Dialogues et mise en forme : à faire ou à éviter

Edit du 21/04/2023 : je suis si stupide que depuis des années je faisais moi-même une énorme faute, que je vous ai sauvagement inculquée ici, sans que quiconque ne me le souligne ! Quelle honte !
Il s’agit de l’usage de la ponctuation, combinée aux guillemets fermants.
Je m’excuse solennellement de vous avoir berné.e.s durant tout ce temps… Honte à moi !!

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Dialogues et mise en forme : à faire ou à éviter

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[DISCLAIMER : tous les dialogues, récits et autres exemples intégrés dans ce tuto sont soit issus de ma propre production, soit totalement inventés pour les besoins de ce tutoriel ! Toute ressemblance avec une œuvre déjà existante ne serait que purement fortuite, évidemment. :stuck_out_tongue:]

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Un peu en écho au topic Comment présenter un dialogue ?, nous avons eu vent de réclamations quant à la mise en forme des dialogues, au-delà de cet enfer que sont les guillemets. Mais aussi, de la mise en forme des chapitres dans leur ensemble.

Rappels quant à l'utilisation des guillemets, tirets, incises et majuscules dans un dialogue

On ouvre les guillemets au début du dialogue, on les ferme quand on veut repasser au récit. Quand on fait un retour à la ligne, pour une réponse de dialogue, on utilise un tiret semi/demi-cadratin (–), ou un tiret cadratin (—).
Lorsque vous fermez les guillemets et voulez ajouter une incise après ceux-ci, ajoutez une virgule après les guillemets qui ferment.

Quelques instants plus tard, une main puissante se posa sur son épaule. Il aurait pu sursauter, s’il n’avait pas entendu le bruissement du sable crissant sous les pieds nus de son ami.
« Tu pourrais répondre quand on t’appelle, ricana Gareth lorsque Merle croisa enfin son regard.
Je savais très bien que tu viendrais à moi, alors autant profiter encore un peu de ce calme.
Tu ne changeras jamais » , sourit l’homme, avant de s’asseoir, adossé à lui, le visage tourné vers la plage vide.

Les incises ne commencent jamais par une majuscule, même quand ça suit un ? ou un !.

« Penses-tu que nous serons à la hauteur ? demanda-t-il finalement, brisant le silence seulement perturbé par le bruit des vagues. Pourrons-nous comprendre pourquoi ces monstres agissent ainsi ? »

Dans le cas où vous ne voulez pas utiliser de guillemets, vous pouvez utiliser des tirets tout le temps. Exemple :

Quelques instants plus tard, une main puissante se posa sur son épaule. Il aurait pu sursauter, s’il n’avait pas entendu le bruissement du sable crissant sous les pieds nus de son ami.
Tu pourrais répondre quand on t’appelle, ricana Gareth lorsque Merle croisa enfin son regard.
Je savais très bien que tu viendrais à moi, alors autant profiter encore un peu de ce calme.
Tu ne changeras jamais, sourit l’homme, avant de s’asseoir, adossé à lui, le visage tourné vers la plage vide.

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« Certes, me direz-vous, mais qu’en est-il de l’utilisation de l’italique ? Du gras ? Des couleurs ? »
« Calmez vos ardeurs ! » vous répondrai-je, car j’y viens justement.

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1. Gras, italique et souligné… quand les utiliser ?

Sachez une chose des plus importantes.
Le gras, même si c’est la vie, se doit d’être utilisé avec parcimonie !
En effet, le gras est proscrit, sauf cas extrême, dans les écrits académiques. Et, vous en conviendrez, si vous avez ouvert un roman récemment, vous constaterez qu’on n’en voit que rarement, si ce n’est jamais !
Et pour cause !
Le gras, ça attaque l’œil, ça agresse, et si on en met trop, ça devient illisible.
Le gras est là pour mettre quelque chose en valeur. Si on en abuse, tout devient incompréhensible.
D’où la non-utilisation (ou l’utilisation rarissime) de gras dans les textes, récits comme dialogues, à moins d’une réelle nécessité de mettre en évidence des mots.
À titre d’exemple (peut-être douteux, me direz-vous), la seule occurrence que je me suis permise pour du gras était pour la « mise en valeur » d’un hashtag lorsqu’un de mes personnage se promenait sur Twitter. Plusieurs sites et applications mettent justement en valeur les hasthags, c’est par mimétisme de ceux-ci que je l’ai fait.

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Et l’italique, dans ce cas ?

L’italique permet, comme le gras, une mise en valeur du texte. Utilisé dans les textes académiques et dans les romans/nouvelles et autres, il est bien plus recommandé que le gras pour les fanfictions.
Vous pouvez, par exemple, l’utiliser ponctuellement afin de mettre en valeur un mot.

« Mais si ! asséné-je. Je te l’ai dit hier que j’irai le voir. »

Mais au-delà d’une utilisation ponctuelle, certaines situations requièrent un usage de l’italique.

