée homéopathiquement, et répartie sur toute la longueur.

Toujours accroupi, il grattouilla la terre à ses pieds avec le bout de sa machette, en cherchant un moyen (intelligent) d’échanger cette corvée

Donc, tout le récit est un mélange de différentes phrases dont certaines décrivent des jeu de scènes, d’autres des réflexions reposant sur des événements passés.

[…]Sam avait les yeux écarquillés et un sourire incrédule à la bouche… dans le plus grand silence. C’était le problème. Quand depuis son plus jeune âge, vous demandez à votre petit frère de ne pas faire de bruit sinon on se fait tous tuer… vous avez un petit frère qui ne pipe pas, même sous la menace !

Après le descriptif pur du jeu de scène. Une réflexion de protagoniste survient. C’est une autre manière d’apporter de la description d’événements passés.
Ici on doit comprendre que l’aîné a élevé son cadet (info familiale), mais aussi qu’il y avait une forme de violence ordinaire (se faire tous tuer si on éternue, crie, pleure… bref attire l’attention sur soi) qui va « raconter » quelque chose de l’enfance et de la façon dont elle aura fatalement façonné les personnages - notamment au niveau de la répression des émotions naturelles.

Ici par exemple, cette manière de « raconter » me semble meilleure que « montrer » car « montrer » obligerait à faire un flashback (seule méthode pour montrer le passé).

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Oh j’adore la métaphore de l’architecte et du jardinier ! Pour ma part, je crois que je suis une architecte pas douée qui se laisse envahir par la végétation. :upside_down_face:

En fait je suis assez d’accord avec cette définition et j’aime l’idée de procéder par petites touches comme tu le montres très bien dans les extraits de ta propre fic que tu nous décortiques…

Dit comme ça c’est évident ! Mais je n’y avais jamais réfléchi. Je visualise toujours les scènes que j’écris, mais je ne prends pas toujours la peine de donner des indications au lecteur sur ce que je vois. Lorsque je décris, c’est généralement parce que ma description fait avancer l’intrigue ou permet d’instaurer une ambiance qui explique l’état psychologique des personnages.

Dans ma fic Star Trek en cours, mes héros se sont fait avoir comme des bleus et se retrouvent esclaves dans une mine de dilithium. J’ai décrit la mine, pas d’un bloc mais de manière un peu éparpillée tout le long du premier chapitre, j’ai décrit un des personnages secondaires, PARCE QUE ces descriptions ont une répercussion sur le perso dont c’est le point de vue à ce moment (Kirk en l’occurrence). C’est LUI qui voit la mine, qui se sent oppressé et voit son moral et son sens moral s’affaiblir en raison des conditions de vie, c’est LUI qui voit avec horreur les ravages physiques subis par un des mineurs, et donc ces descriptions m’aident à instaurer une ambiance psychologique très sombre qui correspond à l’état d’esprit de mon perso.

Au chapitre suivant en revanche (je suis en train de l’écrire), on est dans une pièce relativement neutre, avec deux autres personnages, et ce qui m’importe, à ce moment, ce n’est pas leur environnement mais leur relation (oui évidemment c’est Spock et McCoy, j’vois pas où est le problème, je les aime et un point c’est tout). Je suis donc partie sur un flashback qui permet de déterminer quels sont les liens entre eux à ce moment de la time-line, mais comme le disait Yume plus haut, j’ai peur que ça ne casse le rythme. McCoy est en train de soigner Spock et ils en profitent pour avoir une petite conversation (et un plan d’évasion) télépathique, c’est ça qui est important, donc je ne décris rien de ce qui se passe autour d’eux, ni la pièce, ni les gardes, ni rien. Est-ce qu’il faudrait que j’éparpille quelques petits adjectifs, quelques petits détails pour donner une idée du cadre, ou est-ce que ce n’est pas nécessaire ? Voilà ce que je n’arrive pas à juger. Je visualise très bien la pièce, mais la décrire me semble compliqué car à ce moment, McCoy n’est pas focalisé sur ce qui l’entoure, mais bien sur son patient…

Bref j’arrête de vous ennuyer avec mes interrogations mais c’est le genre de questions que je me pose à peu près à chaque fois que j’écris un chapitre, et je n’ai toujours pas trouvé de solution magique pour y répondre…

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Deux commentaires très intéressants et j’ai adoré également la métaphore du jardinier et de l’architecte. Et je dirais que je suis un mélange des deux. Architecte dans le sens où quand j’écris je sais où je vais et souvent je connais déjà la fin de ma fiction en débutant son écriture. En revanche, je dirais aussi jardinier car je me laisse guider lorsque j’écris. Je n’ai qu’une vague idée sur la façon dont va être tournée le chapitre, et souvent je rajoute des tas de choses qui n’étaient pas prévue mais qui « coule de source » au moment de l’écriture.