  • les langues étrangères
    La règle veut que toute intégration d’un mot étranger (dans sa graphie étrangère) soit accompagnée d’une mise en italique dudit mot. De fait, nous parlerons d’un samouraï, mais aussi d’un edamame.
    Si vos personnages parlent une langue étrangère dans leurs dialogues, l’italique est conseillé !

« Allez, salut ! dis-je à Markus.
Auf wiedersehen », me répondit-il gaiement.

Encore une fois, s’il est question de langue étrangère, mais que vous voulez que votre lectorat comprenne ce qui se dit, vous pouvez faire comprendre que le dialogue est dans une langue étrangère en le passant en italique.

Je tendis l’oreille, et me concentrai afin de comprendre ce que les deux Britanniques racontaient à côté.
« Je te l’ai dit. L’étranger, là. Je lui fais pas confiance, déclara le premier.
Je ne vois pas ce que tu veux dire. Je le trouve complètement inoffensif. Quel abruti portant un béret pourrait être une menace ? » répliqua l’autre sans ménagement.

  • les flashbacks et discours « hors-écran »
    Des fois que vous regardiez des films, séries ou autres en version sous-titrée, vous remarquerez qu’il est d’usage de transcrire en italique les discours issus de flashbacks, ou bien dont le locuteur est en-dehors de l’écran.
    De même, vous pouvez adopter cette manière de faire dans vos écrits. Dès que votre personnage s’exprime via un téléphone, par exemple, n’hésitez pas ! L’italique, dans ce cas de figure, permet de faire facilement comprendre au lecteur que le locuteur n’est pas présent physiquement sur scène.

J’empoignai mon smartphone, et décrochai.
« Allô ? fis-je d’une voix fébrile.
Ici monsieur K., m’informa une voix de l’autre côté. Êtes-vous seul ?
– Oui. Que me voulez-vous ?
Nous avons votre fils. Suivez mes ordres, et il ne lui arrivera rien. »

Et si votre personnage se remémore le discours de feu son mentor décédé il y a de ça plusieurs années dans un regrettable accident, ses douces paroles revenant hanter votre protagoniste, une fois encore, son absence physique de la scène implique l’utilisation d’italique !

« N’oublie pas qui tu es. Tu es mon fils, et c’est toi le roi », répétait la voix de Mufasa dans la tête de Simba tandis que le lionceau cherchait désespérément le sommeil.

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Et si tu as mentionné le souligné, c’est que tu vas en parler ?
Le souligné est rarement utilisé dans les récits. Tout simplement, je doute en avoir déjà vu dans un roman.
À moins de cas particuliers, il vaut mieux éviter de l’utiliser, dans vos dialogues comme dans vos récits. :smiley:

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2. Ponctuation, espaces et autres joyeusetés

Un autre problème récurrent chez les auteurs, novices comme moins novices, c’est la ponctuation. Je ne vais pas revenir sur l’utilisation à proprement parler de chacun, mais plutôt sur les règles qui accompagnent leur utilisation.
Retenez la phrase suivante : Si c’est un signe double, alors les espaces sont doubles.
Les signes de ponctuation double sont le point-virgule ( ; ), le double point ( : ), le point d’exclamation ( ! ) et le point d’interrogation ( ? ). Avant et après, il faut une espace. (oui, le mot « espace » est féminin si l’on parle de l’espace typographique.)
Dans le cas de signes de ponctuation simple, l’espace se trouve après le signe en question. On parle de signes de ponctuation simple quand on parle du point final ( . ), de la virgule ( , ), et des points de suspension ( … ).

Les guillemets français ( « » ) nécessitent, dans le cas du guillemet d’ouverture ( « ) une espace après lorsqu’utilisé dans un dialogue, mais une espace avant et après quand utilisé dans un récit, tandis que celui de fermeture a besoin d’espaces avant et après.

Il avait un « je ne sais quoi » d’étrange.

:warning: Rappel (plutôt deux fois qu’une) : si votre récit se poursuit après la fermeture des guillemets, et que la phrase de dialogue n’est pas ponctuée de point d’exclamation, interrogation ou de points de suspensions, ajoutez une virgule après les guillemets.

« Ah, comme le ciel est beau, ce soir », soupira l’homme en essuyant discrètement ses larmes.

Et enfin, pour ce qui est des « tirets », il en existe quatre sortes.

  • le « tiret du six » ou trait d’union : -
  • le tiret demi-cadratin : –
  • le tiret cadratin : —
  • le « tiret [du] bas » ou « tiret du huit » : _

Le trait d’union est utilisé pour unir deux mots. Porte-fenêtre, garde-manger, ces mots nécessitent l’utilisation de ce tiret/trait d’union.
Les dialogues, ou les tirets faisant office de virgules/parenthèses dans un récit, bénéficieront de l’utilisation d’un tiret demi-cadratin ou cadratin.
Enfin, le tiret bas n’est, pour ainsi dire, jamais utilisé dans les récits ou autres productions littéraires. Ou alors je demande à voir.

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3. Mettez de la couleur dans votre monde !