Comme le disait @Alresha, je suis d’accord sur l’idée que de dire « Le lecteur ne voit pas ce que je vois » est évident. En revanche, penser à en mettre partout, y compris dans les dialogues, je n’y avais pas réellement penser. Souvent les descriptions dans mes dialogues se limite aux actions des personnages ou au ton qu’ils emploient afin de déterminer leurs émotions. Mais, je ne pense pas à rajouter des petites phrases descriptives comme @OldGirlNoraArlani a pu le faire dans ses exemples. Or, c’est tout bête mais je n’y avais pas pensé.

En revanche, je suis d’accord avec @Alresha sur le fait que parfois j’ai du mal à insérer des descriptions quand je suis focaliser sur un dialogue. Du coup, j’ai une question: Parfois, est-il nécessaire de décrire une pièce quand elle n’est pas centrale dans l’action? J’aurais tendance à dire que oui, mais dans les fait, on ne le fait pas forcément.
Et je suis d’accord avec @Alresha, ce sont souvent des questions que me pose quand j’écris !

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Hello à tous

Je reviens sur ce sujet de la place des descriptions et leur équilibre dans le texte.
Là je suis dans la même situation citée par Yume :

parfois j’ai du mal à insérer des descriptions quand je suis focaliser sur un dialogue.

Là, j’ai un mal fou à donner quelques indications scéniques, des tons ou des expressions. Parce que moi aussi, je suis focalisée sur ce qui se dit, et qui n’est pas réellement de la « conversation ».
C’est un genre de consultation psychologique ou un entretien pour évaluer un patient schizophrène. Les choses qui sont dites me semblent considérablement plus importantes que la couleur de la moquette. :smiley:
(J’en ai parlé au début de la scène, comme de l’apparence du thérapeute).

Ce qui me dérange, c’est que je trouve que trop de dialogue, c’est ennuyeux (moi je trouve ça ennuyeux, du moins, en tant que lectrice).
Mais il est là pour qu’un patient accède à une compréhension plus logique de sa situation réelle. Cela ne peut pas être résolu en une dizaine de lignes… Et le patient est réticent.

Et je trouve qu’insérer des petites interruptions, et descriptions comme je fais souvent, casse l’intensité de cet échange ou le thérapeute essaie de l’amener juste au bord de la compréhension.

Ni les notes de bas de page trop nombreuses, ni la réinsertion de tout un passé et historique dans l’échange ne me semblent satisfaisants car ils alourdissent et ralentissent la portée et l’impact du moment. Dans une thérapie (du moins dans une qui n’est pas comportementaliste) est essentiel.

Bref je suis coincée. :smiley:

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Je pense que les descrptions ne sont pas toujours nécessaire si tu n’as rien à préciser. Si tu nous dis que tu as décris avant le dialogue, alors ce n’est peut être pas nécessaire d’en rajouter dans le dialogue si tu penses que ça casse le rythme.
En tout cas pour ma part, les dialogues ne sont pas ennuyeux !

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Si la motivation est simplement de rompre la monotonie d’un très long dialogue, je proposerais d’axer les pauses sur ce qui reste à portée :

  • interactions entre le dialogue et Herr ou Frau Doktor (concentration, affectif/distanciation, habileté/maladresse dans le questionnement, posture, etc.)
  • interaction entre le dialogue et le patient ( symptômes physiques et comportementaux tq ton de la voix, direction du regard, activité des mains, tension nuque/épaules, etc.)
  • variations dans la façon qu’a le patient de percevoir son environnement (la salle est froide/impersonnelle/rassurante/accueillante, dans quelle mesure révélatrice de la personnalité de H/F Doktor, etc.)
  • en cas de réminiscences, le simple fait de situer visuellement ces souvenirs en « off » de la parole, peut suffire à apporter un peu de variété.

Mais tout cela est assez théorique…

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Hello
je ne t’ai pas remercié pour tes propositions. Je pense que je verrai comment les insérer ou les adapter à la relecture.
Surtout l’activité des mains (le patient, d’ordinaire remuant, est en camisole et il trouve la chaise inconfortable) :smiley:

Plus loin, je suis parvenue sans difficulté à insérer des réminiscences dans ce qu’on pourrait appeler une « pause orale » (entre deux autres personnages). Il doit y donc y avoir moyen, mais en prenant une distance suffisante avec « le premier jet ».


Par contre, il faut vraiment que j’essaie justement ce que l’on disait au tout début de cette branche. Par les postures, les regards, montrer ou faire comprendre mais pas raconter. J’avoue que c’est un effort particulier.

La seule chose de bonne quand on est un narrateur omniscient, c’est une revanche sur cet épineux problème : mais qu’est-ce que les gens ont donc dans la tête ? :smiley:
Le narrateur O sait TOUJOURS ce que les persos ont dans la tête, tandis que dans la vraie vie, on doit se contenter de quelques symptômes qu’on décode vaguement ou complètement à contre sens.

Quel est le sens d’une moue ? D’un plissement de lèvres ? D’un froncement de sourcil ? *(je vois rien ? je ne comprends rien ? ou au contraire, j’ai peur de trop bien comprendre et ça ne me plait pas ?).

Dans le « montrer » plutôt que raconter, on est obligé (pour faire ça bien) de s’intéresser aux comportements décodés par la psychologie clinique ou l’étude des « micro-expressions » du visage…

(et là j’ai paumé tous les petits jeunes, sauf ceux qui ont vu la série « Lie to me »).
Non mais quoi, elle peut pas faire un effort OldGirl pour parler normalement ? :smiley:

La où le raconter proposerait : il la regarda avec un mépris non dissimulé
Montrer le mépris conduirait à un tout autre mode de narration.

Surtout qu’en plus, si on essaie, il faut éviter le péril des clichés.

Comme il est facile de balancer un « rougir » pour manifester de l’embarras. Alors qu’il ya d’autres signes qui le trahissent. Si on pouvait aussi éviter de se gratter subitement la nuque pour se donner une contenance, ce serait pas mal. :stuck_out_tongue:

Je vais donc essayer un truc, mais plus tard. Quand je retravaillerai tout ce qui ne va pas à froid.

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C’est vrai que les expressions c’est à la fois ce qu’il y a de plus plaisant à décrire et le plus dur ! Et pour ma part, comme j’écris souvent à la première personne, je prend plaisir à les décires puis à les faires interprétées par les personnages. Sans que le lecteur ne puisse savoir si finalement c’est la vérité du personnage, ou LA vérité !

D’ailleurs en parlant de Lie to Me, je peux vous conseiller les vidéos de Fabien Olicar qui propose aussi beaucoup de lecture d’expression ou micro expression qui peuvent être utile aussi pour la narration.
Par exemple, c’es tout bête mais les bras devant la poitrine sont souvent décrit comme une position de défense. Une idée réfutée par Fabien Olicar qui explique qu’en réalité c’est un geste qui peut vouloir dire plusieurs choses (positions inconfortable, mal de dos, fatigue…etc). Une utilisation dans un dialogue de fanfiction pourrait donner par exemple:
« Après une semaine chargée sur des chantiers harassante, Mr Blanc était installé confortablement dans son fauteuil et regardait la télévision. Quand soudaine, Madame Rose arrive et s’installe à ses côtés. Son envie de faire un enfant étant de plus en plus grande, c’est avec une précaution infinie qu’elle se décide enfin à en parler à son partenaire. A l’écoute, Mr Blanc hocha de la tête tout en croisant les bras sur son torse pour soulager un peu son mal de dos. Une attitude qui fut perçue par Madame Rose comme étant une réaction de rejet de son projet. Une violente dispute éclata par la suite ! »

C’est ce que je trouve intéressant avec le fait de montrer plutôt que raconter. Car quand on montre, on peut provoquer des différences de points vues plus facile entre les personnages qu’en racontant !