Désolée de ruiner vos espoirs mais… non. Ne faites pas ça.
Tout simplement parce que mettre en évidence les répliques de vos personnages par des couleurs (zinzolin pour Michel, et cyan pour José), ne fera qu’éclater la rétine de vos lecteurs.

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Avez-vous déjà vu de la couleur dans un roman ? Tout simplement : non.
L’ajout de couleur dans l’éditeur est tout bonnement impossible, sauf pour quelques rares élus qui auront trouvé la combine, ou qui bénéficient d’un petit « bug » en y collant leur texte.

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4. Les dialogues en mode « théâtre »

Ce sujet a déjà été abordé dans ce topic, mais revenons-y un instant.
Qu’est-ce qu’un dialogue en mode théâtre ?

Numérobis : Je suis, mon cher ami, très heureux de te revoir.
Panoramix : C’est un Alexandrin.

Voilà. C’en est un.
Or, si vous lisez de temps en temps des romans, vous constaterez que ça n’est jamais utilisé sauf cas exceptionnels. Pour la bonne raison que, traditionnellement, un dialogue ne nécessite pas que l’on indique qui est le locuteur avant la réplique. Non, ça, c’est plutôt du domaine du théâtre. Ou du script de film. Et encore.
Si vous voulez faire savoir ce que disent Numérobis et Panoramix dans cette scène, utilisez les incises, ou votre récit, pour bien le mettre en scène !

Numérobis s’avança vers le druide, et le salua :
« Je suis, mon cher ami, très heureux de te revoir.
– C’est un Alexandrin », souffla Panoramix à Astérix en souriant.

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5. Les sauts de ligne

Il y a deux écoles.
Ceux qui aiment les gros pavés, et ceux qui aiment les textes aérés.

Dans un roman, on opte pour la première catégorie. Tout le texte est entassé, et ce qui le rend agréable à lire, c’est les retraits de début de paragraphe, qui permettent d’y voir clair dans ces gros pavés.

Un exemple de texte usant de sauts de ligne et un autre, dans le style « pavé », une fois publiés sur le site :


Notez la grande aération entre les paragraphes.


Notez combien tout semble plus uniforme !

Dans les deux cas, j’ai utilisé la police de taille « normale », et le heading « normal » aussi, ce qui devrait être les réglages par défaut de l’éditeur lorsque vous y collez votre texte.
Pour en savoir plus sur les headings et tailles de police, je vous inviterai à consulter un tutoriel qui arrivera bientôt, une fois qu’il sera fait et mis en ligne ! (soon™)

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6. Les changements de POV

Cela risque d’être sujet à débat, mais allons-y.
Imaginez l’extrait de fanfiction suivant :

pdv EUDES
Coucou ALPHONSE tu vas bien ?
Je me sens triste, ça te dit qu’on aille au cinéma ensemble ? ESTHER m’a appris que SYLVIE ne veut plus me voir.
pdv ALPHONSE
Salut EUDES. Oui je vais bien, merci. Ça me dirait bien qu’on aille au cinéma ensemble.
pdv EUDES
Merci ALPHONSE ça me fait chaud au cœur.

Vous comprenez que c’est illisible, imbuvable. D’où l’utilisation d’une forme plus standard de dialogue.
De même, les changements de point de vue au sein de la fanfiction sous la forme « PDV/POV [personnage] » doivent être modérés, si ce n’est proscrits.
Plusieurs procédés existent afin de faire subtilement comprendre le changement de point de vue du personnage dans la narration. Bien sûr, cela marche surtout si votre récit est à la troisième personne, à la première, c’est déjà plus compliqué.
Si toutefois quelqu’un venait à trouver ou confectionner un tutoriel sur les points de vue des personnages et comment en changer, ce sera avec plaisir qu’on redirigera vers celui-ci !

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Pour l’heure, j’espère que ces petits éclaircissements vous seront utiles !
Et des fois que vous connaissiez déjà tout cela, j’espère que ces petits rafraîchissements vous auront fait du bien ! :wink:

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T’es parfaite, merci beaucoup pour ce topic ! (๑˃ᴗ˂) ﻭ
Il va beaucoup m’aider (je vais l’enregistrer eheh…), la mise en page c’est quelque chose que j’ai encore un peu de mal à faire… Evidemment, j’essaye de faire en sorte que ce soit agréable à lire mais bon… Merci encore !

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Bonsoir à tous !

Je me permets d’écrire sur ce topic pour vous présenter la vidéo d’une youtubeuse, que je suis depuis qu’elle a commencé il y a environ un an. Aujourd’hui, justement, elle a sorti une vidéo sur la mise en page, et sur les polices d’écriture (c’est pour quoi elle est également liée à l’autre tuto de BakApple sur Les styles de titre et tailles de police du site, et comment bien les utiliser). Et j’ai beaucoup aimé sa vidéo, qui a été très instructive, de mon point de vue. Je vais pouvoir encore mieux mettre en page mes textes. :sweat_smile:

Bref, je vous mets le lien vers la vidéo juste ici, qui complètera un peu ce qu’a déjà dit BakApple sur le sujet :

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