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Tandis que je cherche le meilleur compromis de positionnement entre ma box et mon canapé pour obtenir un tant soit peu de débit, je reviens sur cette discussion que j’avais vu passer avec une angine pour ajouter :

  • ah, le « show don’t tell », c’est un peu mon cheval de bataille en ce moment, au même titre que le narrateur focalisé : « extrêmement difficile à réaliser, d’ailleurs j’y arrive pas » (ou mal, soyons honnête : d’ailleurs j’y arrive mal)
  • afin de ne pas induire en erreur d’éventuels auteurs débutants qui s’intéresseraient à un concept somme toute assez abscons à appréhender, je tiens à préciser que la totalité de l’exemple du post de Yume au-dessus est en « tell » - ça, c’est du « raconter ». Faudrait beaucoup plus de mots pour faire du « show ».
    (mais sinon Yume, je suis d’accord avec tout ce que tu dis)
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C’est vrai que c’est très difficile d’y arriver ! C’est l’un des exercices les plus compliqués de la narration parce qu’on a tendance à ne pas vouloir induire le lecteur en erreur ! Mais parfois, c’est agréable aussi de le tenter. Hum je pense que personnellement j’ai tendance à l’utiliser en complément du raconter. Ou l’utiliser quand je veux justement créé une ambiguïté volontaire ! Et pas trop autrement.

C’est sûr que l’exemple est trop petit pour n’être que du montrer. Le « problème » du montrer c’est que ça demande de la description pour être efficace et passer son massage là où je pense que le raconter passe avec un seul mot !

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J’admire beaucoup cet homme

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Pareil ! J’aimerais tellement le voir en spectacle !

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Ce serais trop bien !

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Je vous ai trouvé un autre exemple.

Le texte qui suit est tiré du « Emotional Thesaurus » cité dans la branche « Écrire en anglais », donc il n’est pas de moi, c’est une traduction vite faite.
L’auteure du livre écrit :


Par définition l’émotion non verbale ne peut pas tellement être racontée, elle doit être montrée. C’est difficile à écrire parce que la raconter serait tellement plus facile…

Les yeux de M. Paxton étaient tristes quand il lui annonça la nouvelle.
« Je suis désolé Joanne, mais votre poste n’est plus nécessaire à l’entreprise à présent »
Instantanément, Joanne se sentit plus en colère qu’elle ne l’avait jamais été de toute sa vie.

Vite écrit, mais apprend-on quelque chose ? n’était-ce pas prévisible ? Si oui, pourquoi le dire ?
En plus, raconter met de la distance entre le lecteur et le personnage, ce qui est rarement une bonne idée.

Dans l’exemple ci-dessus, on voit que M. Paxton est embêté d’annoncer cette nouvelle à Joanne et que ça la met en colère.

Mais est-ce qu’il ne vaut pas mieux que les lecteurs ressentent l’émotion et la partagent au lieu de simplement la voir ?

Le dos très droit, Joanne était assise tout au bord de la chaise et elle considérait M. Paxton bien en face.
Seize années à son service ! Des jours et des jours où elle était venue malade, des jours où ses enfants étaient malades, à faire l’aller retour dans toute la ville en prenant ce bus qui puait la sueur.
Et maintenant, il a regardait à peine dans les yeux, rangeant son dossier et triturant trombones, stylos et agrafeuse sur son bureau.
Peut-être n’avait-il aucune envie d’être celui qui lui annoncerait la nouvelle, mais elle n’avait pas l’intention de lui rendre les choses faciles.
Le vinyle de son sac à main craqua sous ses doigts et elle relâcha sa pression. Il y avait une photo de ses enfants à l’intérieur et elle ne voulait pas l’abimer.
Pour la centième fois, M. Paxton s’éclaircit la gorge.
« Joanne… Mme Benson… Il apparaît que votre poste n’est plus nécessaire au sein de notre struct… »
Joanne se leva brusquement en faisant tomber sa chaise sur le carrelage. Celle-ci glissa jusqu’au mur – qu’elle heurta avec un bang très satisfaisant – pendant que la jeune femme se ruait hors du bureau.

Avec cette scène qui cumule pensées et détails sensoriels, des métaphores bien choisies, des verbes précis et des indices physiques qui correspondent à son émotion, les lecteurs voient bien que Joanne est en colère, mais ils le ressentent aussi à son dos raide, à la crispation sur son sac bon marché, à la force avec laquelle elle a balancé sa chaise rien qu’en se levant.
De plus, cela révèle beaucoup sur elle. Elle n’est pas riche, elle a des enfants à charge. Elle est peut-être en colère mais a de la volonté, elle est fière et sa famille est tout pour elle.
Avec cela, il est déjà plus facile de se sentir en connexion avec elle. […]

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